vendredi 29 mai 2009

dimanche 31 mai - perrone à pau

Il y a quelques jours, nous avions noté cette information :"Jeudi 28 mai à 20h30, médiathèque d'Este à Billères, projection du film Journal d'une jeune fille perdue de G.W. Pabst dans le cadre du festival d'Anères. Film accompagné par Marc Perrone à l'accordéon". Ce festival a la double particularité d'une part d'être consacré au cinéma muet et à son accompagnement musical, d'autre part d'être implanté en milieu rural, en l'occurrence une vallée des Hautes Pyrénées.

Nous admirons Marc Perrone depuis longtemps; nous avons tous ses disques, mais nous n'avions jamais eu l'occasion de le voir et de l'entendre en vrai. Le concert étant prévu à 20h30, fidèles à notre habitude, je devrais dire notre stratégie, nous arrivons sur la terrasse de la médiathèque à 20h tapantes. Profitant de la douceur du jour déclinant et de la situation de la terrasse ouvrant sur la chaine des Pyrénées, Marc Perrone s'est installé pour casser une petite croûte. Marie-Odile Chantran a apporté des pizzas et une bouteille de rouge. Il sait bien que les gens ne vont pas arriver en avance, ni même à l'heure pour le concert (le quart d'heure béarnais), il se donne le temps d'apprécier ce moment tout en discutant avec quelques amis. Après le café, l'un des responsables de la médiathèque ouvre les portes à une trentaine de personnes.

20h05.
20h10.
20h57. Une salle petite, mais agréable. Sur un écran, des images en boucle du film. Marc Perrone s'installe. A côté de lui son ange gardien : Marie-Odile Chantran. Quelques notes pour se chauffer.
20h58. Il entre dans son monde.

20h58. Un bonjour lumineux et plein de bonté aux gens qui se sont installés. On attend quelques fumeurs qui tirent une dernière bouffée sur la terrasse.

20h58. Concentration.


20h59. Dois-je le dire, je suis touché par cette attitude de Marc Perrone : fragile, déterminé et presque facétieux. Sympathique !



20h59. Le film se deéroule. Marc Perrone a disparu dans le noir au pied de l'écran. Il improvise. Il installe un monde de rêverie et d'imagination. Parfois, il colle aux images ; parfois il propose une lecture du récit défilant sous nos yeux. Une petite musique. Petite, parce que discrète et sans effets de manche, mais pleine de charme. A plusieurs reprises, il me semble reconnaître quelques mesures de "la marche de Victor Baton", qui sont comme un leitmotiv ou un fil rouge.


22h51. "End". La lumière revient. On sent que Marc Perrone est heureux, détendu et fatigué, mais soucieux d'échanger encore avec le public. On parle à bâtons rompus de la musique de films, de sa manière d'improviser sur des images, de son admiration pour Renoir ou pour Hitchcock. Je regrette un peu de n'avoir pas apporté nos cds, je crois qu'il aurait aimé les signer et en parler avec nous.


22h52. Dans quelques minutes, il faudra quitter les lieux, car la salle sera automatiquement mise sous alarme. On s'attarde encore un peu, pour le plaisir d'échanger encore quelques mots.


De cette soirée, je garde deux impressions : d'abord la confirmation du talent particulier de Marc Perrone, talent manifeste dans ses disques, mais à l'occasion de cette séance éprouvé sur le vif. Ensuite, la confirmation que c'est un type formidable. J'ai envie de dire : un humaniste. En d'autres temps, à son sujet, j'avais parlé de sa gentillesse. Je crois le mot juste. Souvent, l'idéologie dominante a tendance à concevoir la gentillesse comme une attitude faible (rien ne vaut que la lutte de chacun contre tous). A mon sens, c'est une erreur profonde. La gentillesse, comme attitude de don libre et volontaire, comme attitude d'attention vraie aux autres, est tout au contraire le signe manifeste d'une force de caractère, d'une force d'âme exceptionnelle. Marc Perrone est un type gentil.








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