mercredi 9 juin 2010

jeudi 10 juin - connaissances et expérience

Je relis un article paru à l'occasion de la sortie du Bach de Richard Galliano sur le site ConcertoNet.com - The Classical Music Network -. Auteur : Simon Corley. Publié le 05.04.2010.

http://www.concertonet.com/
http://www.concertonet.com/scripts/cd.php?ID_cd=1904 [lien direct vers l'article]


Un article, sous forme de note critique, bien documenté, synthétique, intéressant. Clair dans ses prises de positions et bien argumenté. Un article qui me donne à réfléchir à double titre :

- l'auteur de l'article écrit au paragraphe 2 que si un reproche peut être adressé à Galliano ce n'est pas son irrévérence à l'égard de "Dieu le Père", mais plutôt son excès de respect, son disque "n'apportant rien de bien neuf sur cette musique". Il cite Galliano se demandant "comment réaliser une nouvelle version [...] après les merveilleux enregistrements produits par les plus grands interprètes tels que Glenn Gould, Pablo Casals, Isaac Stern.. ?". Et il commente :"De fait, il n'a pas pleinement répondu à la question", sans doute par excès de prudence et de sagesse. Sauf dans l'ultime morceau : l'"Aria" composé par Galliano lui-même, "où il retrouve souplesse et liberté.

- au paragraphe 3, l'auteur écrit que "cela étant, sa performance n'en demeure pas moins remarquable". Et il argumente : d'abord, parce que Galliano "sait tirer parti de son instrument" se substituant à divers instruments ; ensuite, parce que certains arrangements sont inattendus ; enfin, parce que "l'écoute du Contrapunctus I de l'Art de la fugue, oeuvre pour laquelle Bach n'a pas donné de précision explicite quant au x instruments requis, mettra tout le monde d'accord : [...] Galliano est un grand musicien".

Première réflexion : le paragraphe 3 a pour ligne directrice que Galliano "sait tirer parti de son instrument" alors même que le paragraphe 2 lui faisait reproche de trop de respect pour les oeuvres interprétées, d'un excès de prudence et de sagesse. Or, il me semble que Galliano ne prétend pas faire autre chose que tirer parti de son instrument quand il écrit que l'accordéon et le bandonéon sont "à peu près seuls aujourd'hui à proposer, d'un point de vue instrumental pur, un éclairage et un sang nouveau à toute l'oeuvre de Jean-Sébastien Bach". Il ne prétend pas faire autre chose et, d'après l'auteur de l'article lui-même, il y réussit. En ce sens au moins, Galliano apporte donc quelque chose de nouveau à l'écoute de Bach. au moins "un sang nouveau" et donc un son nouveau. L'accordina, par exemple, en st la preuve.

Seconde réflexion : au paragraphe 2, l'auteur de l'article, reprenant la question de Galliano sur la difficulté, voire la quasi impossibilité, de proposer une nouvelle version des oeuvres de Bach après les enregistrements des plus grands interprètes, l'auteur donc écrit qu'en effet il n'a pas répondu à la question. Rien de nouveau donc, rien qui n'ait déjà été entendu. Et c'est cette idée qui me donne le plus à réfléchir par rapport à ma propre écoute. S'il peut écrire une telle assertion, c'est que l'auteur de l'article a écouté tous les grands interprètes de Bach, qu'il est un professionnel de cette écoute, que sans doute il est payé pour cela et qu'il s'adresse à des lecteurs qui ont une expérience analogue à la sienne. Mais, moi, j'ai écouté Glenn Gould, qui m'a fasciné, j'ai écouté Casals, qui m'a étonné, et c'est à peu près tout... Du coup, les propositions de Galliano m'apparaissent nouvelles alors que peut-être pour un spécialiste de Bach elles ne le sont pas.

Il n'est certes pas question pour moi de mettre en cause le jugement de l'auteur de l'article, d'autant plus, je l'ai dit, qu'il est fort bien documenté et argumenté, mais j'en conclus que parfois les connaissances, le savoir, peuvent faire obstacle au plaisir. Parce que mon expérience, au sens expérientiel et non expérimental du terme, est fragmentaire, limitée, incomplète, j'ai trouvé, en toute naïveté, un plaisir à l'écoute de de Bach qu'une connaissance plus approfondie d'autres enregistrements de référence m'auraient empêché d'éprouver.

Pour autant, loin de moi l'idée de faire l'éloge et l'apologie de l'inculture. La culture permet en effet d'accèder à des plaisirs plus complexes, plus sophistiqués, mais sont-ils plus intenses et plus profonds pour autant. Il faut que j'y réfléchisse encore un peu.

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