lundi 27 juin 2011

lundi 27 juin - trio elbasan à convivencia : voyage vs itinéraire

Samedi 25 juin. Le trio Elbasan donne un concert, à 21 heures, dans le cadre du festival Convivencia, sur le bord du canal du Midi, précisément à l'écluse du Vic, commune de Castanet-Tolosan. Ce fut une magnifique soirée.

Nous étions arrivés de Pau sur le coup de 16 heures, le temps d'aller assister à la prestation de la chorale où chantent Charlotte et Camille, le temps d'assister au spectacle du cirque où s'exerce Camille - jonglage et équilibre -, le temps aussi de prendre un coup de chaleur carabiné et d'aller prendre une bonne douche froide avant de rejoindre les bors du canal du midi à Castanet-Tolosan.

Convivencia est en quelque sorte un festival nomade qui, de fin juin à fin juillet, donne des concerts gratuits de port en écluse et d'écluse en port, de Toulouse jusqu'à la Méditerranée. A l'écluse de Vic, l'atmosphère est champêtre. L'air est doux ; la proximité du canal et rafraichissante et l'ombre des arbres apaisante. Beaucoup de monde. Comme je prends une photographie du lieu, à partir du chemin de halage, Françoise reconnait Christian Toucas, rencontré déjà à Souillac et à Trentels, et ses deux collègues. Plaisir de nous retrouver. Plaisir d'échanger des nouvelles. Plaisir de dîner ensemble avant le concert. Je sais bien que la gentillesse ne suffit pas à faire de la bonne musique, mais quand elle s'ajoute à la bonne musique, alors celle-ci prend une dimension d'humanité qui, je l'avoue, me touche. J'aime ces moments où parlant de tout et de rien, on a le bonheur d'être ensemble. et le temps ne fait rien à l'affaire. Huit jours ou six mois, on se retrouve immédiatement en accord.

Après le repas - fort bon ma foi - le trio va se préparer, on va écouter un trio dans une péniche. Celle que l'on voit à droite. C'est l'apéro-concert, qui serait plutôt pour nous, en l'occurrence, le pousse café- concert.


21h15. Le trio a pris place. Beaucoup de monde, sur des bancs, sur l'herbe de la digue du canal. Une scène de dimensions réduites, un fond de scène noir, deux projecteurs. Tout cela est d'une simplicité efficace. La posture du trio est elle aussi simple, mais de même efficace. On est en cet instant, plus ou moins long, où les musiciens se coupent de l'environnement quotidien pour se plonger dans leur monde et nous faire partager leur univers créatif. Le sous-titre du premier disque du trio Elbasan est "un voyage du Danube à la Méditerranée" ; le second est intitulé "Escales" et il s'aventure au coeur de l'Afrique, mais aussi au Rajastan. On sent bien qu'il s'agit d'une inspiration profonde. On pourrait parler de racines. A aucun moment le trio ne tombe dans la citation facile ou dans l'emprunt de traits de surface. On sent à l'écoute de chaque morceau un authentique travail d'appropriation. Si bien que l'on perçoit d'évidence un son très spécifique, qui de titre en titre donne sa couleur au concert. Une grande unité de l'ensemble, un fil rouge qui relie entre eux les trois musiciens et, en même temps, la surprise et l'étonnement à chaque nouveau morceau. A 21h15, le soleil est encore haut et incandescent dans le ciel. Les arbres sont verts et le ciel bleu.


21h 45. Je suis frappé par l'immobilité du trio, très économe de ses gestes, et par le fait que toute l'attention est focalisée sur l'échange et l'écoute réciproque des trois musiciens. Parfois, Héloïse Lefebvre - un beau prénom qui lui convient bien - me fait penser à Jean-Luc Ponty ; d'autres fois à Gilles Apap. C'est dire !



22h00. La nuit tombe. Le fond de l'air est doux. On commence à regretter que le concert doive se terminer. Forcément. On sait bien qu'il ne peut en être autrement, mais on voudrait croire que ce moment puisse durer toute la nuit. J'attends chaque morceau avec gourmandise, car je sais qu'il va me surprendre.

22h13. Une heure déjà. Les 2/3 du concert sont passés. La nuit est tombée. Les arbres sont noirs et le ciel bleu de Prusse. La musique émane de cette source lumineuse comme un miracle. Avec la fin du jour, il me semble que l'imagination voyage encore mieux.

Il est maintenant 22h54. Sur une scène installée sur une péniche devant l'écluse, le groupe Urs Karpatz a rassemblé une foule considérable. Il y a là un virtuose du cymbalum, un accordéoniste et maints autres musiciens. Une fanfare balkanique. Une fanfare qui propose un intinéraire à travers les Balkans, sans surprise, très professionnel. A bien des égards, irréprochable. On se mêle à la foule, on écoute plusieurs morceaux, puis on quitte le bord du canal. Sur le chemin du retour, on écoute le second opus du trio Elbasan, "Escales". Le bonheur permane.


De retour à Pau, je m'amuse à photographier les deux disques du trio sur un petitb tapis marocain acheté sur un marché entre Marrakech et Ouarzazate. Le rapprochement me plait. En y regardant de près, on peut noter que dans le second disque Christian Toucas est devenu Crestiano Toucas. Ce n'est sûrement pas insignifiant. Au fil de l'âge, on choisit de plus en plus délibérément ses racines.


A noter, le dessin original de Christian et la signature de ses deux collègues.


Mais, avant de mettre un point final à ce post, il me faut expliciter son titre : "trio elbasan à convivencia : voyage vs itinéraire".  

Dans mon dictionnaire personnel en effet je fais une distinction radicale entre la notion de voyage et celle d'itinéraire. Je veux bien admettre que cette distinction me soit personnelle, mais en tout cas elle m'aide à organiser le monde qui m'entoure. Pour moi, le voyage, c'est un parcours pour aller de lieu en lieu à la découverte d'autres horizons et de nouveautés radicales. La notion de voyage implique celle de surprise et d'étonnement, de rencontre inattendue et imprévisible. L'itinéraire, a contrario, c'est le chemin à suivre pour aller d'un lieu à un autre suivant un ordre nécessaire et planifié. Il y a de la trajectoire dans l'itinéraire ; il y a du vagabondage et du hasard dans le voyage.

Eh bien, pour moi, le trio Elbasan se rattache au monde du voyage, cheminant à l'affut des rencontres pour, si j'ose dire, en faire son miel, alors que la fanfare Urs Karpatz se rattache pluôt à l'itinéraire : service impeccable, concert qualibré, mais attendu et sans surprises. Bon ! je sais bien que l'on parle de voyages organisés. Je le sais, mais je résiste : c'est une manière de laisser croire au troisième âge qu'il va encore à l'aventure (ouh ! ouh ! les frissons devant les pyramides d'Egypte ou les abîmes du Grand Canyon), mais c'est du bidon. Tandis que le trio Elbasan, c'est de la quintessence de butinage. 

On l'aura compris, on a beaucoup aimé le trio Elbasan, ses musiciens et ses créations. 

Dès que possible, je trie les photographies de cette soirée et j'en tire quelques photonotes, en particulier de C. Toucas et de son Victoria.    

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil