mercredi 9 septembre - à propos de deux opus de pascal contet : "utopian wind" et "fantaisies lyriques"
J'ai dit dans mon article du lundi 7 comment on avait trouvé au Parvis deux albums très récents de Pascal Contet : "Utopian Wind", un disque solo, et "Fantaisies lyriques" en duo avec le clarinettiste Paul Meyer. J'ai dit aussi comment "Utopian Wind" était en fait l'édition 2015 sous label Plein Jeu d'une édition originale, plus confidentielle, de 2013, réalisée à l'occasion du festival "Tage der Utopie" en Autiche. Edition que nous avions eu la chance de pouvoir nous procurer un soir glacial à Toulouse, en janvier 2014, auprès de Pascal lui-même à l'issue d'un récital d'improvisations mémorable.
Je viens de relire à l'instant l'article que j'avais alors écrit à l'écoute de cet album. J'en cite ci-dessous deux paragraphes dont je n'ai à vrai dire rien à modifier ni à ajouter. Il me semble que j'y ai en effet saisi quelque chose qui peut expliquer mon admiration pour cette création.
http://autrebistrotaccordion.blogspot.fr/2014/01/mardi-28-janvier-utopian-wind-un-opus.html
En ce qui concerne précisément "Utopia Wind", j'en retiens pour l'instant deux idées :
- d'abord, la richesse harmonique de l'accordéon de Pascal Contet, en particulier cette sensation que son accordéon, avec sa maitrise des deux claviers, est vraiment un instrument stéréophonique. Soit dit en passant, même si ce n'est pas le but visé, toutes les improvisations qui composent cet album sont comme un exercice de style expérimentant les possibilités de cet instrument.
- ensuite, cet album est composé de treize titres, qui ont un nom commun :"Dialog" spécifié pour chacun par son numéro : 1, 2..... 13. De "Dialog 1", 7:01, à "Dialog 13", 7:59... en passant par "Dialog 2", 5;00, etc... De cet ensemble de titres, je retiens d'une part qu'ils relèvent de ce que j'appelle une musique méditative, une musique qui donne à écouter et à rêver, et d'autre part qu'il fonctionne comme un système. Je m'explique : un système, par différence avec un ensemble mécanique, disons une simple collection formée d'unités indépendantes, un système donc se caractérise par le fait que l'ensemble est plus que la somme des parties. C'est très précisément ce qui se passe ici : d'écoute d'un titre en écoute d'un autre, puis de l'écoute de ces deux à l'écoute d'un troisième qui en modifie les effets, sans cesse un système se forme, se déforme et se reforme. Un système vivant donc : un organisme. Du coup, je comprends mieux la désignation de ces titres. Ces dialogues, ce sont ceux qu'ils entretiennent entre eux comme un jeu de miroirs ou, en termes plus abstraits, comme un jeu d'interactions. Une organisation rigoureuse et imprévisible.
Après deux écoutes successives de "Fantaisies lyriques", ce qui ne peut donner qu'une perception encore superficielle des qualités de cet album, mais qui est suffisant pour s'en donner une première idée globale, je retiens deux mots, deux notions qui me viennent spontanément à l'esprit. J'ai en effet pratiqué ces deux écoutes en me mettant délibérément, si je puis dire, en position d'attention flottante : une forme d'attention particulière qui consiste à mettre entre parenthèses toute autre pensée pour attendre quelque chose qui va avoir lieu, qui va se passer, qui va émerger, quelque chose, on ne sait quoi a priori, mais quelque chose de l'ordre d'une sensation esthétique. En termes simples, quelque chose dont on perçoit à l'évidence que c'est beau. Et donc à partir de cette expérience, deux notions, deux mots ont émergé à ma conscience, qui sont : subtilité et intelligence. Deux mots qui expriment au mieux de manière synthétique mes impressions.
- La notion d'intelligence, à ne pas confondre avec ce qui est d'ordre intellectuel, désigne ici pour moi l'aptitude d'un sujet à trouver des solutions nouvelles et originales à un problème donné. En fait, je me rends compte que cette notion est en l'occurrence quasiment synonyme de créativité. En effet, c'est bien la créativité du duo qui exprime de la manière la plus prégnante mon impression dominante.
- D'autre part, la notion de subtilité au sens de délicatesse, finesse, raffinement et d'aptitude à se jouer de situations ou de problèmes difficiles à résoudre. Je me rends compte d'ailleurs en écrivant ces mots que l'on n'est pas loin de la notion d'intelligence. Mais en y ajoutant une notion d'habileté et de capacité à surprendre et à étonner par les solutions imaginées.
Et puis, tout en écoutant les treize titres de cet album, j'ai trouvé dans le livret matière à intérêt intellectuel, disons même culturel. J'ai compris que ces fantaisies sont des arrangements, des adaptations, des transcriptions d'œuvres lyriques, qui permettent de populariser un répertoire d'œuvres prestigieuses. Une pratique qui remonte au XIXème. Une tradition donc. Et je pense qu'on pourrait presque parler de versions portatives de "grandes" œuvres, ce qui fait écho à la définition de l'accordéon comme "orgue portatif".
Les treize titres donc sont composés de fantaisies sur des airs d'opéra, par exemple sur Norma ou Rigoletto ou la Traviata ou Don Carlos ; sur un morceau de Schubert, etc... A quoi s'ajoutent deux créations de Thierry Escaich. Mais aussi "Volver" et "Por una cabeza" de Gardel. Ou encore deux improvisations de Pascal Contet et Paul Meyer : "Travel 1" et "Travel 2".
Au moment de mettre un point final à cet article, je me rends compte que je n'ai rien dit de l'accord entre Pascal Contet et Paul Meyer. C'est tout simplement parce que cet accord "fonctionne" à merveille, mais que je n'ai pas les mots pour l'expliquer, même pour moi-même. J'y reviendrai. En tout cas, je suis frappé par cet accord entre deux instruments si dissemblables par leur apparence. L'accordéon, un instrument horizontal, massif et imposant, avec un "coffre" impressionnant, d'une part, et, d'autre part, la clarinette, instrument vertical, nerveux et affuté comme un sportif au summum de sa forme.
ps.- Je n'ai trouvé à ce jour qu'un document vidéo relatif à "Fantaisies lyriques" :
https://www.youtube.com/watch?v=e3qdu2W8ca8
Je viens de relire à l'instant l'article que j'avais alors écrit à l'écoute de cet album. J'en cite ci-dessous deux paragraphes dont je n'ai à vrai dire rien à modifier ni à ajouter. Il me semble que j'y ai en effet saisi quelque chose qui peut expliquer mon admiration pour cette création.
http://autrebistrotaccordion.blogspot.fr/2014/01/mardi-28-janvier-utopian-wind-un-opus.html
En ce qui concerne précisément "Utopia Wind", j'en retiens pour l'instant deux idées :
- d'abord, la richesse harmonique de l'accordéon de Pascal Contet, en particulier cette sensation que son accordéon, avec sa maitrise des deux claviers, est vraiment un instrument stéréophonique. Soit dit en passant, même si ce n'est pas le but visé, toutes les improvisations qui composent cet album sont comme un exercice de style expérimentant les possibilités de cet instrument.
- ensuite, cet album est composé de treize titres, qui ont un nom commun :"Dialog" spécifié pour chacun par son numéro : 1, 2..... 13. De "Dialog 1", 7:01, à "Dialog 13", 7:59... en passant par "Dialog 2", 5;00, etc... De cet ensemble de titres, je retiens d'une part qu'ils relèvent de ce que j'appelle une musique méditative, une musique qui donne à écouter et à rêver, et d'autre part qu'il fonctionne comme un système. Je m'explique : un système, par différence avec un ensemble mécanique, disons une simple collection formée d'unités indépendantes, un système donc se caractérise par le fait que l'ensemble est plus que la somme des parties. C'est très précisément ce qui se passe ici : d'écoute d'un titre en écoute d'un autre, puis de l'écoute de ces deux à l'écoute d'un troisième qui en modifie les effets, sans cesse un système se forme, se déforme et se reforme. Un système vivant donc : un organisme. Du coup, je comprends mieux la désignation de ces titres. Ces dialogues, ce sont ceux qu'ils entretiennent entre eux comme un jeu de miroirs ou, en termes plus abstraits, comme un jeu d'interactions. Une organisation rigoureuse et imprévisible.
Après deux écoutes successives de "Fantaisies lyriques", ce qui ne peut donner qu'une perception encore superficielle des qualités de cet album, mais qui est suffisant pour s'en donner une première idée globale, je retiens deux mots, deux notions qui me viennent spontanément à l'esprit. J'ai en effet pratiqué ces deux écoutes en me mettant délibérément, si je puis dire, en position d'attention flottante : une forme d'attention particulière qui consiste à mettre entre parenthèses toute autre pensée pour attendre quelque chose qui va avoir lieu, qui va se passer, qui va émerger, quelque chose, on ne sait quoi a priori, mais quelque chose de l'ordre d'une sensation esthétique. En termes simples, quelque chose dont on perçoit à l'évidence que c'est beau. Et donc à partir de cette expérience, deux notions, deux mots ont émergé à ma conscience, qui sont : subtilité et intelligence. Deux mots qui expriment au mieux de manière synthétique mes impressions.
- La notion d'intelligence, à ne pas confondre avec ce qui est d'ordre intellectuel, désigne ici pour moi l'aptitude d'un sujet à trouver des solutions nouvelles et originales à un problème donné. En fait, je me rends compte que cette notion est en l'occurrence quasiment synonyme de créativité. En effet, c'est bien la créativité du duo qui exprime de la manière la plus prégnante mon impression dominante.
- D'autre part, la notion de subtilité au sens de délicatesse, finesse, raffinement et d'aptitude à se jouer de situations ou de problèmes difficiles à résoudre. Je me rends compte d'ailleurs en écrivant ces mots que l'on n'est pas loin de la notion d'intelligence. Mais en y ajoutant une notion d'habileté et de capacité à surprendre et à étonner par les solutions imaginées.
Et puis, tout en écoutant les treize titres de cet album, j'ai trouvé dans le livret matière à intérêt intellectuel, disons même culturel. J'ai compris que ces fantaisies sont des arrangements, des adaptations, des transcriptions d'œuvres lyriques, qui permettent de populariser un répertoire d'œuvres prestigieuses. Une pratique qui remonte au XIXème. Une tradition donc. Et je pense qu'on pourrait presque parler de versions portatives de "grandes" œuvres, ce qui fait écho à la définition de l'accordéon comme "orgue portatif".
Les treize titres donc sont composés de fantaisies sur des airs d'opéra, par exemple sur Norma ou Rigoletto ou la Traviata ou Don Carlos ; sur un morceau de Schubert, etc... A quoi s'ajoutent deux créations de Thierry Escaich. Mais aussi "Volver" et "Por una cabeza" de Gardel. Ou encore deux improvisations de Pascal Contet et Paul Meyer : "Travel 1" et "Travel 2".
Au moment de mettre un point final à cet article, je me rends compte que je n'ai rien dit de l'accord entre Pascal Contet et Paul Meyer. C'est tout simplement parce que cet accord "fonctionne" à merveille, mais que je n'ai pas les mots pour l'expliquer, même pour moi-même. J'y reviendrai. En tout cas, je suis frappé par cet accord entre deux instruments si dissemblables par leur apparence. L'accordéon, un instrument horizontal, massif et imposant, avec un "coffre" impressionnant, d'une part, et, d'autre part, la clarinette, instrument vertical, nerveux et affuté comme un sportif au summum de sa forme.
ps.- Je n'ai trouvé à ce jour qu'un document vidéo relatif à "Fantaisies lyriques" :
https://www.youtube.com/watch?v=e3qdu2W8ca8
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