dimanche 15 novembre 2009

lundi 16 novembre - vallée d'aspe et paris musette

Vendredi 13. Le temps est doux. Un vent chaud souffle, venant d'Espagne. Il annonce de la pluie pour demain ou après-demain, mais aujourd'hui il fait beau. 20° sur le coup de 14 heures. Forcément, l'envie nous prend de bouger un peu. On se dit qu'après les premières neiges, il ne faut pas rater les incandescences des forêts de la vallée d'Aspe. Une vallée qui commence à Oloron (40 kilomètres au sud-ouest de Pau) et se termine par le col du Somport sur la route de l'Espagne.

Chemin faisant, nous nous rappelons que dans cette vallée, à 15 kilomètres au sud d'Oloron, il y a un cloître à Sarrance. Un cloître XVIIIe. Il est ouvert. Pas de visiteurs, pas de guides, pas d'accueil. Il suffit de pousser la porte. Il est petit. Le jardin n'est pas entretenu, mais il m'émeut. Je suis en effet touché par la sérénité, le calme, le silence du lieu. Il est dominé de toutes parts par la montagne.

Il est 15h04 quand nous entrons.

Il est 15h21 quand nous en sortons.


L'église est baroque. Ce n'est pas mon architecture de prédilection. Trop d'ors, trop de colonnes contournées. Dans l'une des chapelles latérales, dans un coin sombre, une statue en assez mauvais état, me touche par son regard tendu vers un horizon au-delà de l'horizon. Je me sens proche, non point de la figure religieuse, mais simplement de cette figure en tant qu'elle est humaine. Simplement.

Un peu plus loin dans la vallée, Bedous. A quelques kilomètres, terme de la route goudronnée, le village d'Aydius. On y trouve ce que l'on était venu chercher : la palette infinie des bruns, roux, rouges, jaunes, verts. Le village, tâche blanche, promontoire que l'on imagine coupé du monde au coeur de l'hiver. On voit que la neige fond à vue d'oeil.




15h55. Un zoom avant du "petit gros". Le village semble se dévoiler. Secret malgré sa candeur apprente.




16h32. Sur le chemin du retour vers Oloron, une halte au bord de la voie ferrée Oloron-Canfranc. Des travaux gigantesques. Une voie abandonnée depuis fort longtemps. Une voie que les écologistes voudraient voir réhabilitée pour mettre en oeuvre un système de ferroutage. Un système pour éviter la noria de camions qui polluent la vallée. Des camions souvent dangereux par leur contenu. Cette ancienne ligne Oloron-Canfranc a quelque chose de fascinant. Une multitude de tunnels et d'ouvrages d'art. Entre autres, l'immense gare de Canfranc, un lieu authentiquement surréaliste, aujourd'hui vandalisé. Mais les murs demeurent intacts. Ou encore le tunnel dit hélicoïdal eu égard à sa forme : 17 kilomètres ! La sortie à pic au-dessus de l'entrée.





16h45. Sur le bord de la route, un tas de traverses récupérées après des travaux sur un tronçon de la voie. Un curieux personnage me regarde. Statue primitive. Il me regarde étonné. Moi aussi je suis surpris. J'ai l'impression qu'il me renvoie mon image en miroir.






Un peu après 18 heures, de retour à Pau, je ne résiste pas au plaisir de me replonger dans les trois albums de "Paris Musette". Plaisir de l'écoute bien sûr, mais aussi plaisir d'avoir affaire à un objet culturel exceptionnel. J'admire le projet culturel et la qualité documentaire. "La valse à Margaux", "Flambée Montalbanaise", "Annie-Zette", "Valse chinoise", "La foule", "Viva Murena", etc... "Mystérieuse", "La rabouine", "La valse des niglos", "Germaine", "Dans ma verdine", etc... "Indifférence", "Brise napolitaine", "La vicieuse", "Rue de la chine", etc...















1 commentaires:

Blogger Olivier a dit...

Sur le musette :
De nombreux accordéonistes ont subi une sorte de traumatisme à jouer de l'accordéon et du musette. J'ai eu aussi, à la période l'adolescence ( 75-80), une sorte de rejet de ce style car c'était en quelque sorte pour moi la seule issue pour ne pas être en dehors de la société (pour faire court et fort). Cela était dû à cet environnement, à cet air ambiant, cette mode qui rejetait le bébé avec l'eau du bain (l'accordéon avec le musette). C'est cette méfiance que je ressens encore dans de nombreux propos concernant l'accordéon.
Bernard Dimey (chanté par Michel Simon, Salvador, Mouloudji, Aznavour et plus près de chez vous, Jéhan) m'a définitivement réconcilié avec le musette. Il a superbement décrit la disparition du petit peuple de Paris et sa lecture est pour moi très empreinte de ce que j'imagine être « l'esprit du musette », si vous me permettez cette expression.

2 poèmes valent mieux qu'un long discourt :

Pépère :

Pépère, écout' pas çà, c'est du mélancolique,
A chaque fois qu'tu l'entends, tu fais ton cinéma,
Ça te rappelle des trucs, cette espèce de musique,
Ça te rappelle Germaine mais çà tu l'diras pas.

Ecoute pas çà, j'te dit ; t'as déjà l'oeil qui brille,
Tu tires sur ta cibiche comme au bal des pompiers,
Y paraît qu'tu savais baratiner les filles,
Y paraît qu'au chamboule-tout t'étais toujours premier.

Je vois l'accordéon tourner sous ta casquette
C'est comm' la foire du trône, réveillé d'un seul coup
Quand on a dix-huit ans, c'est merveilleux la fête,
A présent c'est foutu, tu n'y vas plus beaucoup.

Pépère écout' pas çà, et parle-moi d'Germaine,
Y paraît qyu'elle t'avais l'sifflet coupé,
Que tu v'nais la chercher chez papa toutes les s'maines
En promettant surtout d'la ram'ner pour souper.

Pépère, écout' pas ça, tu vas pleurer par terre.
Si tu rentres chez toi avec des yeux rougis
Mémène elle va penser que t'as forcé su'l'verre,
Ell' comprendra jamais que l'biniou t'a surpris.

C'est pernicieux comme tout les pianos à bretelles,
Ça vous balanc' des airs au décrochez-moi çà,
Des sonates à deux ronds dans le fonds des ruelles
Avec des mots tout neufs qui n'en finiseent pas,

Pépère, on va rentre, vas-y finis ta bière,
Il est minuit passé, c'est plus des heures par toi.
Le patron du bistrot va boucler ses lumières
Et pour le dénicheur, çà s'ra la prochaine fois.

Mimi.

Mimi, toi qui n'aime's pas l'accordéon musette
Qui s'rais plutôt Beatles, pop music et tout çà,
Un soir je t'emmèn'rai dans une petit' guinguette,
C'est sans doute la dernière et c'est un Auvergnat
Qui tient çà d'puis toujours et qui veut pas qu'çà change,
Qui vend le mêm' vin blanc depuis dix-neuf-cent-vingt.
C'est gentil, c'est discret, personne ne vous dérange,
Et y a trois beaux lampions tout au fond du jardin.

Mimi, si tu viens là j'te présent'rai l'équipe,
Y s'ront contents d'te voir, j'ai tant parlé de toi,
Un sourire du patron entre deux bouffées d'pipe,
Le p'tit verre de l'accueil sur le vieux zinc en bois.

Maria la patronne, du fond de sa cuisine,
T'observera de loin de son p'tit oeil en coin
Puis viendra t'embrasser en t'app'lant ma cousine,
En me recommandant d'être à tes petits soins.

Et Léon sortira son instrument rustique
D'un étui de bois noir, fatigué de partout
Tous ceux qui sont fervents de ce genre de musique
Vont se mettre à guincher, à souffler des mots doux

J' te dirai "Mademoiselle, accordez-moi cette danse"
Toi, tu diras "Monsieur, je ne vous connais pas"
J' répondrai "C'est comme ça qu'un grand amour commence"
Et comme un débutant, j' te prendrai dans mes bras

Mimi, fais-moi plaisir, même si t'aimes pas l' musette
Appelle ça du folklore et tu l' regretteras pas
Allons-y samedi soir car ma petite guinguette
Si on attendait trop, j'ai peur... qu'on la retrouve pas.

16 novembre 2009 à 00:23  

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