jeudi 14 juillet - comme une intuition du bonheur
Mercredi. Pau-Hossegor. 12h30 - 14 heures. Deux tiers d'autoroute, un tiers de route à 90 km/h avec des passages à 70 et la traversée de Saint-Vincent de Tyrosse. Après un repas rapide et frugal : pizza, russe (un gâteau), bière et café, puis après avoir fermé la maison, je pars rejoindre la tribu installée depuis trois jours à Hossegor. "Les petits" ont entrepris de refaire le carrelage de leur salle de douche, d'installer de nouveaux appareils et une porte vitrée. Autant dire que je n'étais pas pressé de retrouver la villa en chantier, même si je sais bien que c'est son état habituel ou, plus exactement, permanent. D'une certaine façon, on peut dire que c'est une villa nomade en ce sens qu'elle est en permanence en transformations, aménagements et autres améliorations. Donc, je me suis donné une soixantaine d'heures de répit, avec d'autant plus bonne conscience que j'en ai profité pour rendre visite à mes parents, à la maison de retraite Saint Joseph, à Nay. Plus qu'un alibi, une bonne raison...
Bref. Peu après 12h30, je passe le péage de Pau. En route pour Hossegor. Environ quatre-vingts kilomètres d'autoroute. La circulation est dense, mais fluide. Quelques caravanes et des camping-cars, des voitures chargées de bagages, de vélos et de coffres sur le toit, des camions qui se suivent par deux ou trois. Il pleut. Pas une petite pluie fine, non, plutôt une succession d'ondées tropicales. Pas de vent, mais un rideau de gouttes lourdes quin éclatent en étoiles contre le pare-brise. Il fait 28 degrès dehors. J'ai réglé la climatisation à 20°. Régulièrement les vitres s'embuent. Je les dégivre. Les essuies-glaces fonctionnent presque sans discontinuer. Leur mouvement régulier et le bruit discret de la soufflerie d'air frais ont un effet hypnotique, d'autant plus que la circulation n'implique pas une attention très intense.
J'ai emporté quelques disques, je compte écouter quelques morceaux de chaque album. Mais je choisis de commencer par celui de Tony Murena, "Fête Musette", de la collection "Passion accordéon". Et, du coup, il m'accompagne jusqu'à Hossegor. Je n'arrive pas en effet à me détacher de quelques morceaux, dont je relance la lecture à la seconde même de leurs dernières notes. Ces morceaux ? Des valses : "Mensonges", "Indifférence", "Passion" , "Rêve d'accordéoniste". Une java :"Java napolitaine". Et deux pasos :"Barcelone" et "Adios Sevilla". Un tango enfin :"Poema".
Je suis touché par la perfection d'"Indifférence" ou de "Passion" ; touché aussi par ce tango "Poema", d'autant plus que ce style, a contrario de la valse, ne me paraît pas être le meilleur de Murena. Enfin, les pasos évoquent pour moi les fêtes de Dax et c'est une musique qui me réjouit, et qui, je l'avoue, me donne envie de rire.
En écrivant ces lignes, je suis encore troublé par la force de mes sentiments au cours de cette écoute sur fond d'autoroute. Je me souviens très bien cette impression d'écouter Tony Murena dans une espèce d'espace situé nulle part. Comme si le temps était aboli ou suspendu, comme une parenthèse avec cet accordéon emplissant l'espace de l'habitacle clos comme un oeuf.
Et puis, quelques kilomètres avant d'arriver à Hossegor, de rejoindre la tribu, j'ai repris conscience de la route ; j'ai arrêté la lecture, car mon attention à la circulation rendait l'écoute impossible. Depuis, profitant de quelques moments de solitude, j'ai écouté à nouveau le disque de Murena. Je n'ai pas retrouvé cette impression de plénitude que j'évoquais plus haut. Le sentiment que j'éprouve tient en effet du plaisir esthétique, ce qui n'est pas rien, mais ce n'est pas cette intuition du bonheur que j'ai éprouvée sur l'autoroute. Peut-être parce que sur l'autoroute mon écoute se développait dans un environnemment que je qualifierais volontiers de no man's land. Finalement, à la réflexion, malgré sa perfection, je suis persuadé maintenant que cette impression de bonheur que j'ai éprouvée tenait moins à Murena qu'au fait de l'écouter en étant ailleurs, nulle part, seul.
Après, la vie reprend son cours quotidien.... Qui parfois s'interrompt pour un moment. C'est là qu'il faut avoir un bon disque d'accordéon à portée de la main pour que ce moment donne une idée du bonheur.
Bref. Peu après 12h30, je passe le péage de Pau. En route pour Hossegor. Environ quatre-vingts kilomètres d'autoroute. La circulation est dense, mais fluide. Quelques caravanes et des camping-cars, des voitures chargées de bagages, de vélos et de coffres sur le toit, des camions qui se suivent par deux ou trois. Il pleut. Pas une petite pluie fine, non, plutôt une succession d'ondées tropicales. Pas de vent, mais un rideau de gouttes lourdes quin éclatent en étoiles contre le pare-brise. Il fait 28 degrès dehors. J'ai réglé la climatisation à 20°. Régulièrement les vitres s'embuent. Je les dégivre. Les essuies-glaces fonctionnent presque sans discontinuer. Leur mouvement régulier et le bruit discret de la soufflerie d'air frais ont un effet hypnotique, d'autant plus que la circulation n'implique pas une attention très intense.
J'ai emporté quelques disques, je compte écouter quelques morceaux de chaque album. Mais je choisis de commencer par celui de Tony Murena, "Fête Musette", de la collection "Passion accordéon". Et, du coup, il m'accompagne jusqu'à Hossegor. Je n'arrive pas en effet à me détacher de quelques morceaux, dont je relance la lecture à la seconde même de leurs dernières notes. Ces morceaux ? Des valses : "Mensonges", "Indifférence", "Passion" , "Rêve d'accordéoniste". Une java :"Java napolitaine". Et deux pasos :"Barcelone" et "Adios Sevilla". Un tango enfin :"Poema".
Je suis touché par la perfection d'"Indifférence" ou de "Passion" ; touché aussi par ce tango "Poema", d'autant plus que ce style, a contrario de la valse, ne me paraît pas être le meilleur de Murena. Enfin, les pasos évoquent pour moi les fêtes de Dax et c'est une musique qui me réjouit, et qui, je l'avoue, me donne envie de rire.
En écrivant ces lignes, je suis encore troublé par la force de mes sentiments au cours de cette écoute sur fond d'autoroute. Je me souviens très bien cette impression d'écouter Tony Murena dans une espèce d'espace situé nulle part. Comme si le temps était aboli ou suspendu, comme une parenthèse avec cet accordéon emplissant l'espace de l'habitacle clos comme un oeuf.
Et puis, quelques kilomètres avant d'arriver à Hossegor, de rejoindre la tribu, j'ai repris conscience de la route ; j'ai arrêté la lecture, car mon attention à la circulation rendait l'écoute impossible. Depuis, profitant de quelques moments de solitude, j'ai écouté à nouveau le disque de Murena. Je n'ai pas retrouvé cette impression de plénitude que j'évoquais plus haut. Le sentiment que j'éprouve tient en effet du plaisir esthétique, ce qui n'est pas rien, mais ce n'est pas cette intuition du bonheur que j'ai éprouvée sur l'autoroute. Peut-être parce que sur l'autoroute mon écoute se développait dans un environnemment que je qualifierais volontiers de no man's land. Finalement, à la réflexion, malgré sa perfection, je suis persuadé maintenant que cette impression de bonheur que j'ai éprouvée tenait moins à Murena qu'au fait de l'écouter en étant ailleurs, nulle part, seul.
Après, la vie reprend son cours quotidien.... Qui parfois s'interrompt pour un moment. C'est là qu'il faut avoir un bon disque d'accordéon à portée de la main pour que ce moment donne une idée du bonheur.
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