dimanche 1er février - kali sultana
… vendredi, en fin de matinée, nous avons écouté le dernier opus de Titi Robin, « Kali Sultana ; L’ombre du Ghazal », 2008, Naïve. Plus exactement, vers 11 heures, nous avons commencé à écouter le cd 1 de cet album, qui en comprend 2. Ce premier cd dure 41 :45 ; le second, 45 :36.
Après une première écoute, nous avons eu envie de revenir sur certains morceaux et en particulier sur ceux où l’on entend Francis Varis. Nous les avons écoutés et réécoutés, si bien que nous n’avons pas vu le temps passer. Vers 13 heures, une petite faim nous a saisis. Aucune envie alors de se mettre à la cuisine. Dans ce cas, nous allons déjeuner à « L’Ombrière », un bistrot à quelques centaines de mètres de la maison, dans une zone d’activités. Bistrot de midi fréquenté par des employés et des ouvriers, souvent aussi par des stagiaires d’un centre de formation tout proche. Nous y avons nos habitudes et le patron nous offre régulièrement le café. Trois formules : plat du jour / plat du jour et entrées à volonté ou dessert / entrées et plat du jour et dessert. Le quart de vin est compris, pas le café. A la place du plat du jour, il y a la possibilité de manger « bavette / salade / frites ». En arrivant, vers 13h15, surprise ! La terrasse est couverte de tables protégées par des parasols. On n’y croit pas. Mais il faut se rendre à l’évidence : le thermomètre affiche 19°. Nous déjeunons donc dehors en ce dernier vendredi de janvier, une semaine après la tempête, dont les dégâts sont loin d’être effacés dans la région. D’ailleurs, en face du bistrot, il y a trois troncs de mimosas explosés, qui obstruent à moitié la rue.
A notre retour à la maison, nous nous préparons quelques tasses de café – Costa Rica, évidemment ! – pour accompagner l’écoute du cd 2. Qui est aussi beau que le cd 1.
A une époque où, me semble-t-il, beaucoup de musiciens s’inspirent d’airs venus des mondes méditerranéens ou des confins de l’Asie ou de l’Afrique, mais s’en tiennent trop souvent à l’écume musicale, aux formes les plus extérieures, au point qu’il est difficile de les différencier, Titi Robin propose ici une création tout à fait originale. A certains égards, son entreprise me fait penser à celle de Renaud Garcia-Fons. La composition d’ensemble est comme une sorte de mélopée scandée par des morceaux envoûtants. Les instruments contribuent grandement à cette impression : oud, bouzouq, altos, violoncelle, accordéon, percussions, daph kurde, etc… Je ne saurais dire pourquoi, mais j’écoute cette musique comme le résultat d’une méditation longue et approfondie sur les mondes désertiques. Sur la vie des mondes apparemment désertiques. Quelque chose comme une méditation de caravanier. En tout cas, c’est ainsi que mon imaginaire réagit.
Et puis, samedi, nous avons dû aller à Hossegor, l’assurance nous ayant demandé de lui fournir les photographies des arbres brisés par la tempête. Pour accompagner notre route, nous avons emporté un seul disque, ou plutôt deux, les deux cds de « Kali Sultana ». Comme nous traversions Saint-Vincent de Tyrosse sur le coup de 13h15, nous avons eu envie de déjeuner d’une assiette kebab au bistrot turc, « Le Bosphore ». Nous avons évidemment parlé de « la catastrophe » avec la patronne. Alors que je réglais la note, elle a dit au serveur : « Les cafés, c’est pour moi ! ». Etrange journée, rythmée par l’alternance de zones intactes et de zones où il ne reste quasiment plus un pin debout. « Kali Sultana » accompagne ce parcours de sa couleur : bleu ! Bleu de l’inquiétude à l’aller (« allons-nous découvrir des dégâts inaperçus jusqu’ici ? », bleu de la tristesse et d’un certain soulagement au retour.
Avant de prendre le chemin du retour, nous faisons un détour par la plage d’Hossegor : le sable a recouvert les plantations de thuyas et fait disparaître plusieurs sentiers tracés à flancs de dunes, plusieurs rues sont impraticables, soit à cause du sable, soit à cause des amas de troncs et de branches en travers de la chaussée. La plage me fait penser à une plage à l’ancienne : les services municipaux n’ont pu la nettoyer ; les marées ont apporté leur masse de déchets venus d’Espagne. En suivant la trace de toutes ces choses entassées sur le sable, à la frange des vagues, je me dis qu’il faudrait un Prévert pour en faire l’inventaire. Je me dis aussi que ce que l’on gagne en confort et en propreté grâce au travail régulier des engins municipaux, on le perd en poésie, en possibilité de rencontres surréalistes. On ne peut tout avoir. Avant de quitter Hossegor, nous longeons le golf. Etrange image : un drapeau bleu flotte sur un green entouré d’eau, sur l’autre rive un pin énorme, déraciné, est couché sur la moquette verte. Incongru !
En arrivant devant la maison, à Pau, nous n’avons pas besoin de parler. Nous sommes bien d’accord : « Kali Sultana » est un bel album. Je dirais un disque de méditation, tout en intériorité, l’œuvre de quelqu’un qui a longuement ruminé son affaire. Le contraire de ces musiques, que j’évoquais ci-dessus, qui surfent sur les vagues de la mode. Et puis, comme je suis de parti pris, évidemment, je suis à l’affût des interventions de Francis Varis. J’ai pour lui la même sympathie que pour Jean-Luc Amestoy.
Après une première écoute, nous avons eu envie de revenir sur certains morceaux et en particulier sur ceux où l’on entend Francis Varis. Nous les avons écoutés et réécoutés, si bien que nous n’avons pas vu le temps passer. Vers 13 heures, une petite faim nous a saisis. Aucune envie alors de se mettre à la cuisine. Dans ce cas, nous allons déjeuner à « L’Ombrière », un bistrot à quelques centaines de mètres de la maison, dans une zone d’activités. Bistrot de midi fréquenté par des employés et des ouvriers, souvent aussi par des stagiaires d’un centre de formation tout proche. Nous y avons nos habitudes et le patron nous offre régulièrement le café. Trois formules : plat du jour / plat du jour et entrées à volonté ou dessert / entrées et plat du jour et dessert. Le quart de vin est compris, pas le café. A la place du plat du jour, il y a la possibilité de manger « bavette / salade / frites ». En arrivant, vers 13h15, surprise ! La terrasse est couverte de tables protégées par des parasols. On n’y croit pas. Mais il faut se rendre à l’évidence : le thermomètre affiche 19°. Nous déjeunons donc dehors en ce dernier vendredi de janvier, une semaine après la tempête, dont les dégâts sont loin d’être effacés dans la région. D’ailleurs, en face du bistrot, il y a trois troncs de mimosas explosés, qui obstruent à moitié la rue.
A notre retour à la maison, nous nous préparons quelques tasses de café – Costa Rica, évidemment ! – pour accompagner l’écoute du cd 2. Qui est aussi beau que le cd 1.
A une époque où, me semble-t-il, beaucoup de musiciens s’inspirent d’airs venus des mondes méditerranéens ou des confins de l’Asie ou de l’Afrique, mais s’en tiennent trop souvent à l’écume musicale, aux formes les plus extérieures, au point qu’il est difficile de les différencier, Titi Robin propose ici une création tout à fait originale. A certains égards, son entreprise me fait penser à celle de Renaud Garcia-Fons. La composition d’ensemble est comme une sorte de mélopée scandée par des morceaux envoûtants. Les instruments contribuent grandement à cette impression : oud, bouzouq, altos, violoncelle, accordéon, percussions, daph kurde, etc… Je ne saurais dire pourquoi, mais j’écoute cette musique comme le résultat d’une méditation longue et approfondie sur les mondes désertiques. Sur la vie des mondes apparemment désertiques. Quelque chose comme une méditation de caravanier. En tout cas, c’est ainsi que mon imaginaire réagit.
Et puis, samedi, nous avons dû aller à Hossegor, l’assurance nous ayant demandé de lui fournir les photographies des arbres brisés par la tempête. Pour accompagner notre route, nous avons emporté un seul disque, ou plutôt deux, les deux cds de « Kali Sultana ». Comme nous traversions Saint-Vincent de Tyrosse sur le coup de 13h15, nous avons eu envie de déjeuner d’une assiette kebab au bistrot turc, « Le Bosphore ». Nous avons évidemment parlé de « la catastrophe » avec la patronne. Alors que je réglais la note, elle a dit au serveur : « Les cafés, c’est pour moi ! ». Etrange journée, rythmée par l’alternance de zones intactes et de zones où il ne reste quasiment plus un pin debout. « Kali Sultana » accompagne ce parcours de sa couleur : bleu ! Bleu de l’inquiétude à l’aller (« allons-nous découvrir des dégâts inaperçus jusqu’ici ? », bleu de la tristesse et d’un certain soulagement au retour.
Avant de prendre le chemin du retour, nous faisons un détour par la plage d’Hossegor : le sable a recouvert les plantations de thuyas et fait disparaître plusieurs sentiers tracés à flancs de dunes, plusieurs rues sont impraticables, soit à cause du sable, soit à cause des amas de troncs et de branches en travers de la chaussée. La plage me fait penser à une plage à l’ancienne : les services municipaux n’ont pu la nettoyer ; les marées ont apporté leur masse de déchets venus d’Espagne. En suivant la trace de toutes ces choses entassées sur le sable, à la frange des vagues, je me dis qu’il faudrait un Prévert pour en faire l’inventaire. Je me dis aussi que ce que l’on gagne en confort et en propreté grâce au travail régulier des engins municipaux, on le perd en poésie, en possibilité de rencontres surréalistes. On ne peut tout avoir. Avant de quitter Hossegor, nous longeons le golf. Etrange image : un drapeau bleu flotte sur un green entouré d’eau, sur l’autre rive un pin énorme, déraciné, est couché sur la moquette verte. Incongru !
En arrivant devant la maison, à Pau, nous n’avons pas besoin de parler. Nous sommes bien d’accord : « Kali Sultana » est un bel album. Je dirais un disque de méditation, tout en intériorité, l’œuvre de quelqu’un qui a longuement ruminé son affaire. Le contraire de ces musiques, que j’évoquais ci-dessus, qui surfent sur les vagues de la mode. Et puis, comme je suis de parti pris, évidemment, je suis à l’affût des interventions de Francis Varis. J’ai pour lui la même sympathie que pour Jean-Luc Amestoy.
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