mercredi 28 octobre 2009

dimanche 25 octobre - de l'accordéon au land art (1)

Vendredi 2 octobre. Nous sommes dans le hall du cinéma "Le Lido", à Prades, à une quarantaine de kilomètres de Perpignan. Il est 18h00. Nous sommes venus de Pau pour assister au concert du trio Massot, Florizoone, Horbaczewski et plus particulièrement pour écouter, en direct live, les titres de leur opus "Cinema Novo". Mais pour l'heure, nous discutons avec l'organisateur du festival Jazzèbre et un responsable de la salle de cinéma. Le festival propose en effet une formule originale associant "un film - un concert", qui a excité notre curiosité. Film à 18h30, concert à 21h00. Entre les deux, même si le programme ne le dit pas, un apéritif fort convivial. Le film est un documentaire "Rivers et Tides" consacré au travail d'Andy Goldsworthy. C'est un écossais, un sculpteur, mais un sculpteur un peu particulier. Adepte du Land Art, il crée ses oeuvres à partir d'éléments naturels, végétaux ou minéraux, recueillis sur les lieux même de leur installation. Oeuvres parfois monumentales, mais finalement toujours éphémères, dont il garde trace par la photographie ou le cinéma. Oeuvres érigées sur le lieu même de leur existence ; oeuvres effacées par le mouvement des marées ou du vent.

Certes nous connaissions le Land Art, en particulier par le numéro 99 de la collection "Photo Poche", intitulé "La nature dans l'art - sous le regard de la photographie". Une photographie montre Andy Goldsworthy dispersant l'une de ses sculptures, faite de fragiles brindilles, aux quatre vents d'une lande sauvage. Instantané. Trace. D'autres oeuvres sont montrées, signées Buren ou Christo dont les noms sont connus du grand public. Toutes les oeuvres ainsi photographiées sont fort diverses ; elles ont cependant en commun d'être exposées sur les sites où leurs matériaux étaient naturellement présents. La création est de l'ordre de l'agencement, de la mise en forme, de la disposition. Le geste artistique réside d'abord dans le regard de l'artiste qui a su voir les potentialités esthétiques qui se trouvent là ; il produit une oeuvre, mais celle-ci est destinée à retourner à la nature. Seule la photographie fait foi.

Ce film nous a intéressés. Bien plus, depuis son visionnement, il me semble que mon attention à mon environnement, naturel ou artificiel, s'est encore aiguisée.

Dimanche 25 octobre. 15 heures. Nous sommes sur la terrasse avant de la villa, à Hossegor. Nous attendons "les petits", qui sont partis de Toulouse vers 14 heures. Ils ont prévu de pique-niquer sur une aire de l'autoroute. Nous ne les attendons pas avant 18 heures. En les attendant, justement, après avoir ouvert portes et fenêtres pour laisser entrer la douceur de l'air venu des dunes, nous écoutons "Cinema Novo". Forcément ! Mais peu à peu le bruit des vagues vient se mêler aux sons du disque. Un bruit étrange et finalement obsédant. Un bruit lointain, mais lourd. Un bruit, ni régulier, ni irrégulier, ni aléatoire. Un bruit que je qualifierais de complexe, au sens où des moments irréguliers, voire perceptibles comme aléatoires, s'articulent en cellules régulières, que l'on attend en retenant sa rspiration.

Au bout d'un moment, nous décidons "d'aller voir la mer", en fait d'aller voir les vagues et leur machinerie sonore. Nous ne sommes pas déçus. En quelques instants, une brume s'est levée, qui estompe les couleurs. On pourrait, suivant l'expression des gens de montagne, parler de "jour blanc". L'autofocus de mon numérique a le plus grand mal à trouver des repères. Le flux et le reflux de cette masse énorme et parfois surprenante par sa vitesse nous fascine. Evidemment, je me laisse surprendre. Je recule trop tard, je m'entrave, je tombe, je ne sais comment je sauve mon "petit gros" [mon Samsung] de la noyade.

Mais, ce qui me frappe dans ce mouvement perpétuel, c'est le flou de la limite entre le sable et l'eau. A chaque nouvel assaut des vagues, le sable, sans broncher, force d'inertie "hénaurme", reprend du terrain. Une négociation sans début, ni fin, une négocation sans limites pour définir une improbable frontière.

Par exemple, les cinq photographies ci-dessous ont été prises au cours d'une même minute : 16h38 !

16h38
16h38



16h38


16h38





Moins d'une demie heure plus tard, le soleil a gagné la partie. Le ciel est immense. Bleu. Agressif. Chemin faisant, nous rencontrons d'autres frontières. Ce chemin qui court sur le sommet de la dune. Défense de la nature. Défense de marcher hors la voie tracée. C'est le prix à payer pour préserver la nature tout en donnant accès à l'océan pour le plus grand nombre. Je ne puis m'empêcher de percevoir cette construction comme une oeuvre de land art. Une oeuvre que des employés municipaux devront restaurer sans cesse. Sinon, les embruns salés auront tôt fait de la disloquer. Patience du land art. Il est 17h02.





17h03. Ces toiles tendues sur des piquets me font penser à quelqu'installation qui, je crois, il y a quelques années, traversait une partie de la Californie. Peut-être pour en marquer la faille géologique. Je ne comprends pas leur fonction, ni leur utilité. Les gens y portent peu d'attention. Pourtant, c'est bien de land art qu'il s'agit.





17h05. Comme une frontière dérisoire et changeant au gré des variations des ombres.








17h12. Ces piquets sont beaux. Chacun a une identité particulière. Ils indiquent le chemin de la plage. Ils font murmurer le vent. C'est aussi de la musique. Pulsations et sifflements.















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