http://francoise-rebinguet.blogspot.com/Françoise m'a invité à participer à une "chaîne de moral" en citant trois "choses" qui "me sapent le moral" puis trois autres qui me le "remontent". Le jeu m'a amusé et même plus que cela, car tout me porte à croire qu'il n'est pas si anodin qu'il y parait.
Trois "choses" qui me sapent le moral ?
- d'abord, l'impérialisme de la "communication", autre nom de la sophistique, c'est-à-dire cet art du discours qui ne cherche pas la vérité ni l'objectivité, mais qui a pour seul but l'efficacité et la satisfaction d'intérêts égoïstes, sous diverses apparences hypocrites. Ce qui me déprime le plus, c'est le degré de sophistication de cet art et l'audience qui lui est offerte par le biais des media.
- ensuite, le constat, jour après jour, que les gens qui sont censés être au service de leurs concitoyens sont pour la plupart d'abord soucieux de se servir eux-mêmes. J'enrage de voir ces élus de la nation, d'une avidité sans fond, venir nous expliquer que leur comportement n'a rien d'illégal. Et c'est vrai, mais justement ce qui me choque, c'est leur habileté à interpréter les textes pour en tirer tous les avantages possibles... en toute légalité, en toute impunité légale.
- enfin, les visites que je fais à mes parents en leur maison de retraite. Ma mère, clouée sur un fauteuil roulant, mon père qui se plaint en permanence de douleurs au ventre. J'ai compris en les observant et en passant du temps avec eux que l'autonomie commence avec la possibilté de manger, de boire, de pisser et de déféquer sans l'aide d'un tiers. Et cette observation est pour moi une vraie souffrance, un clou dans mon moral.
Mais il y a aussi des "choses" qui me remontent l'ascenseur moral... J'en note trois ici.
- la présence de Charlotte et de Camille, le bonheur de les retrouver, de discuter de leur vie, d'aller acheter des fringues, le bonheur de les écouter faire des phrases dont je ne les imaginais pas capables. Le développement de leur langage, leur développemen tout court : un mystère qui m'enchante. Et puis, Charlotte solo avec tous les adultes de sa chorale qui l'entourent admiratifs. Et puis Camille à l'imagination industrieuse. Sans oublier "les petits", Nadja et Sébastien, leurs parents. Et tout ce monde, comme poissons dans l'eau, à Hossegor, "la maison de famille".
- les concerts d'accordéon. J'entends par là la recherche de ces concerts sur internet, la location, la route, l'arrivée sur les lieux, la reconnaissance de la salle, l'attente, le concert lui-même, les rencontres avec des musiciens, le retour. Et accompagnant tous ces moments nos discussions, nos échanges avec Françoise, notre complicité et notre compréhension réciproque à demi-mots. Si notre goût des concerts est assez récent, notre co-existence dure maintenant depuis plus de quarante-sept ans, les concerts n'en sont qu'une manifestation, et cette durée suffirait à me donner un moral d'acier, car même si elle dépend essentiellement de notre volonté, c'est une chance inestimable.
- enfin, ce qui me remonte le moral, c'est une certaine manière, que je cultive, de regarder le monde. Une certaine attention à la qualité esthétique des choses, indépendamment de leur valeur monétaire, de leur utilité, de leur fonctionnalité ou que sais-je encore... Une certaine façon de reconnaitre, d'identifier, de découper dans le flux du réel ce que j'appelle des objets d'art aléatoires, toutes choses qui n'on pas été faites dans une intention artistique, mais que, moi, par mon intention esthétique, je reconnais comme objets d'art. Du coup, le monde est beaucoup plus beau qu'on ne pourrait le penser et c'est un vrai bonheur.
Voilà ! A l'instigation de Françoise, j'ai fait mon petit exercice avec grand plaisir. Il ne me reste plus, à mon tour, qu'à solliciter quelqu'un pour prendre le relais...