mercredi 22 janvier - à propos de "hürven" du mkf [trio]
Au point de départ, il y a, dans le numéro de janvier d'"Accordéon et accordéonistes", un entretien de Catherine Barray avec Norbert Pignol, l'un des trois membres du MKF [Trio]. J'ai déjà eu l'occasion, dans un article précédent, de dire que cet entretien m'avait sinon surpris du moins intrigué. On y trouve en effet plusieurs idées dérangeantes, en tout cas pour moi, c'est-à-dire de nature à remettre en question mes représentations et conceptions spontanées de l'accordéon.
Par exemple, quelques unes de ces idées : la rencontre avec des musiciens de rock qui conduisent, dit N. Pignol, "à remettre en question tout ce que l'on savait de la musique". Par exemple, l'introduction de l'électronique comme instrument privilégié de traitement des sons. Par exemple, cette idée, que je cite :"Nous avons mis l'accent sur le son, le rythme et les modes de jeu. Et avons arrêté de nous centrer sur la mélodie, le contrepoint et l'harmonie". Par exemple, cette profession de foi, si j'ose dire :"Nous sommes musiciens avant d'être accordéonistes... Aujourd'hui, nous ne sommes pas plus attachés que ça au rôle d'accordéoniste dans la musique. L'instrument n'est qu'une interface". On voit en quoi ce texte, dont je ne tire ici que quelques extraits, est dérangeant et donc digne d'intérêt et d'effort de compréhension.
Mais, d'abord, un petit détour épistémologique. Je dois au psychologue et épistémologue suisse Jean Piaget cette idée qu'apprendre découle de deux processus complémentaires. L'un, qu'il nomme assimilation, fonctionne quand des faits nouveaux trouvent naturellement leur place dans le cadre d'idées avec lesquelles on pense déjà. L'autre, qu'il nomme accommodation, fonctionne quand des faits nouveaux n'entrent pas dans nos cadres de pensée existant et nous obligent à modifier ceux-ci pour intégrer ceux-là. Le premier processus fonctionne comme un renforcement de ce que l'on pensait déjà alors que le second exige une mise en question, un dépassement de ce que l'on pensait jusque là. Ce second processus est dérangeant et c'est en cela qu'il est source de progrès. Cette conception piagétienne de l'apprentissage me parait tellement convaincante qu'elle me set de guide, d'autant plus qu'en m'y référant il me semble en effet apprendre encore et toujours, en particulier en ce qui concerne l'accordéon.
C'est ainsi que muni de cette méthode, j'ai commandé illico l'album "Hürven" du MKF [Trio] et que j'ai entrepris de l'écouter avec l'espoir de faire progresser ma représentation de l'accordéon. Une écoute donc en forme d'exercice. J'ai bien reconnu en effet la rencontre d'un accordéon trad', nourri de danses venues de très loin, avec des sons plutôt musclés, plutôt radicaux, souvent saturés, issus du rock, et des boucles et autres manipulations électroniques venues de quelque espace technologique.
Bon ! Et alors ? J'ai compris que, dans la voie explorée par MKF [Trio], l'accordéon n'est qu'un élément parmi d'autres, parmi tout un dispositif à l'intersection du trad', du rock et des manipulations permises par des machines électroniques sophistiquées. J'ai compris qu'il peut même être délibérément utilisé en contre-emploi dans le processus de recherche ainsi mis en œuvre.
Mais j'ai l'intuition que je comprendrai encore mieux le projet poursuivi par MKF [Trio] si j'arrive à éclaircir cette phrase de N. Pignol que j'ai citée plus haut : "L'instrument n'est qu'une interface". Interface, oui, mais entre quoi et quoi ? Entre qui et qui ? Entre qui et quoi ? Entre quoi et qui ? Et du coup, j'ai bon espoir, si je progresse dans ce travail d'éclaircissement, d'y gagner aussi le plaisir de l'écoute...
ps : je signale que sur le site de la Fnac, qui diffuse "Hürven", on peut écouter des extraits de tous les titres et lire une phrase de Riccardo Tesi, une référence dans le monde du diatonique, qui dit son admiration pour le travail entrepris par MKF [Trio]. Dont acte. Riccardo Tesi, lui, il a tout compris !
http://www.amazon.fr/Hurven-Mkf-Trio/dp/B00ARL9QTI
Par exemple, quelques unes de ces idées : la rencontre avec des musiciens de rock qui conduisent, dit N. Pignol, "à remettre en question tout ce que l'on savait de la musique". Par exemple, l'introduction de l'électronique comme instrument privilégié de traitement des sons. Par exemple, cette idée, que je cite :"Nous avons mis l'accent sur le son, le rythme et les modes de jeu. Et avons arrêté de nous centrer sur la mélodie, le contrepoint et l'harmonie". Par exemple, cette profession de foi, si j'ose dire :"Nous sommes musiciens avant d'être accordéonistes... Aujourd'hui, nous ne sommes pas plus attachés que ça au rôle d'accordéoniste dans la musique. L'instrument n'est qu'une interface". On voit en quoi ce texte, dont je ne tire ici que quelques extraits, est dérangeant et donc digne d'intérêt et d'effort de compréhension.
Mais, d'abord, un petit détour épistémologique. Je dois au psychologue et épistémologue suisse Jean Piaget cette idée qu'apprendre découle de deux processus complémentaires. L'un, qu'il nomme assimilation, fonctionne quand des faits nouveaux trouvent naturellement leur place dans le cadre d'idées avec lesquelles on pense déjà. L'autre, qu'il nomme accommodation, fonctionne quand des faits nouveaux n'entrent pas dans nos cadres de pensée existant et nous obligent à modifier ceux-ci pour intégrer ceux-là. Le premier processus fonctionne comme un renforcement de ce que l'on pensait déjà alors que le second exige une mise en question, un dépassement de ce que l'on pensait jusque là. Ce second processus est dérangeant et c'est en cela qu'il est source de progrès. Cette conception piagétienne de l'apprentissage me parait tellement convaincante qu'elle me set de guide, d'autant plus qu'en m'y référant il me semble en effet apprendre encore et toujours, en particulier en ce qui concerne l'accordéon.
C'est ainsi que muni de cette méthode, j'ai commandé illico l'album "Hürven" du MKF [Trio] et que j'ai entrepris de l'écouter avec l'espoir de faire progresser ma représentation de l'accordéon. Une écoute donc en forme d'exercice. J'ai bien reconnu en effet la rencontre d'un accordéon trad', nourri de danses venues de très loin, avec des sons plutôt musclés, plutôt radicaux, souvent saturés, issus du rock, et des boucles et autres manipulations électroniques venues de quelque espace technologique.
Bon ! Et alors ? J'ai compris que, dans la voie explorée par MKF [Trio], l'accordéon n'est qu'un élément parmi d'autres, parmi tout un dispositif à l'intersection du trad', du rock et des manipulations permises par des machines électroniques sophistiquées. J'ai compris qu'il peut même être délibérément utilisé en contre-emploi dans le processus de recherche ainsi mis en œuvre.
Mais j'ai l'intuition que je comprendrai encore mieux le projet poursuivi par MKF [Trio] si j'arrive à éclaircir cette phrase de N. Pignol que j'ai citée plus haut : "L'instrument n'est qu'une interface". Interface, oui, mais entre quoi et quoi ? Entre qui et qui ? Entre qui et quoi ? Entre quoi et qui ? Et du coup, j'ai bon espoir, si je progresse dans ce travail d'éclaircissement, d'y gagner aussi le plaisir de l'écoute...
ps : je signale que sur le site de la Fnac, qui diffuse "Hürven", on peut écouter des extraits de tous les titres et lire une phrase de Riccardo Tesi, une référence dans le monde du diatonique, qui dit son admiration pour le travail entrepris par MKF [Trio]. Dont acte. Riccardo Tesi, lui, il a tout compris !
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