lundi 7 juin 2010

mardi 8 juin - marcel azzola à saint-loubès : sept photonotes

En cette soirée du samedi 5 juin, à la Coupole, à Saint-Loubès, j'étais impatient et, dois-je le dire, ému d'écouter pour la première fois Marcel Azzola sur une scène, en direct. D'abord, le quartet de Dany Doriz a joué "Double Scotch". Une chaise était vide. Pas d'accordéon à côté. Pourtant, c'était sûr, c'était bien le siège qui lui était destiné. Mais, cependant, une inquiétude :"Combien vont-ils jouer de morceaux avant qu'il ne se joigne au quartet ?"

En fait, dès la fin du premier morceau, il apparait, vêtu d'un costume gris ; il n'est pas très grand ; il est plutôt massif ; il avance d'un pas décidé, mais lent. Il tient son accordéon serré contre sa poitrine. Ses cheveux sont coiffés avec soin. Il sourit ; il cligne des yeux ; il s'asseoit et répond avec une certaine malice aux propos de Dany Doriz. Ce sont des complices de longue date. Ils se comprennent à demi-mots. Et même sans paroles. J'attends les premières notes avec impatience et presque de l'anxiété.

Il est 21h30. 21h34. Je commence une série de photographies, une cinquantaine au total. La lumière varie, mais la posture de Marcel Azzola est très stable. Au fil des morceaux, il me sera de plus en plus facile de prévoir ses attitudes et de contrôler mes cadrages. Ici, je suis frappé par cette moue, qui lui est familère : il fronce les sourcils et plisse les paupières.


21h47. L'espace de ses mouvements est très réduit. Je suis frappé, en observant ses mains, de voir à quel point ses doigts restent proches les uns des autres, presque collés. Je l'ai déjà dit, mais ici encore j'ai cette même impression de caresses sur les boutons. Il frôle le clavier. Mais, malgré cette légèreté, rien de mièvre ou de douceureux. C'est tout le contraire. Une vivacité contrôlée. Je ne sais si je donne au mot swing le sens qui lui convient, mais à plusieurs reprises, c'est celui qui me vient à l'esprit pour désigner ce que je ressens.


22h19. Partition oblige, acuité visuelle oblige : il est temps de mettre les lunettes. Du coup, le visage de Marcel Azzola se décrispe et se détend. Le sourire est revenu.


23h02. Il aurait dû garder ses lunettes. La tension est là.




23h06. Expérience concluante. Avec les lunettes, revient la sérénité. Et toujours cette allure des mains avec un empan limité. Impression de maîtrise majuscule.




23h23. Marcel solo. Quelques mots pour rappeler l'origine de l'expression de Brel, "Chauffe Marcel", un choix de chansons enchaînées comme un passage obligé. Et là-haut un seul projecteur.



A la fin du concert, Marcel Azzola vient dans le fumoir de la Coupole pour dédicacer les disques que les gens viennent d'acheter. Il me signe "Jazzola / Marcel Azzola - Dany Doriz", 1999, Night and Day, disque que j'ignorais et qui était en vente. Je lui demande de bien vouloir me signer aussi "Musique à la mode / Marcel Azzola - Lina Bossatti", 1993 & 2003, Universal Music France, disque que j'avais emporté avec moi. Du coup, on parle un peu de cet album, qu'il aime beaucoup.
Je note, pendant ce bref entretien, sa courtoisie et sa disponibilité. Son comportement manifeste pour moi un sens professionnel très profond et, je l'avoue, cela me touche. Si le mot respect n'était pas si galvaudé, je dirais que son respect de ses auditeurs le rend éminemment respectable.





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