dimanche 14 juin 2020

samedi 13 juin - "c'est normal !"

Quelques jours après l'instauration de mesures de déconfinement, il est temps de penser à reconstituer les réserves familiales alimentaires. Je me gare donc derrière les immeubles de type HLM qui entourent la petite place que j'appelle le coeur de Berlioz, du quartier Berlioz. La métaphore me plait assez : gardons de préférence "le coeur". Mais ? Comme j'entre dans cet espace, une étrange impression me surprend. Pas un bruit, pas l'ombre d'une file d'attente, contrairement à ces derniers jours, en pleine période de confinement.  Les magasins et autres boutiques sont quasi vides à l'exception de la boulangerie et du tabac pmu avec son lot de fidèles parieurs lecteurs de la presse locale. Comme je fais part de ma perplexité au boucher, sans s'émouvoir, il m'explique qu'en effet les gens sont en train de retrouver la vie normale. Mais d'abord il faut remplir à nouveau les frigos vides. Suivant son expression :"ça va revenir !" Optimiste, En même temps cette sagesse masque mal toutes sortes d'inquiétude. Finalement, c'est plutôt gris... Un certain stoïcisme. Une manière de donner sens au quotidien. Une certaine expérience volontariste !

Mais voilà que hier matin, à nouveau il faut reconstituer le marché alimentaire. Je m'attends donc à retrouver le coeur de Berlioz façon spleen. Or ! Surprise ! En débouchant dans le dit espace, je vois les trottoirs scandés par des files d'attente et par la présence de clients masqués aux endroits  marqués pour que chacun attende son tour à bonne distance de ses voisins. Impression inattendue de détente, de patience et de bonne humeur. Tous ces gens sont affairés et pleins de projets pour le weekend.   Etonnant retournement de situation. Comme j'en discute avec le boucher et son fils venu lui donner un coup de main, il  a ces mots qui me frappent par leur sagesse quasi antique :"C'est normal ; ça va revenir !"

Du coup, je m'avise que ce main d'hier le ciel était sereinement bleu, sans nuages, et que le soleil avait décidé de peindre le monde en couleurs. Ceci expliquerait-il cela ?  En tout cas, on notera la pertinence du diagnostic. Le moral, c'est une affaire complexe : "ça va, ça vient". On le contrôle moins qu'on ne l'imagine.

mardi 9 juin 2020

mardi 9 juin - ... à propos de "l'homme de la route"...

J'ai dit il y a peu comment nous avons découvert récemment le dernier opus de Bruno Maurice et Jacques Di Donato intitulé "L'homme de la route".

Ce cd se compose de quatre parties ou si l'on veut de quatre mouvements ou pièces, à savoir :

1.- "Nuage", 15;30
2.- "Valse à Hum" de Denis Tuveri,; 5;45
3.- "L'homme de la route", 6;45
4.- "Trilogie", 6;40

La route dont il est question ici, ce ne sont pas des sentiers battus. C'est un monde que l'on parcourt d'œuvre en œuvre de plus en plus confiant et attentif. Une technique maitrisée au plus haut point. De la complicité : la joie de jouer ensemble, d'être surpris par le complice, le compagnon de longue route. Sans trop forcer le trait, je dirais qu''à l'écoute de ce disque me viennent à l'esprit les mots de liberté de chacun des deux musiciens, d'égalité de statut et du coup de fraternité, comme résultat naturel du jeu du duo.



J'ai été fasciné et je le reste encore par l'interprétation de "Nuage". Une œuvre fluide et variable où les deux instruments d'en donnent à cœur joie. L'accordéon comme instrument aérien. On admire la maitrise du soufflet son amplitude et sa pureté sonore. C'est le ciel même qui est évoqué et qui nous maintient sous le charme un quart d'heure durant. Mais aussi un mouvement de flux et reflux qui pourrait être celui de la mer bienveillant et de l'océan sauvage.

De manière générale, je dois dire qu'à travers les quatre morceaux, c'est la mise en attente de l'auditeur qui me semble le fil rouge de ce disque. Que vont-ils inventer pour nous surprendre et nous tenir sous émotion ?

Je ne saurais clairement dire pourquoi, mais cet album évoque pour moi la notion d'œuvre aimable, c'est-à-dire maitrisée au plus haut point d'une technique sans failles et spontanément attachante. De ce point de vue, pour moi, la version de la "Valse à Hum" est un chef-d'oeuvre. Une certaine perfection. Un vrai travail d'appropriation. Tours et détours. On s'éloigne, on revient, on ne perd jamais le cap…

dimanche 7 juin 2020

dimanche 7 juin - plutôt deux fois qu'une...

Dimanche 7 juin. Mon petit calepin me dit..

- que jeudi après-midi, nous avons rejoint Hossegor où nous avions rendez-vous ce vendredi avec notre coiffeur. Ce rendez-vous est un signe qu'à nouveau on va pouvoir prendre ses distances avec les mesures d'enfermement. Du coup, c'est le cœur léger qu'on fait 120 kilomètres pour rejoindre R... afin qu'il redonne forme humaine à notre chevelure.

- que ce même après-midi de jeudi Françoise a d'abord dit, toutes affaires cessantes, "je vais voir la mer ; je m'occuperai des bagages plus tard", puis, plus tard, après diner, "je vais voir le coucher de soleil".

- que vendredi, peu avant midi, Françoise a dit : 'Je voudrais bien aller voir la mer"... avant d'aller déjeuner chez Tante Jeanne. Et le soir elle a dit, malgré le vent en tempête qu'elle allait voir le coucher du soleil. Peut-être pour attraper au vol le rayon vert !

- que samedi matin, on a fait un détour sur notre chemin de retour vers Pau et c'est ainsi que pour ce faire on a fait deux fois le tour du lac. Plein. Magnifique en l'absence ou quasiment de présence de touristes.

Et puis, avant de s'éloigner d'Hossegor et de la villa, de tourner le dos à l'océan, Françoise m'a montré les photos qu'elle avait prises la veille. "Tu as vu, la plage était recouverte de mouse et le blockhaus
a disparu sur la montée du sable des dunes côtières".




Ces photos sont quasiment identiques, semblables pour un regard non averti ; différentes pour qui aime l'océan. Elles sont chacune à sa façon le témoignage indélébile d'un instant unique ou, si l'on veut, d'un ensemble d'instants uniques. C'est pourquoi, comme Françoise, on ne saurait se lasser de ces contemplations… Elles sont en effet inépuisables…




mercredi 3 juin 2020

mardi 2 juin - "l'homme de la route"...

Ce jour, 2 juin, est à marquer d'une double pierre blanche.

- D'une part en effet c'est la résurrection de la vie sociale avec la réouverture des terrasses de bistrots. On renoue avec l'Ombrière et l'on est content. On n'est pas les seuls d'autant que le soleil et le ciel sont de la partie. L'un d'or, l'autre d'un bleu immaculé : images d'Epinal !
-  D'autre part, au moment de boucler la villa pour aller déjeuner, c'est le facteur qui nous fait signe : il a un petit paquet pour nous : le contenu ? Mystère ; la forme ? On connait : c'est un cd. Alors même que l'on n'en attend pas.

Deux plaisirs, l'un n'attend pas l'autre. En fait, c'est bien d'un disque qu'il, s'agit. avec un texte d'accompagnement plus qu'amical. Un disque de Bruno Maurice à l'accordéon  Appassionata et de Jacques Di Donato à la clarinette. Deux artistes de talent pour lesquels on peut dire que nous avons une amicale admiration. La pochette d'emblée nous remémore des disques antérieurs et surtout des concerts dont le souvenir est si intenses qu'on croirait les avoir vécus hier.

Dès le retour du déjeuner, une cafetière bien remplie, de bons fauteuils… C'est parti : premières impressions dans la ligne de ce que nous aimons écouter de Bruno et Jacques. En deux mots, je dirais : lisibilité et complexité, deux notions qui ne vont pas forcément d'évidence. On retrouve avec bonheur l'accordéon magistral de Bruno et la clarinette créative de Jacques. On se laisse conduire sur cette route qu'évoque le titre de l'album. Un titre, au demeurant, bien poétique. En tout cas, pour le moment, on est bien heureux d'inscrire nos pas dans leur pas. En toute confiance.

On a une affection particulière pour la version de la "Valse à Hum" de Denis Tuveri  : un vrai travail d'appropriation et si j'ose dire de sublimation… préparé de longue date de concert en concert. Une affection particulière aussi pour "Nuage" si riche d''évocations au long du chemin. …