vendredi 2 septembre - juste un échange de regards
Ce vendrdi est jour de rentrée pour Sébastien et Nadja. Charlotte, qui entre en sixième, et Camille en CE2 sont encore en vacances. Françoise et moi sommes venus à Toulouse jouer nos rôles de Papou et Mamou. Quelques courses alimentaires le matin, histoire d'alléger les problèmes d'intendance de Nadja et Sébastien ; un peu de foot avec Camille pour moi ; quelques travaux de couture pour Charlotte aidée par les conseils et les coups de mains de Françoise. A midi, presque sans en discuter, on va manger "Chez Boulis", un restaurant d'employés, d'ouvriers et d'enseignants. Le patron est sympathique. On le connait depuis longtemps. On prend la formule "entrée + plat". On mange à l'arrière du restaurant, dans une vaste cour, sous un parasol bleu. Tarte aux trois fromages pour Camille et moi ; salade grecque pour Françoise et Charlotte. Coca pour les filles ; un verre de vin pour nous. Puis, lasagnes de la mer pour tous.
Après le déjeuner, on revient à la maison. On gare la voiture, on descend à la Roseraie prendre le métro. On s'arrête à Capitole. Charlotte avait depuis longtemps envie d'aller choisir quelques livres à "Ombres blanches". Camille sui le mouvement avec enthousiasme. Evidemment, les différentes salles de la librairie sont climatisées. Il fait plus de 30° dans les rues et sur la place du Capitole. Il y a, dans un coin, une fontaine d'eau fraîche. Air climatiséé, eau fraîche, livres à volonté. On passe plus de deux heures à regarder les filles plongées dans leurs lectures, à discuter de tel ou tel bouquin, à examiner avec elles leurs choix, à partager leurs incertitudes et finalement à approuver leurs décisions d'achats.
Il est environ quatre heures de l'après-midi quand on quitte "Ombres blanches". Dehors, c'est une fournaise. Les rues, les immeubles, les voitures garées le long des trottoirs, les gens eux-mêmes sont comme clivés entre ombre et lumière. Une lumière si brutale que l'ombre apparait noire. En passant le long du Capitole pour rejoindre l'entrée du métro sous le magasin Virgin, on entend, au loin, un son que nous reconnaissons entre tous. Le son d'un accordéon. De pas en pas, ce son devient de plus en plus distinct. Charlotte et Camille en cherchent la source. Tout à coup, il est là, de l'autre côté de la rue, assis sur un tabouret, une soucoupe avec quelques pièces à ses pieds. Il est un peu à droite d'un "Bar/tabac/presse/La Française des Jeux". Un accordéoniste et son Weltmeister, qui dit assez quelle est son origine géographique.
Il joue "Sous le ciel de Paris". Les gens entrent dans le "Bar/tabac/etc..." et en sortent sans un regard ni le moindre signe d'attention à son égard. D'autres personnes passent devant lui, sans le voir, ni, je suppose, l'entendre, tout occupées par leurs soucis et plus vraisemblablement par leurs achats. Charlotte et Camille s'arrêtent tout naturellement pour l'écouter. Camille dit :"Tu lui donnes une pièce, Mamou". Ce n'est ni une question, ni une injonction, ni un souhait ; c'est une évidence. Camille s'avance pour déposer un euro dans la soucoupe de l'accordéoniste. Il sourit. Il la remercie en souriant. Il nous regarde. Il nous fait signe qu'il va jouer spécialement pour nous. Il marque un temps de respiration et il entame "Sous le ciel de Paris". On l'écoute avec attention. Quand il a fini, on le remercie d'un geste de la main. Avant de continuer notre chemin, je croise son regard. Une ou deux secondes. Un bref échange. Mais un échange.
Comme on s'éloigne, après une courte pause, j'entends l'accordéon jouer "Sous le ciel de Paris". Je me rappelle que l'accordéoniste, d'un âge difficile à situer, portait un costume gris clair. Sa chemise était très blanche avec un éclat bleuté. Je me rappelle ses souliers noirs, bien cirés. Sa soucoupe avec quelques euros et des pièces jaunes. Je me rappelle son regard.
A la sortie du métro, à un carrefour où il y a plusieurs feux tricolores, des femmes et des adolescents venus de Roumanie proposent aux automobilistes de laver leur pare-brise. Ils semblent fort démunis. Je me demande comment l'accordéoniste du Capitole, leur compatriote, pouvait jouer sur un Weltmeister ; comment, lui et son instrument plutôt encombrant, avaient-ils passé les frontières ; où vivaient-ils, dans quelles marges des périphériques, et comment ?
Après le déjeuner, on revient à la maison. On gare la voiture, on descend à la Roseraie prendre le métro. On s'arrête à Capitole. Charlotte avait depuis longtemps envie d'aller choisir quelques livres à "Ombres blanches". Camille sui le mouvement avec enthousiasme. Evidemment, les différentes salles de la librairie sont climatisées. Il fait plus de 30° dans les rues et sur la place du Capitole. Il y a, dans un coin, une fontaine d'eau fraîche. Air climatiséé, eau fraîche, livres à volonté. On passe plus de deux heures à regarder les filles plongées dans leurs lectures, à discuter de tel ou tel bouquin, à examiner avec elles leurs choix, à partager leurs incertitudes et finalement à approuver leurs décisions d'achats.
Il est environ quatre heures de l'après-midi quand on quitte "Ombres blanches". Dehors, c'est une fournaise. Les rues, les immeubles, les voitures garées le long des trottoirs, les gens eux-mêmes sont comme clivés entre ombre et lumière. Une lumière si brutale que l'ombre apparait noire. En passant le long du Capitole pour rejoindre l'entrée du métro sous le magasin Virgin, on entend, au loin, un son que nous reconnaissons entre tous. Le son d'un accordéon. De pas en pas, ce son devient de plus en plus distinct. Charlotte et Camille en cherchent la source. Tout à coup, il est là, de l'autre côté de la rue, assis sur un tabouret, une soucoupe avec quelques pièces à ses pieds. Il est un peu à droite d'un "Bar/tabac/presse/La Française des Jeux". Un accordéoniste et son Weltmeister, qui dit assez quelle est son origine géographique.
Il joue "Sous le ciel de Paris". Les gens entrent dans le "Bar/tabac/etc..." et en sortent sans un regard ni le moindre signe d'attention à son égard. D'autres personnes passent devant lui, sans le voir, ni, je suppose, l'entendre, tout occupées par leurs soucis et plus vraisemblablement par leurs achats. Charlotte et Camille s'arrêtent tout naturellement pour l'écouter. Camille dit :"Tu lui donnes une pièce, Mamou". Ce n'est ni une question, ni une injonction, ni un souhait ; c'est une évidence. Camille s'avance pour déposer un euro dans la soucoupe de l'accordéoniste. Il sourit. Il la remercie en souriant. Il nous regarde. Il nous fait signe qu'il va jouer spécialement pour nous. Il marque un temps de respiration et il entame "Sous le ciel de Paris". On l'écoute avec attention. Quand il a fini, on le remercie d'un geste de la main. Avant de continuer notre chemin, je croise son regard. Une ou deux secondes. Un bref échange. Mais un échange.
Comme on s'éloigne, après une courte pause, j'entends l'accordéon jouer "Sous le ciel de Paris". Je me rappelle que l'accordéoniste, d'un âge difficile à situer, portait un costume gris clair. Sa chemise était très blanche avec un éclat bleuté. Je me rappelle ses souliers noirs, bien cirés. Sa soucoupe avec quelques euros et des pièces jaunes. Je me rappelle son regard.
A la sortie du métro, à un carrefour où il y a plusieurs feux tricolores, des femmes et des adolescents venus de Roumanie proposent aux automobilistes de laver leur pare-brise. Ils semblent fort démunis. Je me demande comment l'accordéoniste du Capitole, leur compatriote, pouvait jouer sur un Weltmeister ; comment, lui et son instrument plutôt encombrant, avaient-ils passé les frontières ; où vivaient-ils, dans quelles marges des périphériques, et comment ?
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