samedi 19 novembre - le plaisir de l'écoute : d'une impression syncrétique à l'analyse des paramètres en jeu
Quand j'écoute de la musique, pour ainsi dire de l'accordéon, quand je découvre un morceau en concert ou enregistré sur un disque, je m'efforce toujours, méthodiquement, de n'en rien connaitre auparavant. Evidemment, c'est impossible : on "sait" toujours quelque chose de ce que l'on s'attend à écouter ; on a toujours quelque a priori. Disons que j'essaie, le plus possible, de mettre entre parenthèses toute information susceptible d'orienter, de conditionner, voire de déterminer mes impressions et mon jugement. En tout cas, je n'écoute jamais un morceau dans le but de vérifier ou d'infirmer des connaissances acquises en lisant un article ou en écoutant un commentateur, un chroniqueur, un critique.
J'essaie donc - si l'on était pédant, on parlerait d'ascèse - de mettre hors jeu tout savoir et tout a priori pour m'en tenir à une impression immédiate et syncrétique, c'est-à-dire constituée d'un ensemble d'éléments d'évaluation plus ou moins disparates. C'est un travail qui doit sans cesse être repris et indéfiniment recommencé tant la tentation de s'informer pour anticiper l'expérience de l'écoute (ou de toute autre expérience esthétique) fait partie de notre culture. On considère comme "naturel", "normal", que le commentaire précède le contact avec l'oeuvre : film analysé avant sa sortie, texte introductif à une exposition, présentation du style de telle formation avant un concert, etc...
Mais justement, cette impression immédiate ayant été éprouvée, ce qui, je le répète, n'est pas une expérience habituelle, m'est venue l'idée d'essayer de l'analyser, c'est-à-dire de chercher à identifier les éléments qui la composent ou, en d'autres termes, ses paramètres. En premier lieu, je suis sensible à la composition et aux arrangements qui la concrétisent, c'est-à-dire à la manière dont l'ensemble sonore est organisé. D'autre part, je sens bien que mon attention s'applique à la technique, c'est-à-dire à l'expression des savoir-faire des interprètes. Curieusement d'ailleurs, ce paramètre fonctionne souvent négativement : je n'aime pas quand la technique se montre trop et vient sur le devant de la scène. Je déteste ce que l'on appelle la virtuosité. Mais ce n'est pas tout. Je prends en compte aussi l'expressivité, c'est à dire cette capacité d'une oeuvre, résultant de l'écriture et de l'interprétation, à susciter en moi des évocations émouvantes. Enfin, dernier paramètre : la créativité, la capacité à produire des images, des sensations, des pensées... Il faudrait ici disctinguer d'ailleurs deux dimensions de la créativité : une dimension qualitative, à savoir la capacité à produire des sensations originales, inattendues, inouïes, surprenantes, etc... et une dimension quantitative, à savoir la capacité d'en produire en grand nombre, des formes différentes et variées.
En résumé, si j'analyse les paramètres qui déterminent l'intensité de mon plaisir à l'écoute de tel ou tel morceau, pour l'instant j'en trouve quatre :
- la composition et les arrangements comme mise en forme des composants de l'oeuvre
- la technique qui est aussi une capacité formelle (au risque de n'être que cela chez le virtuose)
- l'expressivité comme élément fondamental de la signification d'une oeuvre
- la créativité comme source énergétique d'où découle l'originalité et la force imaginative d'une oeuvre.
Notons que chacun de ces paramètres se déploie entre deux pôles opposés : postif / négatif. C'est ainsi que la composition correspond à l'architecture d'une oeuvre, à sa structure, et qu'elle est indispensable comme mise en forme organisée, mais qu'à l'inverse une partition trop écrite peut stériliser toute tentative d'interprétation. De même, je l'ai évoqué en ce qui concerne la technique : elle est indispensable, sinon c'est l'oeuvre de composition qui se trouve dénaturée et trahie, mais à l'inverse la virtuosité ( qui fera le maximum de triolets en un temps donné ?) est la pire des trahisons et le triomphe de la forme vide de sens. Même chose pour l'expressivité ou pour la créativité... Notons ici une certaine antinomie entre la composition et la créativité, par exemple dans la musique de jazz, avec passage à la limite dans le cas du free jazz comme expérience radicale d'improvisation ; et une certaine antinomie également entre la technique et l'expressivité, celle-ci pouvant s'accommoder d'une certaine imperfection alors que la perfection du virtuose détruit toute expression, toute évocation, hormis celle d'un mécanisme devenu "fou".
Bon ! J'imagine que mon analyse a dû être faite depuis longtemps, de manière plus approfondie et plus développée, et plus scientifique, par les musicologues ou par les psychologues de l'expérience esthétique, mais celle-ci, c'est la mienne et elle m'éclaire un peu sur les "raisons" de mes goûts, sur ce qui me détermine à trouver que "ça" me plait, "ça" un peu moins, "ça" pas du tout - c'est pourquoi je n'en parle jamais - et "ça" beaucoup - c'est pourquoi j'essaie de le partager -...
J'essaie donc - si l'on était pédant, on parlerait d'ascèse - de mettre hors jeu tout savoir et tout a priori pour m'en tenir à une impression immédiate et syncrétique, c'est-à-dire constituée d'un ensemble d'éléments d'évaluation plus ou moins disparates. C'est un travail qui doit sans cesse être repris et indéfiniment recommencé tant la tentation de s'informer pour anticiper l'expérience de l'écoute (ou de toute autre expérience esthétique) fait partie de notre culture. On considère comme "naturel", "normal", que le commentaire précède le contact avec l'oeuvre : film analysé avant sa sortie, texte introductif à une exposition, présentation du style de telle formation avant un concert, etc...
Mais justement, cette impression immédiate ayant été éprouvée, ce qui, je le répète, n'est pas une expérience habituelle, m'est venue l'idée d'essayer de l'analyser, c'est-à-dire de chercher à identifier les éléments qui la composent ou, en d'autres termes, ses paramètres. En premier lieu, je suis sensible à la composition et aux arrangements qui la concrétisent, c'est-à-dire à la manière dont l'ensemble sonore est organisé. D'autre part, je sens bien que mon attention s'applique à la technique, c'est-à-dire à l'expression des savoir-faire des interprètes. Curieusement d'ailleurs, ce paramètre fonctionne souvent négativement : je n'aime pas quand la technique se montre trop et vient sur le devant de la scène. Je déteste ce que l'on appelle la virtuosité. Mais ce n'est pas tout. Je prends en compte aussi l'expressivité, c'est à dire cette capacité d'une oeuvre, résultant de l'écriture et de l'interprétation, à susciter en moi des évocations émouvantes. Enfin, dernier paramètre : la créativité, la capacité à produire des images, des sensations, des pensées... Il faudrait ici disctinguer d'ailleurs deux dimensions de la créativité : une dimension qualitative, à savoir la capacité à produire des sensations originales, inattendues, inouïes, surprenantes, etc... et une dimension quantitative, à savoir la capacité d'en produire en grand nombre, des formes différentes et variées.
En résumé, si j'analyse les paramètres qui déterminent l'intensité de mon plaisir à l'écoute de tel ou tel morceau, pour l'instant j'en trouve quatre :
- la composition et les arrangements comme mise en forme des composants de l'oeuvre
- la technique qui est aussi une capacité formelle (au risque de n'être que cela chez le virtuose)
- l'expressivité comme élément fondamental de la signification d'une oeuvre
- la créativité comme source énergétique d'où découle l'originalité et la force imaginative d'une oeuvre.
Notons que chacun de ces paramètres se déploie entre deux pôles opposés : postif / négatif. C'est ainsi que la composition correspond à l'architecture d'une oeuvre, à sa structure, et qu'elle est indispensable comme mise en forme organisée, mais qu'à l'inverse une partition trop écrite peut stériliser toute tentative d'interprétation. De même, je l'ai évoqué en ce qui concerne la technique : elle est indispensable, sinon c'est l'oeuvre de composition qui se trouve dénaturée et trahie, mais à l'inverse la virtuosité ( qui fera le maximum de triolets en un temps donné ?) est la pire des trahisons et le triomphe de la forme vide de sens. Même chose pour l'expressivité ou pour la créativité... Notons ici une certaine antinomie entre la composition et la créativité, par exemple dans la musique de jazz, avec passage à la limite dans le cas du free jazz comme expérience radicale d'improvisation ; et une certaine antinomie également entre la technique et l'expressivité, celle-ci pouvant s'accommoder d'une certaine imperfection alors que la perfection du virtuose détruit toute expression, toute évocation, hormis celle d'un mécanisme devenu "fou".
Bon ! J'imagine que mon analyse a dû être faite depuis longtemps, de manière plus approfondie et plus développée, et plus scientifique, par les musicologues ou par les psychologues de l'expérience esthétique, mais celle-ci, c'est la mienne et elle m'éclaire un peu sur les "raisons" de mes goûts, sur ce qui me détermine à trouver que "ça" me plait, "ça" un peu moins, "ça" pas du tout - c'est pourquoi je n'en parle jamais - et "ça" beaucoup - c'est pourquoi j'essaie de le partager -...
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