Cette année encore, Camille, Charlotte, Françoise et moi, nous avons eu le bonheur d'assister aux cinq concerts du festival "Accordéons-nous" de Trentels. Cinq concerts : le premier, le jeudi 25 mai, en l'église de Ladignac, puis deux le vendredi 26 à la salle des fêtes de Trentels et deux encore le samedi 27, dans le même lieu.
Cette année, c'était la quatorzième édition de ce festival. Quant à nous, Françoise et moi, c'est en 2006 que nous avons découvert Trentels. Quant à Camille et Charlotte, c'est depuis plus de cinq années un rituel incontournable. Ne pas aller à Trentels pour l'Ascension est impensable. Et, forcément, c'est un vrai bonheur de les voir prendre autant de plaisir à chacun de ces concerts.
Je n'ai plus le souvenir dans le détail des articles que j'ai pu consacrer à ce festival. D'autre part, j'ai comme principe de ne pas relire ce que j'ai pu écrire à l'occasion d'un concert ou de l'audition d'un cd. Mais, peu importe, car je sais de manière certaine que j'ai toujours eu la plus grande admiration pour le dit festival. Un choix d'artistes on ne peut plus judicieux et on ne peut plus équilibré entre des musiciens reconnus et des musiciens en devenir ; une organisation sans failles ni défauts ; une présence discrète et efficace des bénévoles... Et, évidemment, le rôle et la présence d'Anne-Marie... Je pourrais compléter cette liste pas maintes autres qualités, mais à quoi bon : il me suffit de dire que, pour moi, Trentels, année après année, c'est parfait. On pourrait, en cherchant bien, trouver sans doute quelque défaut, que pour l'instant je ne vois pas, mais pour moi il n'y a pas de débat : c'est l'ensemble des concerts qui est parfait. J'oserais dire que ces cinq concerts sont en effet pour moi comme un système au sens où ils se font écho l'un à l'autre et que la qualité de l'ensemble sublime la qualité de chacun en tant qu'élément. Avec Jean-Luc Amestoy qui a présenté le vendredi en début d'après-midi sa thèse de musicologie sur l'auto-organisation dans l'improvisation, on pourrait, me semble-t-il, parler ici de qualité émergente pour qualifier ce processus de sublimation.
Bref ! Comme je n'ai plus à ma disposition de mots pour dire mon admiration, redoublée par celle de Françoise, de Camille et de Charlotte - je les ai tous consommés depuis 2006 - et comme je veux me donner un peu de temps pour prendre de la distance par rapport à mes impressions, je devrais dire mes sensations, tant elles sont immédiates et non réfléchies, disons pour prendre le temps de l'analyse, je m'en tiens pour l'instant à quelques "traces" captées ici ou là lors de chacun des concerts.
- Jeudi 25 mai. 21:00. Eglise de Ladignac.
Didier Laloy et Kathy Adam. Une invitation au voyage comme le suggère le nom de leur disque :"
Belem". De ces deux images, je retiens la tension de Didier Laloy, sa posture de félin, son regard de complicité avec sa partenaire. Je retiens la concentration, autre, de Kathy Adam. Et, pour le coup, leur échange de regard en fin de concert alors même que, n'y tenant plus, Didier Laloy debout arpente la scène en tous sens.
- Vendredi 26 mai - 20h30.
"Le projet Schinéar" : un trio. Li'Ang Zhao, erhu, un violon traditionnel chinois ; M. Vidal, guitare, mandole kabyle, percussions, voix ; Denis Spriet, accordéon chromatique. Un répertoire puisé dans la tradition des Balkans, du Moyen Orient et de la Chine. Mais un répertoire arrangé sous l'influence de la musique du monde contemporaine. Et une instrumentation originale. Un trio que l'on a envie de suivre, un trio "qui promet", avec un certain humour discret qui attire d'emblée la sympathie.
- Vendredi 26 mai - 22h30.
Un duo venu d'ailleurs : Nano à l'accordéon chromatique et P. Ducourtioux, percussions et batterie. Un voyage étrange : une heure de création de musique non-stop. Fascinant et émouvant. Deux fous de musique, qui nous font parcourir leur monde... Nano, le poète inspiré de l'accordéon. L'accordéon en transes.
- Samedi 27 mai - 20h30.
"Druzhba". Un autre duo, qui donne à entendre une musique raffinée et complexe sous l'apparence de la simplicité et de la jovialité. Une musique qui, d'une autre manière que le trio du projet Schinéar, sait s'approprier l'âme des musiques traditionnelles slaves. Le visage des deux interprètes dit assez leur gentillesse et leur plaisir de nous faire plaisir.
- Samedi 27 mai - 22h30.
J.-L. Machado et D. Ithursarry, un duo majuscule. La limpidité du toucher et du phrasé de J.-L. Machado au piano, la maitrise tranquille de D. Ithursarry à l'accordéon chromatique. Deux instrumentistes qui ont vu du pays et croisé du monde et qui en cet instant nous font partager leur expérience comme une évidence. Expérience que l'on peut prolonger encore et encore à l'écoute de "
Lua"... Un disque de haut vol. Du jazz que je dirais volontiers classique.
Au moment de mettre un point final provisoire à cet article - provisoire car j'ai l'intention d'y revenir d'ici peu avec quelques autres photos - je note deux fils rouges de concert en concert :
- d'une part, la présence de quatre duos sur les cinq concerts
- d'autre part, la présence de cinq instruments à cordes : violoncelle, guitare, ehru, mandole kabyle, balalaïka, dont deux occidentaux, classiques, et les trois autres venus d'autres civilisations
- enfin la présence de deux diatoniques et de trois chromatiques...
A suivre...