lundi 30 janvier 2012

mercredi 1er février - accordéon ou accordéons ?

Il y a quelques jours, j'ai relu quelques pages d'un ouvrage magistral de Pierre Bourdieu : " La distinction, critique sociale du jugement". Par jugement, il faut entendre ici le jugement esthétique ou encore ce que l'on désigne communément sous la notion de goût. Ouvrage publié dans les premières années 80 et donc fondé sur des recherches que l'on peut situer dans les décennies 60 et 70. Où Pierre Bourdieu montre que le goût n'est en rien personnel ou individuel, mais que tout au contraire il est largement déterminé par la position que l'on occupe ou qui nous est assignée dans le champ social. Suivant ses termes, le goût est sinon déterminé du moins largement conditionné par les habitus que nous avons acquis dans notre environnement social, le plus souvent à notre insu, et qui jouent comme un filtre à travers lequel nous construisons notre vision du monde et donc aussi notre rapport aux autres. Rapport construit à travers notre histoire sociale, mais que nous vivons et pensons comme spontané.

Dans cet ouvrage donc, un tableau m'a toujours fortement intéressé, pages 140-141, qui croise l'espace des positions sociales et l'espace des styles de vie, eux-mêmes étroitement corrélés aux goûts et autres jugements esthétiques. L'étude de Bourdieu se fonde sur la distinction et les corrélations entre différentes sortes de capital : économique, scolaire, culturel et social. Cette idée a été déterminante pour ma propre vision du monde et pour ma propre compréhension des jeux de pouvoir qui se jouent dans le champ social. Mais ce n'est pas le lieu d'aller plus loin dans le cadre de ce blog.

Ce qui m'intéresse dans ce tableau, outre sa forme synthétique, c'est la position de l'accordéon. En bas, à droite, dans l'espace des artisans, petits commerçants, exploitants agricoles et à la frontière du monde des ouvriers : spécialisés, qualifiés, contremaitres. C'est dans cet espace qu'il est véritablement reconnu comme instrument artistique, alors qu'ailleurs il est ignoré ou méprisé. Dans cet espace, le goût privilégie, avec le piano à bretelles, la R4, Fernandel, B.B., la pétanque, le pernod, le mousseux, le rugby, le foot, la belote, les pommes de terre, le pain, les pâtes, le vin rouge ordinaire, les bals publics, etc...

Cette constellation, si j'ose dire, était vraie encore au début des années 80. Vraie en ce sens qu'elle était établie à partir d'un travail d'enquête scientifique. Mais aujourd'hui, alors que les années 80, ça n'est pas si loin, disons une génération, "les choses" ont bien changé. L'accordéon, loin de se cantonner à cet univers populaire décrit ci-dessus, a essaimé ou mieux émigré vers tous les autres espaces de la société. Au point de pouvoir paraitre omniprésent dans l'univers musical.

On le trouve en effet tout à fait à son aise dans le musette et dans le néo-musette ( à ne pas confondre avec le new-musette, le néo étant à la vérité plutôt selon moi du rétro-musette... Passons !), dans le trad', dans le rock, dans le classique, dans le jazz, dans la musique du monde, électronique, contemporaine, et encore ailleurs... Il est partout chez lui. Et je ne compte pas le bandonéon... Il est partout parce qu'en un quart de siècle il s'est diversifié, différencié, distingué suivant plusieurs formes. Ce n'est certes pas par hasard que le mot "distingué" me vient à l'esprit pour désigner le travail qui a conduit à cette situation où l'on peut aujourd'hui distinguer plusieurs formes d'accordéon. Pierre Bourdieu parlait de distinction pour désigner le travail du goût et en effet actuellement de l'accordéon, il y en a pour tous les goûts.

Mais, arrivé à ce point, une question, comme on dit, m'interpelle. Le fait qu'il y ait de l'accordéon pour tous les goûts est assurément la manifestation, l'indice, le signe de sa vitalité, mais sa diversité nous autorise-t-elle encore à parler de l'accordéon au singulier ? Ne faut-il pas, pour rendre compte de sa réalité, en parler au pluriel ? Parler d'accordéon au singulier pour désigner cet objet polymorphe est-ce encore désigner une espèce d'instruments ou n'est-ce plus qu'un voeu pieux ?

Pour ma part, je suis porté à penser que la vitalité de l'accordéon tient justement au fait que sous ce nom se trouvent en réalité des instruments, des conceptions musicales et artistiques, des pratiques et des manières de jouer de nature différente, voire incompatibles. Malgré les apparences : de loin, de très loin, pour un observateur pressé, un accordéon ça ressemble à un autre accordéon. Et s'il a pu ainsi plaire dans d'autres "milieux" que dans les milieux populaires, ce n'est pas parce que des goûts populaires ont émergé et sont apparus dans d'autres milieux, mais parce que l'accordéon populaire a su trahir sa forme originelle en donnant naissance à un grand nombre de bâtards. Vive la bâtardise !      

mardi 31 janvier - du plaisir de l'écoute et de ses critères

Il y a quelques posts, j'avais essayé de comprendre quels étaient les critères implicites que je mobilisais spontanément pour apprécier le plaisir que me procurait l'écoute d'un morceau, d'un disque ou d'un concert. J'avais alors conclu, à titre provisoire, que ces critères étaient au nombre de quatre :

- la composition ou les arrangements, que j'assimilais à un travail d'écriture et de mise en forme,
- la technique que j'assimilais à la capacité de réaliser cette mise en forme,
- l'expressivité ou force d'évocation ou encore source des significations suscitées par l'oeuvre,
- la créativité comme source d'originalité ou comme force imaginative tant au plan quantitatif que qualitatif.

A partir de cette analyse et en prenant appui sur elle, j'avais appliqué cette grille à quelques oeuvres et dans un premier temps cette approche analytique du plaisir éprouvé à leur écoute m'avait paru éclairante et assez satisfaisante. Du coup, j'ai décidé d'en vérifier la pertinence sur quelques cds, que je viens de découvrir, et sur un concert auquel nous avons assisté récemment :

- le concert : "Tandem" d'André Minvielle et Lionel Suarez,
- "Vagabond" du guitariste Ulf Wakenius avec Vincent Peirani,
- "Mocca Flor" du Quadro Nuevo,
- "Salida de Emergencia" de "Fleurs noires",
- "The Last Balkan Tango" de Boris Kovac et Ladaaba Orchest,
- "Mon coeur est un accordéon" de Daniel Colin.

Mais, en faisant ce travail d'évaluation, je me suis rendu compte que, dans tous les cas, j'étais amené à cocher tous les critères, l'un après l'autre. Si bien que ma grille analytique n'avait aucune pertinence effective pour identifiier la source principale de mon plaisir, ni pour distinguer entre les différentes formes de plaisir suscitées par les différentes oeuvres - cds ou concerts - analysées.

La solution à mon problème n'est donc pas de "pointer" la présence ou l'absence de tel ou tel trait caractéristique correspondant à tel ou tel critère, pris isolément, car c'est précisément la présence conjointe des quatre traits qui est la source du plaisir éprouvé. Autrement dit, et cela me parait fondamental, la démarche analytique qui viserait à identifier la présence / absence de chacun de ces traits en termes binaires : 1 /0 est une voie sans issue. Une fausse piste.

En réalité, ce qui fait la qualité d'une oeuvre, qualité qui s'évalue par le plaisir éprouvé à son écoute, expérience qui n'implique ni connaissances, ni raisonnements, ce n'est pas la présence / absence de tel ou tel trait, ce n'est pas non plus une improbable synthèse, c'est leur mise en système.

Il me semble, arrivé à cette étape, que je commence à avancer...

La qualité d'une oeuvre, telle que je l'éprouve, ne tient donc pas à tel ou tel trait dominant, ni même à sa perfection, mais à l'équilibre entre les quatre critères que j'ai identifiés : composition, technique, expressivité, créativité. La preuve, c'est la déception éprouvée à l'écoute d'un artiste dont la technique n'est pas à la hauteur de l'inspiration ou, inversement, à l'écoute d'un artiste virtuose dont la technique ne suffit pas à pallier l'absence de force évocatrice. De celui-ci, on pense avec déception, qu'il s'agite beaucoup, mais que cette agitation est vide, qu'il n'a rien à dire ; de celui-là on regrette ses limites, qu'il ait plein d'idées, mais pas les moyens correspondants. Cet équilibre, on peut le qualifier à bon droit, me semble-t-il, de système ou même de réseau, au sens où chaque trait est en parfaite adéquation avec les trois autres.

J'aurais certes dû m'en douter, mais je me rends compte clairement à présent que le plaisir que j'éprouve à l'écoute de telle ou telle oeuvre ne tient pas à la somme ou à la juxtaposition de ces quatre qualités identifiées par l'analyse, mais, pour dire les choses simplement, à leur concaténation en un système réticulaire.

Bon ! C'est tout pour aujourd'hui. Ce n'est déjà pas si mal, car je retrouve au terme de mon raisonnement une idée qui m'est chère, à savoir que la qualité essentielle d'une oeuvre artistique tient essentiellement à ce qu'elle se manifeste à notre perception comme un système, c'est-à-dire comme une réalité dont le tout est plus que la simple somme de ses parties. Equilibre, système, réseau : trois concepts-clés. Trois concepts plus pertinents en tout cas que les quatre critères dégagés par ma première analyse ; plus pertinents car plus complexes.    

dimanche 29 janvier 2012

lundi 30 janvier - petit papa noël quand tu remonteras au ciel...

Ce matin, quand j'ai ouvert la fenêtre, j'ai vu que le Père Noël était descendu de son promontoire. J'ai compris. Fin janvier, il est temps pour lui de penser à retrouver ses pénates, là-bas tout au nord du nord. Au delà des cieux. A sa manière, il est un oiseau migrateur. Il m'a dit : " C'est décidé. Je pars. Ici, il ne fait pas assez froid. Et puis, tu as pendu des boules de gras aux branches du prunier et disposé au sol plusieurs assiettes de grains, les oiseaux du jardin s'en gobergent et après ils me chient dessus "...


Je lui ai dit : " Je te comprends Père Noël. Mais tu ne vas pas partir comme ça... Je t'ai préparé un petit viatique... Attends ! Je reviens ! ". Je vous dis pas comment ses yeux brillaient...


Il a pris son envol et, moi, comme revenu en enfance, je lui ai chanté...


Petit Papa Noël
Quand tu remonteras au ciel
Pense bien à tes provisions
N'oublie pas mes petits litrons... 

vendredi 27 janvier 2012

dimanche 29 janvier - daniel colin joue sur accordéon maugein

Vendredi, 22h50. Le match de rugby entre Montpellier et le Stade Français vient de se terminer. Un match à sens unique. De beaux mouvements, mais pas un beau match étant donné le déséquilibre entre les deux équipes.

J'écoute maintenant quelques morceaux de l'album de Daniel Colin : "Mon coeur est un accordéon". La naïveté du titre est touchante. Je le reçois comme une sorte de confidence murmurée à mi-voix avec beaucoup de retenue et de pudeur. Le visage de Daniel Colin est plein de gentillesse et de douceur, avec un sourire discret et un éclat malicieux dans ses yeux. Une simplicité, une absence d'esbroufe, qui suscitent d'emblée ma sympathie. Je me rappelle avoir éprouvé ce même sentiment avec Armand Lassagne, mais aussi avec Raul Barboza. Tous, le même humour discret. Tous, un toucher et un phrasé sans fioritures. Une sorte de ligne claire. La mélodie, rien que la mélodie. Une simplicité dont tout superflu et tout chiqué sont exclus.

Et comme j'en suis à ces réflexions, je me rends compte que Daniel Colin joue sur un accordéon Maugein. Je me rappelle notre visite des ateliers de l'entreprise et je comprends d'où vient le son de cet instrument. Un vrai son musette. Un instrument sans artifices. Un instrument de musique.

J'apprécie cette pureté du son et je me dis que ce n'est pas demain que la firme Maugein pourra se vanter d'être leader depuis des décennies en instruments de musique électroniques ; ce n'est pas demain qu'elle se glorifiera de la quantité de prothèses qu'elle est capable de proposer pour transformer l'accordéon en boite à rythmes. Elle pourra dire que Daniel Colin l'a choisie. Du moins, j'espère qu'il en sera ainsi.  

jeudi 26 janvier 2012

samedi 28 janvier - à propos de vagabond

Le disque d'Ulf Wakenius, "Vagabond", est donc sorti cette année 2012 sous le label ACT Music. J'ai cherché des extraits de cet album, mais à l'heure actuelle je n'en ai pas trouvé. Est-ce trop tôt ? A suivre. En revanche, on trouve sur YouTube des documents fort intéressants où Youn Sun Nah chante avec U. Wakenius, V. Peirani et L. Danielsonn. Ces documents donnent en effet une bonne idée du disque. Par exemple, on peut écouter cette formation interpréter "Brekfast in Baghdad" avec Youn Sun Nah au chant, alors que sur "Vagabond" on a droit à une version instrumentale et que celle-ci chante sur un autre titre : "Message in A Bottle".

http://www.youtube.com/watch?v=-GZTyVraYJo

http://www.youtube.com/watch?v=Tw0XAggrigQ

http://www.youtube.com/watch?v=W8Esb6x1L_w

A partir de là, on n'a que l'embarras du choix pour écouter d'autres morceaux.

samedi 28 janvier - à propos de mocca flor

J'ai dit, il y a peu, tout le bien que je pensais de l'album "Mocca Flor" du Quadro Nuevo.  Une formation de quatre membres, principalement saxo / clarinette / mandoline ; guitare ; accordéon / vibrandonéon / bandonéon ; contrebasse / percussions. En fait, ils ne jouent pas moins de 22 ou 23 instruments. Et l'on va, guidé par eux, de l'Argentine à l'Orient, de l'Italie à la Grèce, de l'Espagne aux Balkans, et dans bien d'autres régions encore. Mais le mieux, pour vous expliquer mon enthousiasme, c'est de vous proposer quelques liens utiles :

http://www.youtube.com/watch?v=5wCxebYWacc

http://www.youtube.com/watch?v=ifNkVqk8fug

http://www.youtube.com/watch?v=u4K9qYAm-08

Voilà ! Bonne écoute ! A partir de ces trois morceaux, si le coeur vous en dit, bien d'autres ressources vous attendent.

samedi 28 janvier - insomnie et épistémologie

Souvent, pour ne pas dire chaque nuit, je me réveille. Entre 2 heures et 3 heures, entre 3 et 4, entre 4 et 5, c'est selon. Je laisse alors défiler sur l'écran noir de mes nuits blanches ou sur l'écran blanc de mes nuits noires - c'est selon - des idées, des images, des fragments de pensées, parfois des idées noires. Comme tout le monde. Entre minuit et 2 heures, après 5 heures, je dors. J'aime bien ces moments entre veille et sommeil. Ils me manqueraient s'ils venaient à disparaitre en se dissolvant dans un sommeil profond et continu.

Parfois, je me lève pour regarder les courriels que j'ai reçus au coeur de la nuit : des offres de placements mirifiques, des adresses de sites de rencontre, des conseils pour gérer au mieux mon patrimoine, pour le transmettre au mieux "aux petits", des rappels à la réalité : comment préparer ses obsèques ? Comment protéger ses biens ? Comment payer moins chers les soins vétérinaires ? Des soldes, des prix cassés et encore des soldes de soldes... Je l'avoue, ce défilé m'amuse et me met de bonne humeur.

Mais, venons-en au fait. La nuit dernière, une idée, ou quelque chose comme ça, m'a traversé l'esprit. Je rappelle que, si je ne dors pas, je ne suis pas pour autant tout à fait éveillé. Lorsque je parle d'un disque, que je viens de découvrir ou de ré-écouter, ou d'un concert auquel nous avons assisté, tout naturellement je parle d'écoute. J'ai écouté tel disque ; j'ai écouté tel concert... Oui, mais... qu'est-ce que ça veut dire "écouter" ? Qu'est-ce qu'on fait quand on écoute de la musique ?

Il me parait clair tout d'abord qu'écouter est un processus, c'est-à-dire une opération volontaire, disons intentionnelle, qui mobilise attention et intelligence, en vue - c'est l'intention - de recueillir des informations et de porter un jugement d'évaluation. Le plus simple de ces jugements se formulant ainsi : "ça me plait / ça ne me plait pas". En tout cas, ce n'est pas une simple action mécanique, comme un enregistrement automatique.

Ecouter implique sélection et choix d'informations parmi quantité d'autres informations possibles. Ecouter, c'est toujours et nécessairement sélectionner. Oui, mais... comment ? Sélectionner a priori, en cherchant à retrouver ce que l'on cherche, à l'exclusion de toute autre information ? Sélectionner a posteriori, sans idées préconçues, sans attentes déterminées ? Pas si simple ! Dans le premier cas, je risque de ne pas faire attention à des éléments inattendus ou novateurs et, disons, de les laisser passer entre les mailles de mon filet, de ma grille d'écoute. Dans le second, je risque de me bricoler des catégories d'analyse de bric et de broc ou même de redécouvrir des évidences. Question difficile, qui renvoie à celle de savoir quelle posture adopter entre celle qui aborde l'écoute d'une oeuvre à travers ce que l'on sait déjà et celle qui l'aborde, ou croit pouvoir l'aborder en toute innocence et ingénuité. Question impossible à trancher à mon sens, du moins en principe, question toujours là, qui ne se dénoue qu'en ayant conscience, au moment de l'écoute, qu'il faudra faire avec la tension entre ces deux pôles contraires. Ecouter tel morceau d'accordéon, c'est toujours savoir quelque chose de ce que l'on va écouter, donc avoir des attentes, et savoir faire comme si l'on n'en savait rien pour accueillir l'inattendu et l'inouï.

Ecouter peut aussi se réaliser suivant deux modalités : systématique ou non systématique. Non systématique ? J'écoute un cd, par exemple, suivant l'ordre programmé des morceaux, je me laisse porter par le cours de leur enchainement, je prends les morceaux comme ils viennent et, chemin faisant, je me fais mon jugement. Systématique ? J'écoute tel titre puis tel autre, en fonction de questions que je me pose, en fonction de tel ou tel intérêt. Mon écoute peut alors être cadrée, répétée, codée même. Au service d'une intention de vérification plus que de simple évaluation.

Mon écoute peut porter sur ce que j'écoute en tant qu'objet. C'est l'attitude du musicologue capable d'analyser tel ou tel morceau comme une composition et d'en démonter les articulations. Elle peut aussi porter sur moi-même en tant qu'auditeur : ce que je perçois, ce que j'éprouve, ce que je ressens. Approche objective d'une part, approche subjective d'autre part. Descriptive dans les deux cas, mais pas de la même manière. Deux approches que l'on retrouve dans les critiques ou les chroniques de disques : les unes expliquant comment tel ou tel morceau est fabriqué, les autres essayant de traduire l'effet produit sur un auditeur.

L'écoute peut encore être narrative ou attributive. Narrative ? Elle porte alors sur ce qui s'est passé en cours d'écoute, sur ce qui a eu lieu, elle s'efforce de faire le récit de ce moment. Attributive ? Elle vise alors l'attribution de telle ou telle qualité à ce qui est écouté, elle recense la présence ou l'absence de tel ou tel élément qui servira à fonder et à justifier un jugement de valeur. Attitude qui certes s'éloigne de la pure objectivité, au sens scientifique du terme, mais qui a une valeur d'objectivité effective quand elle est accompagnée d'une explicitation authentique des a priori qui fonde le-dit jugement de valeur.

Mais ce n'est pas tout. J'ajouterais volontiers en effet ce que j'appelle l'écoute instantanée et l'écoute différée. Je conçois que ce concept d'écoute différée puisse paraitre étrange, tant il semble que par définition l'écoute ne puisse être qu'immédiate, sur le vif, live. Ce que je nomme écoute différée renvoie en fait à une expérience assez étrange qu'il m'est arrivé d'éprouver. Ayant écouté tel ou tel morceau et en ayant ressenti telles ou telles impressions, il m'arrive, finalement assez souvent de me le remémorer et de changer ou de modifier mon jugement à son égard. Bien entendu, je n'en reste pas là et tout de suite je vérifie le bien fondé ou non de mon jugement.

Bon ! Tout ça, c'est un peu en vrac. Plus de questions que de réponses ou du moins que de pistes claires à suivre. Mais, pour aujourd'hui, je m'en tiens là. Je rappelle qu'il s'agit d'idées nées de mes insomnies. Des songeries épistémologiques, quoi !   

mercredi 25 janvier 2012

vendredi 27 janvier - petit papa noël...

Petit Papa Noël
Quand tu descendras du ciel
Avec des jouets par milliers
N'oublie pas mes petits cds !

Le tout est de croire au Père Noël. D'y croire vraiment. C'est comme ça, ayant gardé mon âme d'enfant, que je l'ai vu descendre du haut des cieux avec entre les mains un colissimo dont j'ai bien reconnu l'origine : Paris Jazz Corner. Dont je rappelle l'opération - 20% jusqu'à la fin du mois.


Il est donc descendu, descendu, descendu jusqu'à me remettre son paquet-cadeau en main propre. J'étais impressionné. Bien sûr je l'ai remercié. Des fois qu'il ait encore quelque cd à m'apporter d'ici la fin du mois. Mieux vaut garder de bons rapports.


Mais, bien vite, je suis allé voir les deux cds que j'attendais. Ils étaient bien là :

- "Mon coeur est un accordéon / Daniel Colin", 2011, Respect Records. Du musette comme je l'aime. J'ai au moins ça de commun avec les japonais : la même admiration pour Daniel Colin. De la gentillesse à revendre et une virtuosité qui ne se manifeste jamais avec ostentation. Ecoute en survol en buvant le café. On adore la version de "L'homme à la moto". Et aussi "Le chaland qui passe". Avec de tels ambassadeurs, les tours operators n'ont vraiment aucune difficulté à faire venir à Paris les jeunes couples du pays du Soleil Levant.

- "Mocca Flor / Quadro Nuevo", 2004, Fine Music. Il y a longtemps que je voulais commander ce disque. Une intuition. J'ai bien fait de la suivre. Ecoute en survol : ça s'écoute forcément en dégustant un café léger. Il ne manque que le narguilé. Mais la musique doit pouvoir pallier cette absence.


Bon, mais c'est pas tout ça. Françoise voulait faire les soldes. On a garé la voiture au parking de la République et on a fait les boutiques à pieds. Elle a trouvé chaussure à son pied. Du coup, comme on était tout près du boulevard des Pyrénées, on est allé voir la montagne. Très belle ! Une infinité de nuances, du gris presque noir au gris bleu pâle. Qui dit boulevard des Pyrénées, dit Palais des Pyrénées et donc Fnac. Toujours la même impression : les cds et autres dvds ne sont pas l'objet de toutes les attentions commerciales de ce distributeur. Des bacs pleins de disques, des affiches "Soldes" en veux-tu en voilà. Franchement, ça ne donne pas envie de se plonger dans cette masse de boitiers serrés comme des sardines dans leur boite. Pourtant, en parcourant le rayon jazz, véritable peau de chagrin, une couverture attire mon attention :

- "Vagabond / Ulf Wakenius, Lars Danielsson, Vincent Peirani", 2012, ACT Music.

Vincent Peirani, ACT, deux noms qui se suffisent à eux-mêmes. On rentre à la maison. Le disque nous attend entre les mains du Père Noël.


Ecoute en survol en buvant du thé. Comme on a une petite faim, on grignote des sandwiches au pâté de porc. Et puis, comme on a encore une toute petite faim : sandwiches au Brillat-Savarin. On passe au porto. Je ne suis pas certain qu'on ait très faim ce soir. Ce qui est pris est pris. En tout cas, "Vagabond", "Message in A Bottle", avec en very special guests Youn Sun Nah, chant, et Nguyên Lê, guitare électrique, nous enchantent. De même qu'une version très pure, très dentelle fine, de "Chorinho".

On a du pain sur la planche. Et c'est bien !

mardi 24 janvier 2012

jeudi 26 janvier - fleurs noires orchestre de tango

Lundi, comme je devais rendre visite à mes parents dans l'après-midi, je suis allé, le matin, chercher des biscuits "Petits Lu", des bonbons "Régalade" et des chocolats "Kinder" pour mon père ; du dentifrice "Denivit" et de l'eau de Cologne "1902" pour ma mère. Comme le petit chaperon rouge, avec mon petit panier garni.

Mon devoir accompli, forcément, je suis allé voir si, par hasard, au Parvis, ne se trouverait pas quelque disque d'accordéon ou de bandonéon. Et bien, justement, il était là, on aurait dit qu'il m'attendait : le dernier opus de "Fleurs noires, orchestre de tango". Son nom ? "Salida de Emergencia", 2011, Editions Milan Music. Une couverture d'un blanc aussi éclatant que le noir du cd précédent.


Avec Françoise, nous apprécions bien cette formation de dix jeunes femmes. Elles proposent en effet un tango à la fois nourri par la connaissance des orchestres typiques et par la musique d'aujourd'hui. Un respect dynamique de la tradition. D'où, un tango original, très écrit et plein de vie. On n'est pas étonné de lire un texte élogieux à leur égard de Gustavo Beytelmann pour le premier disque et un tout aussi élogieux de Tomas Gubitsch pour celui-ci. Ce dernier parle à juste titre de version rénovatrice du tango et d'un orchestre typique tout à fait atypique.


Les "Fleurs noires" sont donc dix : A. Marsili, piano, composition, direction artistique ; V. Rioux, bandonéon solo ; C. Poenitz, bandonéon ; E. Cupial, bandonéon ; Anne Le Pape, violon solo ; A. Pujado, violon ; S. Bort, violon ; C. Pearsall, alto ; V. Votti, violoncelle ; A. Vauchelet, contrebasse.

Une formation très stable avec le remplacement dans le dernier cd de Luciana Jatuff, violon, par C. Pearsall, alto. Notons aussi, dans le premier disque, trois invités : Debora Russ, comme chanteuse, un percussionniste et une violoniste, dont je déchiffre mal les noms sur le fond rouge du texte de présentation. Et dans "Salida de Emergencia",  deux invités : Sandra Rumolino, chant ; Javier Estrella, percussions.

Dernière remarque : huit des dix titres sont signés Andrea Marsili, le 9 et le 10 étant signés respectivement Edgardo Acuna (orchestration A. Marsili) et Gerardo Jerez le Cam, les deux déjà signataires de trois et d'un titre sur l'album précédent.

Un tango à la fois passionné et serein. Un beau disque ! Tradition et inventivité ! Avec une profonde unité qui tient sans doute au fait qu'Andrea Marsili a composé la plupart des titres et qu'elle assure la direction musicale.

dimanche 22 janvier 2012

mercredi 25 janvier - ce que françoise dit de tandem...

Françoise a mijoté à feu lent, mais ô combien savoureux, un texte, comme elle sait les faire, sur le dernier concert d'André Minvielle et Lionel Suarez : "Tandem", auquel nous avons eu la chance d'assister ce vendredi 20. Je n'en dis pas plus... mais, franchement, ça vaut un détour.

Tandem : la joie des mots, la puissance du son...
http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2012/01/tandem-la-joie-des-mots-la-puissance-du.html

Alors ? N'est-ce pas ?

mardi 24 janvier - où il est question de " the last balkan tango"

J'ai déjà dit dans deux posts précédents, le vendredi 13 et le mardi 17 de ce mois, mon goût pour le disque de Boris Kovac & Ladaaba Orchest "The Last Balkan Tango". Sous-titré "An Apocalyptic Dance Party". J'avais en particulier donné, dans mon post du mardi, plusieurs liens vers des morceaux joués par cet ensemble, dans l'intention de partager mon plaisir ou, si l'on veut, d'en montrer le bien fondé.  Je rappelle que "Ladaaba" est le sigle de "La Danza Apocalypsa Balcanica". Tout un projet ! Tout un programme !

Mais, si j'ai la chance d'écouter beaucoup de disques avec un grand plaisir, en l'occurrence, dans le cas de celui-ci, ce plaisir a une tonalité particulière, qui m'intrigue. Comme s'il était à double fond. Comme si quelque qualité déterminante, mais latente, s'y trouvait cachée.

Pour essayer de comprendre les raisons de mon enthousiasme, un petit travail d'analyse s'imposait. Eh bien, à la réflexion, il me semble que ma première impression à l'écoute de l'ensemble de l'album est une certaine impression de décadence ou de monde finissant. Pour ainsi dire, la fin des années folles. Le dernier voyage de l'Orient-Express. Nostalgie, luxe. Et puis tombe le rideau. Les acteurs vont bientôt se disperser. C'est pourquoi chaque morceau est interprété avec une intensité toute particulière.

L'Orient-Express ! Comment faire la part de la réalité et du mythe ? "Il était une fois...". Oui, mais cette fois, c'est la dernière. Fin de l'histoire ! Fin d'un monde : bois précieux, fauteuils en cuir, lourds velours aux fenêtres, vaisselle de porcelaine et verres en cristal. Etc... etc...

Et puis, ce dernier voyage traverse l'Europe centrale, les territoires de l'ex-Yougoslavie, les Balkans... Un monde dont les désastres et les horreurs sont encore présents dans nos têtes, un monde de musiciens de génie. Phénix ! Je ne peux m'empêcher de penser à ces mots de Bobby Lapointe :"Mon coeur pleure, mais ma bouche rit !", mots que l'on aurait tort de prendre pour une simple boutade. Cette musique en effet, c'est bien de cela qu'il s'agit : d'insoutenables souffrances, mais, à la fin, ce sont le saxophone, la clarinette, l'accordéon et tutti quanti qui renaissent de ces cendres.

Je suis loin d'être arrivé au bout de ces associations d'idées, mais déjà je comprends un peu mieux mon goût pour ce disque...

  

mardi 24 janvier - y a pas que l'accordéon... à pau, y a aussi la voirie urbaine

J'ai dit maintes fois dans ce blog à quel point le climat de Pau est agréable. Certes, plutôt pluvieux, mais sans excès. Juste de quoi alimenter les nappes phréatiques et nous épargner les affres de la sécheresse. Peu de jours, en hiver, avec des températures négatives. Très peu de jours perturbés par le vent. Quasiment jamais de neige. Elle a le bon goût de s'arrêter au niveau des stations de ski et les services de la voirie départementale s'occupent de rendre les routes praticables en toute circonstances. Une ville de douceur donc. Les aristocrates anglais au début du siècle dernier ne s'y étaient pas trompés. D'où le grand nombre de villas anglaises à Pau. Mais aussi quantité de palmiers, qui ont trouvé ici un terrain et un environnement favorable. Tout serait donc pour le mieux, si la voirie urbaine ne venait nous pourrir la vie. Avec Françoise, on s'interroge sérieusement, nonobstant nos idées modérément écologiques, sur l'opportunité, voire la nécessité d'acheter un 4x4. En espérant qu'il absorbe les bosses, nids de poules, tranchées mal rebouchées et autres pièges cachés dans les inégalités du bitume. Sans compter les gravillons. Vous me direz qu'on pourrait s'équiper de chaînes. Il faudra y penser.

Bref, depuis des mois, sinon des années, notre boulevard de la Paix est en permanence en travaux. Ouvert pour changer les tuyaux de gaz ; refermé pour l'eau ; réouvert pour l'électricité urbaine ; refermé et réouvert pour enterrer les lignes téléphoniques ; idem pour installer des cables pour le très haut débit... Je connais un motard qui ne passe plus par ce boulevard tant le sol y est glissant et plein de chausse-trappes.

Mais, quelques images suffiront à vous montrer la situation. J'ai pris les photographies ci-dessous entre 15h15 et 15h30. Pour cela, j'ai parcouru à pieds moins de deux cents mètres, sans chercher à photographier tous les panneaux. Quelques uns seulement, qui m'ont paru représentatifs.

Avec la photo ci-dessous, tout est dit. "Travaux", "Gravillons", "Route barrée" : ne circulez pas, y a rien à voir et, de plus, c'est dangereux.  


Cette image montre l'état d'un trottoir maintes et maintes fois éventré puis recousu à la hâte. Un gros intestin obscène se tortille le long d'un mur protégé par des panneaux métalliques.


Après la rue barrée, maintenant, l'interdiction de stationner. Circulez, y a rien à voir.


Un panneau sur un trottoir. Si vous vous glissez et vous cassez la gueule, venez pas vous plaindre, on vous l'avez bien dit.

On vous l'avez même dit deux fois : un panneau de chaque côté de la route. A moins d'être insensé ou aveugle, on aura compris qu'il s'agit d'une voie à éviter à tout prix.


Mais on serait de bien mauvaise foi si l'on soupçonnait les services de la voirie paloise d'incurie, de je-m'en-foutisme, d'incompétence ou de je-ne-sais quoi. Quand on n'a pas de cantonniers, on embauche des peintres ! La preuve, ce beau panneau informatif : y a danger, vous prenez des risques, la chaussée est déformée. Si vous savez lire, vous savez à quoi vous en tenir...


Et, plus loin, un autre panneau du même acabit. Les nuages montent noirs. Le feu est rouge. Je ne cherche même plus à savoir s'il l'est en permanence. C'est décidé, j'irai faire mes courses à pied ou par le bus.
Voilà une fine stratégie pour obliger les habitants de Pau à se déplacer avec les transports urbains.


C'était donc ça ! Tous ces emmerdements, c'était de la stratégie de développement durable. Merci aux élus de la municipalité, merci au service de la voirie. Je vous ai compris.

Mais, amis lointains qui envisageaient de venir à Pau ou simplement de traverser la ville, soyez prévenus de ce qui vous attend. Un conseil : faites un détour !

samedi 21 janvier 2012

lundi 23 janvier - minvielle et suarez en tandem : sept photonotes

Comme photonotes du concert "Tandem" donné à Billère par André Minvielle et Lionel Suarez, j'ai choisi de retenir sept photographies prises entre 20h55, peu après le début, et 22h10, peu avant la fin du dernier rappel. Sur les clichés de début et de fin, on voit le duo. Peu de changements dans leurs positions respectives et même dans leurs postures, seul Minvielle chantant ou jouant d'une petite percussion, parfois simplement avec deux cailloux, soit assis soit debout. Les cinq autres photonotes sont consacrées à Lionel Suarez, parfois baigné dans une lumière rouge, parfois découpé sur le fond de scène par une lumière froide.

Il est 20h55. C'est le premier morceau. Dialogue entre un accordéon et deux cailloux.


21h13. Minvielle est parti dans quelque délire verbal. Suarez médite.


21h22. On a beau connaître Minvielle de longue date et de longue complicité, il arrive toujours à susciter surprise et sourire chez son collègue.

21h44. Cette lumière rouge que je n'aime pas. C'est pourquoi je me suis permis une petite retouche : juste une touche de violet pour adoucir l'agressivité de la lumière de scène.

21h50. Disons-le tout net : j'aime bien ce type de portrait de Lionel Suarez. De profil. Une présence !


22h08. Encore cette lumière rouge ; encore un virage au violet. L'accordéon est beau. Quelle puissance !

22h10. On aurait voulu les retenir, mais, bon ! il faut en toutes choses, même les meilleures, savoir en accepter la fin. D'autant plus qu'à les voir on sent bien qu'ils ont tout "donné". Et que les gens présents ont essayé, à leur tour, de leur dire leur plaisir par d'interminables applaudissements.

lundi 23 janvier - tandem en béarn

Vendredi, 20h30, Billère, commune de l'agglomération paloise. Concert d'André Minvielle et Lionel Suarez : "Tandem". Concert gratuit ! Dès 20 heures, les portes s'ouvrent. On s'installe au premier rang, au milieu. On a envie de voir les deux artistes au plus près et j'ai envie de prendre des photographies, d'autant plus qu'on a déjà vu et écouté le duo et que je connais leurs postures.

Finalement, après moult hésitations, je retiens quatre images. Je me donne le temps, d'ici quelques jours, de publier quelques photonotes sur Lionel Suarez. La lumière de scène est souvent rouge ; c'est une couleur catastrophique qui entoure les visages d'un halo dégoulinant et qui leur donne une peau de saumon. Heureusement, à certains moments, une couleur froide, dans des tons gris, permet de faire des clichés intéressants.

Ci-dessous, une attitude caractéristique du duo. Un vrai duo, pas un chanteur et son accompagnateur. Il nous semble d'ailleurs que de concert en concert le tandem acquiert un équilibre de mieux en mieux accompli. André Minvielle est dans son pays : il est né à Pau, il habite à Nay. Il est occitan. C'est la fête verbale. Il emprunte un chemin, il s'y perd, le public le suit, il s'éloigne, ils se rejoignent, la complicité est immédiate. Lionel Suarez le regarde avec toute sa bienveillance. Il le connait par coeur. Parfois, il est surpris par une trouvaille de son compère. Il rit. Il essuie la sueur qui coule de son crane et qui vient lui piquer les yeux. Mais encore, il faut voir comment ils interprètent "Indifférence" ou "La flambée montalbanaise" ou encore "Canzu", une composition de Lionel Suarez. Minvielle pratique une sorte de scat. C'est authentiquement du jazz. Jazz occitan ? Non ! Jazz, tout court. Lionel Suarez est capable d'accompagner son collègue en toute simplicité, mais il est aussi capable d'improviser - et avec quelle créativité ! - dans la nuance comme dans la puissance.  



J'aime bien cette photographie parce qu'elle plutôt minimaliste. Du noir, du blanc et, comme couleur, le visage, juste le visage. Quelque chose de géomètrique, qui me plait bien. Pas d'anecdote. Juste une forme.


Même remarque en ce qui concerne la photographie ci-dessous. Sa sobriété et ses contrastes me rappellent, par analogie, le style de Lionel Suarez. C'est une bonne "trace" du concert.


Après la fin du concert, les deux artistes viennent signer leur disque. Ils sont d'une disponibilité et d'une gentillesse qui m'épatent. Tous les deux écrivent quelques mots amicaux sur la couverture intérieure de "Tandem" et aussi sur la couverture d'un autre cd que j'ai apporté : "Electrizzante", cd sorti sous le nom de Gérard Pansanel et  sur lequel ils interviennent avec Antonello Salis et Patrice Héral.


On se donne rendez-vous avec Lionel Suarez à Orthez, vers la mi-mars, pour un concert "Gardel".

En attendant, on reste encore plusieurs minutes à discuter avec des copains, tout en mangeant des crèpes préparées par les "jeunes" d'une association et en buvant du cidre. Il est plus de 23 heures quand nous nous décidons à rentrer chez nous. On rejoint le parking. La température est de 10°. Il n'y a pas de vent. L'hiver est supportable.

dimanche 22 janvier - (ré)écouter richard galliano

Françoise vient de me transmettre à l'instant un lien vers une émission de France Inter, qu'il est possible de (ré)écouter.

http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=191579

Il s'agit d'un "Summertime" d'Elsa Boubil, diffusé fin décembre, intitulé "Noël à l'accordéon" et consacré à Richard Galliano à l'occasion de la sortie de "Nino Rota". Une interview très intéressante avec un "Summertime" de Chet Baker, un "Caravan" de Duke Ellington par Th. Monk ou encore "Blue Rondo à la Turk", "Tango pour Claude, live, ou "Nino Rota", le morceau-hommage de Richard Galliano à ce compositeur italien. Une émission d'environ 55 minutes avec des moments d'interview remarquablement menés par Elsa Boubil : peu de questions, toutes pertinentes, et beaucoup de temps laissé à Richard Galliano pour développer sa pensée.

dimanche 22 janvier - salut mec ! alors, quoi de neuf ? all about jazz parle du pellarin quartet. Quoi qu'il dit ? Il dit super ! Sup Dude !

Sur le site All About Jazz, une critique du dernier opus du quartet de Jacques Pellarin, rédigée par Bruce Lindsay et datée du 19 janvier. C'est donc tout chaud !

Une analyse très élogieuse et bien argumentée. On peut la lire en anglais : c'est un bon exercice. Si on ne pratique pas cette langue universelle, ce qui est mon cas, on peut recourir à la traduction automatique. Et là c'est un vrai régal, car une partie du texte est assez explicite pour montrer l'excellente opinion que Bruce Lindsay a sur "Sup Dude", et une autre partie - mystère de la traduction automatique - relève de la littérature cabalistique ou, pour le moins ésotérique et, à ce titre exige du lecteur un travail d'interprétation fort excitant. On peut à juste titre parler d'un travail d'herméneutique.

Et après, on écoute "Sup Dude" pour vérifier le bien fondé des éloges de Bruce Lindsay.

http://www1.allaboutjazz.com/php/article.php?id=41188

vendredi 20 janvier 2012

samedi 21 janvier - l'arlésienne

En parcourant le numéro 115 d' "Accordéon & accordéonistes", pages 18-19, sous le titre très évocateur "Cordes et Lames", j'avais trouvé la référence de la réédition d'un double cd intitulé justement "Cordes et Lames" avec cette précision "... de Dominique Cravic, Didier Roussin et Francis Varis (collection "Jazz in Paris" / Hors série 11 / Universal)".

Or, malgré mes recherches sur Amazon, sur d'autres sites et par mon distributeur habituel, Le Parvis, espace culturel Leclerc à Pau, il m'a été impossible de trouver trace de ce cd et de cette référence. C'est pourquoi, le 31 décembre, je me suis permis d'envoyer un courriel au secrétaire de rédaction de la revue, F. Guibert, pour lui demander d'interroger Francis Couvreux, rédacteur de l'article, en vue de savoir où trouver ce double cd et comment se le procurer.

Très vite, dès le 3 janvier, j'ai reçu une réponse de F. Guibert m'informant du fait qu'il transmettait ma demande à D. Cravic pour qu'il puisse me répondre.

Depuis... aucune réponse. De mon côté, j'ai continué mes recherches, sollicité des copains. Nulle trace de ce double cd. Et pratiquement rien sur les Hors série de la dite collection. Au point que je me pose deux questions :

- Pourquoi le secrétaire de rédaction de la revue a-t-il transmis mon courriel à D. Cravic et non au rédacteur de l'article, qui - je le suppose - a dû vérifier ses sources ?
- Est-ce que ce double cd existe concrètement ou est-ce un projet en cours de réalisation ?

En tout cas, à l'heure actuelle, ça ressemble à ce que l'on pourrait appeler un nouvel avatar de "L'Arlésienne". A suivre...

jeudi 19 janvier 2012

vendredi 20 janvier - quartz noir

Le quartz est le minéral le plus commun. On le trouve dans le granite et dans des roches métamorphiques grantiques et sédimentaires. Il se présente sous la forme de cristaux, grands ou microscopiques, le plus souvent translucides. En général. Mais, quand il est noir, le quartz a quelque chose de magique. Les faces sombres et irrégulières de ses cristaux renvoient la lumière tout en semblant l'absorber. En cet instant, il est absence de toute couleur. L'instant d'après, pour peu qu'on le déplace un peu, il éclate en une infinité de d'éclats colorés, comme un arc-en-ciel fugace. Alors même qu'on est en train de contempler ce miroir multiple, on s'y perd comme dans un abîme insondable. Vertige !



Mais, vous dites-vous, que vient faire ce quartz noir dans un blog dédié à la défense et illustration de l'accordéon dans tous ses états ? Sauf quand il exhibe sa dentition Email Diamant. Simplement, une correspondance entre ce minéral et le "Requiem" d'A Filetta. En particulier la photographie des sept chanteurs. A la fois noir et éclatant de couleurs vives. Avec, curieusement, l'absence de Daniele di Bonaventura. Comme une présence subliminale. Qui correspond bien d'ailleurs à sa présence dans l'ensemble de l'album.



Et puis, au fil des pages du livret, le texte - beau, sobre, profond - avec en face des photographies tremblées, un peu floues, troublantes. On apprend qu'elles ont été prises dans la vieille ville de Jérusalem. Elles sont publiées dans un livre intitulé "Jérusalem et l'air". Mirages !


"Requiem / Di corsica riposu - Requiem pour deux regards ". Où l'on voit qu'à un certain niveau de perfection, le sens religieux et le sens esthétique se confondent.

  

mercredi 18 janvier 2012

jeudi 19 janvier - aimez-vous (la famille) galliano ?...

Françoise tient un blog :"Aimez-vous Galliano ?" où il est question d'accordéon et de Galliano. Forcément. Mais pas seulement. On y trouve des réflexions parfois surprenantes et inattendues, mais toujours à fleur de peau, si je puis ainsi qualifier ce qui touche à l'émotion, telle qu'elle nous surprend dans notre vie quotidienne. Punctum, dirait Roland Barthes. 

Et voilà qu'hier elle a mis sur ce blog quelques paragraphes et quelques photographies sur la famille Galliano. Je n'en dis pas plus.

http://francoise-rebinguet.blogspot.com/2012/01/les-gallianoaimez-vous.html

Alors ? Je vous l'avais dit, ça valait le détour, n'est-ce pas ?

lundi 16 janvier 2012

mercredi 18 janvier - a filetta : di corsica riposu requiem pour deux regards

Lundi après-midi. Le fond de l'air est franchement froid. Du moins à Pau. Ce matin, 3° au lever du jour. Sur le coup de 14 heures, 9-10°. On n'est pas habitué. J'ai observé que souvent les gens situent Pau comme une ville de montagne. Ce n'est pas exact. On est certes au pied des Pyrénées, mais tout de même à une cinquantaine de kilomètres des plus proches stations. Et l'influence de la neige des sommets sur le climat de la ville est largement compensée par l'influence de l'air humide et doux venu de l'Atlantique. C'est pour cela que les coteaux qui l'entourent sont plantés de vignes ; c'est pour cela que l'on y trouve le plus ancien golf continental, car les héritiers anglais, à la fin du XIX ème savaient où soigner leurs maladies aristocratiques, leurs phtisies et leurs tuberculoses. C'est pour cela que nombre de préventoriums, le temps des antibiotiques venu, ont accueili dans leurs locaux des centres médico-socio-psycho-etc... en tous genres.

Bref ! Comme on avait passé la matinée à résoudre des problèmes administratifs et que notre moral en était plutôt affecté, après déjeuner, après avoir chargé le lave-vaisselle et après avoir balayé la cuisine, sur le coup de deux heures (de l'après-midi), Françoise a décidé d'aller faire les soldes. "C'est ça ou bouquiner... Mais si je bouquine, c'est sûr, je m'endors... J'y vais...". Bon ! j'ai hésité à l'accompagner. J'aurais dû. Mais, les soldes, ça me bousille le dos vite fait. Je lui ai dit, sans vraiment y penser :"Je crois que je vais aller faire un tour au Parvis", histoire que l'après-midi compense la matinée. Une fois dit, fallait le faire. Donc, Françoise est partie vers ses soldes et moi vers le Parvis.

J'ai longuement cherché en vain quelque chose ressemblant à de l'accordéon ou à du bandonéon... Rien. Rien de rien. Jusqu'au moment où :" A Filetta / Requiem / Di corsica Riposu. Requiem pour deux regards". 2011. Deda. Distribution Harmonia Mundi.

Le nom de Daniele di Bonaventura n'apparait pas. L'écoute de quelques extraits suffit à me convaincre qu'il est bien présent. En soutien des chanteurs souvent, mais aussi pour deux ou trois introductions. Mais les extraits sont vraiment des extraits. Tout de même sa présence justifie l'achat de cet album.


C'est un bel objet, que j'ai plaisir à manipuler. Le livret est magnifique : texte de présentation, textes des chansons, photographies. Tout cela porte la marque d'un style affirmé. J'attends le retour de Françoise pour la première écoute.

Elle arrive vers six heures. On boit du thé. On écoute ce requiem. On se comprend à demi-mot et même sans mot du tout. C'est un bel album : profond, mystique, avec une vraie vision du monde, disons même une philosophie, le mot éthique, qui serait le plus exact, étant trop galvaudé pour qualifier l'inspiration des septs voix et du bandonéon.

Mais, quelques impedimenta domestiques nous obligent à écourter notre écoute. Et puis Charlotte et Camille nous téléphonent pour nous raconter leur journée. Forcément, priorité absolue. On reprendra "A Filetta" et son requiem demain ou ce soir, après la télé. Oui, car il faut que je vous le dise, ce soir je regarde "L'amour est dans le pré". De bien belles images, de bien beaux sentiments.

En attendant, vous pouvez retrouver "A Filetta" dans deux documents YouTube tout à fait intéressants :

http://www.youtube.com/watch?v=4fAp5yPU8iI

http://www.youtube.com/watch?v=yEQv6rpg6sk

Un dernier mot pour signaler que ce requiem est une création commandée par le festival de Saint-Denis et qu'il a été enregistré au couvent de Marcassu.




dimanche 15 janvier 2012

mardi 17 janvier - à propos de rencontre à paris de raul barboza et daniel colin

Malgré mes recherches, je n'ai pu trouver quelque extrait que ce soit du cd de Raul Barboza et Daniel Colin, "Rencontre à Paris", 2010, Respect Records. Je continue à chercher. Mais en attendant, une information que je vous donne :

- Amazon affiche trois exemplaires de ce disque au prix de 45,95 euros. J'ai bien dit 45,95 ! Tout en indiquant qu'il y a rupture de stock et que toute commande ne sera honorée qu'après reconstitution d'un stock. Donc payez 45,95 euros et attendez...

- Paris Jazz Corner affiche le même album au prix de 15 euros. Sans compter l'opération - 20% actuelle. Livraison ultra-rapide.

Bon ! Vous faites ce que vous voulez ; moi, je vous aurai prévenus.  D'un seul clic, vous économiser plus de 30 euros... De quoi commander encore deux autres cds chez PJC. Trois pour le prix d'un !

Mais vous pouvez aussi retrouver Raul Barboza sur myspace, "Invierno en Paris" et Daniel Colin sur Deezer, "Passion Gitane".

mardi 17 janvier - à propos de boris kovac, du ladaaba orchest et de the last balkan tango

J'ai dit dans quelques posts précédents mon enthousiasme pour la musique de Boris Kovac et du Ladaaba Orchest. A propos, j'ai appris que Ladaaba est la contraction de "La Danza Apocalypsa Balcanica".  Mais si, à votre tour, vous voulez vous forger votre propre jugement, les quatres documents YouTube ci-dessous me paraissent tout à fait significatifs de leur style. Bonne écoute ! Attention, le train va partir... Tango, Slow, Rumba, Valse, etc... Un vrai feu d'artifice !

http://www.youtube.com/watch?v=uL6LSsJc9Bg
http://www.youtube.com/watch?v=wWv8z74Fbh0
http://www.youtube.com/watch?v=3g06BtjGvvw
http://www.youtube.com/watch?v=GIQlMLMg3qM&feature=related

lundi 16 janvier - strange fruit

Je me rappelle. C'était à l'Astrada, à Marciac. Le samedi 28 mai. "The Wynton Marsalis Quintet & Richard Galliano - From Billie Holiday to Edith Piaf". C'était le dernier rappel du concert d'inauguration de cette salle magnifique destinée à devenir un haut lieu du jazz. Un concert marqué au sceau du professionnalisme : rigueur, créativité, respect réciproque des artistes entre eux, complicité de longue date... Un concert dont on se souvient comme d'une référence. En prime, le comportement du public de connaisseurs, qui comprend les musiciens à demi-note.

C'était donc le dernier morceau. Ce fut "Strange Fruit". J'en garde le souvenir d'une sorte de tempête, d'orage, de rage et de révolte. Comme si le Tuxedo Brass Band était pris de folie, comme s'il voulait mettre le feu et propager la violence trop longtemps contenue. Tempête. Trompette de l'apocalypse. Bref ! On était sidéré, sous le choc. Depuis, ce moment fait partie de nos références, de nos repères. Une sorte de limite, qui ne se franchit que très exceptionnellement. D'une certaine façon, ça fait partie de notre trésor de concerts.

Et puis, voilà que Françoise, assise à son bureau, devant son écran, me dit :"J'ai trouvé quelque chose d'intéressant ! Je te l'envoie ! Tu te rappelles "Strange Fruit" (je me dis in petto : "Tu parles que je m'en souviens". Notez : pas de point d'interrogation dans la question, car Françoise connait la réponse)... Je crois que ça va t'intéresser". Et donc, elle m'envoie le lien ci-dessous.

http://www.radiocampusangers.com/category/radio/emissions/ca-va-jazzer/

Comme on peut le voir sur mon écran, il s'agit du site de Radio Campus Angers et le dessin annonçant "Strange Fruit" m'éclaire immédiatement quant à la violence de ce morceau. Je comprends à l'instant cette impression de jazz "New-Orleans" explosant tout à coup comme un volcan éteint qui laisse déborder ses entrailles. Trop de souffrances !



Ci-dessous, le texte de l'article, que je me permets de citer eu égard à son intérêt : "Le fruit étrange par Duppy !"

"Afin de comprendre les conditions de création de cette chanson, il faut se replacer dans le contexte social et politique de l’Amérique des années 30. Qui permet également de réfléchir sur ce qu’est une grande chanson : un texte à la fois poétique, intelligent, politique, ne manquant pas d’humour noir, et surtout trouvant son interprète idéal : Billie Holiday. Strange Fruit a été élue chanson du siècle par le Time Magazine !!!

Les arbres du Sud portent un étrange fruit,


Du sang sur les feuilles, du sang aux racines,


Un corps noir se balançant dans la brise du Sud,


Étrange fruit pendant aux peupliers.



Scène pastorale du “vaillant Sud”,


Les yeux exorbités et la bouche tordue,


Parfum du magnolia doux et frais,


Puis la soudaine odeur de chair brûlée.



Fruit à déchiqueter pour les corbeaux,


Pour la pluie à récolter, pour le vent à assécher,


Pour le soleil à mûrir, pour les arbres à perdre,


Étrange et amère récolte.

Ce superbe texte frappe d’abord par sa simplicité, son humour et la hardiesse de ses images. Il a été écrit, ainsi que la musique, en 1937 par un professeur d’anglais juif américain, activiste politique d’obédience communiste : Abel Meeropol aka Lewis Allan. Ce n’était pas une nouveauté qu’une oeuvre d’un parolier / compositeur juif américain soit reprise par des noirs américains, nous sommes alors en pleine Tin Pan Alley, scène new-yorkaise des grandes comédies musicales des Irving Berlin,Hammerstein et autres Gerschwin. La nouveauté est dans la tonalité politique de cette oeuvre.Meeropol propose la chanson à Billie Holiday, sans apparamment aucun échange financier, et cette dernière la chante pour la première fois en 1939 au Café Society de New-York, seul lieu musical mixte de l’époque, marginal mais hautement fréquenté par les artistes et intellectuels de l’époque.

Le contraste est alors saisissant entre le New-York culturellement trépidant des années 30, mais socialement au bord du gouffre après la crise de 1929, et le Deep South raciste, terre des WASP et du KKK, ou le lynchage des noirs est alors pratique courante. Billie Holiday, grâce à l’intensité de son interprétation, va alors cristaliser et symboliser la lutte naissante de la reconnaissance des droits civiques des noirs, aidée en cela par la communauté blanche syndicale et politisée de l’époque. Abel Merropol devra d’ailleurs affronter les accusations du gouvernement américains au cours de la chasse aux communistes ouverte dès 1940. Il est à noter qu’il adoptera les enfants des époux Rosenberg, condamnés à mort et exécuté en 1953.

L’interprétation de Billie Holiday est d’une intensité dramatique inouïe, filmée par la BBC (qui a d’ailleurs interdit d’antenne Strange Fruit pendant de longues années) : Billie Holiday 2


Strange Fruit sera reprise par quelques artistes. Pete Seeger, Josh White, Nina Simone, Carmen McRae, UB 40 sont les principaux artistes qui oseront se frotter à ce texte et à la trace indélébile laissée par Billie Holiday.

Une dernière plus récente de Cassandra Wilson, en version blues".


http://www.youtube.com/watch?v=h4ZyuULy9zs


Cliquez sur ce lien. Vous ne le regretterez pas.

samedi 14 janvier 2012

lundi 16 janvier - l'entreprise galliano

Françoise, qui a le don de veille ou qui, plus exactement, a l'obstination et la méthode pour se maintenir en permanence en état de vigilance quant aux concerts et autres disques du monde de l'accordéon, Françoise donc a attiré mon attention sur la restructuration de "l'entreprise Galliano". On trouve encore aujourd'hui beaucoup d'informations essentielles sur "la vie et l'oeuvre" de Richard Galliano sur son site officiel :
http://www.richardgalliano.com/

Mais, en activant l'onglet "Contacts", on voit apparaitre un manager exclusif en la personne de René Hess et trois contacts complémentaires pour la France, l'Italie, l'Allemagne et l'Autriche. Pour la France, en particulier, le site a pour nom "Instant pluriel". Je le signale car il donne des informations sur plusieurs artistes, dont Richard Galliano, et en ce qui concerne ce dernier les articles de presse ont une haute valeur informative. C'est vraiment une source appréciable pour qui veut être bien informé. Dans cette nouvelle organisation, on constate que Jean-Michel de Bie est en train de s'effacer progressivement. J'ignore les raisons de ce changement, mais je fais cette observation à son propos, car j'ai toujours apprécié sa gentillesse et son efficacité à répondre à mes questions ou à me suggérer des pistes pour suivre les concerts de Richard Galliano.

Ci-dessous, le site d' "Instant pluriel" :

http://www.instantpluriel.com/

dimanche 15 janvier - y a pas que l'accordéon... y a aussi la peinture de genre...

Nous étions venus passer quatre jours à Toulouse pour jouer "Papou/Mamou". Françoise, à son habitude, s'était renseignée sur les expositions en cours. Elle en avait repéré une au musée des Augustins, dont l'intitulé nous avait intrigués et tout de suite intéressés : "Petits théâtres de l'intime - la peinture de genre française entre Révolution et Restauration".

Un petit tour par Wikipedia nous apprend que les scènes de genre ou, spécifiquement, la peinture de genre désigne un type d'oeuvre qui figure des scènes à caractère anecdotique ou familier. Je comprends que c'est un type d'art mineur, peu propice aux oeuvres grandioses, monumentales ou de prestige. On découvre ainsi que les scènes populaires peintes par Brueghel en sont un exemple typique. Forcément, cela nous donne envie d'aller voir cette exposition, d'autant plus que beaucoup d'oeuvres sont dans des collections particulières ou qu'elles font rarement l'objet de demandes de prêt. Bref, pour de multiples raisons, cet art mineur nous intéresse.


Déjà, le titre : "Petits théâtres de l’intime"...

La notice, que l'on nous remet à l'entrée, nous dit - je cite - "[qu'] A travers cette exposition le musée des Augustins propose un panorama des différents courants qui ont marqué la peinture de genre française de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle. La présentation de ces « scènes de vie » permet de découvrir avec un œil neuf un ensemble de peintres. Certaines œuvres inédites des artistes les plus célèbres tels que Fragonard, Boilly, Greuze, Marguerite Gérard ou Drolling seront présentées au public mais aussi et surtout un grand nombre de toiles d’artistes dont les noms ont été oubliés ou perdus".
Une des oeuvres emblématique de cette exposition est un Fragonard. Tout est dit !


Quelque chose de mièvre et de maniéré, mais un rendu des étoffes absolument prodigieux. On apprend que ce rendu est l'oeuvre de sa belle-soeur, Marguerite Gérard. On découvre cette artiste. Une technicienne hors pair.

Les huit salles ne nous enthousiasment certes pas, mais elles nous intéressent au plus haut point. On y trouve :

1. L'influence des maitres hollandais

2. L'évolution du goût de la société

3. Le goût flamand

4. Greuze et les sujets édifiants

5. Les recherches des années 1790-1800 autour du canon féminin

6. L'anglomanie

7. La tentation troubadour

8. Le style Restauration

Ces intitulés montrent assez que si cet art est mineur, il est ouvert à de multiples influences qu'il a su reconnaitre et s'approprier. Certains tableaux frappent par leur audace comme celui-ci de Jean-Baptiste Mallet :"La salle de bain gothique" ou "Les Espiègles" de Jean-Frédéric Schall ou encore le surprenant "Bouton de rose" ("Cachez ce sein...") de Pierre-Alexandre Wille. Inutile de le préciser, trois peintres dont j'ignorais jusqu'à ce jour l'existence.

Mais quelques tableaux m'ont particulièrement intéressé : ceux qui montrent par exemple une "jeune femme portant secours à une famille malheureuse" ou "La leçon de bienfaisance" ou encore "L'aumône, dit aussi La famille malheureuse". A travers ces sujets édifiants et leur sentimalisme ou moralisme sirupeux, on voit en effet des "gens" de la noblesse ou de la bourgeoisie, en tout cas des riches et puissants, entrer dans le monde de "gens" du peuple, pauvres et démunis en tout. Rencontre de deux mondes, qui se veut édifiante : l'art comme support d'éducation morale. Oui, mais... en même temps un monde est représenté qui sans ce biais n'aurait pas été digne de figurer dans une oeuvre d'art.

Je pense à toute la peinture qui, par l'intermédiaire de la représentation de la vie du Christ, a représenté le monde profane, les miséreux, les soldats, les larrons et quelques puissants qui, plus tard, beaucoup plus tard, se feront peindre le portrait en gentilhomme ou en bourgeois.

Et puis, quand on voit les tableaux de Greuze et quand on pense à l'admiration que Diderot lui portait, on croit rêver. Rien que pour la rencontre de Greuze, le peintre de l'émotion gluante, et des Lumières, les hommes de l'Encyclopédie, cette exposition valait la peine d'être organisée.

Au moment de mettre un point final à ce post, je m'avise, à propos de la notion d'intimité, à laquelle fait allusion le titre, que justement ce qualficatif conviendrait assez bien à l'art de Leon Sash, que je viens de découvrir à travers son disque en trio : "The Leon Sash Trio / I remember Newport". Peut-être ne relève-t-il pas vraiment d'un art majeur, d'une "grande" musique ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que sa petite musique un peu crépusculaire me touche. Il ne s'agit certes pas d'émotion profonde ou intense, mais d'un plaisir moyen. Et c'est déjà un petit bonheur.

 


samedi 14 janvier - paris jazz corner : 20 ans... 20%... pendant 20 jours...

J'ai dit à maintes reprises à quel point j'apprécie la qualité du service de Paris Jazz Corner. Qu'on en juge : le 10 à 23h57, courriel de PJC annonçant une opération : 20 ans / 20% / 20 jours. Dès le matin du 11, un coup d'oeil sur le catalogue, où je découvre un cd du plus grand intérêt pour moi : "Rencontre à Paris / Raul Barboza et Daniel Colin", 2010, Respect Records, made in Japan. Je passe commande. A 11h42, notification et bon de commande. Ce même jour, 11 janvier, à 13h52, envoi du cd. En rentrant de Toulouse, vendredi 13, à midi, je trouve dans la boite à lettres un avis de passage du transporteur, déposé à 10 heures. Service rapide s'il en est. Et, ce matin, à 11 heures, je récupère mon colissimo à la Poste.


Comme pour "The Last Balkan Tango", on se contente, au moment du déjeuner, d'une écoute en survol. Qui suffit pour nous faire sentir que c'est un beau disque. Disons, pour aller vite, que cet album, qui commence par "Indifférence" est de ceux qui, pour moi, perpétuent un authentique esprit musette. Un de ces disques qui font honte aux "musetteux" qui confondent énergie et sourire niais, pour qui une virtuosité besogneuse et minable au service de la recherche de succès faciles tient lieu d'inspiration, un de ces disques qui discréditent définitivement toutes les boites à rythmes et les dents blanches.

Ici, tout est finesse et discrétion. Avec une complicité de longue date entre Daniel Colin et Raul Barboza. On reconnait immédiatement leurs différences et vdu coup chaque interprétation prend une "épaisseur" exceptionnelle. On comprend la passion des japonais pour cet accordéon. Ils ont bon goût !

Le disque est accompagné d'un livret en japonais. Evidemment, indéchiffrable pour moi, ce qui ajoute au charme de l'objet. En français, les textes des chansons, car à côté des instrumentaux il y a en effet quelques chansons célébres, disons dans la tradition parisienne : "A Paris dans chaque faubourg", "Quel temps fait-il à Paris ?", "Les feuilles mortes", etc...  Et, à côté des deux accordéonistes, il y a Claire Elzière, chant, Dominique Cravic, guitare et voix, Grégory Veux, piano, Laurent Larcher, contrebasse, Bertrand Auger, clarinette, Jean-Michel Davis, vibraphone et percussions.

Bon ! Il ne reste plus qu'à trouver du temps pour savourer...

vendredi 13 janvier - the last balkan tango

Il y a quelques jours, j'ai découvert une compilation de fanfares balkaniques établie par un DJ de la scène musicale berlinoise. Par la même occasion, j'ai découvert la richesse du catalogue Piranha, que je compte bien explorer. En attendant, l'un des titres m'avait enchanté : " Tango Apocalypso".

Il se trouve, par chance, que le cd d'où était extrait ce morceau était en vente sur Amazon. A cette occasion d'ailleurs j'ai découvert aussi la richesse des créations du leader de la formation qui l'interprétait. A explorer ultérieurement. Pour l'instant, contentons-nous de commander le cd en question :

" Boris Kovac & Ladaaba Orchest / The Last Balkan Tango - An Apocalyptic Dance Party".  2001, Piranha.

J'ai donc passé commande en début de scène, avant de partir pour Toulouse jouer "Papou/Mamou". Entre parenthèse, il y faisait plutôt froid : -1°/-2° à huit heures, températures polaires en notre sud-ouest. Et, ce vendredi, à notre retour à Pau, à midi, il était là, il nous attendait dans la boite à lettres. Service rapide.


L'après-midi, je devais rendre visite à mes parents en leur maison de retraite. On s'est donc contenté d'écouter quelques morceaux de l'album en déjeunant. Eh bien, la première impression est plus que favorable. Le charme est là et l'image de couverture rend fidèlement la tonalité de l'ensemble. Un monde décadent, forcément décadent. Je ne peux m'empêcher de penser au monde de l'Orient-Express.

Les musiciens sont au nombre de six : B. Rankovic, clarinette, clarinette basse, Goran Penic, accordéon, Milos Matic, contrebasse, Boris Kovac, saxo alto et soprano, Istvan Cik, batterie, percussions, Olah Vince, guitare acoustique ; plus un invité sur quatre morceaux, Nenad Vrbaski, violon.

Bien sûr, je reviendrai sur ce disque après une écoute attentive, mais d'ores et déjà je sais que le dialogue de la clarinette et du saxophone sont un enchantement. Punctum aurait dit Roland Barthes.

lundi 9 janvier 2012

mardi 10 janvier - l'inventaire

Le 15 décembre, le juge des tutelles m'a désigné comme tuteur de mon père et de ma mère ou, plus exactement, si l'on veut être précis, tuteur de mon père et curateur de ma mère. A ce titre, j'ai l'obligation de lui remettre, à la mi-mars, un inventaire exhaustif de leurs biens : comptes bancaires, biens immobiliers, biens mobiliers. J'ai aussi comme d'obligation de devoir, pour chaque décision concernant la vie de mes parents, lui demander son arbitrage et obtenir son accord. C'est une tâche nécessaire, mais pénible. Lourde au plan administratif et procédural ; lourde aussi au plan affectif.

Parmi les éléments de cet inventaire, je dois relever objet par objet tous les biens qui se trouvent dans leur villa, fermée à ce jour depuis plus de deux ans. Comme je rends visite à mes parents deux fois par semaine, chaque fois je passe "chez eux", j'ouvre une ou deux fenêtres, je vérifie si tout va bien, je les referme et je tourne deux fois la clé de sécurité dans la serrure. J'accomplis ce travail de manière automatique ou, du moins, je m'y efforce. C'est ma manière à moi de le rendre supportable. Parfois, au moment de fermer la porte d'entrée, l'idée me traverse l'esprit qu'il ne reviendront plus jamais en ces lieux. C'est comme une douche glacée qui tombe sur mes épaules. Je pars sans me retourner. C'est ma manière de gérer l'insupportable.

Mais l'obligation de dresser un inventaire a brutalement modifié "les choses". C'est ainsi que j'ai dû passer plusieurs heures, en fait sept, trois jours de suite, après-midi, pour faire le relevé de "leurs biens mobiliers", c'est-à-dire de tous ces objets rassemblés un à un au cours de leur vie et maintenant là, inertes, vidés de leur sens. Plusieurs feuillets pour cela m'ont été nécessaires. Tout ce qui faisait l'environnement de leur vie est passé au crible de la mesure. Compté, dénombré. Mesuré.

Quand mes parents ont su que l'on devait établir un tel inventaire, mon père n'a manifesté aucune réaction, ma mère a d'abord souhaité y assister. J'ai dû essayer de lui expliquer la difficulté de la transporter, elle qui vit depuis des années sur son fauteuil roulant, l'inconfort de la situation eu égard à la température inférieure à 10° dans la villa, etc... etc... Je ne pouvais imaginer ni même concevoir de la ramener "chez elle" puis à nouveau à sa maison de retraite.

Mais l'examen minutieux et scrupuleux de chaque objet pour en faire la description objective m'a fait prendre conscience avec une intensité extrême de leur environnement actuel. Non que je n'en avais pas conscience jusque là, mais j'avais fini par m'habituer. Par contraste avec le nombre des feuillets de l'inventaire de leur villa, le mobilier de leur chambre, à l'un et à l'autre, pourrait tenir sur une page, le recto serait suffisant. Un lit, une table de nuit, un fauteuil, une table de bureau, une table roulante. Un éphéméride, une glace, un pichet, un verre, une feuille A3 : les activités du mois, une photographie de Nadja, Charlotte et Camille. Une seule photographie de décembre 2009. Ils n'ont jamais voulu la remplacer par une plus récente. Un placard contenant des vêtements et des sous-vêtements. Quelques objets comme une brosse à dents, deux peignes, etc... etc... Petits objets, petits instruments de la vie quotidienne. Quelque chose de minimal et de monacal. Ils ne veulent rien qui vienne de leur villa. Rien qui puisse rappeler les jours heureux.

A mon retour à la maison, "chez nous", à Pau, les murs couverts d'étagères, les livres, les lithographies, les photographies, les objets choisis un à un, tous ces repères, tous ces amers m'ont sauté au visage. Ils sont mon environnement, ils sont notre histoire et donc ils donnent du sens à notre présent. Ils me sont nécessaires. Ou du moins je le croyais. Aujourd'hui, je n'en suis plus si sûr. Je ne sais plus très bien si je pourrais vivre sans leur présence. La vie de mes parents semblent montrer que oui. Mais quelle vie ?

En tout cas, parmi ces objets, de toute évidence, il y a nos disques d'accordéon. A l'occasion de cet inventaire, j'ai pu noter à quel point ils sont vivants, à quel point je dialogue avec eux. Lors de mes allers-retours pour accomplir cette obligation, j'ai pris avec moi et écouté un disque, un seul, que je viens de découvrir : "Brass Noir / On The Trans-Balkan Highway". Je suis en effet encore fasciné par les rythmes et par l'énergie des fanfares qui composent cette compilation. Cette fascination m'étonne, mais je la constate et je l'éprouve. Eh bien, j'ai observé que ces mêmes treize morceaux prenaient à chaque écoute une couleur et une tonalité différentes, disons un "état d'âme" variable en fonction de mes sentiments. Le coeur plutôt léger, en dépit de ma tristesse, à l'idée d'aller faire une tâche nécessaire, j'écoutais ces musiques comme des musiques de mariage ou de fête de village et je me surprenais à essayer de les accompagner en sifflotant. La vie qui rigole. Malgré tout. Au retour, accablé par une pesanteur de mort, je les écoutais, les mêmes, comme une fanfare d'enterrement, à la manière de la Nouvelle Orléans. Une musique de survie. Une musique faussement enjouée, mais obstinément décidée à vaincre les forces de la mort.

Finalement, tout me porte à croire que je pourrais m'accommoder de l'absence de beaucoup d'objets qui me sont chers aujourd'hui ou que du moins je crois tels, mais j'en suis sûr l'accordéon me manquerait infiniment si je devais m'en passer. C'est qu'en effet son souffle et les sons qu'il produit, c'est comme la respiration et ses modulations : c'est vital !  

dimanche 8 janvier 2012

lundi 9 janvier - ... en zappant...

J'avais décidé, dimanche soir, de regarder sur Canal+ le match de rugby opposant Clermont à Toulon. Un match intense avec, comme disent les commentateurs, du jeu et de l'envie de part et d'autre. Deux grosses écuries avec de gros budgets, des buteurs talentueux pour "enquiller" des points et des mercenaires étrangers venus d'Angleterre, d'Afrique du sud, d'Australie, des îles du Pacifique et peut-être même d'Argentine. A moins que ce ne soit à Montpellier ou à Biarritz ou ailleurs. Bref ! Un beau match avec un score serré et du suspense. Mais bon, y a pas que le rugby. C'est ainsi qu'en zappant, je suis tombé sur un concert de Gilberto Gil diffusé par France O, une chaîne que j'aime bien parce que la musique y est bonne. Ce soir donc, diffusion d'un concert donné à Vienne le 13 juillet 2011. Une scène immense. Devant, seul, Gilberto Gil avec sa guitare. Derrière, ses musiciens, dont un accordéoniste à la fois très brésilien, très présent et très discret.


J'ignore son nom, mais il est plutôt costaud.

Il est environ 23h30. Gilberto Gil, accompagné par son accordéoniste "nordestin", interprète une chanson dont il a écrit les paroles et Dominguinhos la musique. Du bel accordéon ! L'accordéoniste est lui-même sous son propre charme.

Mais, assez rêvé ! Le match est sur le point de se déterminer. Il est temps de revenir au rugby. Toulon pousse . Clermont a mis les barbelés. Un dernier en-avant d'un troisième ligne toulonnais met fin aux espoirs des joueurs de la rade, comme disent les commentateurs sportifs. Encore heureux s'ils nous épargnent une image du style :"Les joueurs de la rade prennent l'eau au pied des volcans" ou encore "L'armada toulonnaise sombre dans la fournaise des Michelin".