dimanche 9 septembre - observation urbotanique

J'ai eu récemment l'occasion de dire quelques mots sur un bouquin plus qu'intelligent : "Carnet d'une urbotaniste", signé Lullie, un bouquin dont je fais mon miel des connaissances plus ou moins pataphysiques et oujapiennes qu'il met à la disposition du vulgum pecus, et dont la méthodologie m'inspire et me guide, je l'avoue, dans mon observation quotidienne de mon environnement. Ce bouquin, c'est une vraie formation du regard, une manière de faire prendre conscience des sens cachés de notre milieu urbain. J'ai donc fait part de mon enthousiasme et de mes trouvailles dans mon post du jeudi 30 juillet et dans celui du mercredi 5 août.

Je voudrais aujourd'hui vous faire part de ma dernière observation. Comme on le voit, il s'agit de huit bouteilles de bière, de 33 cl, qui attendent sagement de rejoindre, par l'ouverture située derrière elles, leur habitat collectif. C'est écrit : n'entrent ici que les êtres de verre. C'est du tri sélectif, dont le principe, on le voit bien, est "les mêmes avec les mêmes". Chacun chez soi. Tout le contraire d'un principe de mixité ou de diversité. Une image de l'organisation des quartiers et de la répartition de leurs habitants, les Zurbains

Du coup, je comprends mieux le sens de cette photographie ci-dessous. Une bouteille et une canette métallique de bière qui se tiennent l'une contre l'autre, cachées au regard du citadin pressé. A proprement parler, ce sont des sdf. Et en effet où pourraient-elles vivre leur liaison, si chacune, suivant sa nature, doit habiter avec ses seuls congénères ?

Le tri sélectif a certes bien des avantages, mais je demande qu'on réfléchisse aussi à ses effets pervers, comme la ségrégation des bouteilles et des canettes de bière... Pour ne rien dire de la bière en packs de carton. C'est pas comme ça qu'on facilite la mixité sociale.