Je me rappelle, comme si c'était hier. Il y a pourtant de nombreuses années. Un matin, j'avais reçu un courrier amical, qui m'offrait, à mon étonnement, un disque de Soledad, afin que je fasse connaissance de cette formation. Un disque intitulé tout simplement
"Soledad", comme le nom du quintet. Une révélation ! Un émerveillement ! Depuis, on s'efforce de suivre à la trace le parcours de Soledad. C'est ainsi qu'en explorant notre discothèque, je trouve cinq albums auquel vient de s'ajouter hier le tout dernier
:"Soledad / Logica".
- "Soledad", 2001
- "Soledad / Del Diablo", 2003
-"Soledad / Passage", 2006
-"Soledad in Concert", 2010
-"Soledad plays Soledad", 2012
-"Soledad / Logical", 2017
Quant à la formation elle-même, un quintet à l'origine, elle est plus ou moins à géométrie variable, plutôt moins, avec parfois un invité comme c'est le cas pour "Passage" avec Philip Catherine et d'autres fois des changements pour tenir le rôle de la contrebasse en particulier. C'est ainsi que Manu Comté est présent sur les six disques, de même qu'Alexander Gurning. J.-F. Molard, lui, est présent sur les quatre derniers disques. Par contre, la contrebasse compte quatre titulaires différents. Et puis, élément nouveau, pour "Logica", c'est d'un trio qu'il s'agit : Manu Comté, accordéon et bandonéon ; Jean-Frédéric Molard, violon, Alexander Gurning, piano.
A ces disques, je pourrais ajouter à bon droit quelques disques où l'on retrouve Manu Comté, membre fondateur de Soledad, pour lequel nous avons une très grande admiration. Et dont le style est une référence pour nous. Je pense à "Mar Negro", 2013, du Jerez Le Cam Trio, à "Comboio, 2013, à "Homilia", 2016, avec le B'Strings Quintet et Tomas Gubiltsch comme invité ou encore à "Reflejos Migrantes", 2016, encore de Jerez Le Cam Quartet.
Bref ! Sans prétendre être capable d'analyser avec assez de pertinence le parcours de Soledad et celui de Manu Comté en particulier, il me semble possible d'y repérer des moments forts ou encore des carrefours, si je puis tenter cette image. Des constantes et des nouveautés. Des repères qui peuvent nous aider à situer "Soledad / Logical".
D'abord, avec "Soledad", référence à Piazzolla (6 titres / 12), mais aussi à Galliano et à Stravisnsky et à Capelleti.
Puis, avec "Del Diablo", référence à Piazzolla, Iglesias, Capelleti, Devreeese (création originale).
Ensuite, un album, "Passage", dont toutes les compostions sont de F. Devreese, comme s'il s'agissait de lui donner la possibilité de développer son inspiration apparue dès le disque précédent.
Continuons avec "Soledad in concert". On y retrouve comme compositeurs Manu Comté, Piazzolla, Gismonti, Gurning, Devreese et Stravinsky. Un disque de continuité malgré la diversité des compositeurs qui, disons, ce sont déjà rencontrés dans les disques précédents. Et qui se reconnaissent entre eux.
Après, vient "Soledad plays Soledad" et les compositeurs suivants : A. Gurning, M. Comté, P. de Schuyter, B. Gaquere, Gismonti, H. Pascual, J.-F. Molard. Même remarque que pour l'album précédent : diversité et unité des compositeurs.
Enfin, "Soledad / Logical", le dernier à ce jour. Un programme tel que pour moi cet album est à la fois une sorte de synthèse des précédents et un point de départ vers d'autres horizons, d'autres compositions. Si l'on parcourt en effet la liste des titres, on note les noms des compositeurs suivants que j'essaie ici de regrouper suivant mon critère "continuité / nouveauté" :
- "Continuité" : A. Gurning, A. Piazzolla, M. Comté
- "Nouveauté" : R. Hodgson, M. Ravel, S. Prokofiev, C. Franck, J. Buckley, C. Debussy
Tout me porte à croire qu'on n'a pas fini de les rencontrer encore sur les disques à venir... Mais pour l'instant, alors qu'on écoute "Logical" en boucle depuis hier, je retiens particulièrement une certaine adaptation de la "Cumparsita", deux pièces de Piazzolla : "Marejadilla" et "Fugata", et, d'autre part, "Des pas sur la neige" de C. Debussy. En attendant de trouver d'autres attraits aux autres titres. Des titres tout en finesse et en retenue, comme par exemple ce "Valse-Galop" de S. Prokofiev où l'on retrouve curieusement tout l'esprit du premier "Soledad", mais mezza-voce.
Je ne saurais dire pourquoi précisément, mais tout me porte à croire que ce disque pourrait bien suggérer à d'autres formations des pistes à explorer et des compositeurs à découvrir ou redécouvrir. Pour notre plaisir ! C'est ainsi par exemple que le titre 1 de "
Logical" n'est autre que "
Logical Song" du chanteur de Supertramp, Roger Hodgson. De quoi donner des idées !
https://www.youtube.com/watch?v=OQfjIw3mivc
Et que dire du titre 9, "
Grace", de Jeff Buckley...
Piazzolla, Debussy, Hodgson... Comté, Ravel, Buckley... Des rencontres inattendues et improbables... jusqu'ici.