vendredi 29 mai 2009

dimanche 31 mai - perrone à pau

Il y a quelques jours, nous avions noté cette information :"Jeudi 28 mai à 20h30, médiathèque d'Este à Billères, projection du film Journal d'une jeune fille perdue de G.W. Pabst dans le cadre du festival d'Anères. Film accompagné par Marc Perrone à l'accordéon". Ce festival a la double particularité d'une part d'être consacré au cinéma muet et à son accompagnement musical, d'autre part d'être implanté en milieu rural, en l'occurrence une vallée des Hautes Pyrénées.

Nous admirons Marc Perrone depuis longtemps; nous avons tous ses disques, mais nous n'avions jamais eu l'occasion de le voir et de l'entendre en vrai. Le concert étant prévu à 20h30, fidèles à notre habitude, je devrais dire notre stratégie, nous arrivons sur la terrasse de la médiathèque à 20h tapantes. Profitant de la douceur du jour déclinant et de la situation de la terrasse ouvrant sur la chaine des Pyrénées, Marc Perrone s'est installé pour casser une petite croûte. Marie-Odile Chantran a apporté des pizzas et une bouteille de rouge. Il sait bien que les gens ne vont pas arriver en avance, ni même à l'heure pour le concert (le quart d'heure béarnais), il se donne le temps d'apprécier ce moment tout en discutant avec quelques amis. Après le café, l'un des responsables de la médiathèque ouvre les portes à une trentaine de personnes.

20h05.
20h10.
20h57. Une salle petite, mais agréable. Sur un écran, des images en boucle du film. Marc Perrone s'installe. A côté de lui son ange gardien : Marie-Odile Chantran. Quelques notes pour se chauffer.
20h58. Il entre dans son monde.

20h58. Un bonjour lumineux et plein de bonté aux gens qui se sont installés. On attend quelques fumeurs qui tirent une dernière bouffée sur la terrasse.

20h58. Concentration.


20h59. Dois-je le dire, je suis touché par cette attitude de Marc Perrone : fragile, déterminé et presque facétieux. Sympathique !



20h59. Le film se deéroule. Marc Perrone a disparu dans le noir au pied de l'écran. Il improvise. Il installe un monde de rêverie et d'imagination. Parfois, il colle aux images ; parfois il propose une lecture du récit défilant sous nos yeux. Une petite musique. Petite, parce que discrète et sans effets de manche, mais pleine de charme. A plusieurs reprises, il me semble reconnaître quelques mesures de "la marche de Victor Baton", qui sont comme un leitmotiv ou un fil rouge.


22h51. "End". La lumière revient. On sent que Marc Perrone est heureux, détendu et fatigué, mais soucieux d'échanger encore avec le public. On parle à bâtons rompus de la musique de films, de sa manière d'improviser sur des images, de son admiration pour Renoir ou pour Hitchcock. Je regrette un peu de n'avoir pas apporté nos cds, je crois qu'il aurait aimé les signer et en parler avec nous.


22h52. Dans quelques minutes, il faudra quitter les lieux, car la salle sera automatiquement mise sous alarme. On s'attarde encore un peu, pour le plaisir d'échanger encore quelques mots.


De cette soirée, je garde deux impressions : d'abord la confirmation du talent particulier de Marc Perrone, talent manifeste dans ses disques, mais à l'occasion de cette séance éprouvé sur le vif. Ensuite, la confirmation que c'est un type formidable. J'ai envie de dire : un humaniste. En d'autres temps, à son sujet, j'avais parlé de sa gentillesse. Je crois le mot juste. Souvent, l'idéologie dominante a tendance à concevoir la gentillesse comme une attitude faible (rien ne vaut que la lutte de chacun contre tous). A mon sens, c'est une erreur profonde. La gentillesse, comme attitude de don libre et volontaire, comme attitude d'attention vraie aux autres, est tout au contraire le signe manifeste d'une force de caractère, d'une force d'âme exceptionnelle. Marc Perrone est un type gentil.








jeudi 28 mai 2009

samedi 30 mai - à propos de goutte d'eau ou de la feuille de papier à cigarettes

J'évoquais il y a peu l'image de la goutte d'eau qui fait déborder le vase et l'idée qu'un phénomène répété régulièremen à l'dentique de manière quasi imperceptible finit à un moment donné par provoquer un changement radical de la situation. C'est la dialectique du qualitatif et du quantitatif, dirait Hegel. C'est l'histoire du type qui constate chaque jour qu'il a perdu deux ou trois cheveux sur son peigne et qui n'y prend garde jusqu'à ce matin où effaré il s'exclame : "Merde ! Mais je suis chauve !"

C'est exactement ce qui m'arrive. Pas d'être chauve, mais - variante de la goutte d'eau - de constater que, quand on ne peut plus glisser une feuille A4 sur une étagère, il faut bien se résoudre à envisager une réorganisation complète de ses rangements et autres classements. C'est l'histoire de la feuille de papier à cigarettes qui fait exploser étagères et casiers... Si l'on y regarde de près, en bas, à gauche, on voit un rectangle blanc : les pages de mon blog "le bistrot des accordéons" et de son petit frère "l'autre bistrot des accordéons". Ils ont bien grandi et grossi depuis décembre 2005. Ils ne tiennent plus en place.

C'est le moment de prendre les décisions nécessaires et inévitables. A droite, ma collection d'"Accordéon & accordéonistes". A conserver de toute évidence. Prévoir même de l'espace pour plusieurs années. Au -dessus des mémoires. Ce sont autant de visages et de personnes que je me rappelle avec plaisir et souvent émotion. A côté de mon blog - combien d'arbustes sacrifiés pour ce petit tas blanc ? -, des dossiers : comptes-rendus, traces, préparations de stages et autres actions de formation. Pas de nostalgie. Au grenier !


Mais, pour l'heure, j'écoute "Fandango" de Renato Borghetti. Je trouve sa musique moins électrique qu'à Trentels et plus intimiste. Une facette que je n'avais pas perçue. Et c'est bien... Mais je sens bien que je me donne de bonnes raisons de ne pas prendre le taureau par les cornes. Et pourtant il va bien falloir s'y mettre, sinon où mettre cette page une fois imprimée ?


mercredi 27 mai 2009

vendredi 29 mai - chef d'oeuvre !

Mercredi matin, 9h30. "Le Parvis", espace culturel de l'hypermarché Leclerc à Pau. Je viens voir si le dvd de Richard Galliano, "Acoustic Trio", commandé en import est arrivé. En fait, il vient d'être livré par le service distribution de Sony. Le responsable de la boutique est tout content de pouvoir me le donner tout chaud sorti du colis.

Il s'agit de l'enregistrement d'un concert donné à Marciac le 11 août 2000 par Richard Galliano, Jean-Marie Ecay, guitare, et Jean-Philippe Viret, contrebasse. J'en suis resté soufflé, ce qui après tout est assez normal quand il s'agit d'accordéon. Franchement, j'ai eu l'impression d'oublier de respirer en écoutant et en regardant ce concert. En l'occurrence, l'étiquette "Choc Jazzman" est on ne peut mieux fondée. En un mot, c'est un chef-d'oeuvre.

Quant aux bonus, ils sont du plus grand intérêt informatif et artistique.

jeudi 28 mai - après trentels, la goutte d'eau...

Nous avons donc ramené quatre albums de Trentels : un double cd collectif où Christian Toucas tient une place importante, en particulier en duo avec Romane ou avec Michel Herblin ; le cd "Fandango" de Renato Borghetti et deux cds de Riccardo Tesi.






Quatre albums, c'est peu du point de vue quantitatif, mais c'est un saut du point de vue qualitatif. Je m'explique : avant de partir à Trentels, j'avais réussi à caser mes cds sur un certain nombre d'étagères. Bien tassés. Plein comme un oeuf. Ces quatre albums vont m'obliger à trouver de la place ailleurs. Je pense à liquider pour ce faire quelques dossiers de ma vie professionnelle antérieure. Déplacements imperceptibles. Tout un passé aux oubliettes. C'est bien : le présent et l'avenir (d'autres albums à venir) poussent un peu le passé pour exister. De poussée en poussée, il finira bien par s'estomper puis par disparaitre. Il suffit d'un album à ranger par ordre alphabétique pour que tout un classement doive être reconfiguré.
Cette situation me fait penser à l'image de la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Cette image m'a toujours semblé d'une pertinence remarquable. Elle rend compte d'un grand nombre de phénomènes et en particulier du changement. Des faits ou des actes identiques accumulés au jour le jour finissent par modifier la structure même d'une organisation. Quatre albums, identiques à tous les autres quant à leur forme et à leur encombrement, par leur présence aujourd'hui m'obligent à reprendre de fond en comble les places et la disposition de l'ensemble de ma collection. Occasion de redécouvrir d'autres albums trop bien classés.
Et je ne peux m'empêcher de mettre ce phénomène en relation avec le festival de Trentels. Un soir, après un concert, un spectateur me dit en effet :"Trentels sera toujours Trentels". En écoutant ce propos et même si je partageais sa satisfaction, je ne pus m'empêcher de me sentir en désaccord profond avec cette "vérité". S'il est vrai que le festival de Trentels est toujours aussi réussi, cette réussite n'est pas inscrite dans son essence même. Elle ne va pas de soi. Elle implique en particulier le flair, le travail et l'investissement sans failles d'Anne-Marie, d'André et de tous les bénévoles. Et sans doute, ce festival évoluant d'année en année par touches imperceptibles, un jour viendra où "une goutte d'eau" induira un changement de structure...




mardi 26 mai 2009

mercredi 27 mai - riccardo tesi : photonotes

Françoise, après avoir lu mon compte-rendu de Trentels, me fait la remarque suivante : "Je me demande si tu as assez dit à quel point Tesi et son quartet sont remarquables. Tu insistes sur leur professionnalisme, mais ça pourrait donner l'idée d'une prestation un peu froide et distanciée". Dont acte. En fait, j'ai pris le plus grand plaisir à écouter le quartet et mon admiration est encore très vive. Mais ce qui m'a frappé, c'est en quelque sorte le contraste entre l'économie de mouvements de chacun des membres du groupe, Tesi en particulier, et la musique qu'ils produisent. Un fait significatif : quelques spectateurs se sont levés pour danser sur les derniers morceaux. Cette photographie me parait illustrer assez bien ce calme de Tesi, une impression de maitrise inébranlable.
L'accordéon est aussi un instrument de pecussion.

Si l'on observe bien les trois images, on constatera que Tesi utilise deux accordéons.




mercredi 27 mai - oyun : photonotes

Oyun : un trio assez étrange quant au look. Tenue de combat ou presque pour Christian Maës ; veston sombre, quasiment noir, pour Laors Dacquay ; tenue improbable entre la robe de tragédienne et celle de danseuse du ventre pour la femme-enfant qui virevolte aux rythmes du duo. Quelque chose a lieu, ici et maintenant, qui fait penser à une cérémonie chamanique. On est dans un univers hypnotique, obsédant, répétitif. On pense à un orient de derviches tourneurs. Curieusement, il y a du religieux là-dedans. Une religion primitive, brutale, violente.
D'ailleurs, Christian Maës est taillé comme un bucheron. Le soufflet de son accordéon ferait assez facilement penser à la tronçonneuse d'un forestier. Pourquoi Françoise pense-t-elle à l'amant de lady Chatterley ?

Cette photographie me parait signifier assez bien la présence d'Oyun : un tournoiement jusqu'à l'obsession. Une musique pour accompagner quelque rituel hors d'âge. Un rituel qui donne forme à l'inconscient. Une musique à risques.




mercredi 27 mai - renato borghetti : photonotes

Borghetti, c'est une gueule. Un look, un chapeau. Et la musique qui va avec. Pas un instant de répit. Une espèce de tornade. Quelque chose de primitif quant à l'énergie déployée. Il faut quelques minutes après son concert pour se remettre les idées en place et retrouver son équilibre.
J'ai gardé cette photographie car elle montre bien une attitude fréquente de Borghetti : tête penchée en avant, visage invisible. Quelque chose de mystérieux et d'énigmatique.

A contrario, une attitude opposée, tête levée vers le ciel, visage découvert. Ouverture et générosité.




mercredi 27 mai - christian toucas : photonotes

J'ai gardé cette photographie car elle symbolise pour moi une attitude habituelle de Christian Toucas : une sorte d'abandon qui traduit sa disponibilité et sa confiance à l'égard des autres membres de son quartet. Une concentration non crispée. Et cela donne la tonalité du quartet.
Cette photographie, peut-être lors d'un solo, retient mon attention à cause de la position de la tête de Christian Toucas : une proximité, une intimité particulière avec son instrument. Il est encore question de concentration. D'une certaine façon, il nous convie à le suivre dans sa recherche créatrice.
J'aime bien ce mouvement de la main, ce contraste entre la forme de l'instrument, sa complexité technologique, et le geste qui exprime comme une libération, comme un accomplissement. Quelque chose comme "eurêka" !




mercredi 27 mai - philippe de ezcurra et maitane sebastian : photonotes

Comme j'ai ramené plus de cent cinquante photographies de la sixième édition du festival de Trentels et qu'en dépit d'un nombre important de clichés médiocres il m'en reste encore beaucoup à classer, à trier et à choisir, j'ai décidé de me donner une contrainte drastique pour faire une sélection de photonotes : je m'en tiendrai à trois images et à trois seulement pour chaque concert. Je n'ai donc conservé que les clichés exprimant, à mon sens, un moment, une attitude ou une posture significatifs. Pour reprendre les notions de Roland Barthes auxquelles j'ai coutume de me référer, j'ai retenu les seules photographies qui m'intéressent par leur valeur informative (studium) et parce qu'elles me touchent (punctum). En langage pédant, je dirais que je les ai élues pour leur forte charge iconique. Mais je sens bien déjà que j'aurai du mal à m'en tenir à cette règle et que bientôt sans doute l'envie me viendra d'en publier d'autres. Je trouverai alors d'autres bonnes raisons de les choisir. Ce qui est aussi une bonne occasion de les regarder encore et encore.

Pour l'heure, du concert donné par Philippe De Ezcurra et Maitane Sebastian, je retiens les trois photographies ci-dessous parce qu'elles expriment immédiatement pour moi l'intensité de la concentration du duo. Il suffit d'observer leurs regards et tout est dit.

mardi 26 mai - trentels, forcément trentels !

Trentels, 6ème édition ! Nous sommes rentrés lundi, vers midi. Le temps de casser une petite croûte et en route pour Nay où mes deux hyper-vieux parents m’attendent avec impatience. Je leur décris notre séjour et je leur dis notre satisfaction, mais je sens bien qu’ils ont du mal à se représenter les raisons de notre enthousiasme. Et puis, de ma visite ils attendent surtout que je m’occupe d’eux, que je leur parle de leur villa que je vais ouvrir régulièrement, du jardin que je fais entretenir tout aussi régulièrement ; ils attendent que j’écoute le récit de leurs maux et que je note ce dont ils ont besoin : savonnette, dentifrice, cotons-tiges, étiquette de leur nom à recoudre, pince à épiler…

De retour à la maison, je me dis qu’il ne faut pas trop tarder justement à garder trace de l’édition 2009. Les sensations sont vives, mais elles s’effacent vite. Pas question de reconstituer la chronologie des faits, ce qui serait de peu d’intérêt. Je laisse l’objectivité aux historiens ou aux critiques. Mon problème, c’est de fixer ces moments que nous avons vécus en essayant d’en traduire le plus exactement possible la dimension subjective. Il ne s’agit pas d’analyse, mais d’élucidation, de prise de conscience. Au fond, la question que je me pose est de savoir pourquoi nous avons vécu Trentels une nouvelle fois avec un tel plaisir. Répondre à cette question, c’est encore une façon de prolonger ce plaisir et surtout de nous l’approprier. Eprouver du plaisir en effet est une chose, se l’approprier en est une autre.

Départ donc de Pau jeudi vers 11 heures. Pendant environ quatre-vingts kilomètres, route de Bordeaux. Une nationale à l’ancienne. Limitation à 90, virages à 70, villages à 50, déviations (pour cause de travaux d’autoroute) à 70… Une machine infernale. Impossible pour un conducteur moyen de ne pas se faire piéger par un radar fixe ou mobile. On quitte la nationale à Pillehardit et l’on s’engage dans d’interminables lignes droites traversant la forêt landaise. Des pins, des pins, des pins quadrillés par des chemins sablonneux. Une petite faim nous incite à nous arrêter dans une auberge de village : omelette aux cèpes, un verre de vin, deux cafés. Toujours la même surprise : les gens semblent considérer qu’un repas comprend nécessairement un apéritif, une entrée, un plat, un dessert et souvent un petit armagnac… Dois-je l’avouer ? Pendant quelques kilomètres, j’ai un regard plutôt soupçonneux sur les voitures qui nous croisent. Mais, bon, la circulation est dense, mais fluide. On entre en Lot-et-Garonne. Un espace ouvert, des vergers. Villeneuve-sur-Lot… Trentels. Le village parait désert. Il est 15h30. Un détour par la salle des fêtes. Une voiture garée. Un bénévole s’affaire. Il nous reconnaît. Large sourire. Il s’avance : « Les fidèles sont là !». La conversation s’engage. On se tutoie spontanément. « A ce soir ! ». Le temps de déposer nos bagages à l’hôtel, à Fumel. La ville parait quelque peu sinistrée : l’avenue de l’usine ne garde de l’effervescence ouvrière passée que quelques bistrots. Et des joueurs d’accordéon ? Bref, en fin d’après-midi, comme de coutume, suivant un comportement qui est devenu un rituel, nous rejoignons l’église de Ladignac. Devant le porche, André, entre un problème à régler et un problème réglé. A l’intérieur, Anne-Marie qui s’assure que Philippe et Maitane, qui répètent, ont les meilleures conditions possibles. Un rapide bonjour à tous les deux, car le plaisir de les retrouver ne doit pas perturber ces moments de réglages délicats qui précèdent l’instant où le trac va forcément leur tomber dessus. Plus tard, nous avons le plaisir de retrouver Elisabeth H., qui vient chaque année de Berlin, assister au festival et suivre un stage d’accordéon.

Jeudi, 21 heures. Duo a tempo, Philippe De Ezcurra, accordéon de concert, Maitane Sebastian, violoncelle.
Le lieu, quoique banal du point de vue architectural, devient magique dès le début du concert. Le programme est parfait :
- Milonga en Ré, Muerte del Angel, Piazzolla
- Escape, Busseuil
- Sonate en sol m. de J.-S. Bach
- Stichera,Volkov
- Blue Rondo à la Turk, Brubeck
- Adagietto, Mahler
- L’été, Vivaldi
- En bonus, la «Pavane » du compositeur de Ciboure, donc basque, M. Ravel, spécialement dédié à Anne-Marie et André.

Comment dire ? Le duo fonctionne à merveille. Tout en nuances et en sensibilité. Le travail évidemment est gommé ; rien de laborieux, ne reste que la perfection de l’exécution. Ils sont jeunes. Ils sont prêts à toutes les audaces. L’énergie et la maitrise font un alliage magique. A la sortie du concert, je suis partagé entre deux sentiments contradictoires ou, plus exactement complémentaires : une espèce de plénitude, de plaisir impeccable, qui très vite fait place à un sentiment de frustration. Le sentiment de n’avoir saisi que l’écume de la musique, qui vient d’être créée pour notre plaisir. Mais, en même temps qu’il ne reste que les mots échangés pour garder quelque chose de ce bonheur, je m’avise que cette frustration est positive. Je dirais qu’elle est active : c’est elle en effet qui nous donne le désir, dès que possible, d’écouter à nouveau le duo. Je n’avais jamais eu si clairement conscience que la frustration est un bon critère de jugement. Peut-être qu’un concert réussi est un concert qui provoque immédiatement une impression de vide, de manque, et non un contentement béat et définitif.

Vendredi, 18 heures. Sur le pré de la salle des fêtes, une chorégraphe, Pascale Bravo, improvise avec Michel Macias. L’accordéoniste prévu était Grégory Daltin, mais il s’est, je crois, brisé deux doigts accidentellement. Michel assure donc comme on dit. Et il le fait fort bien, attentif à dialoguer avec la danseuse. Au fil du spectacle, on voit et l’on entend un dialogue se construire. Avec des moments d’attente et des moments d’échanges intenses.

A partir de 19h30, un peu plus tard à cause de problèmes de balance, on commence à entrer dans la salle. C’est le moment de l’apéro en musique, façon steel-band, et d’une assiette à la mode brésilienne. A 20h30, Elisabeth et Jean-Marc, qui a rejoint le festival, s’installent à notre table. On parle de tout et de rien, on parle forcément de disques. On compare nos richesses. On se promet réciproquement de se faire écouter nos disques de prédilection.

Vers 21 heures, Christian Toucas et son New Quartet, contrebasse, percussions et cajon, piano. Je ne sais depuis combien de temps je souhaitais écouter Christian Toucas. Mais il se produit le plus souvent loin de notre sud-ouest et nous n’avions eu l’occasion de l’écouter qu’une fois à Souillac, dans le décor grandiose d’une grotte vaste comme une cathédrale. Comment dire ? Un jazz très influencé par les rythmes latins. Mais s’en tenir là serait très réducteur. En fait, mon impression dominante, c’est d’avoir affaire à un artiste qui cherche. Qui cherche et qui cherche à faire partager sa recherche. J’ai bien apprécié un morceau en solo dont le titre m’a échappé ; j’ai bien apprécié la cohésion du quartet. J’ai noté que Christian Toucas portait des chaussures bicolores : vert / jaune. Je me suis demandé si c’était une manière symbolique d’afficher son attachement à la musique brésilienne. J’apprendrai plus tard qu’il avait égaré ses chaussures de scène : noires. Pourtant, le symbole était joli. Ah ! j’allais oublier : Toucas, sur scène, c’est aussi une posture, une manière de chuchoter au soufflet de son accordéon, une manière de lui parler dans un langage codé. Là encore, dès la pause, où j’ai découvert un disque double, « Accordéons d’hier / Accordéons d’ailleurs », sur lequel Toucas joue sur une vingtaine de morceaux, dès la fin de la pause, j’ai ressenti cette même frustration qu’hier. L’impression de n’avoir perçu que l’écume, l’impression d’avoir laissé échapper je ne sais quelle richesse et quelle complexité.

Vers 23 heures, Renato Borghetti et son quartet brésilien, guitare, flûte et saxophone, piano. Un son étonnant. Acide comme un citron vert. Des mélodies faussement simples, qui s’enchaînent pour notre plus grand bonheur. A la flûte et au saxophone, comment dire ? En apparence un gentil père de famille, juste un peu enrobé. Mais il faut se méfier des apparences… Parfois et même souvent, j’ai pensé à la musique du forro. A la fin du concert, j’ai découvert un disque, le seul à la vente, « Fandango ! ».

En tout cas, au terme de cette soirée, en rentrant à Fumel, nous sommes bien d’accord, Françoise et moi, pour reconnaître la qualité de la programmation. Pas un défaut, pas une faute. Décidément, Anne-Marie a le flair, le goût, l’expérience et pourquoi pas le génie de construire des équilibres parfaits.

Samedi, vers 19 heures. En arrivant sur le site du festival, nous apprenons que Christian Toucas, prenant le rôle assumé hier par Michel Macias, a improvisé avec la chorégraphe. De l’avis unanime, une vraie réussite. On regrette un peu d’avoir manqué ce moment, mais comme Christian Toucas est en train de discuter avec quelques personnes, je me présente et je sollicite un autographe de sa part sur les deux disques que j’ai apportés : « Erranza » et « Accordion Project ». J’ai oublié à Pau le « Trio Elbassan ». Rencontre très chaleureuse. J’ai souvent noté, par exemple à propos de Bruno Maurice, de Philippe De Ezcurra ou de bien d’autres, que leurs qualités personnelles ne suffiraient pas à en faire de grands accordéonistes. Mais il est vrai que lorsque la maitrise technique et la sensibilité artistique sont là, si de surcroit on a affaire à une personne authentique, cette authenticité rejaillit sur les qualités professionnelles. Je dirais volontiers la même chose de Christian Toucas. Pendant un long moment, nous avons échangé à propos de tout et de rien, d’ « Erranza », d’ « Accordion Project », de Souillac, de Marcel Azzolla, de ses projets immédiats et plus lointains. Ce n’est pas le contenu informatif, en l’occurrence, qui est l’essentiel. C’est la qualité de l’échange. Une rencontre sympathique, au sens précis du terme. Une façon de se trouver immédiatement en phase. Je n’oublie pas, à cette occasion, que Nelly Campo m’avait offert « Accordion Project ». Je la salue.

Pendant ma conversation avec Christian Toucas, Elisabeth et Jean-Marc, qui ont suivi son stage, se sont installés sur des marches. Ils jouent pour leur bonheur et pour celui des gens qui arrivent par petits groupes.

Vers 20h30, Oyun – Christian Maës, accordéon diatonique, accordéon électrique, groove box ; Laors Dacquay, guitare – s’installe sur la scène. Elisabeth et Jean-Marc nous rejoignent. Il fait chaud. Les pressions sont nécessaires. On se dit que sous les projecteurs les musiciens doivent cuire à petit feu. De fait, la sueur coule sur leurs visages et sur leurs chemises. Je ne connaissais rien de ce duo. Je n’avais pas voulu en avoir une première idée par internet. Si je devais décrire cette musique, je dirais qu’il s’agit de la rencontre de la tradition bretonne avec des rythmes venus de Turquie. Un mélange pas si étrange que cela. Une musique hypnotique, qui donne ses effets de plus en plus au fur et à mesure que les morceaux s’enchainent. Cette impression est renforcée par l’intervention d’une danseuse, façon danseuse orientale. Je trouve assez fascinante la manière dont elle passe et repasse devant les deux musiciens. On est loin des Gnaouas de Marrakech et cependant j’y pense, toujours à cause de la dimension hypnotique que j’évoquais plus haut. Je pense aussi aux derviches tourneurs.

Vers 22h15, Ricardo Tesi et Banditaliana. Tesi, accordéon ; Maurizio Geri, guitare et voix ; Claudio Carboni, saxophones, Marco Fadda, percussions. Un professionnalisme impressionnant. Ricardo Tesi, assis, face au public, bouge très peu. Presque immobile. Mais le son qui sort de son instrument est comme une onde qui vous traverse le corps. Ne parlons pas de la complicité entre les membres du quartet. Le mot professionnalisme qualifie bien, me semble-t-il, l’impression qu’ils donnent. Une mécanique qui tourne comme une horloge suisse. A plusieurs reprises, je pense à des tarentelles. En tout cas, ça sonne italien en diable. Quant à Tesi lui-même, il établit d’emblée une relation détendue avec le public. On imagine qu’il a rodé et re-rodé ses bons mots, mais en tout cas son humour fait mouche. Et il n’oublie jamais de dire sur quel disque se trouve le morceau qui a été ou qui va être interprété, ni non plus de préciser que les disques en question sont à la vente en sortie de concert. Du coup, à la fin du concert, on achète "Banditaliana / Riccardo Tesi", Felmay, 1999, et "Crinali", Felmay, 2006.

Dimanche matin, sur le chemin du retour, petite halte à Trentels. On a le plaisir une dernière fois de discuter avec Anne-Marie et André, Elisabeth et Jean-Marc ; de remercier quelques bénévoles de l’organisation ; d’échanger quelques mots avec Christian Toucas ; de retrouver Stéphane Morel venu de Bordeaux pour présenter des accordéons et pour faire connaître son atelier. Mais il faut bien se séparer. Sur le chemin de Villeneuve-sur-Lot, où nous avons décidé de faire halte pour aller voir une exposition de photographies de Bernard Plossu, nous sommes bien d’accord sur cette idée que ce festival a été, cette fois encore, une vraie réussite, et sur ce constat qu’il nous a laissé un sentiment de frustration, comme si sa richesse était infiniment plus grande que ce que nous avions pu en percevoir sur le vif. Frustration positive, source de désir et donc de projets et donc de recherche de concerts sur internet dès notre retour.

Pendant le déjeuner à Villeneuve, vers 13h30, le mobile de Françoise sonne. C’est Charlotte qui se demande où nous sommes. « A Villeneuve ? Ce n’est pas loin de Toulouse, vous pourriez peut-être faire un détour par la maison. Allez Mamou, dis oui ! ». Et en effet, Mamou dit oui. C’est ainsi que nous avons diné chez les petits. Barbecue. C’est ainsi que nous avons accompagné les filles à l’école lundi matin avant de rentrer à Pau vers midi… et qu’ensuite je suis allé voir mes parents à Nay, pendant que Françoise faisait le marché chez Leclerc. La routine reprenait ses droits. Il était temps de penser à écrire ce compte-rendu avant que les souvenirs aient eu le temps de s’effacer.

Et maintenant, il me reste à trier les photographies que j’ai prises à Trentels et à les publier sous forme de photonotes. Tout en écoutant les disques ramenés du festival.

mercredi 20 mai - venitucci in french touch

Demain, jeudi, en route pour Trentels.

Avant de partir, un petit saut jusqu'au "Parvis", l'espace culturel de l'hypermarché Leclerc. J'ai en effet noté, il y a quelques jours, la présence sur les rayons d'un disque qui m'intéresse :

- "French Touch / Diagonal / Jean-Christophe Cholet", enregistré en décembre 2008.

Ce disque m'intéresse en particulier parce que David Venitucci intervient sur deux des huit titres. Le groupe Diagonal, sous la direction de J.-C. Cholet, qui joue aussi du piano, comprend des trompettes et bugles, des saxophones, des trombones, des tubas, une contrebasse et une batterie. Et un accordéon... On a une idée du son qui en résulte. David Venitucci joue donc sur le titre 1, "Musette", et sur le 6, "Fascination(s)". Et c'est un vrai plaisir de l'entendre ! Parfois, j'ai pensé à Galliano avec le Brussels Jazz Orchestra.

Le projet de J.C. Cholet est tout à fait original : il s'agit d'une relecture de moments de l'histoire musicale ou de genres musicaux. Satie, Ravel ou Fauré, le musette ou le tango, des airs connus de tous, comme "Frou-Frou" ou "J'ai deux amours".

Un travail assez intellectuel, une relecture qui croise l'analyse formelle et l'inventivité créatrice. Pour résumer mon sentiment, je dirais qu'à l'écoute de ce disque une image m'est venue à l'esprit : chaque morceau est comme une image, qui a forme de puzzle si l'on y regarde d'un peu près. Mais sous nos yeux incrédules ( ou à nos oreilles incrédules) l'image se défait, se disloque et se recompose sous la forme d'un autre puzzle. La même image et en même temps une autre. Comme si l'on avait changé de point de vue ou de focale ou de cadrage ou de perspective. On reconnait bien ce dont il s'agit et l'on ne reconnait pas vraiment. Même et autre. Un jeu de décalages et de glissements imperceptibles.

mardi 19 mai 2009

mardi 19 mai - tchatche de luxey : neuf photonotes

De la centaine de photographies que j'ai prises entre 11 heures et 17 h 30 au cours de la "tchatche" de Luxey, je ne garde que les neuf ci-dessous. La plupart de mes clichés en effet manquent de qualité technique ou d'intérêt informatif. A la poubelle ! Si je garde celles-ci ce n'est pas pour leur valeur documentaire. Il ne s'agissait pas de faire un reportage. Je les garde pour leur valeur en tant que déclencheur ou catalyseur d'émotions. En les regardant, j'éprouve un je-ne-sais-quoi, antérieur à toute analyse, qui ne trompe pas : Roland Barthes parlait de punctum. Chacune recèle en effet quelque chose qui me touche ici et maintenant. Il ne s'agit pas de souvenir, il ne s'agit pas de support de mémoire, il s'agit au sens propre d'émotion et de plaisir.


11 heures. Philippe Krümm nous parle d'accordéon. Erudition, analyse et anecdotes de première main. Des partitions circulent.
En fait, l'aspect graphique me fascine. Je pense à certains dessins de Paul Klee.

12 h 30. Le trio répète encore alors que les premiers convives arrivés au foyer municipal attaquent l'apéro.

15 h 50. Le trio est déjà bien engagé dans son concert et l'on sent d'évidence que ce sera de très haut niveau.

15 h 55. " Chauffe Michel !"



16 h 15.






16 h 40.




17 h 12. On voudrait que ça dure et que ça dure encore...




17 h 20. Un dernier salut ? Non ! Juste une fausse sortie avant le rappel et "Indifférence". Le bonheur, quoi !









lundi 18 mai 2009

lundi 18 mai - mémento

Samedi matin. Exploration du fonds de cds de la médiathèque d’Este, banlieue ouest de Pau. La médiathèque est située à flanc de coteau, tournée vers le sud. Depuis la terrasse à ciel ouvert, le regard va de gauche à droite du Pic du Midi de Bigorre étincelant aux contreforts des sommets du Pays Basque. Et au-delà, il se perd vers une Espagne imaginaire. Les disques d’accordéon ne sont pas légion, mais faute d’accordéon je suis bien content de trouver deux albums de bandonéon, que je connaissais, mais que je n’avais pas encore eu l’occasion d’écouter :

- « Persecuta & Biyuya », Astor Piazzolla, The Piazzolla Collection 1974-79, vol. 3+4. “Persecuta” 1977, “Biyuya” 1979. 1990, Tropical Music.

- “Orquesta Tanguedia / In Bocca al Lupo” (2cds), 2005, Wild Boar Music



Dimanche. Départ de Pau à 9 heures. Arrivée à Luxey, à environ 130 kilomètres au Nord, au cœur des Landes hachées par la tempête de fin janvier, un peu avant 11 heures. On se gare au premier carrefour rencontré dans le village. Sur le trottoir, devant une maison aux volets clos, cinq patriarches philosophent. Je leur demande de bien vouloir m’indiquer le lieu du concert. Pour l’un, il faut continuer tout droit et tourner à la première route à gauche. Pour un autre, il faut partir par la gauche puis tourner à la première route à droite. Une discussion s’engage et me laisse dans le doute car je ne veux vexer personne en m’engageant sur l’une ou l’autre voie. Finalement, le pépé dialecticien me tire d’affaire : peu importe, selon lui, de partir par la droite ou par la gauche, il me suffit de me diriger d’après le château d’eau et l’antenne des pompiers, tout à côté. Comme la salle est à moins de cinquante mètres, je pars sans trop d’inquiétude. Au programme de la journée :


- 10h00, maison des associations, « Tchatche », animée par Philippe Krümm sur l’histoire et l’actualité de l’accordéon. Des amateurs d’accordéons sont là avec café et viennoiseries. L’animateur parle et on l’écoute avec plaisir. Je reconnais les qualités qu’il manifeste dans son blog. En dernière partie, quelques témoignages d’ancêtres toujours verts malgré leurs quatre-vingts ans largement passés et d’autres témoignages pleins de simplicité et de générosité de la jeune génération : Jean-Luc Amestoy, Michel Macias et Philippe de Ezcurra.


- Vers 11h30, visionnement d’un film sur Noël Bordessoules, accordéoniste, métayer et gemmeur. Un moment délicieux. Un vrai travail d’ethnologie empathique. Noël Bordessoules en personne assiste à la projection de ce documentaire. En toute simplicité. Le récit de ses retours de bal, dans la nuit noire, sur des chemins forestiers sablonneux, est un pur délice. Je me rends compte, en lisant le sous-titrage, que les paroles des morceaux qu’il exécute de manière encore assez leste, sont plutôt grivoises. Il faut dire que beaucoup de ces bals étaient des mariages. Les paroles devaient avoir quelque fonction initiatique.




- 12h30, foyer municipal, repas. Quand on arrive, le trio répète encore sur scène. Je garde de ce repas le très bon souvenir d'un moment de convivialité. Françoise y a retrouvé une condisciple de ses années d'études à Bordeaux ; elles ont découvert qu'elles étaient originaires de Dax. Tout cela remonte à plus de cinquante ans. Mais la durée importe peu ici. Nous avons découvert aussi que l'un de nos voisins de table étaient le fils d'un collègue de mon beau-père à Dax, il y a... Mais peu importe la durée. Tous ces gens ont en commun la passion ou au moins le goût de l'accordéon. Comme auditeurs, comme nous, comme amateurs pratiquants ou pour quelqu'autre raison. Tout cela fait une tribu animée par des motivations diverses, mais nonobstant cette diversité fort homogène et solidaire. A côté de nous, un couple de Bordelais, sympathiques. "Jouer une valse musette, c'est le pied, dit mon voisin". Il est surpris que je déclare ne pas apprécier le musette, mais quand je lui explique que c'est le "musette dents blanches" et "concours de vitesse" qui ne me plait pas, il est rassuré. Chemin faisant, nous nous découvrons des connaissances communes. La proportion d'enseignants autour de notre table doit être proche de 100 %. Comme quoi, quand je dis que je ne crois pas au hasard. Décidément, le monde est petit, surtout quand inconsciemment on se regroupe, pour ne pas dire que l'on se classe, par styles ! Notre conversation nous prépare à partager notre enthousiasme pour le concert qui suit le déjeuner. C'est pour ça aussi que j'aime l'accordéon.

- 14h30. Café-concert pendant que les bénévoles plient les tables du déjeuner et installent les chaises. Comme tout au long de la journée, l’équipe « Daqui » est là, animant les différents moments avec discrétion et efficacité. Comme d’habitude. Comme d’habitude, on a toujours le même plaisir de les rencontrer et de les saluer. Le concert rassemble des anciens, quelques accordéonistes de la région et les membres du trio, qui semblent toujours aussi heureux de se retrouver en telle compagnie. Cette attitude ne contribue pas peu à les rendre sympathiques.


- 15h30-17h30, concert. Le trio est de plus en plus magnifique. Je me permets, après le concert, alors que les trois musiciens discutent avec de petits groupes, qui se forment, se défont et se reforment au gré de l’humeur de chacun, de dire à Michel Macias qu’à mon sens il vieillit de mieux en mieux. Et il est vrai que de concert en concert, le trio, comme le bon vin, se bonifie. Le concert est magnifique, avec une complicité exceptionnelle entre les trois. Parmi tous ces morceaux qui déclenchent notre enthousiasme, je retiens une composition de Philippe, « Iris », son interprétation de la « Pavane » et d’une pièce classique ; je retiens l’énergie de Michel, quelque chose de cajun des Landes, ses attitudes de poète inspiré, sous l’emprise du duende ; je retiens la fausse nonchalance de Jean-Luc, sa manière unique de caresser les touches-piano de son accordéon. Tout chez lui est discrétion ; tout est présence. J'allais oublier : le rappel ! Le trio interprète "Indifférence". A la fin, on se lève pour applaudir. On se promet de se retrouver à la première occasion. A la fin du concert, Michel Macias rappelle que le festival de Trentels commence jeudi avec Philippe. Retour à Pau vers 20h. On rencontre la pluie à dix kilomètres. On met un petit coup de chauffage, car le fond de l’air est humide.































Lundi. 13 heures. Un bruit de volet de boite à lettres. « Olivier Manoury Quartet / Live at the New Morning ». Un DVD dont j’avais lu une chronique excellente dans l’un des derniers numéros de “Télérama”. Comme quoi, tout est possible : les chroniqueurs de cette docte institution découvrent l’existence du bandonéon. Bientôt peut-être l’accordéon ? Attendons encore un peu, car ce dernier est plus populaire que le bandonéon, finalement assez snob et pas popu du tout.