Après plusieurs écoutes des deux disques de "
New Jazz Musette", le moment m'a semblé venu de fixer quelque peu mon attention en notant mes impressions telles qu'elles me viennent à l'esprit. sans chercher ni à les analyser, ni à les ordonner. Notes au fil de l'écoute... J'en profite pour noter aussi les durées des différents morceaux.
- Cd1.
1.-
"A French Touch", 3:29. Je pense à "
Indifférence", le summum du musette. La valse absolue.
2.- "
Billie". 5:25. Une ballade empreinte de gravité. Une conversation pleine de nostalgie. La guitare de Sylvain Luc. Le jazz pour échanger des pensées amicales et complices. A la tombée du jour. Au début de la nuit.
3.-
"Coloriage". 5:20. Allez ! On y va ! Tambour battant ! L'avenir nous appartient. La guitare de Sylvain Luc.
4.-
"Nice blues". 4:12. L'intro d'André Ceccarelli et Sylvain Luc. Un jazz méditatif. Comme l'indique le titre, c'est bien de blues qu'il s'agit.
5.- "
Ballade pour Marion". 6:52. Une ballade. Un zeste de sérénité. A mi-voix. Ambiance club. A pas feutrés. Chuchotements au crépuscule.
6.- "
Fou rire". 4:12. Rupture de ton entre 6 et 5. A nouveau, une sorte d'élan comme dans le passage de 3 par rapport à 2.
7.- "
Giselle". 5:02. A nouveau, un ton intimiste, méditatif. Une contribution à l'art délicat de la conversation. Encore de la confidence dans un climat de complicité.
8.- "
Laurita". 4:31. Une promenade. Ph. Aerts donne le ton. Tout va bien. On est insouciant. On a envie d'esquisser trois pas de danse.
9.- "
Love Day". 6:04. Flux et reflux. Méditation. Un moment de paix fragile : il faut profiter de ces moments de calme. Equilibre fragile.
Au terme de cette prise de notes à la volée à l'écoute du cd1, deux réflexions plutôt synthétiques :
- Je me posais dans mon précédent article la question du principe d'organisation des différents titres. Il me semble maintenant qu'un principe possible apparait qui pourrait être une alternance entre des morceaux plutôt extravertis et d'autres plus méditatifs. Deux aspects du jazz.
- D'autre part, je sens bien cette évidence que lorsqu'un des membres du quartet se manifeste, si j'ose dire, au premier plan, il se passe toujours quelque chose, on attend qu'il se passe quelque chose. Tout de suite, l'attention est sur le qui vive... Et cette attention n'est jamais déçue...
- Cd2.
1.- "
Waltz for Nicky". 3:33. Une valse joueuse, une valse joyeuse. Du jazz comme je l'aime. Une tension constante sans crispation. Un bout de chemin entre amis.
2.- "
Ten Years Ago". 3:27. Méditatif. Introverti. Tout en finesse. Un temps qui s'étire.
3.- "
Tango pour Claude". 4:06. Sans violence. Tout en nuances, une interprétation que je n'avais jamais entendue. Une respiration apaisée.
4.-
"Viaggio". 5:14. La pureté du son. Comme le dit Françoise :"Tout est maitrisé". Quelle batterie ! Quelle guitare ! quelle contrebasse ! Mais cela, on pourrait le dire à chaque titre. A partir de là, en tout cas, quelle liberté pour Richard Galliano !
5.-
"Lili". 3:29. Un seul mot : sentimental ! Et justement, "
Lili" est le dernier morceau de l'album "
Sentimentale". Ce n'est pas un effet du hasard.
6.- "
Beritwaltz". 5:05. Je pense à "
Indifférence". Une certaine respiration ; une certaine structure. Qui donc m'évoquent la sublime "
Indifférence".
7.- "
Spleen". 4:13. Evidemment, un morceau de type introverti. quasi confidentiel. Une interprétation tout en nuances et, si j'ose dire, discrétion. De la finesse !
8.- "
Azul Tango". 3:58. A nouveau, une mélodie extravertie. Un morceau sous tension contrôlée.
9.- "
Aurore". 5:14. Un dernier morceau comme une ouverture vers un monde nouveau. Un morceau plein de promesses. Une atmosphère de sérénité. Comme l'aurait dit un romancier :"La vie devant soi".
Au passage, je note que ce dernier titre :"
Aurore" est le numéro 1 de l'album "
Love Day" de même que le dernier titre du cd1 : "
Love Day" est tiré de ce même album, dont il est le morceau n° 6.
Avant de mettre un point final, deux réflexions :
- J'observe, sans faire une recherche approfondie dans la discographie de Richard Galliano, que certains albums sont pour ainsi dire surreprésentés en ce qui concerne la présence de morceaux qui figureront plus tard sur le disque "
New Jazz Musette". Ce sont d'une part "
Coloriage" de 1992 et, d'autre part, "
Viaggio" de 1993/1999. Dans le premier figurent "
Beritwaltz", "Spleen", "Viaggio", "
Giselle", "Coloriage" et "
Ballade pour Marion" ; dans le second, figurent "
Waltz for Nicky", "
Viaggio", "Billie", "Tango pour Claude"et "
Coloriage".
- Au terme de ce temps d'écoute et, chemin faisant, de notes prises sur le vif, je m'interroge et me demande en quoi l'on peut à bon droit qualifier cet album de new jazz musette. Pour ce qui est du musette, c'est clair, il s'agit d'une racine primordiale de l'accordéon de Richard Galliano, une source vitale dépassée au fil du temps et de ses influences multiples. Par exemple, la valse. Mais en quoi peut-on parler de jazz ? En quoi cette musique peut-elle être qualifiée de jazz ? Après réflexion, il me semble qu'elle ne doit pas être qualifiée ainsi eu égard à son respect de quelques canons esthétiques, mais tout simplement parce que chaque morceau est identifié par la signature que Richard Galliano imprime à ses compositions et interprétation. C'est du jazz parce que c'est du "Galliano", cuvée Prestige... et qu'on ne peut s'y tromper.