mardi 1 octobre 2013

mardi 1er octobre - l'avenir du tango

La question que propose le titre de cet article est trop vaste et trop complexe pour être traitée ici et mon intention n'est pas de l'examiner sous toutes ses faces, mais je la pose car elle m'a été suggérée par la troisième journée des "nuits de nacre", le samedi 14 septembre, où le bandonéon et donc le tango était à l'honneur. Poser cette question maintenant, c'est donc pour moi une manière de prendre date et de dire qu'il y a là un chantier à explorer.

Deux moments forts au cours de ce samedi : d'une part, à l'espace Richard Galliano, entre 12h15 et 13h30, une rencontre autour du bandonéon animée par Olivier Manoury et William Sabatier. Des exposés brefs mais pertinents, des échanges fructueux avec le public : une belle rencontre. Rencontre d'un instrument, d'un répertoire et de deux musiciens passionnés. D'autre part, en soirée, un concert : soirée argentine, trois bandonéons.

C'est au cours de cette rencontre à l'heure du déjeuner que m'est venue à l'esprit la question qui fait l'objet du titre. Olivier Manoury comme William Sabatier étaient en effet d'accord pour dire que le bandonéon et plus généralement le tango avaient un bel avenir si l'on considère la profusion des talents qui jouent cette musique et qui pratiquent cet instrument. C'est alors que je me suis demandé si la même observation s'appliquait aux compositeurs. Il me semble en effet que tous ces talents nouveaux ou déjà confirmés jouent surtout un répertoire tiré de l'œuvre de Piazzolla. Il me semble, mais c'est à vérifier, que si ce compositeur semble inépuisable, il résulte de cette situation que la liste des compositeurs est plutôt réduite. Et lorsque William Sabatier dit son admiration pour Leopoldo Federico ou lorsqu'Olivier Manoury dit la sienne pour Anibal Troilo, ils renforcent plutôt mon impression, car ces compositeurs ne fournissent pas, me semble-t-il, aujourd'hui beaucoup d'œuvres programmées. Du coup, me dis-je in petto, n'y-a-t il pas aujourd'hui un risque à terme de sur-exploitation de l'œuvre d'Astor Piazzolla ? Pour me rassurer, je pense qu'il y tout de même des noms qui donnent espoir. Par exemple, Manu Comté, Tomas Gubitsch, Sébastien Authemayou, Dino Saluzzi... pour ne citer que ceux qui me viennent spontanément à l'esprit.

Autre question. Il me semble constater de plus en plus souvent que le tango est interprété à l'accordéon ou même composé par des accordéonistes pour l'accordéon. Il y a de moins en moins un lien exclusif entre le tango et le bandonéon. J'ai même noté, au cours du concert du samedi 14 septembre, qu'Olivier Manoury jouait de l'accordina. Cela m'a surpris d'abord et j'ai trouvé la tentative tout à fait intéressante. je pense que la piste vaut la peine d'être explorée.  D'autant plus que la rencontre à laquelle je me réfère ici, "rencontre autour du bandonéon", était en effet illustrée exclusivement par des tangos.


Ce même samedi, à 21 heures,  dans le cadre de la thématique des "nuits de nacre 2013", une soirée argentine, dont j'ai déjà rendu compte. Trois bandonéons : Juan José Mosalini, attitude hiératique, sobriété quasi janséniste. Une sorte de totem. De la rigueur avant toute chose. Accompagné par un guitariste magnifique : Leonard Sanchez.


William Sabatier, à la gauche de J.-J. Mosalini, tendu comme une corde de violon. Habité par sa passion du tango et de son instrument. Le tango comme cérémonial. On sent que jouer du bandonéon, c'est un enjeu existentiel de première importance.


Et puis, Olivier Manoury , à la droite de J.-J. Mosalini. Plus proche de W. Sabatier dans ses postures. Lui aussi les yeux clos. Un regard intérieur. Il y a, avec des attitudes différentes, quelque chose du poète inspiré chez chacun de ses trois musiciens.


23h10. Le concert s'achève. Bien entendu, il aurait pu durer encore longtemps...


Derniers mots. En rédigeant cet article, je jette un coup d'œil sur le programme général des "nuits de nacre" et je lis ceci : "Invitations plurielles / soirée argentine... Le rideau s'ouvre... trois bandonéonistes [...] ... Le rideau se ferme... la formation orchestrale d'Astor Piazzolla vous a transporté." Qui dit argentine dit bandonéon, qui dit bandonéon dit tango, qui dit tango dit Astor Piazzolla... Or, justement, au cours de ce concert il a été question de bien d'autres compositeurs. D'une certaine façon, je retrouve la question de mon titre et la problématique de l'avenir du tango... et du bandonéon : destins liés ou destins croisés ou destins divergents...


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