mercredi 28 octobre 2009

lundi 26 octobre - de l'accordéon au land art (2)

La brume est encore plus dense qu'hier. Le regard se perd rapidement dans la ouate qui s'élève au-dessus des vagues et qui envahit insidieusement la plage. Le bruit est encore plus fort qu'hier. Il n'y a pas âme qui vive pour se promener. Cet espace est à nous. Espace poétique, espace de jeux, espace de land art. Les matériaux sont les éléments mêmes de la nature. Pas de formes dures ; seulement des nuances et des variations. Il est 10h50.

Il est encore 10h50.

Il est toujours 10h50. Cet équilibre instable, sans cesse renouvelé est fascinant. Un rêve enfantin.


10h50. Une minute, une éternité. L'eau, le ciel, la terre. Art élémentaire. Jeu de forces. En cet instant, l'océan semble l'emporter. Illusion !




11h00. Je retrouve les grands panneaux en toile verte transparente. Le tissu est chargé d'humidité. Un signal ? Oui, mais où est le code ?




15h41. Changement de décor. Le soleil est en train de gagner la partie. Entre temps, un bâteau s'est retourné à cinquante mêtres du bord. Les surfeurs n'ont pas pu secourir le pêcheur. Seul son chien s'est sauvé. Ils ont bien donné l'alerte, mais trop tard. Déjà, les pompiers ne parlent plus que du corps à récupérer lors d'une prochaine marée.
L'océan est, comme on dit, déchaîné. Le bruit est une succession ininterrompue de fracas. Curieusement, les rouleaux se brisent sec. Ils perdent toute leur énergie en un instant et sont incapables d'avancer sur le sable. On croirait des matamores gesticulant avant de se dégonfler comme baudruches.







15h41. Des vagues pour les surfeurs !






15h41. Une sorte de modus vivendi qui durera ce qu'il durera. On dirait une peinture abstraite. On pense à Rothko.




En rentrant à la villa, nous longeons, nous croisons, nous enjambons les traces laissées par les engins qui nettoient et façonnent la plage à longueur d'année. Sans trêve, sans répit. C'est que le sable est rusé et imprévisible. Bien sûr, je sais bien que ces traces ont été laissées par des engins fonctionnels et non artistiques. Mais, pour quelques instants, je veux croire le contraire. Ces traces sont l'oeuvre d'artistes, juchés sur leurs pachydermes mécaniques, qui mettent toute leur créativité à tracer de belles formes, de belles frontières. Ils sont sans illusions et savent que le vent ou l'eau ou les pieds des gens détruiront vite fait leur oeuvre éphémère. Mais peu leur chaut... Ce sont de modernes Sisyphes et il faut croire qu'ils sont heureux de recommencer ainsi chaque jour leur travail. Incidemment, ce faisant, ils nettoient et modèlent la plage, mais ce n'est pas leur but premier. Heureux artistes du land art ! Il est exactement 15h44.





Les deux photographies ci-dessous ont été prises à 15h45. Des serpents et des pas.



On peut voir, sur la photographie ci-dessous, comment, chaussé de mes Crocs, j'essaie de mettre mes pas dans les pas de l'engin qui a fait cette trace. C'est une façon d'auto-portrait. Encore du land art. Je pourrai dire : j'y étais. Ce lundi 26 octobre, à 15h45, sur la plage d'Hossegor, à gauche en regardant la place des Landais, j'étais là. La preuve. Encore du land art, variante auto-portrait.



Quant à cette photographie, prise à 15h46, franchement je l'aime beaucoup pour sa géomètrie, pour la finesse du sable entre les traces et pour cette marque en bas à gauche, marque incongrue, quelque chose comme ces défauts, volontairement introduits par les artisans, que l'on trouve, dit-on, sur les tapis d'Orient, comme pour signifier qu'il y a une imperfection au-delà de la perfection et que cette impertfection rend la perfection plus parfaite. C'est sûr, ce land art là a à voir avec l'art des tapis de haute laine.























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