Dimanche après-midi, il est environ 17 heures, on arrive devant la maison. On gare la voiture. On rentre les bagages. On ouvre les volets, on vide la boite à lettres. On a quitté Tulle en fin de matinée. On a la tête pleine d'impressions, de belles impressions, et quelques photographies dans le numérique.
Les "nuits de nacre", trois jours consacrés à l'accordéon. Une édition réussie.
Mon intention n'est pas de décrire ici ce qui s'est passé durant ces trois jours, d'en donner le programme et de citer les formations, les heures et les lieux de leurs prestations. Pas question d'essayer de faire de ce festival, édition 2015, un récit objectif. Encore moins un compte-rendu. Mon propos est tout simplement d'essayer de prendre quelque recul par rapport aux moments que nous avons vécus avec enthousiasme et d'y mettre un peu d'ordre. Quitte à revenir plus tard, dans quelques jours, sur tels ou tels instants privilégiés pour en garder traces et prendre encore plaisir à se les remémorer.
Pour mener à bien ce projet, tout en suivant
grosso modo l'ordre chronologique des événements, je prendrai appui sur les mots qui me viennent spontanément à l'esprit. En vrac. Sans souci d'analyse, sans intention d'explicitation.
- "Tulle rime avec bulle"... On est donc arrivé à Tulle jeudi vers midi. On a garé la voiture dans un parking ouvert 24/24h. On a rejoint l'hôtel de l'autre côté de la Corrèze. On a déposé nos bagages. On est allé déjeuner à la Taverne du sommelier. On a parcouru l'espace du festival, qui se déploie en gros suivant une forme rectangulaire d'environ 900 x 300 mètres. On a retrouvé avec plaisir le Théâtre des 7 Collines, où se donnent les concerts, disons institutionnels, la place Jean Tavé où se tient la scène des frères Maugein, le chapiteau Magic Miror, le centre de presse : Soizick et Mathieu, d'autres podiums encore, prêts à accueillir des concerts gratuits et des groupes de talents, etc... etc... "Tulle rime avec bulle" parce que jusqu'à dimanche soir nous ne quitterons à aucun moment ce périmètre, nous vivrons dans notre bulle, hors du monde. Enfin, pas tout à fait... On a tout de même gardé quelques liens avec ce monde extérieur : sms, courriels, échanges téléphoniques... Mais le strict minimum pour se rappeler que le monde continuait à fonctionner pendant qu'on vivait en apesanteur.
- "Pass 5 concerts". Le festival proposait un pass pour les cinq concerts inscrits au Théâtre des 7 collines : n° 000007 et 000008.
* jeudi 15, 21h : Marcel Loeffler invite Marcel Azzola
* vendredi 18, 18h : "La vie en vrac", David Venitucci et Annick Cisaruk
* vendredi 18, 21h : "Gus versus Tony", Dominique Cravic et Daniel Colin invitent Christophe Lampidecchia
* samedi 19, 18h : "Les anches rebelles", Pascal Contet et le quatuor Debussy
* samedi 19, 21h : Richard Galliano solo
Evidemment, ça donne envie... Et les réalisations ont été à la hauteur de nos attentes. C'est pourquoi on peut dire que cette édition a été une réussite et que l'on peut en remercier chaleureusement Sébastien Farge, le directeur artistique
- "Butiner"... En fait, en dehors des concerts pour lesquels, afin d'être convenablement placés, nous arrivons ponctuellement une heure en avance (une heure et demie pour le concert de Richard Galliano !), nous n'aimons rien tant que de passer de podium en podium pour assister au moment des balances, à quelques réglages et autres répétitions, et de retrouver les mêmes formations, quelques heures plus tard, à la nuit tombée, sur ces mêmes podiums dans leur environnement de lumières. C'est ainsi qu'on a découvert Eric Allard Quintet, Amieva, Jean-Baptiste Laya, et qu'on a retrouvé avec le plus grand plaisir Mam, c'est-à-dire Viviane Arnoux, François Michaud et Norbert Lucarain, dans leur spectacle "Human Swing Box". Quelques mots échangés suffisent. Rendez-vous à une prochaine fois.
- "Rencontres"... Les "nuits de nacre", c'est aussi l'occasion de rencontrer ces accordéonistes que l'on admire. Je pense à ce déjeuner, à la taverne, partagé avec Pascal Contet. On parle de tout de rien et d'autres choses encore. On est content de s'être retrouvés et de parler des dernières créations ou des prochains projets de Pascal. Je pense à ces quelques mots échangés avec David Venitucci, d'abord avant son concert avec Annick Cisaruk, puis après alors qu'il est encore dans la tension de leur spectacle. Il faut dire que les circonstances de sa prestation, circonstances très particulières, que j'expliquerai plus loin, suffisent pour expliquer son stress. Je pense à ces quelques mots échangés, lors d'un petit déjeuner, avec Richard Galliano. On se quitte en se donnant rendez-vous à Pau, début janvier, pour le concert de Noël. On lui dit qu'on a retenu deux concerts sur les trois programmés ; ça l'amuse. Je pense à Marian Badoï jouant seul à la terrasse de la taverne, qui, un peu surpris, signe en souriant son disque, "
Bunica", que nous avions emporté dans l'espoir justement de le rencontrer.
- "le Président"... Dès le vendredi matin, le bruit se répercutait dans toute la ville. François Hollande - François forcément pour les gens de Tulle - devait assister au concert de David Venitucci et Annick Cisaruk, à 18 heures. Du coup, c'est la voirie de la ville qui s'activait pour rendre le bitume lisse comme une peau de bébé. Et puis il y eut le ballet des démineurs et autres agents de sécurité. Et l'installation d'un portique à l'entrée du théâtre ; et puis des fouilles ; et puis les quatre premiers rangs réservés aux personnalités et autres huiles... Et donc, avec une demie heure de retard, arrivée du Président entouré d'une nuée de jeunes gens. Je me dis in petto :"voilà le clan des clones".
Les quatre premiers rangs étant réservés aux gens d'importance, on réussit à prendre place au cinquième. Juste derrière le Président. Reconnaissez-vous sa calvitie ? Je décide de prendre une photo, persuadé qu'un agent de sécurité va vouloir confisquer mon appareil. Mais non, rien. Aucune interdiction.
Je me dis que David et Annick doivent être dans leurs petits souliers. A la fin du spectacle, le Président applaudit. Sa cour aussi. Et puis, comme un mirage, ils disparaissent tous derrière François Hollande avant de ressurgir plus loin pour un bain de foule dont les habitants de Tulle ont l'habitude.
- "Pluie et autres grains"... Finalement, si ce festival restera pour nous une excellente édition eu égard à la programmation, on en gardera aussi le souvenir d'une météo défavorable aux spectacles en plein air. Les soirées étaient froides et la pluie souvent contrariante. Avec par moments des grains violents qui nous ont souvent incités à rentrer à l'hôtel vers minuit alors qu'on aurait bien écouté ces formations si nombreuses que nous ne connaissions pas. C'est le seul élément de frustration.
Bon ! Voilà pour un premier point sans doute incomplet et subjectif sur ces trois jours de "nuits de nacre", une manière de brosser l'environnement du festival. Maintenant, il me reste à approfondir et à préciser nos impressions. J'imagine assez bien de le faire en deux volets :
1. Les cinq concerts du Théâtre des 7 collines : 1/5, 2/5, 3/5, 4/5, 5//5
2. Quelques scènes gratuites programmées et autres impromptus...
A bientôt !