dimanche 25 septembre - à propos de cocktail diatonique et cocktail diatonique
Depuis que j'ai découvert "Cocktail diatonique"(1992) et "Cocktail diatonique"(2010), je les écoute en alternance et je ne m'en lasse pas. Je suis d'autant plus intéressé par l'intérêt que j'y trouve que d'habitude je suis assez peu sensible à ce qu'on appelle la musique ou plus généralement la culture trad'.
J'ai vécu en effet les vingt-cinq premières années de ma vie à Bordeaux, enfant en banlieue, puis en appartement dans ce que les agences immobilières affichent comme étant situé dans l'hypercentre. C'est à plus de vingt ans que, grâce à Françoise, j'ai découvert Dax et les Landes avant notre installation à Pau, en Béarn, après un détour par le Maroc. J'ai bien conscience que mon histoire personnelle explique ma méconnaissance de la culture rurale et même ma méconnaissance de la culture ouvrière, car dans l'hypercentre de Bordeaux cette catégorie sociale était, on s'en doute, fort peu représentée. C'est comme si tout un monde de traditions m'était étranger et tous les efforts intellectuels que j'ai pu faire n'ont pas suffi à combler ce manque de sensibilité. C'est ainsi qu'il n'y a rien à faire le monde de la musique qui se qualifie de trad' et le monde des danses associées sont pour moi une sorte de terra incognita et les oeuvres correspondantes ne me touchent pas. Tout au plus suis-je capable de les observer en ethnologue, de reconnaitre des comportements, des attitudes et des pratiques, mais question empathie, rien. Je regrette évidemment cette insensibilité, pour ne pas dire imperméabilité, mais je me suis fait une raison.
Du coup, mon intérêt et le plaisir que je prends à écouter les deux cocktails m'amène à me poser la question de comprendre d'où ils viennent, quelle en est l'origine. Déjà je m'étais posé cette question avec l'orchestre national de Salilhe et il me semble me rappeler que j'avais identifié la source de mon intérêt et de mon plaisir à écouter cette formation dans la capacité de ses membres à prendre le risque d'explorer des chemins non balisés et de s'éloigner d'un respect trop scrupuleux, et donc mortifère, pour les oeuvres trad'. Une certaine façon de quitter au plus vite les chemins battus pour aller voir ailleurs...
Quand j'examine mes réactions à l'écoute du premier "Cocktail diatonique", je note que mes préférences vont plutôt aux compositions originales comme "Soufflet n'est pas jouet" ou certains "Ronds de Loudéac". J'y trouve ruptures et complexité que je ne trouve pas dans les oeuvres traditionnelles. J'aime beaucoup aussi ces "Gavottes" présentées comme des exemples de "cette gavotte swing très prisée des danseurs mais honnie des puristes". Et puis, il y a un morceau extraordinaire :"Acquarelli Cubani", une oeuvre composée en 1950 par un jeune italien, Luciano Fancelli, mort à vingt-trois ans. Des rythmes venus d'un autre monde, qui pourrait être celui du forro. Parmi les morceaux de cet album, il y en a plusieurs où intervient Richard Galliano. Alors l'ensemble des accordéons prend une profondeur et une richesse harmonique qui m'ont beaucoup touché. Une émotion d'un autre ordre. A quoi j'ajouterais volontiers deux autres pièces : "Splinn" avec Galliano et "Stone Rag", un vrai rag-time, une virtuosité.
Mais ce titre "Splinn" me suggère une autre raison d'apprécier cet album, à savoir le climat ou l'état d'esprit qui le traverse. C'est une sorte de résignation, de tristesse ou peut-être de sagesse sans illusions. Ou encore de la mélancolie. A moins que ce ne soit, tout simplement, le spleen.
Quant au "Cocktail diatonique" de 2010, qui, je le répète, est l'oeuvre du trio Y.-F Perroches, F. Loric et R. Robert, il sonne différemment du précédent tout en s'inscrivant dans sa perspective. J'en retiens particulièrement le titre 1, "La chanson à Pépé Jean", un air traditionnel, mais interprété avec une légèreté inhabituelle, en tout cas, ici de manière aérienne, suivie de "Polkaridés" qualifiée de polka à la mode irlando-bretonne. Humour et distance ! Le titre 2, "Be good", présenté comme traditionnel, m'a frappé par la mélancolie qui en émane, mélancolie que j'associe aussi au phrasé des musiciens. Indéfinissable et pourtant évident. Ensuite, trois compositions enchaînées, dont les titres suffisent à suggérer l'humour : "Boulka", "Outchouck", "Enouga". Où il est question de boule de caoutchouc et de nougat... Comprend qui peut. Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi "Les parapluies de Guigamp", un peu différents de ceux de Cherbourg ; "Tchin Tchin", une composition de Perroches, qui joue sur l'ambiguïté entre évocation de la Chine et le geste de trinquer ; "Roms de saint Vincent" (traditionnel / composition Perroches-Loric-Robert , dont j'ai déjà écrit qu'à mon sens elle préfigure des oeuvres à venir du trio. Il y a dans ce morceau quelque chose de nouveau, de différent, que j'ai du mal à traduire en mots, mais que je perçois clairement. A suivre... Sans compter ce jeu de mot laid, suivant l'expression du livret de présentation, le titre 12, "Hora des pâquerettes", un bel exemple de rencontre entre la Bretagne et la Roumanie...
En fait, si je réfléchis un peu à mon goût pour ces deux cds, peut-être est-ce tout simplement parce qu'il s'agit de néo-trad', comme en son temps il y a eu le new musette. Du coup, mon absence de sensibilité trad' ne m'empêche pas de l'apprécier et d'y trouver des repères.
J'ai vécu en effet les vingt-cinq premières années de ma vie à Bordeaux, enfant en banlieue, puis en appartement dans ce que les agences immobilières affichent comme étant situé dans l'hypercentre. C'est à plus de vingt ans que, grâce à Françoise, j'ai découvert Dax et les Landes avant notre installation à Pau, en Béarn, après un détour par le Maroc. J'ai bien conscience que mon histoire personnelle explique ma méconnaissance de la culture rurale et même ma méconnaissance de la culture ouvrière, car dans l'hypercentre de Bordeaux cette catégorie sociale était, on s'en doute, fort peu représentée. C'est comme si tout un monde de traditions m'était étranger et tous les efforts intellectuels que j'ai pu faire n'ont pas suffi à combler ce manque de sensibilité. C'est ainsi qu'il n'y a rien à faire le monde de la musique qui se qualifie de trad' et le monde des danses associées sont pour moi une sorte de terra incognita et les oeuvres correspondantes ne me touchent pas. Tout au plus suis-je capable de les observer en ethnologue, de reconnaitre des comportements, des attitudes et des pratiques, mais question empathie, rien. Je regrette évidemment cette insensibilité, pour ne pas dire imperméabilité, mais je me suis fait une raison.
Du coup, mon intérêt et le plaisir que je prends à écouter les deux cocktails m'amène à me poser la question de comprendre d'où ils viennent, quelle en est l'origine. Déjà je m'étais posé cette question avec l'orchestre national de Salilhe et il me semble me rappeler que j'avais identifié la source de mon intérêt et de mon plaisir à écouter cette formation dans la capacité de ses membres à prendre le risque d'explorer des chemins non balisés et de s'éloigner d'un respect trop scrupuleux, et donc mortifère, pour les oeuvres trad'. Une certaine façon de quitter au plus vite les chemins battus pour aller voir ailleurs...
Quand j'examine mes réactions à l'écoute du premier "Cocktail diatonique", je note que mes préférences vont plutôt aux compositions originales comme "Soufflet n'est pas jouet" ou certains "Ronds de Loudéac". J'y trouve ruptures et complexité que je ne trouve pas dans les oeuvres traditionnelles. J'aime beaucoup aussi ces "Gavottes" présentées comme des exemples de "cette gavotte swing très prisée des danseurs mais honnie des puristes". Et puis, il y a un morceau extraordinaire :"Acquarelli Cubani", une oeuvre composée en 1950 par un jeune italien, Luciano Fancelli, mort à vingt-trois ans. Des rythmes venus d'un autre monde, qui pourrait être celui du forro. Parmi les morceaux de cet album, il y en a plusieurs où intervient Richard Galliano. Alors l'ensemble des accordéons prend une profondeur et une richesse harmonique qui m'ont beaucoup touché. Une émotion d'un autre ordre. A quoi j'ajouterais volontiers deux autres pièces : "Splinn" avec Galliano et "Stone Rag", un vrai rag-time, une virtuosité.
Mais ce titre "Splinn" me suggère une autre raison d'apprécier cet album, à savoir le climat ou l'état d'esprit qui le traverse. C'est une sorte de résignation, de tristesse ou peut-être de sagesse sans illusions. Ou encore de la mélancolie. A moins que ce ne soit, tout simplement, le spleen.
Quant au "Cocktail diatonique" de 2010, qui, je le répète, est l'oeuvre du trio Y.-F Perroches, F. Loric et R. Robert, il sonne différemment du précédent tout en s'inscrivant dans sa perspective. J'en retiens particulièrement le titre 1, "La chanson à Pépé Jean", un air traditionnel, mais interprété avec une légèreté inhabituelle, en tout cas, ici de manière aérienne, suivie de "Polkaridés" qualifiée de polka à la mode irlando-bretonne. Humour et distance ! Le titre 2, "Be good", présenté comme traditionnel, m'a frappé par la mélancolie qui en émane, mélancolie que j'associe aussi au phrasé des musiciens. Indéfinissable et pourtant évident. Ensuite, trois compositions enchaînées, dont les titres suffisent à suggérer l'humour : "Boulka", "Outchouck", "Enouga". Où il est question de boule de caoutchouc et de nougat... Comprend qui peut. Mais ce n'est pas tout. Il y a aussi "Les parapluies de Guigamp", un peu différents de ceux de Cherbourg ; "Tchin Tchin", une composition de Perroches, qui joue sur l'ambiguïté entre évocation de la Chine et le geste de trinquer ; "Roms de saint Vincent" (traditionnel / composition Perroches-Loric-Robert , dont j'ai déjà écrit qu'à mon sens elle préfigure des oeuvres à venir du trio. Il y a dans ce morceau quelque chose de nouveau, de différent, que j'ai du mal à traduire en mots, mais que je perçois clairement. A suivre... Sans compter ce jeu de mot laid, suivant l'expression du livret de présentation, le titre 12, "Hora des pâquerettes", un bel exemple de rencontre entre la Bretagne et la Roumanie...
En fait, si je réfléchis un peu à mon goût pour ces deux cds, peut-être est-ce tout simplement parce qu'il s'agit de néo-trad', comme en son temps il y a eu le new musette. Du coup, mon absence de sensibilité trad' ne m'empêche pas de l'apprécier et d'y trouver des repères.
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