lundi 9 novembre 2009

lundi 9 novembre - daniel mille "l'attente"

Le dernier opus de Daniel Mille est donc sorti la semaine dernière. Dès les premières mesures du premier titre, "l'attente", 6:10, on est plongé dans son monde. Une introduction au piano : nostalgie, mélancolie, spleen... L'accordéon. Impossible de s'y tromper : c'est la signature de Daniel Mille lui-même. Des échos d'"Entre chien et loup" et d'"Après la pluie". Au cas où l'on hésiterait encore, l'intervention de Belmondo fait le lien avec "Après la pluie".

De disque en disque, de collaborations en collaborations fidèles (Belmondo, Garay, Maillard, Trintignan, Goyone, etc...), Daniel Mille approfondit son monde, sa manière de nous transmettre une certaine vision du monde. Les mots qui me viennent à l'esprit sont nostalgie, spleen ou mélancolie. En fait , c'est un peu plus subtil. Je dirais plutôt une certaine nostalgie, une sorte de spleen, quelque chose comme de la mélancolie. Une distance, un écart par rapport à ces sentiments, qui fait la spécificité de son inspiration.

Une manière de se tenir en équilibre instable, volontairement instable, entre... Par exemple, "Sur les quais", lieu de départ, de promesses de voyages, déracinement. Aller voir ailleurs. Ou encore, "Le funambule", qui pourrait être emblématique de l'ensemble de son oeuvre. Mise en danger bien contrôlée. Ou "Entre chien et loup". Mais encore "Après la pluie", au bout de la plage, les rêves comme des mirages. "Entre", "Après"... et après, quoi ? "L'attente" !

C'est sûr, Daniel Mille sait composer des mélodies que l'on a envie d'écouter et d'écouter encore. Art de la nuance. Aquarelles. Il sait s'entourer de gens de sa tribu. Fidélité. Il sait aussi choisir les oeuvres d'autres poètes pour les placer sur son album : "Retrato em branco e preto" (Francisco Buarque de Hollanda), écho de l'époque Saravah, ou "Chiquilin de Bachin" (Horacio Ferrer et Piazzolla), dont le disque propose une interprétation subtile et toute en nuances. Tout le contraire de certaines interprétations expressionnistes, tout en noir et blanc violents.

Que dire encore de "Place Sainte-Catherine", trio avec Marcel Azzolla et Daniel Suarez ? Imaginons trois valses légères qui se nouent, se dénouent, se croisent, se décroisent et s'entrecroisent. S'il est vrai que la valse se prête à l'expression de la nostalgie urbaine, alors celle-ci en est comme la quintessence. Quelle rencontre.

Que dire de la lecture par Trintignan du poème de Vian, "Je voudrais pas crever" ? La voix de l'accordéon et celle du lecteur unies. Le piano. Une sorte de voix blanche. Mais quelle émotion ! Et puis, ces dernières secondes où le récitant se retrouve seul, sans musique. Les paroles nues !

Ah, j'oubliais :"Fin d'été" ou "Les beaux jours" avec Minino Garay, entre autres.

Je sens bien tout ce que mes propos ont de superficiel. J'ai bien l'intention d'approfondir mes impressions, mais justement, en cet instant, je suis incapable d'écouter le magnifique "Fin d'été" et de fabriquer les phrases capables de rendre compte de mon plaisir. La clarinette de Stéphane Chausse ! Je choisis d'écouter.

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