mardi 29 novembre 2011

mercredi 30 novembre - tout feu tout lames

Françoise Jallot a posté sur YouTube un enregistrement de plusieurs moments d'une conférence qu'elle a donnée le 8 novembre à la mairie du XIII ème à Paris. Cet enregistrement a une durée de 9:43. En fait, il s'agit précisément d'une conférence-concert où Viviane Arnoux, accordéon et chant, et François Michaux, alto, illustrent à diverses reprises les propos de Françoise Jallot. Un texte, informatif mais sans didactisme ; plutôt un survol poétique du monde de l'accordéon, par exemple à travers plusieurs noms d'accordéonistes comme des repères ou des jalons qui sont dans la mémoire populaire. Une illustration à la virtuosité discrète mais percutante qui donne envie d'écouter encore d'autres morceaux et d'explorer le monde ainsi évoqué. L'ensemble est plein de légèreté, au meilleur sens du terme. 

http://www.youtube.com/watch?v=c1mPXD1iGV4&feature=email

La conférence-concert avait lieu dans une salle de la mairie du XIII ème qui accueillait par ailleurs le travail de Catherine Videlaine, qui traite les accordéons en sculpteur pour leur donner des formes insolites, inattendues et pleines d'humour. Le titre de son exposition :" Le bal déstructuré" dit bien en trois mots de quoi il s'agit. Peut-être pourrait-on le compléter ainsi : "Le bal déstructuré / restructuré", tant il est vrai que les accordéons ainsi traités ne sont pas seulement disloqués. Ils sont aussi, si j'ose dire, relookés.

En sous-titre de l'enregistrement, on peut lire ces quatre mots : "Tout feu, tout nacre". Les lisant, je pensais, comme en sur-impression :"Tout feu, tout lames"... 

lundi 28 novembre 2011

mardi 29 novembre - à propos du plaisir de l'écoute...

Il y a quelques jours, dans un post daté du 19 novembre, je m'interrogeais, je pourrais dire une fois encore tant la question me préoccupe, sur les paramètres qui déterminent l'intensité et la qualité de mon plaisir à l'écoute de tel ou tel morceau musical, en particulier d'accordéon. Par paramètres, j'entends les éléments que je prends en compte pour évaluer ce plaisir. Cette prise en compte étant sinon inconsciente, du moins implicite, au sens où ces éléments ne sont pas d'abord réfléchis, pensés, explicités. Ce ne sont pas des critères que j'appliquerais a priori et en toute conscience, mais des critères impensés, c'est pourquoi je les qualifie d'implicites. Mon interrogation porte donc sur l'explicitation a posteriori des paramètres ou des critères qui rendent compte du plaisir que j'éprouve spontanément.

Au terme d'une première analyse, première car je sais bien qu'elle sera interminable - mille fois sur le métier remettons notre ouvrage ! -, j'en identifiais quatre :


- la composition et les arrangements comme mise en forme des composants de l'oeuvre ; on pourrait ici parler du travail d'écriture ;
- la technique, qui est aussi une certaine manière de mise en forme ;
- l'expressivité comme élément déterminant de la signification d'une oeuvre ;
- la créativité comme source énergétique d'où découle l'originalité et la force imaginative de celle-ci.

En relisant cette analyse, il me semble qu'à la fois je n'ai rien à y ajouter ni retrancher mais qu'il faut tout de suite dissiper une ambiguïté. Présentés comme je l'ai fait, les quatre paramètres peuvent apparaitre comme des éléments objectifs, c'est-à-dire inhérents à l'objet, à l'oeuvre elle-même ; des éléments qui s'imposeraient à une observation objective. En fait, il n'en est rien. Ces paramètres me semblent en effet inhérents à ce que j'éprouve, disons même à mon évaluation, qui se traduit par un plaisir plus ou moins intense, ils me semblent même inhérents à toute expérience d'écoute musicale, mais ils n'ont rien d'objectifs, ils expliquent seulement mon rapport à une oeuvre. Ils traduisent seulement le rapport de ma subjectivité singulière à une oeuvre.

Je m'explique. Quand j'identifie la composition comme l'un des paramètres, je ne parle pas de la partition en tant que telle, de sa réalité écrite et objective, mais de l'impression que j'éprouve d'avoir affaire à une oeuvre écrite et composée. De même, la technique dont il est question pour moi, ce n'est pas la technique reconnue par des critiques ou des chroniqueurs ou des spécialistes ; c'est mon attention à la technique de tel ou tel musicien qui est en jeu. Même chose en ce qui concerne l'expressivité ou la créativité. Il ne s'agit ni de l'expressivité au sens des évocations que l'auteur ou l'interprète veut susciter, ni de la créativité effective d'un créateur, il s'agit des évocations qui me viennent à l'esprit, et qui peuvent être très différentes de celles que visait l'auteur, il s'agit de l'impression de créativité que j'éprouve, laquelle peut résulter simplement de mes limites culturelles. Je crois que tel morceau est plein de créativité alors que telle autre personne, mieux et plus cultivée que moi, reconnait en ce morceau des phrases qu'elle a déjà entendues. Je pense ici à l'écart entre ce que je perçois comme de l'improvisation alors que ce qui m'apparait comme tel était prévu à la note près ; je pense à ce qu'André Hodeir, dans son travail de compositeur, appelait l'improvisation simulée.

Bref ! Je ne sais si j'ai bien éclairci ma pensée, mais j'ai essayé : les quatre paramètres en question ne sont pas des critères objectifs, que l'on pourrait trouver par une analyse objective et à terme scientifique ; ils sont l'expression de ma subjectivité, c'est-à-dire, à un moment donné de ma vie et dans des circonstances particulières, l'expression immédiate de mon rapport à une oeuvre.

A suivre...  

lundi 28 novembre - perle... ma petite muse... ma compagne... ma femme.

Françoise a écrit un post, daté de ce jour, intitulé "La femme de César". Il y est question de Danièle Mitterrand, de Carla Bruni et d'autres premières dames... Mais il y a surtout huit mots et des points de suspension - que j'ai repris en titre - par lesquels Richard Galliano dédie à sa femme le morceau "Perle", titre 9 de "New York Trio". Un album Disques Dreyfus de 1996 avec Birèli Lagrène, guitare, Al Foster, batterie, Georges Mraz, basse et Richard Galliano, accordéon et accordina.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/11/la-femme-de-cesar.html

dimanche 27 novembre 2011

dimanche 27 novembre - l'accordéon de clipperton

Hier soir, samedi, comme je zig-zappais de chaîne en chaîne, je suis tombé vers 21 heures sur un documentaire diffusé par Planète +, qui présentait une expédition dirigée par Jean-Louis Etienne pendant plusieurs mois sur l'île de Clipperton. Ce film peut être visionné sous forme de six épisodes, tous fort intéressants.

Mais ce qui m'intéresse ici, c'est le moment, dans les dernières minutes du film - environ 7:30 -, où l'expédition s'apprête à quitter l'île. Beaucoup de tristesse, mais tout de même une petite fête. Quelques femmes et des enfants dansent au son d'un accordéon. Un diatonique en bois doré. C'est tout simple et c'est émouvant.  

http://www.dailymotion.com/video/x5i2qf_les-mysteres-de-clipperton-6-6_news#rel-page-5

En écoutant cet accordéon, je me disais qu'aucun autre instrument n'aurait pu jouer le même rôle. A lui tout seul, il sonnait en effet comme plusieurs instruments. Et, en plus, l'accordéoniste chantait. On me dira qu'un pianiste aussi peut jouer et chanter en même temps. Oui, mais... un piano à Clipperton ! Impensable ! Trop encombrant... sauf si le piano est à bretelles.  

samedi 26 novembre 2011

samedi 26 novembre - feuilleton de l'hiver [1] : le festival "bouteille en bretelles"

J'avais dit, dans mon post du vendredi 18, mon intention de dérouler d'ici le mois de mars le feuilleton du 1er festival de Bourg Saint-Andéol, ou plus exactement de sa gestation. Pour mener à bien ce projet, je me suis fixé comme tâche d'écrire ce feuilleton en six épisodes suivant une périodicité d'environ trois semaines.

Pour cette première étape donc, quelques informations :

- Le nom du festival : "Bouteille en bretelles". On imagine déjà quelque rencontre entre le piano à bretelles et le divin nectar - dans divin, il y a vin - que l'on conserve précieusement en bouteilles.
- Pour l'amener à réalisation, une association, l'ADARA, association pour le développement de l'accordéon en Rhônes-Alpes, a été constituée, en septembre 2011, à Bourg Saint-Andéol, en Ardèche.
- Son adresse : association.adara@gmail.com
      - Présidente : Agnès Binet
      - Trésorière  : Caroline Philippe
      - Secrétaire : Dominique Béranger

L'associations'est donné pour but de développer l'accordéon sous toutes ses formes et, le cas échéant, dans tous ses états, en organisant des manifestations diverses comme des concerts, des master classes, des festivals, des enregistrements, des publications, des expositions, etc... Un large éventail donc de manifestations culturelles pour la défense et illustration de l'accordéon.

L'assocation, à travers ce festival, s'est donné trois objectifs : il s'agit de promouvoir d'une part l'accordéon (disons la famille accordéon au sens large), d'autre part le patrimoine viticole local (ce qui, entre parenthèses, intéresse fort le Bordelais de naissance que je suis), enfin le patrimoine historique de la ville.

Pour l'heure, on peut dévoiler le nom du parrain, nom prestigieux : Marcel Azzola.

Quant au programme, aux horaires, aux noms des artistes et autres informations précises, ce sera l'objet des prochaines livraisons de notre feuilleton de l'hiver...

jeudi 24 novembre 2011

vendredi 25 novembre - dix photonotes de florian demonsant à cugnaux

C'est toujours difficile de retenir quelques photonotes d'un concert. Beaucoup de déchets. Il y a en effet beaucoup de défauts techniques, les uns tiennent aux possibilités de mon appareil lui-même, qui ne doit pas être trop encombrant, les autres à mes propres capacités, d'autres encore à l'éclairage qui a pour but d'installer un certain climat, une certaine ambiance visuelle, qui n'est pas toujours en concordance avec la lumière favorable à la photographie. C'est ainsi que le concert de Cugnaux baignait dans une lumière bleue ou rouge, tout à fait en accord avec la musique de Pulcinella, mais peu propice à la prise de vues contrastées et "piquées".

Fort heureusement, il n'y a pas que la qualité technique comme critère de choix. Parfois même, paradoxalement, un défaut technique peut donner à une image une véritable valeur significative ou affective. En tout cas, cette idée m'a aidé à choisir plusieurs de ces photographies. Disons qu'elles me touchent, que je les ai retenues pour leur force de "punctum" suivant l'expression de Roland Barthes.

 21:13. Le concert a commencé depuis peu.

21:16. Les doigts bien sûr !
21:18. Contraste entre le visage de marbre et le flou du soufflet et des mains.
21:20. Visage calme, détendu, presque souriant.

21:20. Dans la même minute, gravité, presque triste, en tout cas recueilli.
21:39. Accordéon-chanteur ! "Vox populi"
21:47. La tension du visage de Florian et la géomètrie de l'éclairage à droite : contraste

21:48. J'aime bien l'abstraction de cette image : diagonale du clavier, diagonale du soufflet.
21:52. Classique. Et toujours, les doigts de la main droite !
22:38. Le soufflet déployé, c'est l'image même de la vie de l'accordéon.

vendredi 25 novembre - pulcinella à cugnaux

Il y a quelques semaines déjà, nous avions repéré l'annonce d'un concert de Pulcinella à Cugnaux, une ville de la banlieue de Toulouse. Vingt kilomètres au sud. Mardi 22, concert à 21 heures, espace Paul Eluard. On avait donc organisé notre séjour à Toulouse, chez les "petits". Arrivée mardi après-midi, intendance, concert le soir ; mercredi : intendance ; jeudi : intendance, retour à Pau. Par intendance, j'entends les tâches de Papou-Mamou, que j'ai maintes fois décrites : aller chercher Charlotte et Camille, l'une au collège, l'autre à l'école ; véhiculer des petites copines ; faire quelques courses ; préparer les repas et faire la vaisselle ; faire quelques lessives, plier et ranger le linge ; etc... etc... Un vrai bonheur, car précisément Nadja, Sébastien, Charlotte et Camille savent que l'intendance sera assurée...

Mais, revenons à Pulcinella. On commence à avoir avec le quartet une complicité certaine. Et ça risque de durer car, après chaque concert, on se demande quand on aura l'occasion de l'écouter à nouveau. Ils n'arrêtent pas de progresser et, nous-mêmes, à force de connaitre et leur style et leur répertoire, peut-être qu'on se forme l'oreille. Il me semble qu'on saisit de mieux en mieux des nuances et des variantes qui évidemment auparavant nous échappaient par manque d'éléments de comparaison. A propos de la complicité dont je parlais ci-dessus, en reprenant la liste des concerts auxquels nous avons assisté, je note en effet : Pau, foire exposition ; Bagnères, halles aux grains ( 2 fois) ; Orthez ; Pau, campus, la centrifugeuse ; Toulouse ( 3 fois) ; Marciac, l'Astrada, pour la sortie de leur opus : " Travesti" ; et enfin Cugnaux. Pas mal !

Bref, mardi soir, on craignait tellement d'être retardé, voire bloqué, sur le périphérique toulousain qu'on s'était mis en route à je ne sais quelle heure et qu'on est arrivé à 19h45. C'est ainsi qu'on a rencontré devant la salle Florian, Frédéric, le webmaster de leur site et leur tourneur. Moment sympathique. Et puis on a cherché en vain un bistrot.

On s'est installé en tête de la file d'attente et donc on s'est assis au premier rang, plein centre. Inutile de décrire plus en détail notre situation : la photographie est faite pour ça. A gauche, Jean-Marc Serpin, contrebasse ; au milieu, devant, Ferdinand Doumerc, saxophones, flûte traversières, métallophone ; au milieu, au second plan, Frédéric Cavalin, batterie, percussions, métallophone, flûte à coulisse ; Florian Demonsant, accordéon, flûte et une note sur la contrebasse de Jean-Marc.   


D'entrée de jeu, le quartet ouvre avec "L'Amérique comme on l'aime", on morceau qui, à ma connaissance, ne figure sur aucun des disques du quartet, qu'il s'agisse du "cinq titres" : "En piste", de "Clou d'estrade" ou de "Travesti", ni sur le disque créé en commun avec des musiciens hongrois.

Ouvrir avec "L'Amérique comme on l'aime", c'est entrer "bille en tête", pour reprendre cette expression empruntée au monde du rugby. Si les auditeurs arrivent à résister au maelstöm sonore, après, la suite, c'est du Debussy. Il ne faut pas exagérer, c'est pourquoi je ne parlerais pas de tsunami et pourtant j'en ai bien envie. Bref, ça déménage. Une sorte de fresque qui, une fois encore, me fait penser à un méga-graffiti. Si ça n'est pas du free jazz, c'est quelque chose qui, d'évidence, appartient au monde du jazz ; si ça n'est pas free, ça y ressemble. Disons du new jazz.

La part de liberté, de créativité et d'humour est évidente, mais sur une base très composée. D'évidence encore, ce sont quatre bons instrumentistes et je trouve que leurs jeux s'articulent de mieux en mieux. Bien sûr, je n'ai pas identifié tous les morceaux et, d'autre part, je ne les ai pas notés sur le moment, mais je me rappelle avoir reconnu une tarentelle, où le quartet donne la pleine mesure de son  inventivité. Il me semble, à l'écoute de ce morceau, avoir compris où se tient leur originalité : structure et explosibilité ! Parmi les titres donc que j'ai repérés, je retiens encore "Morphée", "Vox Populi", un certain vol du papillon (à vérifier) et l'admirable "Vie et mort du platane de Prugnagnes" en rappel.

Grosso modo, à ce jour, on a dû écouter Pulcinella une dizaine de fois. Déjà, on se fixe la douzaine. D'ici peu, j'espère.

Je n'oublie pas que ce blog est consacré à l'accordéon et aux accordéonistes. Dès que possible, je visionne les photographies que j'ai prises, je les trie et j'en publie quelques unes - cinq à sept photonotes - de Florian.

jeudi 24 novembre - à propos d'un projet de tuur florizoone : mixtuur

Dans mon post daté d'hier, mercredi 23, je disais quelques mots sur le projet de Tuur Florizoone intitulé "Mixtuur". Et voilà que Françoise, qui a mijoté son texte dans son coin, à Toulouse, entre deux actes de Papou-Mamou, le casque vissé sur les oreilles, m'envoie ces quelques paragraphes qui valent un petit détour. En tout cas, c'est drôlement bien documenté ! 

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/11/la-mixtuur-de-tuur-florizoone.html

lundi 21 novembre 2011

mercredi 23 novembre - un projet de tuur florizoone : mixtuur

J'ai dit il y a quelques jours comment j'avais découvert l'existence du dernier opus de Tuur Florizoone sur les conseils d'un ami, Patrick E. Je l'ai donc commandé illico en Belgique. Je l'ai reçu il y a peu de temps. La réalisation est à la mesure du projet : une rencontre entre des musiciens européens avec leurs violoncelle, trompette, saxophones, contrebasse, accordéon, d'une part, et des musiciens africains avec leur balafon, leurs percussions et leurs voix d'autre part. Une douzaine d'artistes et des compositions de T. Florizoone.

Je pourrais essayer avec des mots de dire pourquoi cette entreprise est une réussite et comment la rencontre de deux mondes musicaux produit une oeuvre originale, bien au-delà d'une simple fusion musicale et même de ce que l'on désigne sous le nom de musique du monde. Mais il me semble plus simple de donner à chacun les moyens de se faire sa propre opinion. Pour cela , trois ressources documentaires :

1. - http://www.myspace.com/tuurflorizoone

On peut écouter des morceaux de l'album "Queskia ?" et 9 minutes d'un morceau de "Mixtuur".

2. http://www.youtube.com/watch?v=5I7yBU54LaI

Une vidéo d'environ 2 minutes.

3.- http://www.youtube.com/watch?v=vxzU97Uwcg0

Une autre vidéo de presque 10 minutes.

Je dois dire que pour ma part je suis fasciné actuellement par la comparaison entre l'interprétation de deux titres : "Queskia ?" et "Kwa Heri". Le premier est en effet le titre 1 de l'album "Queskia ?" et le 3 de "Mixtuur" ; le second est le dernier titre de "Queskia ?" et le premier de "Mixtuur". Je trouve très significatif d'une certaine continuité cette position de ce titre qui clôt un album et ouvre le suivant.

Comme dans la plupart des disques, on trouve une page de remerciements. C'est une sorte d'exercice obligé et T. Florizoone ne s'en exempte pas, mais il le fait à sa manière et la dernière ligne, sur laquelle Françoise a attiré mon attention, renforce la sympathie que je lui porte. Je le cite : "[Thank you] My mother Greet for the delicious food during recording".

dimanche 20 novembre 2011

mardi 22 novembre - les fenêtres de robert, notre voisin qui joue du diato...

Robert est notre voisin. Il joue de l'accordéon. Il a deux chromatiques, trop lourds à manier. Il est âgé de plus de quatre-vingt-dix ans et parfois il a le souffle trop court pour pouvoir en jouer. Il a aussi deux diatoniques, un Castagnari et un Maugein. Parfois ses doigts le trahissent, mais il a assez de métier pour changer de doigté et continuer son chemin mélodique.

Quand il maitrise suffisamment quelques morceaux pour pouvoir les enregistrer sur des cassettes, il nous invite. On l'écoute avec émotion. Il nous montre les sites où il a déniché des partitions. Après le concert dans son salon de musique - une pièce où se trouvent un piano et un violon, et sur les murs des tapisseries représentant des demoiselles de la noblesse jouant de quelques instruments anciens, dont un clavecin - il nous offre du porto et des biscuits d'apéritif. Cet été, ses enfants l'ont conduit dans le sud-est où se tenait un festival ; il a eu le plaisir extrême d'y jouer avec des jeunes musiciens trad'.

Robert habite seul, depuis la mort de sa femme, la maison d'en face. Une grande maison avec beaucoup de fenêtres... Mais, pour parler de fenêtres, de celles de Robert entre autres, je laisse la parole à Françoise qui a, sur ce sujet, écrit des observations pleines de justesse et quelques réflexions pleines de pertinence. A moins que ce ne soit l'inverse...

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/11/il-faut-que-les-fenetres-soient.html

lundi 21 novembre - à propos de lusitania.

Je viens d'écouter à deux reprises "Lusitania", premier opus du New Meeting Quartet, et j'ai trouvé cet album très plaisant pour plusieurs raisons. D'abord, sa qualité technique, ce qui n'a pas lieu de nous étonner quand on sait qu'il a été produit par Richard Galliano. En tout cas, les quatre instruments sont clairement identifiables, ce qui peut apparaitre comme un allant-de-soi, mais qui, à l'expérience, n'est pas aussi évident. Cette qualité est d'autant plus appréciable qu'on a affaire à un jazz plutôt intimiste. Pas d'éclats, pas d'excès de virtuosité. Non ! Une ligne claire tracée par le piano, léger et percussif, de Xavier Triviaux. Un dialogue très équilibré entre le piano et l'accordéon, avec le son superbe du Victoria, et la présence profonde de la contrebasse et cristalline de la batterie. Tout en subtilités.

L'album est composé de dix titres, d'une durée d'environ 55 minutes, dont huit compositions originales de X. Triviaux plus un titre de S. Gainsbourg, "La Javanaise" et un autre d'Hermeto Pascoal, "Bebê", deux titres que Richard Galliano affectionne particulièrement. Autant celui-ci est sobre et, disons, classique, autant celui-là donne lieu à une version surprenante, ne serait-ce que par sa durée : 7:01.

Je qualifiais plus haut le jazz du quartet d'intimiste. Le premier et le dernier titres me paraissent assez caractéristiques de cette qualité : "Toute petite valse " pour le 1, "Quiet Song" pour le 10. Jazz moderne, jazz modeste, ce qui ne signifie pas sans ambitions. Un jazz qui suscite la rêverie. Une fausse indolence, en tout cas très maitrisée. Dans le même registre, le titre 3 : "Peace with me". On est loin de l'idéologie de la lutte généralisée et du combat de chacun contre tous, qui fonde l'action du chef de l'Etat depuis bientôt cinq ans. On est loin aussi des violences du rap. Et, du coup, ça repose, ça repose... en paix. Autre chose. Le titre de l'album, qui est aussi le titre 4 : "Lusitania". Un titre qui évoque le Portugal. Quand on le met en relation avec les titres 6, "Maria la bella" (Tania Maria) ou 7, "Dancer Latino" (dans une bodeguita de Buenos-Aires) ou encore "Bebê",  on comprend que le Portugal est ici comme le promontoire de l'Europe regardant l'Amérique latine ou, plus généralement l'Amérique, si l'on inclut le titre 2, "Harlem-Manhattan".

Quoi d'autre ? D'abord que le piano de X. Triviaux m'a souvent fait penser à celui de Jan Lundgren dans "Mare Nostrum" ;  ensuite, que je trouve particulièrement beau le dernier titre, "Quiet Song".  Une mélodie lumineuse où chaque instrument tient sa juste place. Avec, parfois, comme des accents émouvants d'accordina. Magnifique !

samedi 19 novembre 2011

dimanche 20 novembre - lusitania

Jeudi, midi. Comme je l'ai dit dans mon post précédent, on arrive de Toulouse où l'on avait été jouer "Papou-Mamou", un rôle de duettistes maintenant bien rodé : conduire Charlotte au collège et Camille à l'école, faitre quelques courses, préparer les repas, ranger du linge, aller chercher les filles, l'une au collège, l'autre à l'école, faire le goûter, accompagner les devoirs, jouer, lire des histoires pour s'endormir, et tout ce que j'oublie n'ayant pas la tournure d'esprit d'un huissier.

Bref ! En arrivant devant la maison où la factrice nous remet le cd envoyé par Tuur Florizoone, "Mixtuur", nous savons déjà qu'un autre cd est arrivé au Parvis, l'espace culturel de l'hypermarché Leclerc, où il nous attend. Pendant que nous faisions route vers Pau en effet, un sms nous avait annoncé : "votre commande lusitania est arrivée".

Je ne sais plus comment Françoise avait repéré ce disque du "New Meeting Quartet", mais je sais qu'on avait écouté des extraits de son album "Lusitania" il y a déjà plusieurs semaines et que depuis nous attendions sa sortie avec impatience.


- "Lusitania", New Meeting Quartet, 2011, Richard Galliano Music. Thierry Ravelli, accordéon Victoria AC 420, Xavier Triviaux, piano, Jean-Pierre Babarit, contrebasse, Jean-Christophe Galliano, batterie.

  
Comme je l'ai expliqué dans mon post précédent, maintes occupations nécessaires nous obligent à différer un peu l'écoute de ce disque, comme celle de "Mixtuur". On n'a pas résisté pourtant au plaisir d'en entendre quelques morceaux pendant notre repas du soir. Assez pour vérifier que ce quartet produit un jazz intimiste, qui nous plait. Impression aussi d'une grande homogénéité de l'ensemble, homogénéité qui tient sans doute au fait que huit morceaux sur dix sont signés X. Triviaux, les deux autres étant "La Javanaise" de S. Gainsbourg et "Bebê" d'Hermeto Pascoal.

On peut voir sur le livret de présentation que chaque titre est accompagné d'un bref commentaire, qui n'impose certes pas une signification, mais qui du moins explicite l'intention du quartet. Indication bien venue.

dimanche 20 novembre - mixtuur

Jeudi, midi. On arrive de Toulouse à l'instant où la dame préposée à la distribution du courrier apporte son lot quotidien. Parmi les lettres, une enveloppe un peu plus épaisse. A la forme et au toucher on reconnait immédiatement un papier à bulles protégeant un cd.

- "Mixtuur", 2011, De Werf. Un disque dont j'ai eu connaissance par Patrick E.. Un disque dont Tuur Florizoone est le concepteur et le maitre d'oeuvre, qui rassemble des musiciens belges comme Michel Massot, tuba et trombone, ou Marine Horbaczewski, violoncelle, et des musiciens africains, disons de l'ex-Congo belge. Huit morceaux, de 3:31 à 13:57. Une douzaine d'artistes jouant les uns d'instruments comme le balafon ou des percussions africaines, les autres d'instruments européens, dont outre ceux cités plus haut une contrebasse ou une trompette. Plus un choeur de trois chanteuses.  


Notre absence de quelques jours nous oblige, en priorité, à régler un certain nombre de problèmes domestiques ou administratifs, sans compter la visite que je dois rendre à mes parents, à Nay, où ils résident. L'écoute de ce disque sera pour plus tard quand les conditions seront plus favorables. Mais déjà, connaissant T. Florizoone, soit avec Tricycle, soit en trio avec M. Massot et M. Horbaczewski, dont on apprécie le disque "Cinema Novo", ou encore parce qu'on a eu la chance de les écouter en concerts dans le cadre de Jazzèbre,  on en attend beaucoup de plaisir.


 En tout cas, l'album est un bel objet, de facture très soignée, avec une belle photographie de T. Florizoone et une photographie, façon cliché des années 50, des musiciens. Et puis, une dédicace amicale de Tuur, qui fait de ce disque un album "personnalisé".

vendredi 18 novembre 2011

samedi 19 novembre - le plaisir de l'écoute : d'une impression syncrétique à l'analyse des paramètres en jeu

Quand j'écoute de la musique, pour ainsi dire de l'accordéon, quand je découvre un morceau en concert ou enregistré sur un disque, je m'efforce toujours, méthodiquement, de n'en rien connaitre auparavant. Evidemment, c'est impossible : on "sait" toujours quelque chose de ce que l'on s'attend à écouter ; on a toujours quelque a priori. Disons que j'essaie, le plus possible, de mettre entre parenthèses toute information susceptible d'orienter, de conditionner, voire de déterminer mes impressions et mon jugement. En tout cas, je n'écoute jamais un morceau dans le but de vérifier ou d'infirmer des connaissances acquises en lisant un article ou en écoutant un commentateur, un chroniqueur, un critique.

J'essaie donc - si l'on était pédant, on parlerait d'ascèse - de mettre hors jeu tout savoir et tout a priori pour m'en tenir à une impression immédiate et syncrétique, c'est-à-dire constituée d'un ensemble d'éléments d'évaluation plus ou moins disparates. C'est un travail qui doit sans cesse être repris et indéfiniment recommencé tant la tentation de s'informer pour anticiper l'expérience de l'écoute (ou de toute autre expérience esthétique) fait partie de notre culture. On considère comme "naturel", "normal", que le commentaire précède le contact avec l'oeuvre : film analysé avant sa sortie, texte introductif à une exposition, présentation du style de telle formation avant un concert, etc...

Mais justement, cette impression immédiate ayant été éprouvée, ce qui, je le répète, n'est pas une expérience habituelle, m'est venue l'idée d'essayer de l'analyser, c'est-à-dire de chercher à identifier les éléments qui la composent ou, en d'autres termes, ses paramètres. En premier lieu, je suis sensible à la composition et aux arrangements qui la concrétisent, c'est-à-dire à la manière dont l'ensemble sonore est organisé. D'autre part, je sens bien que mon attention s'applique à la technique, c'est-à-dire à l'expression des savoir-faire des interprètes. Curieusement d'ailleurs, ce paramètre fonctionne souvent négativement : je n'aime pas quand la technique se montre trop et vient sur le devant de la scène. Je déteste ce que l'on appelle la virtuosité. Mais ce n'est pas tout. Je prends en compte aussi l'expressivité, c'est à dire cette capacité d'une oeuvre, résultant de l'écriture et de l'interprétation, à susciter en moi des évocations émouvantes. Enfin, dernier paramètre : la créativité, la capacité à produire des images, des sensations, des pensées... Il faudrait ici disctinguer d'ailleurs deux dimensions de la créativité : une dimension qualitative, à savoir la capacité à produire des sensations originales, inattendues, inouïes, surprenantes, etc... et une dimension quantitative, à savoir la capacité d'en produire en grand nombre, des formes différentes et variées.   

En résumé, si j'analyse les paramètres qui déterminent l'intensité de mon plaisir à l'écoute de tel ou tel morceau, pour l'instant j'en trouve quatre :

- la composition et les arrangements comme mise en forme des composants de l'oeuvre
- la technique qui est aussi une capacité formelle (au risque de n'être que cela chez le virtuose)
- l'expressivité comme élément fondamental de la signification d'une oeuvre
- la créativité comme source énergétique d'où découle l'originalité et la force imaginative d'une oeuvre.

Notons que chacun de ces paramètres se déploie entre deux pôles opposés : postif / négatif. C'est ainsi que la composition correspond à l'architecture d'une oeuvre, à sa structure, et qu'elle est indispensable comme mise en forme organisée, mais qu'à l'inverse une partition trop écrite peut stériliser toute tentative d'interprétation. De même, je l'ai évoqué en ce qui concerne la technique : elle est indispensable, sinon c'est l'oeuvre de composition qui se trouve dénaturée et trahie, mais à l'inverse la virtuosité ( qui fera le maximum de triolets en un temps donné ?) est la pire des trahisons et le triomphe de la forme vide de sens. Même chose pour l'expressivité ou pour la créativité... Notons ici une certaine antinomie entre la composition et la créativité, par exemple dans la musique de jazz, avec passage à la limite dans le cas du free jazz comme expérience radicale d'improvisation ; et une certaine antinomie également entre la technique et l'expressivité, celle-ci pouvant s'accommoder d'une certaine imperfection alors que la perfection du virtuose détruit toute expression, toute évocation, hormis celle d'un mécanisme devenu "fou".

Bon ! J'imagine que mon analyse a dû être faite depuis longtemps, de manière plus approfondie et plus développée, et plus scientifique, par les musicologues ou par les psychologues de l'expérience esthétique, mais celle-ci, c'est la mienne et elle m'éclaire un peu sur les "raisons" de mes goûts, sur ce qui me détermine à trouver que "ça" me plait, "ça" un peu moins, "ça" pas du tout - c'est pourquoi je n'en parle jamais - et "ça" beaucoup - c'est pourquoi j'essaie de le partager -...

vendredi 18 novembre - feuilleton de l'hiver : le festival "bouteille en bretelles"

C'était à Tulle. Dernier après-midi des "Nuits de nacre". On avait décidé d'aasister au concert de clôture au Magic Mirror :" Duo d'Anches", donné par Mélanie Brégant et Florent Charpentier. Heureuse décision puisque ce fut l'occasion de rencontrer Caroline Philippe. Un plaisir d'autant plus grand qu'il était inattendu.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le travail monumental réalisé par Caroline sur son blog dédié au recensement des accordéonistes, un petit tour sur son site s'impose.
http://bayan.skyrock.com/

Je me rappelle avoir qualifié l'objet de son travail d'encyclopédie des accordéonistes. Je maintiens. De même que je maintiens le qualificatif de bible de l'accordéon pour l'entreprise de Sylvie Jamet qui vaut le détour.
http://sylviejamet.over-blog.com/

Bref ! A l'occasion donc de notre rencontre à Tulle, Caroline nous a fait part d'un projet de festival auquel elle est associée et je lui ai proposé d'utiliser ce blog comme relais pour en faire la publicité et la promotion.
Ce sera notre feuilleton de l'hiver...

Quelques mots pour caractériser ce projet...

- Il a un nom : "Bouteille en bretelles"
- il a une association pour le piloter et le mettre en oeuvre. Son nom ? "Adara"
- un lieu : Bourg Saint Andéol en Ardèche
- des dates : 23, 24 et 25 mars 2012
- des responsables pour les fonctions de président, de trésorier et de secrétaire
- un calendrier, un programme et des artistes
- des sponsors
- un parrain   
- une adresse mail : association.adara@gmail.com
- une adresse de site internet opérationnelle vers mi-janvier

Tous ces éléments sont en place à des degrés d'avancement et de finalisation variables, on s'en doute. C'est pourquoi je me propose de les expliciter, de les développer ou de les préciser chemin faisant. A propos de chemin, j'ai essayé de prévoir un calendrier où je pourrai me faire l'écho de l'avancée du projet. Par exemple, dès la prochaine fois : le projet de l'association, ses membres organisateurs, le parrain du festival, etc...

J'ai prévu six "points d'étapes", soit six moments de notre feuilleton d'hiver, au rythme d'un toutes les trois semaines :

Novembre 27
Décembre 18
Janvier 8
Janvier 29
Février 19
Mars 11

Rendez-vous vers le 27 !  

lundi 14 novembre 2011

mardi 15 novembre - une interview de pirly zurstrassen à propos du tric trac trio

J'ai dit dans mon post précédent comment j'avais découvert le disque du Tric Trac Trio, "Wow Terre", en suivant la recommandation d'un ami amateur éclairé de jazz, en qui j'ai une absolue confiance. Il faut dire que je lui dois la connaissance du groupe Soledad et celle de Tuur Florizoone. Rien que ça... Assez en tout cas pour justifier ma confiance. Par le même courriel, il me donnait la référence d'une interview de Pirly Zurstrassen, l'accordéoniste, compositeur et arrangeur du trio. C'est l'article dont je donnais le lien, à la fin de ce même post, en date du 14. Interview que je n'ai lue qu'après avoir d'abord écouté "Wow Terre" parce que je ne voulais pas risquer d'orienter mes premières impressions par quelque a priori.    

http://www.jazzinbelgium.com/ldh/misc/pdf/interviews/interview_zurstrassen_2011.pdf

Maintenant que j'ai écouté et réécouté les seize morceaux de l'album, et que je me suis fait déjà un premier sentiment, je note un certain nombre d'informations qui, les unes, complètent celui-ci, qui, les autres, le renforcent.

C'est ainsi par exemple qu'on apprend que Pirly Zurstrassen, pianiste de formation, a choisi ici l'accordéon parce qu'il est transportable et parce qu'il procure à l'instrumentiste un plaisir plus immédiat que le piano, plus technique et plus lourd de tradition. Dans le même ordre d'idée, le trio est présenté comme une formation "légère", capable de jouer en acoustique. Cette notion de légèreté me parait en effet manifeste dès que l'on écoute le trio. On pourrait aussi l'appeler "liberté" ou encore, au risque du pédantisme, "absence d'impedimenta" : technique, tradition, matériel, etc...

Autre idée forte : le trio revendique clairement son identité en tant que formation de jazz, revendication d'autant plus légitime que, suivant P. Zurstrassen, la musique de jazz est loin aujourd'hui d'avoir une seule orthodoxie. Mais se rattacher à la musique de jazz ne signifie pas faire une musique pour initiés ou pour un cercle restreint. C'est plutôt une façon de dépasser la tradition et de donner une vie nouvelle à tout un fonds de musique belge, musique qui existe indubitablement même si elle est stricto sensu difficile à définir. Parmi les influences du trio, P. Zurstrassen cite les noms de N. Rota, de Kurt Weil et de Stravinsky. J'avoue que je n'avait pas pensé aux deux derniers nommés, mais maintenant cela me parait évident.

A la base du projet Tric Trac Trio, toujours d'après l'interview de son leader accordéoniste, il y a, dit-il, la recherche de choses qui lui plaisaient à l'accordéon et qui étaient directement en adéquation avec sa technique. D'une certaine manière, on retrouve l'idée de "légèreté" au sens d'absence de complication et de sophistication excessives. Idée complétée par celle-ci, à savoir que beaucoup de place a été ménagée pour des improvisations. Encore la liberté.

Enfin, tout un passage s'intéresse à la pochette de l'album qualifié d'objet à regarder et à écouter. C'est en effet l'une des qualités majeures de cet album d'être un objet esthétique, au-delà de sa simple nature musicale. On le regarde, on le touche, on le plie et on le déplie (c'est un disque d'accordéon !) : on l'admire avant même de l'écouter. 

lundi 14 novembre - tric trac trio : wow terre

Il y a quelques jours, suivant les conseils d'un ami, grand amateur de jazz, j'avais commandé un disque d'une formation qu'il m'avait vivement recommandée : le Tric Trac Trio. Le trio est composé de Pirly Zurstrassen, accordéon, compositions, textes, de Julien Delbrouck, clarinette basse, saxe baryton et de Wouter Roggemans, percussions. Le titre de ce disque : "Wow Terre", AZ Productions 2011. Une semaine plus tard, le cd est dans ma boite à lettres.

Les jours se suivent et se ressemblent. Comme je m'extasie devant une telle permanence du beau temps et des températures printanières, autour de 20°, plutôt un peu supérieures, Françoise me fait remarquer que le phénomène est plutôt banal et qu'en fait de printemps tout le monde sait bien qu'il s'agit de l'été de la Saint-Martin ou, outre-Atlantique, de l'été indien. Bon ! Dont acte. En tout cas, je mets le couvert du déjeuner dehors. Le chat noir du voisin nous y attend déjà : il attend sagement le moment du dessert où il sait qu'il aura droit à une soucoupe de crème fraîche.

Pour accompagner notre repas, forcément on écoute "Wow Terre". Nos premières impressions sont plus qu'enchantées. On pense immédiatement à Nino Rota, façon fête foraine ou kermesse belge ; on pense à Beltuner et à ses trapézistes ou écuyères façon Botero ; on pense aussi, non pour la musique, mais pour l'état d'esprit à la gentillesse de Marc Perrone. Un univers dans la tradition de Brueghel. Mais, bien sûr, ce ne sont que nos premières impressions. On a envie de les approfondir. Forcément !

En attendant, ces quelques photographies ci-dessous donnent une image de ce bel objet qu'est "Wow Terre".




Pendant que je faisais ces images, Françoise a préparé une pizza à sa façon.  On s'est régalé.


On peut écouter quelques morceaux du disque sur le site myspace du trio :


Et pour ceux qui voudraient en savoir plus sur Pirly Zurstrassen, sur le projet du Tric Trac Trio et sur la composition de la pochette si magnifique, il est possible de lire une interrview très intéressante en suivant le lien ci-dessous. C'est une interview qui donne envie d'écouter le disque.

dimanche 13 novembre 2011

lundi 14 novembre - "Sup Dude" ?... Quoi d'autre ?...

Dimanche, lendemain d'un samedi 12 et d'un vendredi 11 novembre printaniers. Les jours se suivent et se ressemblent. Midi : 23° à l'ombre sur la terrasse. Forcément, on déjeune dehors. On décide même, vu le temps, d'étendre le linge, que l'on vient de laver, sur l'herbe déjà chaude. Les nappes, les draps et les serviettes seront autant de refuges pour les trois chats des voisins à la recherche d'un endroit frais.

Forcément, pour accompagner notre déjeuner, on écoute "Sup Dude". Quoi d'autre sinon "Sup Dude" ? D'écoute en écoute et de commentaire en commentaire, on commence à prendre des repères. On commence à avoir le plaisir non de la découverte mais de la reconnaissance. Des comparaisons nous viennent spontanément à l'esprit soit entre morceaux de l'album, soit avec des morceaux d'autres albums. Je pense par exemple à l'inspiration "latino" comme un fil rouge d'album en album.

Mais, vers trois heures, il fait trop beau. On décide d'aller faire un tour du côté des vallées d'Ossau et d'Aspe : col de Marie Blanque (1300 mètres ; à 16 heures, au sommet, il fait encore 16 degrés !), descente vers Oloron, retour à Pau par le bois du Bager. Une centaine de kilomètres. Les couleurs de la montagnes et des vallées sont dans des tons pastels. Douceur et vibrations. Le ciel est d'un bleu transparent. Une image de l'infini. Entre tous ces éléments, une harmonie magique ou religieuse, c'est selon. A chacun sa foi et ses références. Les arbres sont une explosion de couleurs : du vert au jaune, de l'orange au rouge ou, plus exactement, tant les gradations de la palette sont innombrables, des verts, des jaunes, des oranges, des rouges et combien d'autres nuances encore... On pense à des tableaux de Riopelle ou de Tobey : le même frémissement.





Au bas du col, le village d'Escot. A la sortie d'un virage, l'église. Blanche, immaculée. Elle se dresse sur un fond sombre, quasi noir. Sa géomètrie est violente. On pense à un Nicolas de Stael.


A notre retour, après avoir levé le linge, qui a séché sur l'herbe tout l'après-midi et qui s'est chargé d'une odeur de foin, on se prépare du thé, des tranches de pain grillé, du fromage et de la confiture de marrons, et l'on s'installe pour écouter... "Sup Dude". Quoi d'autre ?

Je prends quelques notes au fil de mes impressions :

- Dès le premier morceau, la guitare électrique apporte sa sonorité particulière. Elle donne une couleur supplémentaire au trio, dont elle élargit la palette, sans pour autant lui faire perdre son identité immédiatement identifiable.

- Dès ce premier morceau, curieusement j'ai entendu des échos de Clifton Chenier, mais dans un registre retenu, en demi-teinte. "Rien de trop", suivant l'expression des philosophes de l'Antiquité. "Rien de trop", je trouve que l'expression convient bien à cet album. Souvent, on n'est pas loin de la ballade.

- Bon ! Il y a aussi le son du Pigini de Jacques. Un certain phrasé immédiatement identifiable, comme une signature. Un jeu reconnaisable quelles que soient les sources d'inspiration : ballade irlandaise, bossa, samba, tango, etc... Unité et diversité. Une identité forte par delà toute la variété des genres ou des types de musique. Pour moi, cette qualité "classe" Jacques Pellarin dans la même famille que R. Galliano, J.-L. Amestoy, D. Mille, L. Suarez, V. Peirani, T. Florizoone et quelques autres... Ils ne confondent jamais l'éclectisme avec les métamorphoses du caméléon. Tout au contraire, ils imposent leur style et leur marque à "tout ce qu'ils touchent".

- A plusieurs reprises, j'ai nettement perçu une parenté entre tel thème ou telle phrase déjà entendue dans un album précédent et un thème ou une phrase de celui-ci. Cette continuité, c'est aussi, à mon sens, le signe d'une inspiration très personnelle. Il me semble en effet que tous les créateurs authentiques ont ainsi quelques formes qui les obsèdent et qui ressurgissent fatalement à plusieurs reprises d'oeuvre en oeuvre.

- En 5, "CML Song", il m'a bien semblé reconnaitre un salut discret, mais amical, à Jean-Sébastien...

- En 2 et en 4, respectivement " Le temps de souffler" et "Stevenson Bossa", j'ai reconnu plus qu'une relation de parenté avec Art Van Damme, Jo Basile et F. Marocco, qui sont pour moi de très grands mélodistes. D'autre part, en ce qui concerne particulièrement le titre 2, dont le rythme est sud-américain, j'ai bien apprécié les distorsions de la guitare, venues directement du rock, mais aussi le saxo sexy.

- Dernière note enfin, l'ensemble de l'album se situe pour moi dans une catégorie que je qualifierais volontiers d'intimiste ; dans mon imaginaire, le quartet a sa place naturelle dans les clubs d'amateurs de jazz. Une musique pour passionnés raffinés... Et toujours l'ancrage à Champlong (titre 8. - "Live at Champlong").

- Quoi d'autre ?
- Je publie ce post. J'envoie un courriel à Jacques Pellarin, histoire de lui dire combien j'ai eu plaisir à écouter son dernier opus et j'écoute "Sup Dude", qui bien sûr m'accompagnait tout au long de ce petit travail d'écriture.

dimanche 13 novembre - "Sup Dude"... Alors, super ? Ouais ! Super, mec !

Samedi, lendemain d'un 11 novembre printanier. Les jours se suivent et se ressemblent. Midi : 24° à l'ombre sur la terrasse. Forcément, on déjeune dehors. Les arbres ont perdu leurs feuilles. La lumière est violente. On se croirait en avril tant il fait doux ; on se croirait en janvier tant l'éclat du soleil est brutal. Françoise a mijoté des paupiettes et des carottes.


Bien sûr, pour accompagner ce déjeuner, il faut choisir un disque. On n'hésite pas une seconde. Comme on peut le voir, sur le bord de la table, je prépare le "Nino Rota" de Richard Galliano pendant que Françoise prépare le café. Décidément, on ne se lasse pas de l'écouter et de le réécouter.

Mais, alors que l'on s'apprête à se mettre à table, la dame-préposée-à-la-distribution-du-courrier me fait signe qu'elle a une enveloppe à me remettre. Je comprends tout de suite : c'est le dernier opus de Jacques Pellarin, "Sup Dude", son premier en quartet : le trio, accordéon-percussions-saxophones, augmenté d'une guitare électrique. Forcément, on a envie de l'écouter.


Déjà, les titres sont comme autant de pistes qu'on a envie de découvrir : "Sup Dude", qui nous intrigue et que l'on identifie plutôt comme une expression familière plutôt argotique, du langage de ville ; "Irish diversion" et juste à côté "Stevenson Bossa" ; "Squeezebox Samba" juste avant "Tango Addiction" ; sans parler de "So Frenchy", avant dernier titre, et de "Luz y Fuerza", dixième et dernier titre. En tout cas, tous ces titres sont bien choisis car ils se présentent comme autant de questions ou d'hypothèses qu'on a envie de comparer à l'écoute des morceaux et l'ensemble donne à penser que la notion de musiques du monde n'est pas un vain mot. Et puis, forcément encore, on a envie de savoir comment sonne le quartet avec l'arrivée de l'électricité... 

Bon ! Je me donne le temps d'écouter "Sup Dude" avant de dire quelques mots sur mes impressions. J'ai passé une partie de l'après-midi auprès de mes parents, à Nay, j'avais bien envie d'emporter le disque pour l'écouter en voiture, après une première écoute en déjeunant, mais pas question de l'écouter seul, sans Françoise.

En tout cas, ce qui d'emblée me frappe, c'est tout à la fois la complexité des compositions et leurs lignes mélodiques très "lisibles", pour reprendre ici un mot qui qualifie pour moi une musique qui me donne envie de la fredonner et qui me laisse croire que je peux le faire, même si ça n'est pas vrai.

dimanche 13 novembre - le dernier opus de jacques pellarin : sup dude

... reçu hier le dernier opus de Jacques Pellarin, son premier en formation quartet : le trio, Jacques, accordéon Pigini, Yann Pajean, percussions, Diego Fano, saxophones et Renaud Bourquard, guitare électrique.

Je me donne le temps de l'écouter et on en reparle. Mais, d'ores et déjà, ci-dessous le message par lequel Jacques Pellarin annonce la sortie de "Sup Dude".

Le plaisir de vous annoncer la sortie officielle de mon nouvel album en quartet électrique :


" SUP DUDE "

Cd pochette carton. Prix : 10 euros + 2euros frais d'envoi ... En attendant l'installation sur le site, prendre contact avec moi à...
Jacques.pellarin@wanadoo.fr 

Vous pouvez dès à présent écouter les extraits sur :
http://www.cdbaby.com/cd/jacquespellarinquartet

... et vous le procurer digitalement aussi !

Merci de votre attention et de partager sans modération !


Musicales salutations !

Jacques Pellarin
http://www.jacquespellarin.fr/

vendredi 11 novembre 2011

samedi 12 novembre - le printemps en automne

Hier, dès le matin, on a senti que la journée serait délicieuse. D'autant plus que la météo prévoyait une température élévée et un ciel ensoleillé, sans le moindre nuage annoncé. Une journée de printemps en automne. On avait hésité à prendre le petit déjeuner sur la terrasse. On avait renoncé, peut-être par incrédulité, comme si un coup de vent devait fatalement refroidir notre thé, notre café et nos tartines de pain grillé. Mais, à midi, il fallait se rendre à l'évidence : pas un souffle de vent, des feuilles qui tombent en musardant, 20° au thermomètre. Je dis bien : 20° à 11 heure 58, à l'instant où je prends cette photographie.


Je viens à peine de mettre le couvert, il est 12h04, le chat blanc des voisins vient contrôler mon travail. Il jette un coup d'oeil vers l'intérieur du séjour et puis il s'en va.


12h06. L'autre chat des voisins, le noir, vient faire sa toilette sur le tapis. Il s'allonge de tout son long, il s'étire, il baille, il ouvre ses griffes et puis il s'endort. Il se réveillera un peu plus tard pour quémander quelques morceaux de viande.

Pour accompagner notre déjeuner, on écoute le dernier opus de René Lacaille. Déjeuner maloya ! On boit quatre tasses de café. On n'arrive pas à se lever. On en écoute encore une... On en déguste encore une... Une bonne partie des morceaux y passe... Bon ! Il faut tout de même se décider à charger le lave-vaisselle.


Et maintenant ? Les petits sont à Hossegor. Ils nous téléphonent. Le temps est magnifique. L'océan est agité. Charlotte et Camille sont heureuses. On ne va tout de même pas passer la journée à la maison. On décide sur le coup de trois heures d'aller faire un tour en vallée d'Ossau. Il ne faut pas tarder car le soleil, dans ces vallées pyrénéennes plutôt encaissées, est vite masqué par les sommets et alors la température descend vite. A Louvie-Juzon, on décide de prendre un pot. Le bistrot est investi par une équipe de rubygmen basques qui, selon toute apparence, viennent de gagner leur match. On se dit que le mobilier et le comptoir, transformés en instruments de percussions, sont d'une qualité exceptionnelle. Le bistrotier, zen ou flegmatique ou cool, comme on voudra, fait l'addition de chaque tournée et, tout sourire, se fait payer illico : bière, Ricard, Pastis, blanc limé, perroquet, etc... 

A 17h28, une grande partie de la vallée est déjà plongée dans l'ombre. Au loin, une fumée s'élève. Les derniers troupeaux sont descendus ; les premiers écobuages commencent.



Au sommet d'un petit piton, une église et son cimetière dont toutes les tombes sont recouvertes de chrysanthèmes. Elle a été construite au dix-septième siècle. Curieusement, alors que dehors le jour tombe, elle est très lumineuse. Le décor derrière l'autel explose en couleurs violentes. Quelque chose de baroque.

Peu avant 18 heures, on arrive à Gan, où se trouve la cave coopérative des vins de Jurançon. Le thermomètre, au tableau de bord, indique la température extérieure : 18°. Il va falloir penser à mettre une petite laine. Je rigole !

Un mot encore : pour accompagner notre balade, on a écouté une fois encore le "Nino Rota" de Richard Galliano. On commence à bien le connaitre. On reconnait immédiatement chaque thème, chaque mélodie, on peut même les fredonner. On est bien d'accord, Françoise et moi, le jeu de Richard Galliano, c'est l'évidence même. Pour reprendre le titre de l'un de ses derniers albums : l'essentiel, rien que l'essentiel.




mercredi 9 novembre 2011

vendredi 11 novembre - à propos de pianos à bretelles, de ceintures, de bretelles, de ficelles et de ceux qui les tirent...

Je m'étais permis, dans un post daté du 9 de ce mois, quelques réflexions politiques sous le titre "... y a pas que les pianos à bretelles qui ont besoin de bretelles...". Il ne s'agit pas d'oublier que ce blog est dédié en priorité à la défense et illustration de l'accordéon, mais on peut se rappeler qu'il a aussi pour lieu "le bistrot des accordéons" et qu'en ce lieu s'échangent souvent, plus souvent qu'on ne le croit, des propos pleins de pertinence et de justesse. En tout cas souvent pleins de perspicacité.

Bref ! Je viens de recevoir un courriel d'un copain [que j'appellerais Philippe A. pour respecter son anonymat], qui me signale un document qui approfondit mes quelques réflexions : la prédiction auto-réalisatrice, la déficience intellectuelle traduite en nécessité objective et - comment dire ? - ce qui est mauvais pour les autres n'est pas bon pour moi. L'intérêt de ce texte est tel qu'il me parait devoir être répercuté et diffusé. Son titre ? "Les dix stratégies de la manipulation de masse". Chacun pourra y trouver facilement les stratégies à l'oeuvre (les "ficelles" du titre) dans la conduite des affaires du monde aujourd'hui. Un coup d'oeil dans les coulisses...

http://www.pressenza.com/npermalink/les-dix-strategies-de-manipulation-de-masses

vendredi 11 novembre - julien labro : de l'accordéon au bandonéon

J'ai eu maintes fois l'occasion de dire combien j'apprécie le jeu de Julien Labro, accordéoniste français d'origine, qui fait une belle carrière aux Etats-Unis. Je l'avais découvert, je ne sais plus comment, avec son album "Jazz Wagon", un disque édité en 2007. Il faisait alors partie d'un quintet : piano, saxophone ténor, accordéon, basse électrique et batterie. Un disque dédié à Gaylord Klancnik, accordéoniste de jazz, et à Lawrence Williams, compositeur et batteur de Detroit. Parmi les titres :"Caravan" de Duke Ellington, "Naima" de J. Coltrane, "Libertango" de Piazzolla ou encore "Monk's Dream" de Th. Monk ou "Spain" de. Corea. J'avais beaucoup aimé les arrangements et la "lisibilité" du jeu de Julien Labro.

En cherchant à compléter ma connaissance de cet accordéoniste, j'ai écouté d'abord "Hot Club of Detroit / It's About that Time", édité en 2010, album dont le titre fait d'évidence allusion au "Hot Club de France", puis, plus tard, "Hot Club de Detroit", édité en 2006, premier album d'une série de trois. Pour l'instant, j'ai passé commande du second album de cette série :"Hot Club de Detroit / Night Town", qui n'est pas si facile à se procurer. J'apprécie toujours autant l'accordéon de Julien Labro.  Je n'aime pas toujours le swing ou le jazz manouche, mais là, en l'occurrence, j'aime bien, ce qui étonne fort Françoise, qui d'ailleurs, elle aussi, se prend à apprécier cet accordéon. Je note au passage que, sous le nom "Hot Club de Detroit", on a affaire à une formation à géomètrie et à personnel variable (quintet, sextet). Cette caractéristique est assez significative du style de ce groupe qui tient ensemble la tradition fidèle à Django Reinhardt et une lecture contemporaine de celle-ci. Fidélité et modernité.

Et, récemment, j'ai appris, par la newsletter de Julien Labro, la sortie de son dernier opus : "Piazzolla", avec Jason Vieaux, guitare, et l'orchestre de chambre, A Far Cry. Il joue du bandonéon et, si ce n'est pas une surprise, mais plutôt une confirmation, on a le plaisir de découvrir un bandonéoniste lumineux. Un son clair, quasi au scalpel, un son fidèle à l'esprit de Piazzolla, et en même temps d'une grande violence retenue et maîtrisée, fidèle en cela encore à Piazzolla.

Le programme de 64:33 se laisse écouter d'un seul trait : "Les quatre saisons de Buenos-Aires" (arrangements de J. Labro ; "Hommage à Liège" ; "Histoire du Tango".

Bref ! Julien Labro, une carrière à suivre... 

jeudi 10 novembre : maloya... maloya...

Le dernier opus de René Lacaille èk Marmaille intitulé "Poksina", c'est la maloya dans tous ses états. C'est un exercice d'hommage à cette musique de la Réunion qui est la source principale de son inspiration depuis ses premiers disques et sans doute même avant. Plus d'ailleurs qu'un monde simplement musical, les dix-sept titres de cet album, fait en famille, expriment un univers culturel avec ses travaux, ses conditions de vie, ses sentiments, son histoire et son humour. Quelques exemples :

- les travaux : 07. "Pêcheurs Terre-Sainte"
- les conditions de vie : 01. "La rosée tombée", 02. "Maloya Ton Tisane", 05. "Coq un poule", etc...
- les sentiments : 10. "Quelle famille ça", 12. "Pauline", 16. "Quand Li Mett' Son Moullur'"
- l'histoire : 04. "Commandeur"

Quant à l'humour, il est présent d'un bout à l'autre de l'album, comme un fil rouge qui relie tous les titres entre eux.

Il faut dire aussi que les dix-sept titres sont entrecoupés d'instrumentaux qui sont comme une rspiration bien venue entre les morceaux chantés.

J'ai bien apprécié la voix de René Lacaille, fatiguée et puissante, avec un phrasé si singulier et d'imperceptibles tremblements comme un léger frisson à la surface d'une eau calme. Il faudrait dire aussi l'émotion transmise par la manière dont il prononce les mots créoles de ses chansons. Un exemple suffira pour se convaincre de la spécificité de ce vocabulaire. Il s'agit du refrain de "Pêcheurs Terre-Sainte" :

Prépar mon kari makabi manman
Mèt piman byin for
Azout in ti grin masalé la dan
Sra méyèr ankor

Epicé certes, mais doux.

En écoutant ce disque, je n'ai pu m'empêcher de penser au forro. La maloya, forro de la Réunion ? Pourquoi pas ? Si j'ai jusqu'ici parlé en priorité des paroles et du texte, évidemment je ne saurais passer sous silence l'accordéon de René Lacaille. Comme chez tous les grands accordéonistes, le son de son instrument est une signature qui ne peut se confondre avec aucune autre.

Dernier mot enfin pour dire que ce disque Daqui est bien conforme à tous les autres publiés par ce label : impeccable. Un beau disque certes, mais aussi un bel objet.

lundi 7 novembre 2011

mercredi 9 novembre - julien labro joue piazzolla

Il y a quelques semaines, j'avais appris, par la newsletter de Julien Labro, la sortie imminente de son dernier cd : "Piazzolla / Jason Vieaux, Julien Labro, A Far Cry", respectivement guitare, bandonéon et orchestre de chambre. 2011, Azica Records. J'ai eu tout de suite envie de l'écouter car je connais l'accordéon de Julien Labro, que j'apprécie beaucoup, et je suis curieux de l'écouter au bandonéon.

Sauf erreur de ma part, l'album n'est distribué en France qu'en téléchargement. Mais j'ai pu le commander, par Amazon, en Allemagne, il y a environ une semaine. Il est arrivé, à midi pile, lundi 7. Un vrai plaisir. Au programme, des titres majeurs : "Les quatre saisons de Buenos-Aires", "Hommage à Liège" et "Histoire du Tango".


Présentation impeccable. Un livret complet, informatif. Un bel objet.


Divers impedimenta m'ont obligé à différer l'écoute de ce "Piazzolla". Je préfère me donner le temps de l'apprécier plutôt que d'en prendre connaissance dans la précipitation. Je règle deux ou trois problèmes ; j'écoute... je poste mes impressions. A très bientôt !  

mercredi 9 novembre - y a pas que les pianos à bretelles qui ont besoin de bretelles...

Lundi, midi. J'ai écouté le premier ministre présenter son plan de [...], puis les commentateurs commenter ce plan de [...]. Excusez mes [...], mais comme les mots "rigueur" et "austérité" sont tabous, je l'avoue, je manque de mots. Concrètement, de cette annonce, je retiens qu'à force de se serrer la ceinture, il n'est plus possible de la réduire en faisant de nouveaux trous et qu'il ne reste pour conserver sa pudeur intacte que les bretelles. D'où mon titre !

D'abord, j'ai remarqué le look du premier ministre : costume noir, cheveux noirs, sourcils noirs, oeil noir. Noir, c'est noir comme le dit un certain rocker exilé en Suisse. Tout est noir chez le chef de gouvernement, même l'humour dont je le crédite, bien que cette forme d'esprit m'échappe dans son discours, dans son attitude et dans sa posture.

Et puis, me sont venues à l'esprit trois réflexions :

1. En début de quinquennat, en Corse, je crois, le premier ministre s'était présenté comme le chef de gouvernement d'un pays en faillite. C'était inexact ; c'était une vision excessivement dramatique, sinon tragique de la situation des phynances de notre pays. Aujourd'hui, c'est sans doute vrai. Il lui aura donc fallu cinq ans d'un pouvoir sans partage pour conformer ses désirs à la réalité. Je ne doute pas en effet une seconde que cette attitude de dernier rempart avant l'abîme ne soit le ressort fondamental de toute sa politique. En cela d'ailleurs il est bien lui-même une sorte de clone du président de la République. C'est moi ou le déluge !
2. Qu'il s'agisse du chef de l'Etat, de ses ministres, notamment le premier, ou des députés du parti du président ou encore de tous ses thuriféraires, tous n'ont en effet qu'une phrase, un vrai leitmotiv, à la bouche :" il n'y a pas d'autre solution (que la nôtre)". Phrase évidemment imposée par les cohortes de communicants qui ont investi tous les rouages de l'Etat. Je dis bien rouages tant toutes ces personnes semblent instrumentalisées par quelques gourous payés à prix d'or. Or, la pensée systémique, à laquelle souvent il est fait appel pour qualifier la crise, a démontré que toute situation complexe implique plusieurs solutions possibles. C'est Edgar Morin qui disait, fort justement, que si l'on veut résoudre un problème, il faut non pas le simplifier, mais au contraire le complexifier. Je me dis que si nos hommes politiques, au lieu de dire :" Il n'y a qu'une solution ou il n'y a pas d'autre solution que [la mienne ou la nôtre]" disaient : "Etant donné mes limites intellectuelles, je ne vois pas d'autre solution que celle-ci", ça changerait beaucoup les choses. On pourrait alors commencer à imaginer une réflexion commune, comme les Grecs et leur gouvernement d'union nationale, au lieu de se crisper, camp contre camp, dans des oppositions stériles. Mais il est vrai que cela va à l'encontre de la pensée qui guide la vie et l'oeuvre du chef de l'Etat, à savoir qu'il n'est de bonne société que celle où chacun, réduit à son individualité, est seul contre tous. En ce sens, suivant le mot de Hobbes, l'alpha et l'oméga de toute action politique, c'est fondamentalement ce vieux principe que "l'homme est un loup pour l'homme".
3. Après avoir écouté et le premier ministre et ses commentateurs, une question m'a traversé l'esprit :" Tous ces hommes politiques, qui nous expliquent que l'on devra accepter une baisse de notre pouvoir d'achat et de notre niveau de vie, quel sera l'impact de ces mesures d'austérité et de rigueur (il faut bien utiliser les mots malgré les tabous) sur leur vie quotidienne ?". Devront-ils réduire le nombre des larbins à leur service ? Réduire leurs trajets en voitures officielles ? Diminuer leurs dépenses de restaurants ? Etc... etc... Leur train de vie en sera-t-il tellement affecté qu'ils n'auront plus envie d'afficher leur sourire niais à la sortie du conseil des ministres ? Bon ! J'exagère, ce serait trop leur demander.

Il est temps de revenir à l'accordéon...

dimanche 6 novembre 2011

mardi 8 novembre - françoise a dit...

Dans son blog : "Aimez-vous Galliano ou les rêveries d'une divagatrice...", Françoise écrit souvent de bien belles choses sur les apprentissages, sur la nature, sur Charlotte et Camille, sur la vie quoi... J'ai toujours envie de m'en faire l'écho sur ce blog, mais, malgré une rubrique ouverte sous le titre : "Y a pas que l'accordéon...", j'hésite à sortir des limites de mon domaine.

Mais alors, quand ses rêveries et autres divagations portent sur Richard Galliano ou sur ce qui est jazz / no jazz, je n'ai plus aucune raison de m'interdire de donner le lien vers son site. Et même deux liens...

L'un vers cette question plus que musicologique... quasiment anthropologique sinon métaphysique : "Jazz / No Jazz", comme aurait pu la formuler Marc Berthoumieux...

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/10/jazz-ou-pas-jazz-nous-sommes-michel-et.html

L'autre vers Richard Galliano, Nino, Astor... et les autres.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2011/11/richard-nino-astor-et-les-autres.html

lundi 7 novembre - rené lacaille èk marmaille : poksina

... écouté le dernier opus de René Lacaille : "René Lacaille èk Marmaille / Poksina".  Je le trouve très réussi. Certes, il s'inscrit bien dans la trajectoire des oeuvres de René Lacaille. On retrouve son attachement à la musique de la Réunion, notamment la maloya, on retrouve aussi son attachement à la famille. Toujours un sens du rythme étonnant, un rythme dansant évidemment, toujours un humour discret, toujours la même sensibilité à fleur de peau, masquée avec pudeur sous un sourire plein de bienveillance. De ce point de vue, j'ai été touché par un titre :"Commandeur". L'esclavage est une blessure toujours présente. Même si elle n'est plus visible au premier regard.

Bref ! Sur le site ci-dessous, on trouvera de bonnes informations sur cet album et surtout on pourra écouter trois morceaux que je trouve tout à fait significatifs.

http://www.daktari-music.com/fr/rene-lacaille-ek-marmaille

Dernière remarque : un livret très réussi du point de vue graphique et très intéressant du point de vue informatif, car toutes les paroles y figurent et c'est merveille de pouvoir écouter la musique en suivant celles-ci.

Enfin, si le coeur vous en dit, rien ne vous interdit d'aller sur Deezer où l'onn trouve plusieurs titres de René Lacaille.

http://www.deezer.com/fr/music/playlist/50881781
http://www.deezer.com/fr/music/playlist/52486219

A compléter par les vidéos suivantes, où René Lacaille explicite ses intentions :
http://jango.eklablog.com/rene-lacaille-a2771275

lundi 7 novembre - hot club of detroit

... écouté "Hot Club of Detroit", l'album de 2006. Cette précision car, à ma connaissance, cette formation a sorti trois disques, celui-ci en sextet, celui de 2010 en quintet. Je manque de précisions quant au troisième qui me parait indisponible. Ce sextet est composé d'un guitariste leader, de deux guitares rythmiques, d'une contrebasse, d'une clarinette et d'un accordéoniste, Julien Labro.

Pour en savoir plus, il suffit de cliquer sur le lien ci-dessous vers le site officiel du "Hot Club of Detroit".

http://www.hotclubofdetroit.com/

Disons, pour situer cette formation, qu'elle est fidèle à son nom et qu'elle s'inscrit dans la tradition du jazz manouche ou du swing jazz. Pour s'en convaincre, ci-dessous, trois titres sur YouTube et trois sur leur site Myspace.

- "Swing One"
http://www.youtube.com/watch?v=CggIXoLrAAc

- "J'attendrai"
http://www.youtube.com/watch?v=5tfoSVFhsbA

- "Night Town"
http://www.youtube.com/watch?v=oeR6IPEAhPk

- Myspace : "Passion", "Troublant Boléro", Belleville".
http://www.myspace.com/hotclubofdetroit

Pour ceux qui apprécieraient bien cette musique, on trouve à écouter sur Deezer plus de quarante morceaux  tirés des trois albums publiés sous le terme générique : " Hot Club of Detroit ".
http://www.deezer.com/fr/music/hot-club-of-detroit#/music/

Pour ma part, je trouve tous ces titres et en particulier ceux de l'album de 2006, que je suis en train d'écouter, tout à fait agréables. Un jazz de club. Atmosphère feutrée, lumières tamisées, alcools hors d'âge, public chic, élégan, sélect, quoi... J'aime beaucoup l'interprétation de "Passion", de "Nuages" et celle, inattendue, du thème de "Godfather".  Continuité d'une tradition, respectée, mais pas trop.

samedi 5 novembre 2011

lundi 7 novembre - écoute en chantier...

Il y a quelques semaines, la newsletter de Julien Labro m'informait de la sortie imminente d'un cd consacré à Piazzolla interprété par Jason Vieaux, guitare, A Far Cry, orchestre de chambre, et lui-même au bandonéon.  Pour l'heure, ce cd ne me semble pas distribué en France ; en revanche, on le trouve sur Amazon et c'est ainsi que j'ai pu le commander en Allemagne. Si mes informations sont bonnes, il est en train de circuler vers Pau : arrivée prévue entre le 7 et le 15 novembre. On en reparlera.


En début de semaine, j'avais vérifié auprès du responsable des disques au Parvis que la sortie du cd du New Meeting Quartet intitulé "Lusitania" était bien prévue pour le lundi  7. Après confirmation, il m'avait même proposé de passer dès le samedi 5. "Le colis sera arrivé tôt le matin, m'avait-il dit". Oui, mais... c'était sans compter avec le mardi 1er novembre. "Je l'aurai lundi matin, c'est sûr !". Attendons.



Justement, pour attendre, j'ai récupéré par la même occasion un disque que j'avais commandé lundi : "Hot Club de Detroit", 2006, Mack Avenue Records. Je connaissais en effet Julien Labro par un précédent disque avec le Hot Club de Detroit et par un autre sous le titre "Jazz Wagon" et c'est en cherchant à commander le "Piazzolla", dont j'ai parlé ci-dessus, que  j'ai découvert l'existence de celui-ci. "Hot Club...", forcément on pense au "Hot Club de France". Dans les morceaux, on peut repèrer "Belleville", "Passion", "Honeysuckle Rose", "Nuages", etc...  Je pense à ce quintet, façon jazz manouche avec David Rivière à l'accordéon, qui a pour nom "Les pommes de ma douche" et qui a déjà sorti six albums, je crois.


Mais, comme je me dirige vers la caisse, mon attention est attirée par une couverture, très sobre, sable et noir, graphisme type gravure sur bois assez rustique :"René Lacaille èk Marmaille / Poksina", Daqui, le label des nuits atypiques, 2011.  


Un nouveau Lacaille, ça ne se manque pas. Comme à l'habitude, un livret impeccable avec les textes des chansons, qui font partie du fonds musical et donc culturel de la Réunion. René Lacaille trace sa piste de disque en disque : ambassadeur infatigable de son île. Mais ce qui d'emblée m'a amusé, c'est la liste des musiciens : René Lacaille, accordéon, charango, percussions, etc..., Oriane Lacaille, petites percussions, chant lead et choeur, etc..., Marc Lacaille, percussions, basse, flûte, chant lead et choeur, etc... Yanis Lacaille, roulèr, batas, caisse claire, choeur. Quelque chose comme le patriarche et sa tribu.

Bon, c'est pas tout ça. Il s'agit maintenant d'écouter le disque du "Hot Club de Detroit" et celui de René Lacaille et compagnie. Dehors, la pluie tombe sans interruption. On l'entend chuchoter sur les tuiles. La température a perdu plusieurs degrés. Les terrasses sont couvertes de feuilles fripées. Il est temps de fermer les volets. Installons-nous... Bière ? Thé ? Porto ?