jeudi 7 janvier - "les variations goldberg" de philippe bourlois
Il y a peu, Philippe Bourlois a sorti ses "Variations Goldberg", sous le label "baroque & plus", 2015. Après trois écoutes, je vais essayer de noter en quelques mots mes premières impressions pour essayer de les fixer.. provisoirement.
D'abord, j'aime la sobriété de la couverture, premier contact avec l'album. J'aime la posture de Philippe Bourlois qui nous fixe droit dans les yeux et aussi bien sûr la beauté de son instrument. J'ose dire sa prestance comme on le dirait d'une personne. J'aime cet accordéon tout noir avec quelques touches blanches. Beau comme un Soulages.
J'apprécie aussi les deux pages en français + deux en anglais pour présenter les variations. De même la page de biographie, en français et en anglais. Et encore la page sur le label "baroque et plus"... "La musique baroque autrement". Je note la mention "autrement", gage certain d'une entreprise qui se réfère à la tradition mais sans la répéter à l'identique. Philippe Bourlois parle lui-même de (re) penser cette œuvre pour l'adapter à l'accordéon.
Je retiens aussi de la présentation cette phrase : "... il semble que Bach nous ait légué, à la fin de sa vie, la quintessence de son art de compositeur, pour des instruments qui n'existaient pas encore... " Une phrase qui donne forcément envie d'écouter comment cette proposition se manifeste dans l'interprétation. Mais ce n'est pas tout : j'ai bien apprécié encore la présentation du Bayan, qui explique sa spécificité en tant qu'instrument et aussi ce dernier paragraphe où Philippe Bourlois explicite son projet et la manière dont il l'a réalisé.
Pour l'instant, je n'ai encore rien écouté, mais ces éléments sont très importants pour préparer l'attention et la réception de l'œuvre. Ils sont même essentiels au plan de ce que Roland Barthes appelait le "studium", l'intérêt intellectuel, voire documentaire, que l'on porte à une œuvre artistique et qui contribue à l'admiration qu'on lui porte.
Et puis, à partir de là, c'est l'autre dimension de l'admiration esthétique que j'ai trouvée, celle que Roland Barthes nomme le "punctum", autrement dit l'émotion qui nous saisit, nous frappe, nous transperce, au point même de nous faire oublier tout notre environnement actuel tant la présence de l'œuvre est intense. Ce phénomène, je l'ai ressenti dès la première écoute des variations selon Philippe Bourlois. Essayons de comprendre pourquoi ?
D'abord, je note qu'il présente sa "création" comme un voyage imaginaire nous faisant traverser plusieurs moments émotionnels. Autre précision d'importance : la proximité, selon lui, entre l'accordéon et le chant, la voix humaine. Cette notion de voyage imaginaire est fort éclairante. Pour ma part, je suis très sensible d'une part à la dimension architecturale de l'ensemble, d'autre part à sa nature systémique. Par systémique j'entends en effet une organisation telle que la totalité est plus et autre que la somme de ses parties. Rien qui ne ressemble qu'à une liste, à une simple succession ou à un empilement de pièces ou de morceaux. Non ! Tout au contraire, une organisation vivante où tout nouvel élément entraine la reconfiguration de l'ensemble jusqu'alors constitué, obligeant ainsi l'auditeur à reconstruire sans cesse son écoute. Je vous le dis : une tâche excitante, mais pas de tout repos !
Paradoxe ! A la lecture du "programme", on pourrait s'attendre à une œuvre fixée, stabilisée, systématique, voire figée, pour ne pas dire inscrite dans le marbre de la tradition. En fait, il n'en est rien : c'est tout au contraire un monde fluide, à structure souple et flexible, qui nous enchante dans ce voyage imaginaire. C'est ainsi que, dans la position de l'aria en introduction et en conclusion, je comprends une structure spiralaire : on passe et repasse par un même point, un même lieu, mais celui-ci, à chaque passage, a changé de plan ou, si l'on veut, de niveau. Le même est autre. Le même en effet, de tour en tour, se complexifie.
Bon ! Pour l'heure, je m'en tiens à ces quelques notes de premières écoutes. Le voyage commence. Je sais déjà qu'il aura des étapes, mais pas de terme. Merci Philippe Bourlois !
D'abord, j'aime la sobriété de la couverture, premier contact avec l'album. J'aime la posture de Philippe Bourlois qui nous fixe droit dans les yeux et aussi bien sûr la beauté de son instrument. J'ose dire sa prestance comme on le dirait d'une personne. J'aime cet accordéon tout noir avec quelques touches blanches. Beau comme un Soulages.
J'apprécie aussi les deux pages en français + deux en anglais pour présenter les variations. De même la page de biographie, en français et en anglais. Et encore la page sur le label "baroque et plus"... "La musique baroque autrement". Je note la mention "autrement", gage certain d'une entreprise qui se réfère à la tradition mais sans la répéter à l'identique. Philippe Bourlois parle lui-même de (re) penser cette œuvre pour l'adapter à l'accordéon.
Je retiens aussi de la présentation cette phrase : "... il semble que Bach nous ait légué, à la fin de sa vie, la quintessence de son art de compositeur, pour des instruments qui n'existaient pas encore... " Une phrase qui donne forcément envie d'écouter comment cette proposition se manifeste dans l'interprétation. Mais ce n'est pas tout : j'ai bien apprécié encore la présentation du Bayan, qui explique sa spécificité en tant qu'instrument et aussi ce dernier paragraphe où Philippe Bourlois explicite son projet et la manière dont il l'a réalisé.
Pour l'instant, je n'ai encore rien écouté, mais ces éléments sont très importants pour préparer l'attention et la réception de l'œuvre. Ils sont même essentiels au plan de ce que Roland Barthes appelait le "studium", l'intérêt intellectuel, voire documentaire, que l'on porte à une œuvre artistique et qui contribue à l'admiration qu'on lui porte.
Et puis, à partir de là, c'est l'autre dimension de l'admiration esthétique que j'ai trouvée, celle que Roland Barthes nomme le "punctum", autrement dit l'émotion qui nous saisit, nous frappe, nous transperce, au point même de nous faire oublier tout notre environnement actuel tant la présence de l'œuvre est intense. Ce phénomène, je l'ai ressenti dès la première écoute des variations selon Philippe Bourlois. Essayons de comprendre pourquoi ?
D'abord, je note qu'il présente sa "création" comme un voyage imaginaire nous faisant traverser plusieurs moments émotionnels. Autre précision d'importance : la proximité, selon lui, entre l'accordéon et le chant, la voix humaine. Cette notion de voyage imaginaire est fort éclairante. Pour ma part, je suis très sensible d'une part à la dimension architecturale de l'ensemble, d'autre part à sa nature systémique. Par systémique j'entends en effet une organisation telle que la totalité est plus et autre que la somme de ses parties. Rien qui ne ressemble qu'à une liste, à une simple succession ou à un empilement de pièces ou de morceaux. Non ! Tout au contraire, une organisation vivante où tout nouvel élément entraine la reconfiguration de l'ensemble jusqu'alors constitué, obligeant ainsi l'auditeur à reconstruire sans cesse son écoute. Je vous le dis : une tâche excitante, mais pas de tout repos !
Paradoxe ! A la lecture du "programme", on pourrait s'attendre à une œuvre fixée, stabilisée, systématique, voire figée, pour ne pas dire inscrite dans le marbre de la tradition. En fait, il n'en est rien : c'est tout au contraire un monde fluide, à structure souple et flexible, qui nous enchante dans ce voyage imaginaire. C'est ainsi que, dans la position de l'aria en introduction et en conclusion, je comprends une structure spiralaire : on passe et repasse par un même point, un même lieu, mais celui-ci, à chaque passage, a changé de plan ou, si l'on veut, de niveau. Le même est autre. Le même en effet, de tour en tour, se complexifie.
Bon ! Pour l'heure, je m'en tiens à ces quelques notes de premières écoutes. Le voyage commence. Je sais déjà qu'il aura des étapes, mais pas de terme. Merci Philippe Bourlois !
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