Depuis que nous l'avons reçu, nous écoutons en boucle le dernier opus de Michel Macias. Je l'ai dit : c'est un bel ouvrage. A chaque écoute, j'y découvre d'autres qualités. Et ce n'est pas fini... Mais,
en attendant, quelques notes au fil des titres.
Le titre 1, "
En attendant", est une valse triste ou en tout cas nostalgique. Je pense à Marc Perrone. Un monde en demi-teinte, plein d'humanité.
Avec le titre 2, "
Gigue" de J.- S. Bach, contraste ! Le son éclate. L'accordéon est bien de la même famille que l'orgue. Et, avec ses deux claviers, c'est vraiment un instrument stéréophonique.
En 3, "Take Five". Je reconnais bien le phrasé de Michel Macias et je retrouve la présence de sa voix qui prend appui sur l'accordéon. Un standard tout en déséquilibre. On pense à Verlaine qui dit qu'en poésie, il faut préférer l'impair. Michel l'équilibriste.
Les deux menuets du titre 4, curieusement, m'apparaissent comme de lointains ancêtres de "
Take Five" ; en tout cas, je sens une continuité. Un air de famille.
En 5, "
Passion". Retour aux sources. Je prends conscience que cet album se réfère à une tradition multiple : valse musette, Bach, le jazz, l'improvisation, la fête musicale et verbale dans la ligne de Bernard Lubat, etc...Au-delà de la virtuosité, une interprétation personnelle de "
Passion". Idem, plus loin pour "
Indifférence". Un travail d'assimilation qui manifeste une inspiration que je qualifie volontiers d'authentique.
La "
Sarabande", titre 6, est encore une chanson triste. Promenade dans les jardins de mélancolie.
Un très beau morceau que j'imagine difficile à jouer eu égard à sa lenteur ou, si l'on veut, à sa majesté pleine de nostalgie.
En 7, contraste. "
Africassouflet" est une improvisation bien dans le style de Michel Macias. Une vraie signature. Je pense à des sons que j'associe à C. Chenier ou encore à quelque morceau cajun. Et bien sûr encore la voix qui semble ici venu du fin fond de l'Afrique.
On enchaine en 8 avec une interprétation personnelle d' "
Indifférence". De l'Afrique au musette et réciproquement.
Titre 9. "
Courante" de J.-S. Bach. La musique des anges sera géométrique ou ne sera pas.
"
Mama Samba", en 10, c'est l'esprit du forro. Le Brésil s'invite au bal gascon.
- Esprit es-tu là ?
- Oui, répond Bernard Lubat.
Et toujours la voix de Michel Macias.
En titre 11, une valse de Chopin comme un écho à la valse
"En attendant".
En 12, un dernier pour la route.
"Allemande" de J.-S. Bach.
Titres 13 et 14, deux improvisations.
- Vous avez dit acide ?
- Oui,
- Vous avez dit Chenier ?
- Oui.
Curieusement "
Jumblues", en 13, ne m'apparait pas si loin de "
Take Five", qui est comme une matrice d'improvisations. Quant à "
Valdouce", titre 14, à l'instar de la valse de Chopin, il fait aussi écho à la valse d'introduction, mais d'une autre façon. Je note que ce morceau, d'une durée de 5:14, est le plus long, comme si - nostalgie et chuchotements - on n'arrivait pas à se quitter... Et en effet, je ne vais pas tarder à remettre le cd sur le lecteur. On n'arrive pas à se quitter.
post-scriptum. En écoutant Michel Macias jouer sur son Beltuner, j'observe, sous réserve de vérifications, que le son qu'il en tire est proche de celui de son Accordiola et différent de celui, par exemple, que Johan Riche tire de son propre Beltuner. Question de réglage ? Question de toucher ? Question en suspens. A approfondir et surtout à vérifier.