vendredi 4 juin 2010

dimanche 6 juin - passage à 5 / passage à 6

- "Soledad - del Diablo", 2003 EMI / Virgin Classics.

- "Soledad [Feat. Philip Catherine] plays the music of Frédéric Devreese - Passage", 2006 Soledad Productions / EMI Music Belgium.



Après plusieurs écoutes de "Passage", en suivant l'ordre des titres, puis à rebours, et enfin de manière sélective en vue de rapprocher et de comparer tel et tel morceau, l'envie m'est venue d'écouter les deux version de "Passage", qui se trouvent dans l'un et l'autre des deux albums.

Le livret de "del Diablo" où se trouve la création par Soledad de la composition de F. Devreese rappelle que, d'après le Grand Larousse, l'un des sens de "passage" est un "trait improvisé ou écrit, intégré dans une phrase musicale, destiné à embellir la mélodie ou a provoquer la virtuosité de l'exécutant". En l'occurrence, j'ai l'impression que l'on pourrait dire que les passages en question, puisqu'il s'agit de "Passage à 5", sont destinés à provoquer la virtuosité des membres du quintet et à sublimer la créativité du compositeur. Virtuosité et créativité comme les deux faces d'un Janus, quintet et compositeur indissociables.

Je note quelques différences entre les deux versions, tant en ce qui concerne les durées des morceaux que la composition du quintet :

- version "del Diablo", 2003 :
- introduction, thème et variations I & II, 4:07
- variations III & IV, 3:48
- finale (en fait, variation V), 2:18

- Manu Comté, accordéon, Nicolas Stevens, violon, Alexander Gurning, piano, Patrick de Schuyter, guitare, Philippe Cormann, contrebasse.

- version "Passage", 2006 :
- introduction, thème et variations I & II, 6:16
- variations III & IV, 5:24
- finale, 2:17

- Manu Comté, accordéon, Jean-Frédéric Molard, violon, Alexander Gurning, piano, Patrick de Schuyter, guitare, Pascal Smets, contrebasse.

La différence de durée des variations I à IV est considérable puisque les versions de "Passage" sont 1,5 fois plus longues que les interprétations de "del Diablo", c'est-à-dire de la création. De même, on peut noter que deux membres sur les cinq ont changé, ce qui est également considérable.

Mais en fait, il faut surtout noter cette différence essentielle entre les deux versions, à savoir qu'il s'agit de "Passage à 5" dans l'interprétation princeps, alors qu'il s'agit dans le second album de "Passage à 6", Philip Catherine rejoignant le quintet pour y ajouter ses improvisations.

Eh bien, curieusement, si j'ai en effet été sensible à l'apport de Philip Catherine et à ses dialogues avec la contrebasse, je dois dire que je n'ai pas senti de différence de style entre les deux versions. De même, et cela m'étonne, je n'ai pas vraiment éprouvé la différence de durées entre les variations de "del Diablo" et de "Passage". Comme si, pris par la musique, ses envolées et ses ruptures, j'avais perdu la notion du temps. Tout de même, j'ai bien ressenti la différence quant à la durée induite par l'intervention de Philip Catherine. Sa présence modifie profondément la version initiale en lui ajoutant une autre dimension.

Mais, alors que mon attention était orientée par la recherche de différences entre les deux disques, tout à coup me sont venues à l'esprit des images visuelles : comme des nappes de brouillard ou de brume légère s'effilochant sous les coups d'un vent tournoyant. A certains moments, cette nébulosité se déchire et le ciel apparait, bleu, brutal, avec un soleil éclatant, dur au regard. Et puis, tout aussitôt, à nouveau brume et brouillard. Quelque chose comme la chevauchée du roi des aulnes. Cette image était tellement forte et prégnante que je n'ai pu m'en libérer. Elle accompagnait mon écoute de l'une et l'autre version. C'est comme si j'avais assisté à un film avec deux variantes musicales. Etrange expérience !

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