vendredi 27 mai 2011

vendredi 27 mai - un commentaire sur nominalisme vs empirisme

Dans mon post du samedi 30 avril, je m'essayais à quelques réflexions, moins philosophiques d'ailleurs que ce que laisse attendre le titre, sur la distinction entre une approche "nominaliste" et une approche "empirique" de l'oeuvre d'art, particulièrement en matière musicale. Il y a en effet une manière "nominaliste" pour qui le rapport à l'oeuvre d'art est de l'ordre de la consommation nominale, si j'ose dire. "On a fait la Tunisie", "on a fait le Prado", "on a vu Galliano en concert à Marciac en 2006", etc... La chose, une fois nommée, est assimilée pour l'éternité. Et souvent classée et rangée. "Doubler" un concert, dans cette approche, est incompréhensible. Ce qui est fait est fait et n'est plus à faire. Après Galliano, Mille, après Mille, Suarez et ainsi de suite...  La redondance n'est que perte de temps dans ce processus d'accumulation.

Mais il y a aussi une autre approche : celle qui consiste à considérer chaque moment comme une expérience unique et irréductible à toute autre semblable. Par exemple, un concert, par définition, est une expérience unique même s'il est doublé. De même la contemplation d'un tableau ou d'un film. Ne serait-ce que parce qu'en la matière la durée est la dimension fondamentale de cette expérience : si l'on écoute un concert aujourd'hui et "le même" demain, il est évident que le second sera toujours perçu après le premier et le premier avant le second. De même, je ne sais combien de fois j'ai contemplé un grand bleu de Klein à Beaubourg. De même pour un homme marchant de Giacometti. Chaque fois, l'expérience est irréductible aux précédentes qui, d'ailleurs, en cet instant, sont bien présentes et constitutives de celle-ci.

Bref ! Il se trouve qu'aujourd'hui, en rentrant de Toulouse, je découvre en écho le commentaire que j'ai plaisir à citer ci-dessous, et qui me réjouit à deux égards : d'abord, par son contenu - je "m'y retrouve" bien - et ensuite par l'allusion à Trentels in fine...  Qui se cache derrière cette signature "anonyme" ? A vos investigations, mon cher Watson...
Anonyme a dit…



1981 : Peter Gabriel donne un concert à la Halle au Grains de Toulouse. Bien sûr je prends ma place en avance . En quelques jours tous les billets sont vendus. les organisateurs programment alors un deuxième concert à 17h30 puisque l'artiste n'avait qu'une journée à passer dans cette ville ! Ce jour là je traînais prés de la salle de concert : le guichet était ouvert... Du coup je reprends une place ! Aujourdhui encore, après toutes ces années, je ne regrette pas mon coup de tête ! Les deux prestations ont été à la fois semblables de part la programmation mais tellement différentes dans l'interprétation et dans le lien au public sans en affecter bien sûr la qualité !


Les deux expériences ont été fantastiques...


Depuis il m'est arrivé rarement de réitérer ce choix d'assister à plusieurs représentations d'un même artiste (l'aspect financier étant un frein!). Cette façon de faire est du même ordre que d'aller plusieurs fois voir une exposition, un film, mais avec une donnée en plus, inhérente à la musique, la nature vivante et impalpable de cet art qui n'existe que dans le présent et nous met en prise avec la réalité. C'est effectivement comparable à la respiration : là et maintenant. Et si l'on retient son souffle, ce qui peut arriver lors d'une émotion, c'est peut-être pour retenir l'instant comme lorsque le morceau se termine et que les applaudissements viennent après un temps suspendu, mais ce n'est jamais du fait de notre volonté ! Et de ce fait les concerts c'est comme le vélo : tout est dans la respiration même si parfois on a le souffle coupé...

Rendez-vous à Trentels ?

Michel.

26 mai 2011 13:12

C'est dit ! Rendez-vous à Trentels !

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