vendredi 8 mai 2009

jeudi 7 mai - quelque chose d'originel

Il y a quelques jours, les médiathèques de l’agglomération paloise se sont organisées en réseau. Jusqu’alors il s’agissait d’un réseau potentiel, l’unité des sites étant réalisée par la publication d’une plaquette commune et d’un programme général bimestriel. Maintenant, le réseau est effectif : carte de prêt commune, consultation des ressources et des catalogues par internet, circulation des documents, etc… L’ensemble ne manque pas d’allure : dix sites sont ainsi connectés et le fonds de documents multimédia est déjà assez bien pourvu. On y accède par http://mediatheques.agglo-pau.fr/

Bref, cette nouvelle organisation nous a incités à aller faire un tour à la médiathèque la plus proche de chez nous, « Les Allées ». Un bâtiment neuf, très lumineux. Devant, un parc où d’un côté jouent des enfants sous l’œil attentif de leurs mamans ou de leurs nounous et où d’un autre côté des sdf un peu avinés s’engueulent à propos d’un pack de bière. Comme on le voit, un espace de mixité. Surtout si l’on y ajoute quelques papys et mamies déambulant de massifs fleuris en bosquets saturés d’odeurs et de couleurs. Sans compter des théories de joggeurs qui mesurent leurs pulsations en parcourant le parc et les allées, allées de Morlaas. Pour être complet il faudrait ajouter, sur une vaste place ombragée, au bout des allées, des joueurs de pétanque. Certains âgés, d’autres jeunes. Il y a quelques années, on nous avait volé notre voiture, un soir de janvier. On l’avait retrouvée, brulée entièrement et méthodiquement, derrière un incinérateur de la décharge publique. Après enquête, les gendarmes avaient découvert que les voleurs étaient une bande qui passait ses journées sur cette place, à jouer à la pétanque, des parties donnant lieu à des paris souvent fort élevés. Voleurs d’autos dès la nuit tombée, joueurs de pétanque l’après-midi.

Bref, cette nouvelle organisation nous a incités à prendre une carte de prêt et à visiter « les Allées ». Françoise a choisi deux dvds et parcouru le rayon des adaptations cinématographiques de romans. Moi-même, j’ai parcouru les rayons de disques, sans projet, sans objectif précis, sinon celui de me donner une idée des ressources quant à l’accordéon. Je ne m’attendais pas à trouver quantité de documents. Je me demande même, dans quelques temps, quand je connaitrai mieux les lieux et quand je serai mieux connu, devenu un habitué, si je ne proposerai pas une animation sur le thème : « connaissez-vous l’accordéon ? », qui pourrait donner lieu à un achat raisonné d’albums et à la constitution d’un fonds spécialisé. Je rêve. Ce fonds pourrait être à terme la caractéristique de « la médiathèque des allées ».

Bref, cette nouvelle organisation m’ayant incité à parcourir les rayons de disques musicaux de « notre » médiathèque, j’ai découvert chemin faisant les trois suivants :

- « Emile Vacher, créateur du genre musette, enregistrements originaux 1929 – 1942 » présentés par Roland Manoury. ILD 642158.
- « Flaco Jimenez / Sleepytown ». Bach Porch / Virgin, 2000.
- « John Kirkpatrick / Three In A Row ». Fledg’ling Fled 3018, 1998.

Je m’en suis tenu à ce choix, car le prêt est limité à deux dvds et trois cds pour une période d’un mois. Depuis, j’écoute en alternance des morceaux de ces trois albums avec un grand plaisir. Je les écoute en alternance, car chacun, dans la continuité et en totalité, me parait finalement trop répétitif. En revanche, l’alternance m’a fait découvrir, en dépit de leurs caractéristiques propres fort différentes, une qualité commune aux trois : une sorte d’accordéon, non pas primitif, mais primordial, ce que j’appellerais volontiers un accordéon originel. Valse musette, blues et rock de Nashville, blues rural de la verte Irlande (du moins je crois, n’ayant pas encore fait de recherches sur Kirkpatrick). Une valse musette qui ose le sentimentalisme mais qui refuse toutes les dérives bling-bling de l’accordéon aux dents blanches. Flaco Jimenez, c’est une façon de poser le cadre en trois mesures et de mettre le corps en mouvement. Comment résister à ses rythmes, carrés et langoureux à la fois ? Quant à Kirkpatrick, l’Irlandais jusqu’à plus amples informations, il me réjouit : on croirait déguster des pommes acides avec un cidre qui ne l’est pas moins. La salle est enfumée. Les pintes de bière s’accumulent sur les tables. Il fait chaud et moite. Dehors les grains se succèdent. Le diatonique est parti pour la nuit.


Je serais tenté de qualifier cette musique de simple et, à la réflexion, le terme me parait approprié, à condition de bien comprendre que cette simplicité, loin d’être indice de pauvreté, est signe d’un travail de simplification, qui ne retient que l’essentiel. Rien de trop. On a compris du coup combien je mets Emile Vacher très au-dessus de tout ce musette clinquant qui, tout au contraire, a multiplié fioritures et tarabiscotages comme preuve de virtuosité.

Un dernier point : les disques de Jimenez et de Kirkpatrick portent les mentions "Musiques du monde" précisées respectivement par "Etats-Unis" et par "Angleterre". Quant à Vacher, il est situé en "Musiques fonctionnelles / Musette", indication qui me remplit de perplexité, à moins que l'on veuille signaler ainsi que c'est un accordéon qui se donne pour but de faire danser ses auditeurs et de faire fonctionner leur capacité de muvement.

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