mercredi 13 mai 2009

mardi 12 mai - médiathèque encore

Je continue mon exploration du réseau des médiathèques de l’agglomération paloise. Et pour commencer, après « les Allées », je suis allé faire un tour à « Trait d’union ». Cette médiathèque est en effet à peu près à la même distance de notre domicile que « les Allées ». Mais leurs caractéristiques sociales sont plutôt contrastées. « Les Allées », dont j’ai dit qu’elles s’ouvrent sur un parc de grande dimension, boisé, fleuri et traversé de chemins impeccablement gravillonnés, est située dans un quartier bourgeois. Bourgeoisie de province certes, mais bourgeoisie tout de même. A quelques pas, une tour, autrefois centre de recherche de « Total », se dresse. Sa forme à la fois droite et incurvée est telle que tous les palois la désignent sous le nom de « Piano ». Elle sert d’amer pour s’orienter : « Tu vas jusqu’au piano, puis tu prends la première à droite », « On se retrouvera devant le piano », etc… Du coup, le quartier comprend un grand nombre de villas d’ingénieurs. Il faut dire que Pau est un centre mondial pour la recherche de « Total ». Cette tour, trop petite pour héberger tous les services liés à cette activité de recherche a été cédée à une école supérieure d’informatique, qui forme des ingénieurs de très haut niveau, et les chercheurs de « Total » ont investi un immense campus en bordure de l’autoroute Pau-Toulouse. D’autres bâtiments alentour ont été rénovés et dédiés à des activités hautement intellectuelles. Bref, c’est ce que j’appelle un quartier bourgeois, capable d’attirer des médecins, des avocats, des notaires et autres chefs d’entreprise. Le charme discret de la bourgeoisie paloise.

« Trait d’union » c’est autre chose. Située au cœur du quartier de l’Ousse-des-bois, ce que l’on appelle un quartier sensible. Je le traverse souvent pour aller en ville, d’autant plus que des travaux d’aménagement du boulevard de la Paix ont fait surgir à tous les carrefours des déviations qui en jalonnent la visite. C’était un quartier de tours ; petit à petit, elles ont été détruites, à deux exceptions près, pour laisser place à de petits pavillons, imbriqués les uns dans les autres et peints de couleurs pastel : rose, parme, jaune, ocre, etc… Qu’il s’agisse des tours ou des pavillons, ce ne sont que travaux de rénovation de façades : réduction des lézardes, isolation thermique, isolation phonique, encadrements de fenêtres, etc… Le centre social du Hameau est très actif ; il a été vandalisé quelques fois, mais pas trop. La MJC, idem. Elle a été reconstruite après un incendie ; elle est aujourd’hui entourée de terrains de basket. Parfois, une voiture de police traverse le quartier… Enfin, disons, contourne le quartier par ses rues périphériques. Il y a eu des incidents avec incendies de voitures à l’occasion d’un procès suite à la mort d’un jeune à l’occasion d’une altercation avec un voisin ; d’autres incidents avec incendie du commissariat suite à l’arrestation d’un jeune pour conduite sous l’emprise de cannabis. Des cars de CRS avaient stationné en bordure du quartier. Quelques cailloux. Presque rien.

Mais, bien entendu, ce n’est pas tous les jours feu d’artifice. De manière générale, une placette est occupée par des hommes en djellabas qui tiennent conciliabule, le plus souvent avec force gestes. J’imagine que les plus âgés, les anciens, ont pu faire la guerre dans l’armée française. Ils doivent avoir quelques pensions. Beaucoup, plus jeunes, ont dû travailler sur le site de Lacq. Des jeunes jouent au football ou au basket. Parfois le terrain se confond avec le bitume des rues. La circulation est un peu perturbée, mais c’est plutôt sympathique. Les femmes passent, chargées de paniers : la plupart sont voilées. Les filles sont en jeans et souvent maquillées de manière un peu provocante. Les jeunes adultes, souvent en voiture par groupes de trois ou quatre, parcourent les rues à petite vitesse. Leurs voitures sont toujours impeccables, un peu chargées de chrome à mon goût, mais ce sont de beaux engins : BMW, série 5, Mercedes, type 4x4. Un quartier sensible ordinaire. Evidemment, ma description ne vaut que pour les jours eux-mêmes ordinaires. Le vendredi, il est difficile de circuler, les trottoirs sont couverts de voitures : la mosquée est pleine de monde. Autrefois atelier d’une petite entreprise de mécanique de précision, l'espace vidé de ses machines-outils a été transformé en mosquée. Depuis lors elle ne cesse de s’agrandir. De belles tuiles vernissées vertes. Un portail immaculé rehaussé des mêmes tuiles.

Au pied des deux tours encore dressées, à côté d’un groupe scolaire, de type ZEP, évidemment, groupe scolaire qui accueille une trentaine de nationalités, un bloc comme un immense hangar. Deux murs aveugles. Une façade est occupée par quatre boutiques : un épicier-fruits-et-primeurs, un boucher hallal, un magasin de téléphonie, « la boutique de la mariée »… L’autre façade se compose d’un bistrot, comme on en rencontre au Maghreb, d’un escalier qui monte vers les studios de Radio Pau d’Ousse et d’une vaste ouverture vitrée : la médiathèque « Trait d’union ».

Le local est vaste, calme, sympathique. En parcourant les rayons de musique, j’ai le plaisir de voir que Galliano est représenté par plus de vingt titres. Autre plaisir, le cd « PAF » de Paolo Fresu, Antonello Salis et Furio Di Castri. Autre plaisir : « Cascades » de David Venitucci. Décidément, ce lieu me plait. Par groupes de deux ou trois, des gens discutent, comme s’ils préparaient une réunion. Au moment de sortir, je note l’existence d’un vaste espace de lecture pour les petits. Bien aménagé et bien pourvu.

Je dépose les cds que j’avais empruntés à la médiathèque « les Allées » et j’emprunte deux disques :
- « Gypsy Music from Bulgaria / volume 1 / Ibro Iolov – accordion - & his Gypsy Orchestra”. 2002, ARC Music Production.
- “Dino Saluzzi Group / Juan Condori”, 2006, ECM. Formation un peu étonnante : Dino Saluzzi, bandonéon, Felix “Cuchara” Saluzzi, saxophones et clarinette, José Maria Saluzzi, guitares acoustique et électrique, Matias Saluzzi, contrebasse et guitare basse, U.T. Gandhi, batterie et percussions.

Le premier disque est pour moi une révélation. Le label « gypsy » recouvre en effet une production fort disparate. Ici, l’accordéon est leader ; sa présence est claire, accompagnée de violon, guitare et darbouka. Avec quelques morceaux chantés. Ibro Lolov, un nom que j’inscris sur mes tablettes auprès de Ionica Minune ou de Roberto de Brasov et de quelques autres comme Constantin Lacatus ou Emy Dragoï.

Quant au disque de Saluzzi, c’est plutôt de confirmation qu’il s’agit. Un phrasé unique ; une manière de jouer avec les silences. Un art qui s’apparente à celui des peintres japonais : tension et fulgurance. Je suis toujours très touché par le son de Saluzzi. Autre image : pas à pas sur un fil tendu.

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