jeudi 29 octobre 2009

jeudi 29 octobre - il n'y a pas de hasard

Non, il n'y a pas de hasard. En rangeant "Cinema Novo", que je viens d'écouter une énième fois, je prends conscience que les photographies de couverture ont un rapport direct avec les photographies que j'avais prises en bord d'océan, à Hossegor. J'avais d'abord fait un lien entre ces photographies et le land art à partir de cette soirée du 2 octobre où le festival Jazzèbre proposait de coupler le concert du trio Massot-Florizoone-Horbaczewski avec un film documentaire sur l'oeuvre et sur le processus créatif propre au sculpteur écossais Andy Goldsworthy. Ce lien m'avait incité à explorer cette zone frontière entre l'océan et le sable. D'une certaine façon, je puis dire que le regard du land art sur le monde m'avait ouvert les yeux sur cet environnement. Mais ce lien pouvait apparaître comme le fait du hasard de la programmation du festival. Or, en rangeant le cd je prends maintenant conscience qu'il est sous le signe de cette même zone incertaine entre la terre et l'eau. Cette plage, que je situe, connaissant l'origine géographique du trio, dans le Nord de la France ou en Belgique, cette plage fait immédiatement penser à celle d'Hossegor.

Deux remarques à propos de ces deux photographies de la pochette. A gauche, on voit que l'image de couverture est inversée, les têtes en bas. C'est dire que l'on perçoit les trois musiciens d'abord par leurs reflets dans les flaques d'eau. Le symbole est assez joli : le reflet est premier, la réalité est seconde. Quant à l'image de droite, sa construction me plait, mais plus encore me font plaisir les trois signatures : Tuur, Michel, Marine. Une trace précieuse. Ancrage du souvenir. De surcroît ces signatures sont des prénoms.

Du coup, j'ai aussi plaisir à publier cette photographie prise le 26 octobre à Hossegor. Jour blanc, jour de brouillard, jour de toutes les incertitudes. Un moment de méditation sur le flou des frontières naturelles. Les éléments se mélangent. Monde mixte.
Je note en particulier que cette image combine trois incertitudes : incertitude sur la limite entre l'air et l'eau, incertitude entre l'air et la terre, incertitude entre l'eau et la terre. Bien plus, on pourrait y ajouter les incertitudes liées au temps ou, plus exactement, à la durée. Instant après instant, tout change. Imperceptiblement. J'a pu ainsi prendre plusieurs photographies dans le laps de temps d'une minute. A chaque seconde, il n'est que mouvements, changements, négociation sans fin sur les limites. Mais, à l'échelle de la minute, tout parait identique, stable, je dirais homéostatique.


C'est ainsi que lorsqu'on contemple le mouvement des vagues, on perd la notion même de temps. On devient incapable d'apprécier la durée du temps qui passe. Il y a quelque chose dans cette expérience de ce que les anciens stoïciens nommaient "ataraxie". Expérience dont je note qu'elle est essentiellement durable, parce qu'elle ne dépend en rien d'un dispositif de consommation. Finalement, la musique et le land art sont choses assez subversives.

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