vendredi 30 septembre - ... y a pas que l'accordéon...
Bref, il y a quelques jours, j'avais repéré deux disques, qui avaient excité mon attention :
- "Les voix d'Itxassou / Tony Coe", Nato, 1990
- "Isatilo / The cool Crooners", 2004, Atelier Noaille
Le premier mentionnait la participation d'une part de Juan-José Mosalini, d'autre part de Marcel Azzola. En fait, Mosalini joue du bandonéon sur un titre : "Hasta siempre" avec, au chant, Benat Achiary et Violetta Ferrer. Azzola joue sur le titre 10, "Jazz de Pékin". C'est peu certes, mais outre le plaisir de retrouver le bandonéon de Mosalini et l'accordéon d'Azzola, ce disque est l'occasion d'explorer d'autres pistes : Ali Farka Touré, Maggie Bell, Abed Azriè et Youval Micenmacher, Marianne Faithfull, et d'autres encore. Avec un orcheste de dix-neuf musiciens, treize voix, quatre solistes et quatre musiciens additionnels. Un bel album de chants révolutionnaires. Le plaisir de découvertes hors des limites de nos instruments de prédilection.
Le second disque m'intriguait par son titre. La présence de Didier Ithursarry m'a incité à le commander. En fait, je n'ai pu identifier son instrument que sur un titre, le quatrième. Là encore, c'est l'occasion de découvrir une musique qui m'était inconnue. Un style crooner d'Afrique du Sud, entre gospel et blues. Quelque chose comme Nat King Cole au pays de l'apartheid. A écouter en sirotant un vieux rhum dans une véranda bien ombragée. Au soir tombant de préférence. Avec de surcroît un petit coulis d'air frais, c'est délicieux.
Et puis, ces dernier jours, nous étions à Toulouse pour jouer notre rôle de "Papou/Mamou". Pas beaucoup de temps pour écouter de l'accordéon. c'est la règle du jeu : "Papou/Mamou", c'est du temps complet. Tout de même, jeudi après-midi, pendant que les filles étaient, l'une à l'école, l'autre au collège, on a réussi à faire le tour de l'exposition en cours aux Abattoirs. C'est en effet "Le Printemps de Septembre à Toulouse", une magnifique manifestation d'arts plastiques. On en a pris plein les yeux. Pas vraiment d'oeuvres surprenantes, pas d'idées neuves, mais des oeuvres bien faites et dont l'ensemble est intéressant. Une manière de mieux connaitre certaines tendances de l'art contemporain et, dans quelques cas, d'y trouver une réelle émotion.
Pendant notre visite, j'ai remarqué la présence d'enfants de l'école primaire avec leurs enseignants, d'adolescents de collège avec leurs professeurs, d'étudiants des Beaux-Arts, comme on disait autrefois, de seniors attentifs aux explications des guides. Une exposition visible de 7 à 77 ans. Cette remarque nous a réjouis. Un tel peuple doit pouvoir résister aux crises de tous ordre.
J'ai pris quelques photographies, mais pour cette première visite, nous n'avons ni écouté les discours des guides, ni cherché des renseignements sur les plasticiens, ni lu les notices explicatives. Pas de filtre. La sensation et le sens y afférent immédiatement. Un parcours brut de décoffrage. Evidemment, en prenant un tel parti, je m'expose à des malentendus entre les intentions de l'artiste et ce que je comprends. C'est le risque. Pour l'artiste, pas pour moi.
Donc... parmi les tableaux qui m'ont frappé, deux exemples ci-dessous. Ce que j'ai trouvé intéressant c'est non pas le volet peinture, assez banal et déjà vu, mais le concept de tableau recto-verso. C'est du moins ainsi que j'ai perçu ces deux oeuvres présentées sur des chevalets.
Recto, ce magma de taches entourées par une sorte de long spaghetti. Bon ! Pourquoi pas ?
Mais le plus intéressant, c'est la face verso, où l'on peut admirer une belle construction en bois sur fond monochrome. Je ne sais si telle était l'intention de l'artiste, mais là pour moi il a réussi son coup. Si du moins les visiteurs pensent à voir le verso.
Idem dans le cas de ce tableau ci-dessous. Face recto, on a déjà vu et revu. Un signe énigmatique sur fond de brouillard islandais. Ascétique. Janséniste. Un expressionnisme constipé.
Mais, le verso, c'est autre chose : pureté géomètrique, énigme de ce tracé de deux lettres "AD". Mystère ! Surtout si l'on y ajoute les petits rectangles blancs, qui ouvrent sur une interrogation quasi métaphysique : être ou ne pas être un rectangle blanc ?
Et puis, cette oeuvre monumentale, que j'aurais pu ne pas voir, car elle était au fond d'un couloir peu éclairé, et qui effectivement semblait oubliée par les visiteurs et leurs guides. Je la décris rapidement : des panneaux métalliques qui coulissent les uns sur les autres pour ouvrir sur un espace étroit mais suffisant pour quatre à cinq personnes. Pour faire coulisser ces panneaux, l'artiste a installé sur le mur un bouton. C'est une oeuvre interactive. Une fois installé dans l'espace intérieur, on peut s'amuser à faire monter ou descendre ce que j'appellerais une cabine en appuyant sur les boutons adéquats. On ne peut pas s'amuser longtemps, car très vite des gens qui semblent parfaitement connaître la règle du jeu veulent à leur tour expérimenter ce dispositif.
Sur le mur à droite en regardant l'oeuvre en question, deux rectangles d'un gris un peu différent des murs avec, comme on peut le voir, trois objets rouges. Sur chacun des objets, des dates, des croquis, des indications pour une utilisation interactive du dispositif. Quand j'ai montré cette image à Françoise, elle m'a dit :"C'est de l'art pompier !". Ah, bon !
Dans une autre salle, il y a des peintures monochromes. Ce n'est plus très surprenant. On en a vu un certain nombre. C'est l'introduction d'une autre couleur qui serait, aujourd'hui, une décision révolutionnaire.