vendredi 3 juillet 2009

vendredi 3 juillet - pendant la panne l'accordéon continue

Ainsi donc, dimanche 21 juin, premier jour de l’été, mon ordinateur est tombé en panne. J’ai voulu, vers minuit, regarder une dernière fois mon courriel, mais l’écran est resté noir. Obstinément. Le temps d’obtenir un diagnostic, le temps de recevoir le composant défaillant et le temps de la réparation, tout cela m’a privé de ma « machine à écrire » jusqu’à mercredi, premier jour de juillet. Et cela a profondément bouleversé la fabrication de mon blog. J’ai bien essayé de mettre mes idées noir sur blanc au stylo, mais en vain. Le rythme de l’écriture, le mouvement de la main et des doigts, la manière de rectifier telle ou telle expression, les suppressions ou les ajouts, tout cela est si différent de la pratique du tapuscrit que je me suis senti frappé d’impuissance et de stérilité. J’aurais pu alors classer les photographies prises au cours de ces derniers jours, les trier, les travailler un peu pour les rendre publiables, mais le cœur n’y était pas. Pour cela, il aurait fallu que j’emprunte l’ordinateur de Françoise, mais tout me paraissait compliqué. J’avais en outre un bon prétexte, à savoir que je ne voulais pas l’empêcher de mener à bien son projet d’écrire un ou deux textes pour son propre blog. J’avais prioritairement envie de la lire.

Les jours se sont donc accumulés avec leur lot d’événements. Ayant récupéré mon ordinateur, je vais essayer d’en retrouver des traces significatives. Pour cela, je m’appuierai d’abord sur le cadre chronologique. Les faits, dans l’ordre de leur succession. Ensuite, s’il y a lieu, j’essaierai de trouver matière à quelques photonotes à partir des photographies que j’ai faites le mardi 30 juin à l’occasion de l’étape du festival Convivencia à Ramonville, banlieue de Toulouse. Ce soir-là en effet Tref donnait un concert à partir de la péniche Chèvrefeuille tenant lieu de scène. Un événement !

Mercredi 24 et Jeudi 25, nous avions décidé d’aller faire quelques travaux à Hossegor. Laver les balcons, lasurer les rambardes, nettoyer les meubles de jardin, gratter la mousse verte au bas des murs blancs, tailler un chêne-liège envahissant, lessiver le mur extérieur et le peindre, tondre les herbes hirsutes, ranger du linge dans les placards. Et cetera… Il faut en effet que la villa soit accueillante pour les petits. Il faut en particulier que Charlotte et Camille retrouvent immédiatement leurs marques et, pour le dire en un mot, qu’elles se sentent bien d’emblée. Pour accompagner nos activités, nous avions emporté quelques disques. Tout ce travail en effet sollicite peu l’attention et se fait en silence. Peu ou pas de voisins alentour. La musique nous environne et rythme quasiment nos gestes. Nous avions emporté plusieurs disques, mais finalement notre choix, durant ces deux jours, se réduit à deux, qui tournent en boucles. Deux disques sur lesquels joue Klaus Paier : « Radiotree / Radio. String. Quartet. Vienna / Klaus Paier » et « A deux / Klaus Paier & Asja Valcic ». Dans les deux cas, une musique très élaborée et très écrite. Avec une palette particulièrement large dans le second. Au fil des écoutes, nous avons l’intention de plus en plus vive d’entrer dans un monde, que nous sommes loin d’avoir exploré durant notre bref séjour à Hossegor.

Jeudi 25, 17h53. Hossegor. En cette fin d’après-midi, avant de rentrer sur Pau via Saint-Vincent-de-Tyrosse et son « Kebab », je prends une douche. Mes fringues de bricolage en profitent pour faire une petite sieste réparatrice. Didier, l’architecte, devenu un copain, se moque de moi. Il prétend que ma combinaison sur laquelle s’affichent les traces visibles de mon travail lui fait penser à un babygros. Je dois convenir que les tâches peuvent évoquer spontanément quelques restes de purées, de soupes ou de compotes.

18h30. Avant de fermer la villa, un dernier coup d’œil sur le jardin depuis le balcon : les chaises et la table brillent sous le soleil déclinant. C’est bien ! Il faudra penser à acheter du charbon de bois et des brochettes.

Vendredi 26, 17h30. Pau. Je suis allé rendre visite à mes parents, à Nay. Un certain équilibre s’est établi dans leur vie, après des moments de crise et sans doute avant d’autres moments critiques. Avant d’autres dégradations de leurs capacités physiques et mentales. Je note que leur vie en vase clos, sans problèmes quotidiens, une vie accompagnée et encadrée à chaque instant, les conduit à lâcher prise. L’entretien de leur villa m’incombe et comme j’ai la signature de leurs chèques la tenue de leurs comptes ne les intéresse plus. « Je ne comprends pas », « Je ne me rappelle pas », « C’est trop compliqué » sont leurs expressions favorites, formules de fuite qui expriment ce que je qualifie de lâcher prise. Autant dire qu’en revenant à Pau, je m’octroie un petit détour par l’espace culturel de l’hypermarché Leclerc. C’est un mécanisme de compensation primaire, mais j’en ai besoin. En parcourant les rayons de disques, mon attention est attirée par une couverture blanche. Un couple enlacé, vu en plongée. L’homme tient un diatonique, un Castagnari. Le titre : « Andirivieni ». Le nom de l’artiste : Filippo Gambetta. Un disque Felmay de 2008. Sauf erreur, c’est la maison d’édition de Riccardo Tesi. Il S’agit bien d’une inspiration italienne, mais il me semble que ses arrangements sont plus classiques, je dirais plus minimalistes que ceux de Tesi. Dix morceaux, du solo au quintet avec manifestement des complices privilégiés, Claudio de Angeli (« acoustic guitar » et Riccardo Barbera (« upright bass ». Je n’avais jamais entendu parler de cet accordéoniste. Une bien heureuse rencontre. La pureté formelle me touche.

Samedi 27, 18 heures. Pau. L’idée me vient que le numéro de juillet-août de la revue « Accordéon & accordéonistes » est peut-être arrivé. En effet ! Il y en a même cinq ou six, ce qui est plutôt supérieur au nombre habituel. Comme il s’agit d’un numéro double, comme s’il s’agissait d’une friandise, je décide de le parcourir en diagonale et d’en différer une lecture exhaustive. Mais tout en le feuilletant, une autre idée me traverse l’esprit : alors que depuis quelques jours, je cherche sans succès le dernier disque de Jean Corti, « Fiorina », tout à coup je me dis qu’il est peut-être placé dans les variétés à cause des nombreuses chansons qui y figurent. Tout juste ! D’habitude, je n’ai guère de goût pour l’accordéon d’accompagnement. Mais en l’occurrence ce disque est une heureuse surprise. D’abord, la moitié des titres sont des instruments ; ensuite, la présence de l’accordéon est bien autre chose que de l’accompagnement au sens strict du terme : il s’agit bien effet de présence au premier plan, et non en retrait ; enfin, le titre « Fiorina » est touchant à l’extrême. En l’écoutant, je pense à Marc Perrone et à une inspiration profondément italienne, encore une fois pourrait-on dire s’agissant d’un accordéoniste.


Dimanche 28, 12h21. Pau. Nous déjeunons sur la terrasse arrière. En entrée, melon au porto. Et pendant tout le repas, « Fiorina ».




Lundi 29, 13 heures. Pau. Nous emportons quelques disques, mais en fait jusqu’à mardi, jusqu’au concert donné par Tref, nous n’écoutons que deux disques : « Accordéon diatonique / Tref » et « Hors-piste » de Didier Laloy, diatonique, et J.-Ch. Renault, piano.



Mardi 30, 19h56. Toulouse - Ramonville. Festival Convivencia. En ce mardi, étape du festival à Ramonville. Port de péniches, bords du canal du Midi. Un espace urbain et en même temps – est-ce la présence de l’eau et des péniches en bord de quais ? – un univers exotique. Un autre monde. On est ailleurs. Un espace de convivialité. Une chaleur lourde, pleine d’orages qui, toujours menaçants, n’éclateront jamais. Plusieurs moments dans cette soirée : une péniche énorme, dont le toit est à ciel ouvert, accueille Helios Quinquis Quintet : trois guitares manouches, une batterie, un accordéon, au second plan, mais très présent. On s’installe. On boit une première bière. La première d’une série de quatre. Il faut bien ça pour étancher sa soif.






20h12. Puis, il est temps d’aller manger un petit quelque chose. « Marins d’eau douce ». Un bon restaurant en bordure de l’esplanade où joue d’abord le big band de l’école de musique de Ramonville et où interviennent ensuite « les passeurs de bal » qui initient la foule immense à des pas de danses traditionnelles. Pour mémoire : bar grillé, compotée de rhubarbe aux deux sorbets, rosé de vin du Tarn. Et bien sûr une bière avant de rejoindre nos places au plus près de la péniche Chèvrefeuille qui tient lieu de scène pour le concert de Tref. Didier Laloy discute avec Frédéric Malempré, batterie et percussions. Ils acceptent fort gentiment de signer les deux disques que nous leur présentons. Ils nous signalent la sortie de leur dernier Tref, en vente à la buvette après le concert. Occasion de s’en jeter une dernière, vers minuit.



21h35. "Les passeurs de bal" en pleine action...


21h45. Péniche Chèvrefeuille. Tref est un groupe étonnant. Etonnant et d’emblée attachant. Une maîtrise telle qu’ils peuvent se permettre beaucoup de libertés… contrôlées. Toute la soirée, ils enchaînent scottishes, mazurkas, polkas, valses, bourrées et autres danses traditionnelles. Rythme endiablé. Le dispositif me frappe : un triangle délimité par ses trois sommets, au fond la batterie, en avant à droite et à gauche deux accordéons. Une géométrie très cartésienne, quasi statique. En tout cas, de la stabilité. Et puis, dans cet espace stable, Didier Laloy, funambule, électron libre, qui se sert de son diatonique comme d’un instrument qui lui donne l’équilibre qu’à tout instant il se met en situation de perdre. Je suis fasciné par leur prestation, leur énergie, leur humour, leur maîtrise et par la disparition du jour, le passage crépusculaire.




22h11. La nuit tombe.



22h36. La chaleur ne faiblit pas. au premier plan, mon verre de bière ; en arrière-plan, Tref, qui assure toujours...



Après le concert, nous achetons le disque de Tref que Didier Laloy nous avait recommandé : « Loop To The Moon », Wim Claeys, Didier Laloy et Frédéric Malempré. Un trio donc.

23h53. Une dernière escale à la péniche qui accueille Helios Quinquis Quintet. L’un des guitaristes masque l’accordéoniste et je m’amuse à essayer de faire une photographie où l’on voit celui-ci malgré la présence au premier plan de celui-là. C’est un jeu !


00h10. Dans la douceur de la nuit, le canal du Midi et le port de Ramonville. Et beaucoup de gens qui écoutent la musique venue du fond de la péniche.

Mercredi 1er juillet. 17h30. A peine sommes nous rentrés de Toulouse que nous écoutons le dernier opus de Tref : une musique fort différente du concert de mardi. Il ne s’agit plus de danser. Parfois, je dirais qu’il s’agit d’une musique sombre. Mais l’humour y est aussi indéniablement présent, comme l’attestent les photographies de résidents d’une maison de retraite qui illustrent la pochette. Humour belge. Pince sans rire. Décapant.



En terminant ce texte, je me dis qu’il n’est pas possible d’en rester là. Demain, je me mets aux photonotes, en particulier concernant Tref ! Il me semble qu’il y a à faire.










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