mercredi 7 octobre 2009

mercredi 7 octobre - où il est question de daniel colin, de la fanfare p4, de pulcinella, de florizoone et de bien d'autres encore

- "Allo, oui !"

- " Ah ! Enfin... j'ai essayé de te joindre à maintes reprises depuis jeudi, mais je n'ai rencontré que du vide. Même pas de messagerie. Où étiez-vous passés ?"

- " J'aurais dû laisser un message : absent pour cause de concerts... Mais justement, je suis en train de rédiger mon blog. Le plus simple - j'ai mes notes sous les yeux et je viens d'enregistrer dix photographies - c'est que je te raconte ce qui nous a occupés exclusivement depuis jeudi. Dans l'ordre chronologique. Tu connais ma méthode : ensuite, je publierai quelques photonotes. C'est ainsi que j'appelle les images que je garde à titre de traces subjectives ".

- "Je sais... Attends. Je m'installe et je t'écoute".

- " Jeudi donc, il est 11h45, le facteur est en avance, nous fermons le portail. Il me remet un paquet, que je n'attendais pas si tôt. C'est un cd de Frémeaux et Associés. "French Café Music" de Daniel Colin, Dominique Cravic et Claire Elzière. Produit au Japon. Le musette, la chanson française et l'esprit parisien au pays du soleil levant. Frais comme des gorgées de bière. Pour te donner une idée, je te cite trois titres : "Sous les ponts de Paris", "La vie en rose", "Sous le ciel de Paris". Daniel Colin joue... et coule la Seine...



... Je continue. A 12h37, la Fanfare P4 a investi le patio devant le restau U sur le campus de l'université de Pau et des Pays de l'Adour. Les étudiants sont d'abord un peu surpris, puis ils s'installent pour écouter cette troupe, cette avant-garde, devrais-je dire, qui a fait sécession avec l'armée polonaise du Père Ubu. Tonique ! On reconnait aux accordéons Bastien et Florian. On retrouve bien le style P4, mais on sent bien aussi que le répertoire est en train d'évoluer. Les Balkans, imaginaires forcément, et leur vague à l'âme. Mon coeur pleure, mais ma bouche rit, suivant l'expression de Bobby Lapointe.



... Je continue... A 17h03, après un concert donné en plein air sur le campus ensoleillé, la troupe pose pour la postérité. Leur posture est impressionnante. Leur regard se perd dans des steppes imaginaires, dans des ports grecs ou turcs ou peut-être même dans quelque manoir de Dracula, vers la Moldavie.

A 21h21, changement de décor. Toujours sur le campus, mais à "La Centifugeuse", voici Pulcinella. Un jazz de plus en plus free, mais avec de belles mélodies, je pense au platane de Prugnagnes.

... Après quelques instants de pause, une horde déchainée, post-soixante-huit, investit la scène. Des cuivres à te faire pêter les tympans, des textes à l'acide, des messages hors d'âge, comme les alcools forts. Pas de siège dans la salle. On est debout ou l'on est assis par terre. On est debout. L'accordéoniste est là, au milieu. Tu verras la photo. Elle rend assez bien compte de l'organisation méthodiquement foutraque de l'ensemble. Tonique ! Ils retombent toujours sur leurs pieds. Etonnant !".



- " Je continue ?"
- "Oui !"
- " Vendredi matin, donc, à 9 heures, départ pour Prades..."
- " Pour où ?"
- " Pour Prades..."
- " Prades, au-delà de Perpignan ?"
- " C'est ça."
- " Ce n'est pas la porte à côté... Plus de 400 kilomètres..."
- " Tout juste : entre 430 et 440. Tuur Florizoone donnait deux concerts avec Michel Massot et Marine Horbaczewski, le 2 à Prades et le 3 à Elne. Il en donnait un troisième le 4, mais nous devions rentrer. Donc, je reprends : départ à 9 heures. Vers midi et demi, arrêt-buffet sur la première aire de repos après la bifurcation de l'autoroute vers Montpellier et vers Perpignan. A 14 heures, on fait le plein d'essence à l'entrée de Prades. On s'installe dans une chambre d'hôte délicieuse. La maison est tenue par une dame irlandaise pleine d'attentions. On est à moins de 200 mètres de la salle du Lido où aura lieu le premier concert.
A 20h28 précises, je récupère les billets de nos réservations pour les concerts de Prades et d'Elne. Leur numéro : 0001 et 0002. La personne qui me les remet se rappelle, amusée, nos échanges téléphoniques. J'avais peur de m'y prendre trop tard.


Comme je te l'ai dit, je publierai plus tard des photonotes sur ces concerts et sur leur environnement. Pour l'instant, je m'en tiens à cette image qui me rappelle bien la posture du trio. Attention et relâchement. Florizoone et son accordéon énorme, d'où il tire des sons d'une subtilité extraordinaire. Marine, au milieu, comme une sorte de point d'équilibre du trio. Et puis, Michel, qui fait corps avec son tuba, au point d'apparaitre comme un être hybride mi-homme, mi-tuba. Convulsions et tensions. Une musique spécifique, au sens où elle appartient au trio et où elle émane d'un lieu bien au-delà des influences directes et identifiables. Une musique qui suscite l'attention, l'attente. A chaque instant, on attend et ce qui se produit est surprenant. Un art plein d'émotion. Il est 21h32.


Le lendemain, samedi donc, concert à Elne. Il est 22h37. Le même concert, mais aussi un autre, avec en particulier une improvisation où chacun des instrumentistes, tour à tour, propose et provoque ses partenaires. Le public est sous le charme. Une musique subtile. Entre temps, nous avions pu converser avec les trois musiciens. Simples, directs, chaleureux. On les admire et on éprouve pour eux beaucoup de sympathie. Sentiment partagé par plusieurs personnes avec qui, avant et après le concert, nous avons noué conversation.



Il est 23h12. Nous avons du mal à partir, à quitter ce foyer où, à l'instar de la municipalité de Prades, la mairie d'Elne offre un pot où nous côtoyons le trio. Au moment de saluer une dernière fois Tuur, je me rends compte que parmi les cds qu'il range il y a sa musique de film, une musique superbe, quelque chose de magique. Il était temps.



Et puis, dimanche, avant de reprendre la route du retour vers Toulouse, où nous avons fait étape chez "les petits", nous sommes allés faire un tour jusqu'à Collioure, Banyuls, Port-Vendres. Nous sommes engagés sur un chemin plus qu'étroit, au milieu des vignes en terrasses, un chemin où deux voitures se croisent à peine. Je finis l'estomac un peu barbouillé, à la limite du vertige. Le paysage est magnifique. On croirait une oeuvre de Land Art. Et c'est bien de cela qu'il s'agit : le travail des hommes a domestiqué ce sol ingrat. Au fil des ans, une sorte de Descartes collectif a quadrillé cette terre qui se jette dans la mer dans une explosion de lumière. Comment ne pas penser à la rencontre de la nature et de la culture : du Land Art, quoi !



- "J'attends tes photonotes avec impatience..."
-" Un mot encore. Les concerts de Prades et d'Elne avaient lieu dans le cadre du festival Jazzèbre. Toi qui aimes le jazz, tu devrais visiter leur site... En tout cas, l'équipe, qu'il s'agisse de l'organisateur ou des secrétaires est vraiment sympathique et leur attitude donne au festival un style professionnel et convivial que nous apprécions beaucoup. Déjà, nous espérons que l'an prochain ils programmeront encore des accordéonistes. Ce n'est pas le choix qui manque : Sopa, Mille, Pellarin, Venitucci avec Garcia-Fons, Suarez, Toucas, Varis





















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