samedi 7 janvier - une livraison de paris jazz corner : "i remember newport" et "bassoprofilo"

Pendant le mois de janvier, Paris Jazz Corner offrait une réduction de 10% sur les disques : cds, dvds, Lps. Chaque fois que cette boutique fait une telle offre, je ne résiste pas au plaisir de passer commande. Deux ou trois cds, c'est tout de suite un rabais de 3 à 3,5 euros. Ce n'est donc pas une question de finance. Si je profite de l'occasion, c'est par jeu, mais aussi pour me payer le luxe de passer commande à l'intuition. Je parcours le fonds des disques d'accordéon et je laisse mon intuition faire ses choix en fonction d'indices plus ou moins rationnels. C'est ainsi que j'ai attendu le 30 décembre pour prendre une décision définitive et voilà comment ce samedi matin, après un délai un peu plus long que d'habitude - fêtes obligent ! - j'ai trouvé dans ma boite à lettres un colissimo, petit mais réjouissant.

Dans le paquet, deux cds que je découvre comme un enfant. C'est ainsi qu'ayant ouvert le colis, j'ai plaisir à en étaler les richesses.

- "The Leon Sash Trio / I Remember Newport", 1997 Delmark Records. En fait un enregistrement de 1967.

- "Bassoprofilo", 2011 CAM London.

Françoise vient de sortir le filet mignon du four. Tout rose et grillé en surface, avec son chapelet de pruneaux noirs et gonflés. Forcément, ça donne envie de se mettre à table. Je mets le couvert et je prépare la chaîne. Un déjeuner en musique. Un déjeuner au son de l'accordéon. Découverte !

Le trio de L. Sash comprend, outre lui-même à l'accordéon, Lee Morgan, sa femme, à la basse, et Ed Uhlig à la batterie. Leur son correspond exactement à mes attentes. Newport m'évoquait en effet la côte est des Etats-Unis : ambiance club, murmures, vêtements de grand prix, fumée de cigarettes et alcools forts dans des verres de cristal.    

L'accordéon de Sash est omniprésent. On pense à Art Van Damme ou à Marocco. On pense à Erroll Garner, qui signe un des titres. Par moments, comme des échos de Lester "Prez" Young. C'est assez dire le ton vaguement nostalgique et, si j'ose dire, feutré. Il y a aussi un titre signé George et Ira Gershwin. 

Au moment du café, on écoute "Bassoprofilo".  Je l'ai choisi parce que c'est un trio italien : Giovani Tommaso, contrebasse, Gabriele Mirabassi, que j'apprécie beaucoup, clarinette, et Simone Zanchini, accordéon. Je ne connais pas la langue italienne, mais ces lignes signées G. Tommaso m'amusent et m'intéressent. "Insomma, con questo Trio proponiamo un repertorio che ho scritto in totale libertà et disinibizione, inspirandomi anche a ricordi adolescenziali".

Parfois, ça sonne free jazz ; parfois, ballade. On savoure d'emblée trois morceaux : " Buster Keaton never Smiles", "Bhramosia" et "Passata é la Tempesta". Bon ! quelques obligations nous appellent du côté de l'hyper Leclerc. Dès que possible, au moment du thé peut-être, on remet ça.

Pendant que nous faisons les courses alimentaires hebdomadaires, l'idée me vient que ce nom : Leon Sash ne m'est pas aussi inconnu que je le croyais. Mais où l'ai déjà rencontré ? Finalement, c'est en rangeant les commissions que je me rappelle... J'ai lu ce nom dans le numéro de référence de "Jazzman", numéro 112 d'avril 2005, qui consacrait un dossier aux rapports entre le jazz et l'accordéon. En particulier, on y trouve une liste de cinquante noms d'accordéonistes, dont Leon Sash. On peut y lire qu'il joue de l'accordéon piano et ceci :"accordéoniste à la radio de Chicago, il se produit au festival de Newport en 1957 lors d'un concert publié par Verve en face B d'un autre de Toshiko Akiyoshi. En quartette ou en trio (avec son épouse contrebassiste Lee Morgan), il se situe à mi-chemin du swing et du bop, pazs très loin d'Erroll Garner".  Et puis, cette référence qui me réjouit : "A écouter : "I Remember Newport", Delmark, 1967". 

Mais en parcourant à nouveau le dossier de "Jazzman", je retrouve une interview de Richard Galliano. J'en dirai quelques mots demain, car ses propos valent vraiment qu'on les lise attentivement.