samedi 10 octobre 2009

samedi 10 octobre - retour sur le trio massot-florizoone-horbaczewski

Dans un article, signé Fabienne Crescent, présentant un concert qui sera donné le 13 novembre à 12 heures par le trio Massot-Florizoone-Horbaczewsi, dans le cadre des 23èmes Rencontres internationales D'Jazz de Nevers, on peut lire une analyse succincte, mais très pertinente, de leur musique. Je cite :

" Voici sans doute l’une des plus jolies et inclassables petites formations à nous être parvenues récemment de la scène musicale belge.
Il faut dire que ce trio à l’instrumentation funambulesque et poétique a cette particularité d’à la fois respirer l’air du temps, et de simultanément proposer un univers intemporel et stylistiquement inclassable.

Autour du tuba virtuose de Massot, le trio invente une musique très raffinée et aérienne dans ses arrangements, empruntant ses climats autant au jazz par son sens de l’improvisation, qu’aux multiples traditions populaires et autres folklores imaginaires ".


J'apprécie d'autant plus ce commentaire que la musique du trio, qui m'enchante, résiste à mes efforts d'analyse. D'une certaine façon, j'y lis mes propres impressions, mais exprimées d'une manière explicite. C'est comme si mes intuitions avaient trouvé leur formulation.

Je reconnais bien le caractère inclassable de cette formation. On n'arrive pas à lui donner une généalogie manifeste, ni à l'inscrire dans une tradition définie. On sent bien la culture du trio, mais ses sources d'inspiration ont fait l'objet d'un tel travail d'appropriation qu'elles sont difficilement identifiables. Les emprunts ont fait l'objet d'un tel travail de rumination qu'on les retrouve transfigurés. Comme neufs. Ce n'est pas de la génération spontanée, ce n'est pas non plus une musique que l'on peut classer. Je suis d'accord donc avec l'idée de style inclassable. Cette musique n'est pas située et pourtant elle est bien d'aujourd'hui. D'accord aussi avec l'idée de monde poétique. Le trio fait rêver. Une machine à susciter de la rêverie. Encore plus d'accord avec l'idée de funambule. J'avais moi-même pensé à un trio de fildeféristes, toujours en équilibre instable, toujours avançant d'un pas risqué mais assuré.

Je voudrais ajouter que ce trio m'enchante aussi par son économie de moyens. Des lignes mélodiques parfaitement lisibles, sans fioritures, sans la moindre trace de virtuosité gratuite. Michel Massot qui met au monde ses notes, une à une. Comme un accouchement. Marine Horbaczewski qui trace des lignes claires, qui balise le jeu de ses deux collègues. Tuur Florizoone qui pose ses notes comme un peintre japonais : fulgurance et impassibilité... apparente.

Un dernier mot, enfin. Je crois avoir déjà exprimé ce sentiment, mais j'y reviens tant il est prégnant pour moi : la musique de ce trio est pour moi une musique de l'absence, du silence et de l'attente. Ces trois caractéristiques sont le verso de l'économie de moyens. C'est en cela que j'ai pu penser à l'art des peintres et des graphistes japonais, dont l'oeuvre est signifiante autant par les tracés que par les espaces vides.

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