samedi 14 janvier 2012

dimanche 15 janvier - y a pas que l'accordéon... y a aussi la peinture de genre...

Nous étions venus passer quatre jours à Toulouse pour jouer "Papou/Mamou". Françoise, à son habitude, s'était renseignée sur les expositions en cours. Elle en avait repéré une au musée des Augustins, dont l'intitulé nous avait intrigués et tout de suite intéressés : "Petits théâtres de l'intime - la peinture de genre française entre Révolution et Restauration".

Un petit tour par Wikipedia nous apprend que les scènes de genre ou, spécifiquement, la peinture de genre désigne un type d'oeuvre qui figure des scènes à caractère anecdotique ou familier. Je comprends que c'est un type d'art mineur, peu propice aux oeuvres grandioses, monumentales ou de prestige. On découvre ainsi que les scènes populaires peintes par Brueghel en sont un exemple typique. Forcément, cela nous donne envie d'aller voir cette exposition, d'autant plus que beaucoup d'oeuvres sont dans des collections particulières ou qu'elles font rarement l'objet de demandes de prêt. Bref, pour de multiples raisons, cet art mineur nous intéresse.


Déjà, le titre : "Petits théâtres de l’intime"...

La notice, que l'on nous remet à l'entrée, nous dit - je cite - "[qu'] A travers cette exposition le musée des Augustins propose un panorama des différents courants qui ont marqué la peinture de genre française de la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe siècle. La présentation de ces « scènes de vie » permet de découvrir avec un œil neuf un ensemble de peintres. Certaines œuvres inédites des artistes les plus célèbres tels que Fragonard, Boilly, Greuze, Marguerite Gérard ou Drolling seront présentées au public mais aussi et surtout un grand nombre de toiles d’artistes dont les noms ont été oubliés ou perdus".
Une des oeuvres emblématique de cette exposition est un Fragonard. Tout est dit !


Quelque chose de mièvre et de maniéré, mais un rendu des étoffes absolument prodigieux. On apprend que ce rendu est l'oeuvre de sa belle-soeur, Marguerite Gérard. On découvre cette artiste. Une technicienne hors pair.

Les huit salles ne nous enthousiasment certes pas, mais elles nous intéressent au plus haut point. On y trouve :

1. L'influence des maitres hollandais

2. L'évolution du goût de la société

3. Le goût flamand

4. Greuze et les sujets édifiants

5. Les recherches des années 1790-1800 autour du canon féminin

6. L'anglomanie

7. La tentation troubadour

8. Le style Restauration

Ces intitulés montrent assez que si cet art est mineur, il est ouvert à de multiples influences qu'il a su reconnaitre et s'approprier. Certains tableaux frappent par leur audace comme celui-ci de Jean-Baptiste Mallet :"La salle de bain gothique" ou "Les Espiègles" de Jean-Frédéric Schall ou encore le surprenant "Bouton de rose" ("Cachez ce sein...") de Pierre-Alexandre Wille. Inutile de le préciser, trois peintres dont j'ignorais jusqu'à ce jour l'existence.

Mais quelques tableaux m'ont particulièrement intéressé : ceux qui montrent par exemple une "jeune femme portant secours à une famille malheureuse" ou "La leçon de bienfaisance" ou encore "L'aumône, dit aussi La famille malheureuse". A travers ces sujets édifiants et leur sentimalisme ou moralisme sirupeux, on voit en effet des "gens" de la noblesse ou de la bourgeoisie, en tout cas des riches et puissants, entrer dans le monde de "gens" du peuple, pauvres et démunis en tout. Rencontre de deux mondes, qui se veut édifiante : l'art comme support d'éducation morale. Oui, mais... en même temps un monde est représenté qui sans ce biais n'aurait pas été digne de figurer dans une oeuvre d'art.

Je pense à toute la peinture qui, par l'intermédiaire de la représentation de la vie du Christ, a représenté le monde profane, les miséreux, les soldats, les larrons et quelques puissants qui, plus tard, beaucoup plus tard, se feront peindre le portrait en gentilhomme ou en bourgeois.

Et puis, quand on voit les tableaux de Greuze et quand on pense à l'admiration que Diderot lui portait, on croit rêver. Rien que pour la rencontre de Greuze, le peintre de l'émotion gluante, et des Lumières, les hommes de l'Encyclopédie, cette exposition valait la peine d'être organisée.

Au moment de mettre un point final à ce post, je m'avise, à propos de la notion d'intimité, à laquelle fait allusion le titre, que justement ce qualficatif conviendrait assez bien à l'art de Leon Sash, que je viens de découvrir à travers son disque en trio : "The Leon Sash Trio / I remember Newport". Peut-être ne relève-t-il pas vraiment d'un art majeur, d'une "grande" musique ? Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que sa petite musique un peu crépusculaire me touche. Il ne s'agit certes pas d'émotion profonde ou intense, mais d'un plaisir moyen. Et c'est déjà un petit bonheur.

 


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil