mercredi 28 janvier 2009

samedi 31 janvier - cordes et lames

J’écoute avec un plaisir sans mélange le disque de Francis Varis et ses collègues, « Cordes et Lames ». Plaisir sans mélange, plaisir multiple. Plaisir d’écouter un disque que j’avais fini par considérer comme définitivement épuisé. Plaisir d’écouter un 33 tours et, pour ce faire, de retrouver des gestes - que dis-je ? – des rituels d’une autre époque : poser le disque sur le plateau du phonographe, d’abord la face A, faire démarrer le dit plateau, dégager le levier, poser le diamant, écouter les cinq morceaux de la face A pendant une quinzaine de minutes ; recommencer les opérations pour écouter les quatre morceaux de la face B. Plaisir de tenir entre mes mains un disque neuf enregistré en 1983 et de me demander quel a été son destin avant de sortir de sa pochette, le 28 janvier 2009. Plus d’un quart de siècle dans l’ombre et puis, aujourd’hui, à Pau… Plaisir – celui-ci est primordial – de la musique et en particulier du toucher et de l’inventivité de Varis, que je trouve trop rare. Plaisir d’un jazz que j’appellerais volontiers distancié, bien tempéré, par opposition à un jazz volcanique, torride, excessif. Plaisir suscité par le charme de deux valses : "Varis-Orly" de Didier Roussin et "Sweet Valse" de Varis. Respectivement, 2:42 et 3:48.

Et puis, au dos du disque, il y a un texte signé Alain Antonietto (dont je ne sais rien) plein d’intérêt et par son caractère informatif quant au rôle de l’accordéon dans le jazz et par ses prises de position quant aux caractéristiques comparées des accordéons à boutons ou de type piano. Je retiens en particulier ce passage :

« … c’est un certain Philippe-Joseph Bouton (au nom prédestiné) qui, en 1852, eut l’idée de ce système [clavier piano]. D’une pratique moins aisée, rendant périlleux les traits de virtuosité (en raison de l’écart entre les touches piano) il a une étendue de notes inférieure au système à boutons, le clavier ne comportant que deux rangées au lieu de trois.[…] On ne joue donc pas de l’accordéon-piano avec la désinvolture digitale commune aux as de la boite à punaises, friands de triolets, dont les performances de dactylo tiennent trop souvent lieu de pensée musicale. Il est alors compréhensible qu’en France, patrie du musette, l’accordéon-piano n’ait eu que peu d’adeptes. Mais Varis est avant tout jazzman… ».

Cette référence à la dactylographie comme modèle de virtuosité m’enchante. Elle me rappelle cette anecdote : un accordéoniste français ayant débarqué aux Etats-Unis avec son instrument à boutons, les journalistes, dit-on, ne comprenaient pourquoi il se déplaçait toujours avec sa machine à écrire et pourquoi il en prenait tant de soin.

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