mardi 14 juillet 2009

mardi 14 juillet - jazz à montauban le 6 juillet

Dans le cadre du festival de jazz de Montauban, Richard Galliano s'est produit au jardin des plantes deux soirs de suite, le 6 et le 7 juillet. Le 6, en quartet avec G. Rubalcaba, R. Bona et C. Penn. On peut parler d'une étape sur la tournée de présentation de "Love Day". Le 7, il était l'invité du trio Rosenberg.

Plusieurs jours après ces deux concerts, j'ai toujours autant de difficultés à en parler, à traduire mes impressions et mes sensations en mots. A cause certes d'autres occupations, fort agréables d'ailleurs, comme l'installation pour les vacances à Hossegor, mais aussi à cause de l'impossibilité de trouver le langage adéquat. En fait, pour être précis, je devrais distinguer entre les deux soirées. J'ai vécu en effet le concert du 6 de manière si intense que je suis encore incapable de la moindre prise de distance. D'abord, il y a la composition du quartet, différente de celle du disque. Il est vain de comparer une situation d'écoute d'un disque et d'un concert, mais mon impression immédiate, c'est que le quartet du concert manifeste une force que je n'avais pas perçue à l'écoute de l'album. D 'autre part, il y a la composition même du programme : une alternance de moments que je qualifierais de méditatifs, calmes, sereins, apaisés et de moments explosifs, débordant d'énergie, presque violents. Pas un mot de présentation ni de commentaire, tout au plus le nom des musiciens donné par Galliano. A la fin, un rappel prodigieux, très long, où l'on passe sans transition de l'Aria de Bach à "Taraf". Un professionnalisme sans failles au service d'une créativité de chaque instant.

En fait, du début à la fin, j'ai vécu ce concert dans une espèce d'état second, quelque chose qui ressemble à de l'hypnose. Peut-être qu'un texte du type récit de rêve serait le mieux à même d'exprimer mes sentiments. Les surréalistes pratiquaient une certaine technique d'écriture, qu'ils avaient théorisée sous le nom d'écriture automatique. Il faudrait que je retrouve cette technique pour faire émerger et prendre forme mes sensations. Mais mon trouble est tel que j'ai même du mal à me rappeler précisément ce qui s'est passé et ce que j'ai vécu. Heureusement, quelques photographies vont m'aider à entreprendre ce travail de remémoration. Même si je sais bien que ce qui est passé est passé. Mais les photographies sont au moins un ancrage qui va me permettre de me persuader que je n'ai pas été victime d'une illusion, d'un mirage sonore. Autre ancrage de première importance : les échanges entre Françoise et moi, qui sont une manière de donner sens et réalité à notre présence à ce concert.

Pour le concert du 7, il en va différemment. Je n'ai pas un goût immodéré pour le swing manouche mais, bon, je reconnais volontiers que j'ai eu conscience d'écouter un trio, le trio Rosenberg, donnant le meilleur de ce type de musique. Là encore, plus professionnel que ce trio, tu meurs... En fait, ce que je n'apprécie pas ou peu dans cette musique, c'est ce qui la caractérise, "la pompe manouche", ce jeu spécifique des guitares rythmiques. Au bout de quelques morceaux, tout se confond pour moi et je ne perçois plus qu'un rythme effréné, un exercice de rapidité, un jeu de virtuosité dénué de force expressive. Telle est ma sensation. Après une heure donc où le trio enchaîne compositions originales et standards, jusqu'à l'un des plus célèbres, "Les yeux noirs", Richard Galliano arrive comme invité. Pour une demi-heure qui m'a paru bien courte. Mais si cette durée m'a laissé quelques frustrations, du point de vue qualitatif il s'est passé quelque chose de crucial. A partir du moment où Galliano a commencé à jouer, je n'ai plus entendu la même musique. Pas seulement un flot de notes, pas seulement vitesse et précipitation. Le dialogue entre les guitares et l'accordéon m'a enchanté. C'est comme si par sa présence et son jeu, Galliano me dévoilait, dans l'instant, l'essentiel de cette musique. Et je me dis que son génie est peut-être en grande partie dans cette capacité de saisir et de traduire l'essence même de chaque musique qu'il interprète. Comme si les autres s'en tenaient à des traits de surface alors que lui va à la structure fondamentale, jusqu'à l'âme des styles. Je pense à certaines interviewes, comme par exemple celle qu'il donne dans le dvd "Acoustic Trio", qui me confortent dans cette conjecture.

Quant à moi, à défaut de savoir aller à l'essentiel, je m'en tiens pour l'instant à neuf photographies du 6 et à neuf du 7. Elles me serviront de repères.

Arrivée pour le premier concert à 20h15. La première partie est assurée par le Philippe Duchemin Trio. Annoncée à 21h15, elle débute à l'heure dite. J'apprécie. Le jardin des plantes est un lieu magique : une végétation luxuriante. Sur une vaste esplanade, les chaises, les tentes des nombreux sponsors avec de nombreux invités. Un restaurant. Mais nous préférons des tapas. A 20h20, nous attaquons donc nos assiettes de tapas avec un verre de blanc du pays en compagnie d'Anne-Marie et André Bonneilh que nous avons eu le plaisir de retrouver. La discussion est des plus agréables : accordéon, accordéonistes, concerts, festival de Trentels, passé et à venir...


A 22h45, début du concert. Une scène immense. En toile de fond, des arbres immenses sur le feuillage desquels les projecteurs dessinent des formes étranges. Quelques moments : le quartet s'est déployé sur toute la largeur de la scène.











Galliano s'est assis, entre détente et fatigue. Il écoute les autres. Son attention est physiquement sensible. Il est là, présent.



Autre moment : je suis ému par la tension et la fatigue sur le visage de Richard Galliano. Je ne peux m'empêcher de penser que quelque chose de vital est en jeu à chacun de ses concerts. Sinon, comment expliquer le nombre extraordinaire des concerts qu'il donne et des situations à risques où il s'engage ? Paradoxe : le concert comment moment d'épuisement et comme source de Jouvence.








Autre moment : Galliano jouant de l'accordina. Un seul morceau, mais quelle émotion ! Son souffle dans l'instrument. Directement modulé.








Et puis, encore une fois assis. Le regard vers le ciel, explorant un monde qui n'appartient qu'à lui.




23h53. Un dernier portrait.

23h55, fin du concert.










1 commentaires:

Anonymous ptilou a dit...

15 jours plus tard à Paris, le même groupe. Un pti cpte rendu et quelques images d'un concert lumineux au Parc floral de Vincennes.
http://cooldesource.blog.lemonde.fr/2009/08/06/richard-galiano-au-parc-floral/

1 septembre 2009 à 03:40  

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