lundi 28 novembre 2011

mardi 29 novembre - à propos du plaisir de l'écoute...

Il y a quelques jours, dans un post daté du 19 novembre, je m'interrogeais, je pourrais dire une fois encore tant la question me préoccupe, sur les paramètres qui déterminent l'intensité et la qualité de mon plaisir à l'écoute de tel ou tel morceau musical, en particulier d'accordéon. Par paramètres, j'entends les éléments que je prends en compte pour évaluer ce plaisir. Cette prise en compte étant sinon inconsciente, du moins implicite, au sens où ces éléments ne sont pas d'abord réfléchis, pensés, explicités. Ce ne sont pas des critères que j'appliquerais a priori et en toute conscience, mais des critères impensés, c'est pourquoi je les qualifie d'implicites. Mon interrogation porte donc sur l'explicitation a posteriori des paramètres ou des critères qui rendent compte du plaisir que j'éprouve spontanément.

Au terme d'une première analyse, première car je sais bien qu'elle sera interminable - mille fois sur le métier remettons notre ouvrage ! -, j'en identifiais quatre :


- la composition et les arrangements comme mise en forme des composants de l'oeuvre ; on pourrait ici parler du travail d'écriture ;
- la technique, qui est aussi une certaine manière de mise en forme ;
- l'expressivité comme élément déterminant de la signification d'une oeuvre ;
- la créativité comme source énergétique d'où découle l'originalité et la force imaginative de celle-ci.

En relisant cette analyse, il me semble qu'à la fois je n'ai rien à y ajouter ni retrancher mais qu'il faut tout de suite dissiper une ambiguïté. Présentés comme je l'ai fait, les quatre paramètres peuvent apparaitre comme des éléments objectifs, c'est-à-dire inhérents à l'objet, à l'oeuvre elle-même ; des éléments qui s'imposeraient à une observation objective. En fait, il n'en est rien. Ces paramètres me semblent en effet inhérents à ce que j'éprouve, disons même à mon évaluation, qui se traduit par un plaisir plus ou moins intense, ils me semblent même inhérents à toute expérience d'écoute musicale, mais ils n'ont rien d'objectifs, ils expliquent seulement mon rapport à une oeuvre. Ils traduisent seulement le rapport de ma subjectivité singulière à une oeuvre.

Je m'explique. Quand j'identifie la composition comme l'un des paramètres, je ne parle pas de la partition en tant que telle, de sa réalité écrite et objective, mais de l'impression que j'éprouve d'avoir affaire à une oeuvre écrite et composée. De même, la technique dont il est question pour moi, ce n'est pas la technique reconnue par des critiques ou des chroniqueurs ou des spécialistes ; c'est mon attention à la technique de tel ou tel musicien qui est en jeu. Même chose en ce qui concerne l'expressivité ou la créativité. Il ne s'agit ni de l'expressivité au sens des évocations que l'auteur ou l'interprète veut susciter, ni de la créativité effective d'un créateur, il s'agit des évocations qui me viennent à l'esprit, et qui peuvent être très différentes de celles que visait l'auteur, il s'agit de l'impression de créativité que j'éprouve, laquelle peut résulter simplement de mes limites culturelles. Je crois que tel morceau est plein de créativité alors que telle autre personne, mieux et plus cultivée que moi, reconnait en ce morceau des phrases qu'elle a déjà entendues. Je pense ici à l'écart entre ce que je perçois comme de l'improvisation alors que ce qui m'apparait comme tel était prévu à la note près ; je pense à ce qu'André Hodeir, dans son travail de compositeur, appelait l'improvisation simulée.

Bref ! Je ne sais si j'ai bien éclairci ma pensée, mais j'ai essayé : les quatre paramètres en question ne sont pas des critères objectifs, que l'on pourrait trouver par une analyse objective et à terme scientifique ; ils sont l'expression de ma subjectivité, c'est-à-dire, à un moment donné de ma vie et dans des circonstances particulières, l'expression immédiate de mon rapport à une oeuvre.

A suivre...  

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