jeudi 29 décembre 2011

jeudi 29 décembre - pau arnotto hossegor arnotto pau


Les "petits", après quelques hésitations, avaient décidé d'aller réveillonner à Hossegor plutôt qu'à Cauterets. Ils avaient fait le projet d'y arriver mercredi en début de nuit. Evidemment, avec Françoise, on avait immédiatement pensé que la villa serait peu hospitalière pour les accueillir. On avait donc décidé d'aller ouvrir les convecteurs dès le mercredi matin, de les régler au maximum et d'ouvrir les lits pour que les draps ne soit pas glacés. Accessoirement, on remplirait le réfrigérateur pour de petites faims. Les "petits" avaient bien protesté, mais Charlotte et Camille avaient approuvé notre idée sans la moindre hésitation.

Las, dans la nuit de lundi à mardi, gros coup de fièvre pour Françoise. Mardi matin donc, visite à SOS Médecins : ça ressemble à la grippe, d'autant plus qu'une sorte d'épidémie rempante commence à se développer. Qu'à cela ne tienne, quoique triste de faire l'aller-retour seul, je suis allé à Hossegor, ce mercredi, ouvrir la villa, ses convecteurs et ses lits. Il y faisait plutôt frais : 10°. Le ciel était bas et gris. Le vent violent sur la plage.

Voyons ! Voyons ! Pour m'accompagner, que choisir ? En fait, le choix s'impose naturellement à moi. Le dernier numéro d' "Accordéon et accordéonistes", qui vient d'arriver, a pour Tête d'affiche Arnaud "Nano" Méthivier. On a eu l'occasion de le découvrir en concert à Trentels et, ensuite, d'écouter plusieurs de ses disques. Ce type est fou, fou d'accordéon, comme on dit de certains écrivains que ce sont des fous littéraires. Il ne s'interdit aucune expérience. Une sorte de pulsion essentielle le pousse à expérimenter sans cesse, à multiplier les rencontres et à explorer des chemins nouveaux et inattendus. J'ai donc choisi de faire route, à l'aller et au retour, en compagnie du disque qu'il a créé avec Otto Lechner : "Arnotto / The Cyclop and I".  J'ai noté avec amusement que "Nano" porte la même chemise exubérante et luxuriante sur la couverture de la revue et sur la pochette du disque. Il faut croire qu'elle a pour lui quelque chose d'emblématique.  

Ci-dessous, une vue de la sculpture de Jean Tinguely, qui a inspiré cet album.

C'est une oeuvre à forte charge hypnotique, faite d'un jeu de masses sonores, qui se croisent, s'étirent, se dispersent, se rassemblent. "Arnotto" qui désigne dans le titre le nom de l'artiste qui a joué les morceaux de cet album est particulièrement bien choisi. Il y a bien deux accordéonistes : Arnaud Méthivier et Otto Lechner, mais en fait "Arnotto" rend mieux compte de la fusion entre leurs deux jeux. On perçoit bien la présence de deux instruments, mais souvent il y a comme interpénétration des sons des deux sources. A l'aller, une route, en grande partie autoroute, avec une circulation rare, un temps gris avec quelques nuages sombres, mais peu menaçants. L'effet hypnotique joue à plein. Au retour, dans la nuit noire, avec une circulation dense et beaucoup de voitures, tous phares allumés, sur la voie gauche, avec en prime une pluie incessante, les morceaux de l'album défilent comme les images d'une forêt profonde et mystérieuse. A la fois inquiétante et peu hostile.

A plusieurs reprises, je pense au sons d' "Accordion Tribe". Pas étonnant ! Je vérifie en arrivant à la maison qu'Otto Lechner est l'un des cinq membres de ce projet. Pas étonnant donc que je songe à une atmosphère de forêt profonde et à quelques accents venus des pays nordiques. Je pense aussi à ces vers d'Antonio Machado où il dit, en substance, que le chemin n'existe pas, ne préexiste pas, mais qu'il se fait en cheminant. C'est pourquoi, dire que "The Cyclop and I" est un disque "chemin faisant" me parait assez juste et pertinent.

Bonne nouvelle ! A coups de Doliprane, Françoise a vu sa température baisser tout au long de la journée. Elle n'a plus bras et jambes coupés. Elle n'a plus la tête qui tourne et elle a comme une petite faim qu'elle apaise avec un reste de foie gras. Autre bonne nouvelle : à 23 heures, les "petits" nous appellent pour nous dire que la température au rez-de-chaussée est de 17°, ce qui est convenable pour aller au lit, sous les couettes, et presque de 20° à l'étage, ce qui est convenable tout court. Et puis Sébastien est content d'avoir trouvé un choix de bières dans le réfrigérateur.     

Mais, pour être complet, je dois dire que, pendant que la villa devenait habitable, j'ai fait deux choses : d'abord, je suis allé me faire coiffer chez Raphaël - c'est mon coiffeur -, que je trouve très compétent et qui,  chaque fois que je vais à Hossegor, réussit à trouver un créneau où me caser. Son salon s'appelle "Le Salon" et c'est une bonne adresse. En attendant son rendez-vous, j'ai regardé les vitrines des agences immobilières : de 600000 à 1200000 euros. Ah ! Oui, quand même. Ensuite, en milieu d'après-midi, je suis allé faire quelques photographies sur la plage et sur la place des Landais. Il faisait froid, surtout à cause du vent. Peu de monde le long de l'océan, quelques surfeurs dans les vagues, peu de boutiques ouvertes, en particulier quelques bistrots et, au centre ville, des fringues à "prix cassés".  

Tout en marchant, j'ai grappillé quelques images...

Une construction dont je ne sais s'il s'agit d'un totem, de l'armature d'une tente indienne ou de la rencontre de deux personnages de Giacometti.


Place des Landais, une villa vient d'être repeinte. Son aspect anthropomorphique m'amuse. Combien de temps la peinture va-t-elle résister aux coups de vent salés et humides ?

Mon repère ! Mon amer ! La boutique du marchand de glaces. On se croirait dans un roman de Julien Gracq.

Plus loin, les vitres d'un bistrot sont occultées par une sorte de brouillard ; ce pourrait être un tableau contemporain.

Dans cette vitre se reflète le balcon de la villa d'en face. Etrange, mais fascinant si l'on veut bien s'intéresser à l'improbable et à l'impalpable.

Et, tout à coup, sur le mur d'un garage, cette peinture à la façon de Gauguin, qui voisine avec quelque chose qui pourrait être de l'art conceptuel.

Enfin, un panneau d'affichage explosé. Devant cette forme d'oeuf, je ne peux m'empêcher de penser à une lithographie de Francis Fiedler et ça me réjouit. Le hasard rejoint l'art. A moins que ce ne soit l'art qui procède du hasard et l'imite.

Finalement, c'était presqu'une bonne journée, pas tout à fait bonne, forcément, puisque Françoise n'était pas avec moi. Ce n'est pas que j'étais inquiet pour sa santé, mais sa présence me manquait. A chaque instant !



1 commentaires:

Blogger jonny jones a dit...

Parfois, les modèles les plus simples sont aussi les plus beaux. Un bâtiment de la mer ou d'un récipient dans un arbre peut créer une quantité incroyable d'attention et d'émerveillement. Merci pour le poste!

vitrage balcon

5 mai 2013 à 19:40  

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