mercredi 4 août 2010

mercredi 4 août - changement de décor

Quand je rends visite à mes parents, à la maison de retraite Saint Joseph, à Nay, à vingt kilomètres de Pau, je choisis toujours avec soin un album d'accordéon pour m'accompagner. A la sortie de Pau, dans une zone improbable, quelque peu anarchique, où coexistent des parkings de concessions automobiles, des immeubles en construction, des entreprises de services, un constructeur de bateaux, un carrossier spécialiste du tuning, un apart'hôtel plutôt luxueux, des villas à l'abri de hauts murs... et, régulièrement, des gens du voyage avec leurs caravanes rutilantes, leurs lessives à tous les vents et leurs enfants, il y a un espace investi par des jeunes, virtuoses du skate : trois hangars désaffectés, immenses. Depuis quelques semaines, un texte barre les graffitis :"Tous unis contre la destruction". C'est une balise sur ma route, à l'aller et au retour. Mais, aujourd'hui, quelque chose a changé. Les skateurs squatteurs ont-ils gagné leur combat ? Ont-ils fini par imposer leur présence aux promoteurs et autres décideurs politiques ? Est-ce une trêve illusoire ? Toujours est-il qu'une nouvelle fresque a pris la place de la banderole de protestation. Je m'arrête pour faire une photographie.
Au moment de remonter dans ma voiture, je prends conscience que, de l'autre côté de la route, il y a des jardins ouvriers. Je ne les avais pas vus. Tout à mon intérêt pour les graffitis, je n'avais porté aucune attention à cet espace modeste mais cartésien. "Se rendre comme maître et possesseur de la nature". Dans cet univers vert, cette table recouverte d'une nappe rouge a quelque chose d'incongru et cependant, si j'ose dire, de naturel, pour ne pas dire normal. Ce monde me touche. D'autant plus que la tache rouge est une nappe cirée, objet emblématique pour moi de la culture populaire, ouvrière ou paysanne. La nappe cirée et le formica ! Le nouveau monde des années cinquante ! La preuve concrète que le progrès existe ! Punctum, dirait Roland Barthes. Studium aussi : intérêt historique et sociologique. C'est sûr, je ne passerai plus jamais entre ces deux lieux de culture populaire sans y faire attention.

Et puis, je repars. Gorka Hermosa m'accompagne et c'est un vrai bonheur. Il y a de bien beaux morceaux de lui sur son myspace.

http://www.myspace.com/gorkahermosa

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