vendredi 1er mai - une musique cinématographique
En ce 1er mai, je me dis que décidément les dieux locaux de la météorologie ne sont pas favorables aux travailleurs. Alors que les radios annoncent un temps ensoleillé sur toute la France, hormis le Sud-Ouest, et des prévisions propices à des défilés nombreux puis à des ponts réparateurs, on subit depuis plusieurs jours l’assaut de grains incessants et obsédants. Une petite musique sur les tuiles comme un supplice raffiné. Tout est vert et dégoulinant. Le ciel lui-même semble imprégné de chlorophylle. Les branches du prunier plient sous le poids des gouttes. L’herbe des parcs et des champs alentours disparaît sous l’eau des mares qui se forment ici ou là. Le sol est saturé. Les allées du campus sont transformées en ruisseaux. Les bâtiments universitaires sont entourés de rizières. C’est la mousson.
Françoise, qui avait décidé – malgré tout – de se joindre au défilé, a fini par renoncer. Peut-être qu’avec une combinaison de surf… Mais avec un imperméable et un parapluie, c’est très insuffisant pour résister aux giboulées. D’autant plus que plusieurs copains, contactés par téléphone, avouent un peu contrits qu’ils sont encore au chaud dans leurs draps. La pluie est l’ennemi des révolutions. C’est sûr !
De mon côté, je suis allé chercher notre pain quotidien : deux baguettes de pain passion. J’en ai profité pour acheter quelques brins de muguet : pour « les petits », pour les filles, pour mes parents, pour la sœur de Françoise et pour nous-mêmes. Les marchands d’un jour ont installé leurs tables, les uns aux carrefours, au pied des feux tricolores, les autres devant les boulangeries, d’autres encore sur le parking vide d’un garage fermé en ce jour férié. Les intempéries les ont obligés à se protéger sous de grands parasols. Souvent par deux ou trois, ils me font penser à des oiseaux s’épaulant l’un l’autre dans leur nid. Une table pliante recouverte d’une toile cirée, deux chaises pliantes, deux parasols, « Coca-Cola » et « Ricard », des bouquets de muguets à trois, quatre ou cinq brins d’une part, des bouquets avec une rose ou un œillet d’autre part. A une heure, une heure et demie au plus tard, les étals se seront évaporés ou peut-être auront-ils fini par se diluer sur les trottoirs.
Un jour maussade donc. Un après-midi consacré à l’écoute alternée de quatre cds, que nous découvrons peu à peu :
- « Accordéon plus » et « Accordéon Orchestral » de et par Claude Thomain
- « Œuvres de concert d’André Astier » par Jean-Marc Marroni
- « Maulus en liberté », sous-titré « Ethno French Jazz pour les bandes sonores du cinéma italien ».
Ces disques sont à plusieurs égards différents, mais j’y perçois une caractéristique commune : je les écoute comme des morceaux de « musique cinématographique ». Je me rends compte qu’il y a une sorte de truisme dans cette notion de musique cinématographique, puisque la musique est par définition un art du temps, plus précisément de la durée, et donc du mouvement. Par essence en effet, la musique est bien une manière d’écrire le mouvement et le changement. Mais je veux dire, en utilisant cette expression, que tous ces morceaux évoquent pour moi, immédiatement, soit une histoire animée sans paroles, soit une musique de film. Comédie musicale, rigueur de la légèreté et de l’orchestration, pour Claude Thomain ; film du cinéma français classique pour André Astier, des images en noir et blanc, une construction formelle impeccable ; cinéma italien à la manière d’Ennio Morricone pour le quartet Maulus et ses special guests : F. De Gemini, E. Dell’Orso, A. Alessandroni. Entre rires et larmes, entre sensiblerie et humour. La rencontre détonante de Jo Privat et de « Il était une fois dans l’Ouest ».
Françoise, qui avait décidé – malgré tout – de se joindre au défilé, a fini par renoncer. Peut-être qu’avec une combinaison de surf… Mais avec un imperméable et un parapluie, c’est très insuffisant pour résister aux giboulées. D’autant plus que plusieurs copains, contactés par téléphone, avouent un peu contrits qu’ils sont encore au chaud dans leurs draps. La pluie est l’ennemi des révolutions. C’est sûr !
De mon côté, je suis allé chercher notre pain quotidien : deux baguettes de pain passion. J’en ai profité pour acheter quelques brins de muguet : pour « les petits », pour les filles, pour mes parents, pour la sœur de Françoise et pour nous-mêmes. Les marchands d’un jour ont installé leurs tables, les uns aux carrefours, au pied des feux tricolores, les autres devant les boulangeries, d’autres encore sur le parking vide d’un garage fermé en ce jour férié. Les intempéries les ont obligés à se protéger sous de grands parasols. Souvent par deux ou trois, ils me font penser à des oiseaux s’épaulant l’un l’autre dans leur nid. Une table pliante recouverte d’une toile cirée, deux chaises pliantes, deux parasols, « Coca-Cola » et « Ricard », des bouquets de muguets à trois, quatre ou cinq brins d’une part, des bouquets avec une rose ou un œillet d’autre part. A une heure, une heure et demie au plus tard, les étals se seront évaporés ou peut-être auront-ils fini par se diluer sur les trottoirs.
Un jour maussade donc. Un après-midi consacré à l’écoute alternée de quatre cds, que nous découvrons peu à peu :
- « Accordéon plus » et « Accordéon Orchestral » de et par Claude Thomain
- « Œuvres de concert d’André Astier » par Jean-Marc Marroni
- « Maulus en liberté », sous-titré « Ethno French Jazz pour les bandes sonores du cinéma italien ».
Ces disques sont à plusieurs égards différents, mais j’y perçois une caractéristique commune : je les écoute comme des morceaux de « musique cinématographique ». Je me rends compte qu’il y a une sorte de truisme dans cette notion de musique cinématographique, puisque la musique est par définition un art du temps, plus précisément de la durée, et donc du mouvement. Par essence en effet, la musique est bien une manière d’écrire le mouvement et le changement. Mais je veux dire, en utilisant cette expression, que tous ces morceaux évoquent pour moi, immédiatement, soit une histoire animée sans paroles, soit une musique de film. Comédie musicale, rigueur de la légèreté et de l’orchestration, pour Claude Thomain ; film du cinéma français classique pour André Astier, des images en noir et blanc, une construction formelle impeccable ; cinéma italien à la manière d’Ennio Morricone pour le quartet Maulus et ses special guests : F. De Gemini, E. Dell’Orso, A. Alessandroni. Entre rires et larmes, entre sensiblerie et humour. La rencontre détonante de Jo Privat et de « Il était une fois dans l’Ouest ».
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