Le duo Binaka, c'est Philippe de Ezcurra, accordéon, Marina Beheretche, violon. Il y a déjà plusieurs semaines, Philippe nous avait annoncé leur duo. Il y avait si longtemps que nous ne l'avions écouté en
direct live, pas question de manquer cet événement alors que nous sommes actuellement à Hossegor, c'est-à-dire à trois quart d'heure du village de Souraïde, à quelques kilomètres au sud de Bayonne. De cette soirée, on attendait le meilleur, monts et merveilles, si l'on peut dire. Eh bien, ce moment a dépassé nos espérances. Un lieu magique, un programme original, deux instrumentistes de grande maîtrise, au-delà de la simple virtuosité. La virtuosité en effet connote le plus souvent une dextérité formelle, un niveau de pure performance. Ici, on est dans un autre monde où la virtuosité est entièrement au service de la création d'émotions. Du coup, une soirée exceptionnelle... Avec, en prime, quelques mots pleins d'amitié échangés avec Philippe, avant le concert et après... pour lui dire notre admiration. Retour à Hossegor autour de vingt-trois heures, sur notre petit nuage.
Le programme suffit à donner une bonne idée de l'esprit du concert. Qu'on en juge !
- Cinq titres tirés de "Diez melodias vascas" de Jésus Guridi
- "La Follia" d'Arcangelo Corelli
- Six "Danses roumaines" de Béla Bartok
- "Fratres" d'Arvo Pärt
- "Danse macabre" de Camille Saint-Saëns
- "Pavane pour une infante défunte" de Maurice Ravel
- "Tango pour Claude" de Richard Galliano
Un programme en soi intéressant ; un programme que l'on peut dire à la fois classique par les œuvres choisies et très moderne par son interprétation avec des arrangements originaux. Mais aussi un programme qui nous convient particulièrement avec un choix d'œuvres que pour une part nous connaissons et que pour une part nous découvrons. Découverte : les pièces de J. Guridi, de Corelli, d'A. Pärt ; interprétations originales d'œuvres connues déjà de nous : les danses roumaines de Bartók, la danse macabre, la pavane et, forcément, le tango pour Claude de Galliano...
Et, pour réaliser ce programme, deux artistes qui savent transmettre leur émotion esthétique. Le violon de Marina étonnant de force, de précision et de prises de risques. Quelle énergie et quel talent !Quant à Philippe, son accordéon est unique. Jusqu'à sa posture qui nous transmet ses émotions. Un style plein de générosité, de volonté de partager toutes ces pièces.
Le concert s'achève sur trois rappels dont le dernier - forcément - est un fandango de Philippe lui-même. Quoi rêver de mieux avant de se quitter ?
Et puis, juste avant de partir, on avise sur une petite table un cd dont nous avions oublié l'existence : "
Ezcurra Trio / Zuretza For You". Le temps de l'acheter et déjà on l'écoute sur le chemin du retour à Hossegor. J'y reviendrai mais d'ores et déjà on note que tous les neuf morceaux sont des compositions de Philippe lui-même. Le trio est le suivant : accordéon, guitare, contrebasse avec, me semble-t-il, des voix. Un style tout en retenue et en demi-teinte. En tout cas, attachant.
Pour garder traces de ce concert qui nous a enchantés, j'ai sélectionné ci-dessous neuf photographies :
- une image de l'église de Souraïde insérée au cœur même du village en rouge et blanc...
- une image de l'intérieur avec sa voute, son chœur et ses balcons impressionnants
- deux images du duo prises en début et en fin du concert : on pourrait croire que c'est la même.
- comment mieux dire l'attention extrême de Philippe à Marina ?
-... et son attention aux partitions
- ... et sa concentration
- jusqu'à une intériorité qui se lit immédiatement sur son visage et qui nous fait partager son émotion
- une dernière image que je choisis parce qu'elle signifie pour moi le calme apparent de Philippe et sa maîtrise à fleur de peau...