dimanche 3 juillet 2011

mardi 5 juillet - y a pas que l'accordéon... y a aussi l'ous deb

Jeudi 30 juin. Il est 17h10. Je sors de la MJC Berlioz où je viens de récupérer deux billets, gratuits, pour le concert donné, demain, vendredi 1er juillet, à l'Ousse des Bois par l'Orchestre de Pau Pays de Béarn. L'Ousse des Bois est un quartier dit sensible, un creuset de diversité, suivant l'expression des sociologues et autres professionnels de la politique. Une trentaine de nationalités. Quelques explosions, au propre et au figuré. Il reste une seule tour, réhabilitée maintes fois ; les autres ont implosé pour laisser la place à des pavillons individuels. Inutile de développer la description. C'est un quartier : son marchand de légumes et fruits, son bistrot, son marchand de "tout pour le mariage", son marchand de tapis, de tajines et de théières, sa boutique de mobiles et d'informatique, sa médiathèque, ses groupes d'hommes en djelaba, qui discutent assis sur des bancs, ses enfants qui courent en tous sens et ses petits caïds, à deux, à trois ou à quatre qui stationnent dans leurs grosses voitures : Mercédès, BMW, Quatre/quatre. Et pour les caïds en devenir, des Peugeot ou des Clio customisées. La vie ordinaire, quoi. Entre mixité et communautarisme.C'est pourquoi l'OPPB y "prend ses quartiers", sous la direction de son chef, Fayçal Karaoui.

Mais revenons un peu en arrière. Comme nous habitons à moins d'un kilomètre de l'Ousse des Bois, nous sommes venus, à pieds, voir l'installation du site pour le concert et chercher nos billets à la MJC. Tout un symbole : l'avenue qui relie le quartier au centre ville est l'avenue Berlioz. D'où le choix du programme : "Symphonie fantastique" d'Hector Berlioz. Mais aussi, entre les actes de la symphonie, des interventions de rappeurs, de chanteurs de raï accompagnés par deux violons et un violoncelle de l'orchestre, des danseurs de hip hop, des graffeurs, un guitariste turc et un chanteur au clavier... Sans oublier une chorégraphie exécutée par des escaladeurs et des jeunes le long de la façade en rappel de la tour Salama.


Il est 16h10. On aperçoit la tour, qui émerge au-dessus des immeubles collectifs et des pavillons HLM familiaux... et des champs qui entourent le quartier.


Il est 16h25. La tour se dresse au dessus de toutes les habitations. Autour, un vaste espace où sont installées trois grandes scènes et où, demain, s'installeront marchands de couscous, de merguez et de sandwiches. Des enfants et des adolescents parcourent le lieu en tous sens, à pieds ou à bicyclettes.


Vendredi 1er juillet. Le concert est prévu à 22 heures. Il est 21h10. Fidèles à nos habitudes, nous arrivons en avance pour nous imprégner de l'atmosphère des lieux. Des chaises, des praticables... Tout sera plein. Avec le coucher du soleil, la température devient de plus en plus fraîche. C'est agréable. Les musiciens arrivent par deux ou par trois, souriants, détendus, et s'installent à leur place pour s'accorder.     


Petit à petit, la scène se remplit et une sorte de bruissement envahit l'espace. Une sorte de frémissement désordonné et en apprance anarchique d'où va émerger la vie. Comme un bouillon de culture. Il est 21h40.


Je garde ces deux images, prises à 21h42 et 21h46, parce qu'elles expriment bien, à mon sens, ce moment où l'orchestre passe du désordre à l'ordre : ça grouille, ça s'agite, ça vibrionne, ça se croise en tous sens et ça prend forme. Je l'avoue, ça me fascine.



Il est 22h50. Des formes, vêtues de blanc, descendent du haut de la tour Salama en chorégraphiant leurs gestes. C'est un moment de pure magie. La tour est belle.


Samedi 2 juillet. Il est 22h45. Après un groupe de rappeurs et avant la prestation d'une chanteuse arabe, puis d'un DJ, un orchestre de raï se produit en accompagnant Cheb Amar. Classique, très professionnel. Une voix magnifique. On se joint à la foule des jeunes attentifs et enthousiastes. Des adolescents et des adolescentes, dont certaines voilées et même très voilées. Une atmosphère festive et détendue. Des enfants courent en tous sens, fiers d'exhiber des affiches signées par des musiciens. Plus en arrière, des femmes, les mères de famille, assistent au concert en papotant tout en surveillant leur progéniture dans la nuit.

Il est 23 heures. On est un peu fatigués ; on a faim et on a les jambes un peu raides. On pense à rentrer à la maison, bien que le concert soit loin d'être fini. Un dernier morceau et on y va. Le chanteur vient de récupérer un drapeau marocain et un drapeau algérien. Avant d'entamer sa chanson, Cheb Amar interroge la foule :
- "Vous êtes Marocains ?"
-" Oui..."
- Vous êtes Algériens ?"
-"Oui..."
-Vous êtes Tunisiens ?"
-" Oui..."
-" Vous êtes Turcs ?"
-"Oui..."
-"Vous êtes Français ?"
-"Oui..."

Je note que, parmi ces derniers "oui", beaucoup ont déjà répondu "oui" à l'une des questions précédentes. Je trouve cette observation intéressante. Je n'en tire certes pas de conclusion, mais je prends note. C'est de la micro-sociologie in vivo ; elle n'est pas sans valeur.

En cassant une petite croûte sur le coup de minuit, on apprend que DSK a dîné dans un restaurant italien huppé : pâtes aux truffes noires et je ne sais quoi d'autre. Je me réjouis pour lui. Mais pourquoi noires les truffes ?

Finalement, il n'a manqué qu'une chose : un accordéon. Mais, je ne désepère pas, car je ne vois pas en quoi le raï et l'accordéon seraient incompatibles. Je rêve même à la rencontre du raï avec un accordéoniste de jazz ou de musette. Je pense à Michel Macias ou à Jean-Luc Amestoy, qui ont assez de talent pour réussir une telle rencontre.   





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