jeudi 27 août - dax feria : à propos des thés dansants
Au fil des jours, j'ai fini par me prendre d'affection pour mes insomnies. Entre trois heures et quatre heures et demie, réglé comme un coucou suisse, je m'éveille. Je ne saurais m'en plaindre, car c'est un moment de rêverie dont l'absence me serait pénible. Quelques rares bruits au loin. Une voiture qui démarre au feu vert, une moto qui manifestement confond l'avenue avec le bitume d'un circuit, une ambulance, un chien furieux, des chats amoureux, le diesel mal réglé du livreur de journaux, un coup de vent, une averse... Ce sont mes "insomnuits".
Cette nuit justement, quand j'ai émergé de mon sommeil, des mots tournaient dans ma tête, parfaitement lisibles : "thés dansants". Immédiatement, je les ai associés à la guinguette "La Potinière", dont j'avais tiré quelques images pendant les fêtes de Dax. Cette guinguette, son accordéon et les seniors, qui s'étourdissent consciencieusement au son de la musique de leurs trente ou quarante ans, m'inspirent des sentiments contradictoires : attirance et répulsion. C'est un monde coupé du monde. Le regard des danseurs et des spectateurs se perd dans le vide sans fond du farniente. Un temps qui passe ; un temps où il ne se passe rien, sinon, jour après jour, les mêmes morceaux. Temps cyclique. Temps de la répétition.
Le son du Cavagnolo vient lui-même d'un autre monde. La musique qu'il débite n'est pas de la musique composée, née d'un travail de création. C'est de la musique, comme la musique militaire, faite pour mettre les gens en mouvement, pour leur mettre des fourmis dans les jambes. Musique produite par une procédure de production et non une musique créée par un processus de création. Ma petite entreprise ne connait pas la crise. Parfois, je me demande si l'accordéoniste joue vraiment ou si son art relève du mime.
Mais, tout à coup, je me rends compte que les mots qui valsaient dans ma tête à mon réveil ont changé. Je lis maintenant :"l'été dansant". Et je me dis :"Eté indien, l'été en automne, à l'aube de l'hiver". Eté indien qui ressurgit en octobre. Illusion d'un été sans fin. Ou encore "Eté de la saint-Martin, beaux jours de l'arrière saison, qui culminent le 11 novembre"... Juste avant la froidure.
Guinguette interminable. L'accordéon marathon. Accordéon au kilomètre, comme certains soirs dans les pizzerias, la pizza au mètre, à volonté... Jusqu'à satiété ou indigestion.
Mais, par un insensible glissement ourdi par mon inconscient (sinon qui ?), cet été dansant se transforme en "Lèthè dansant". Je me rappelle en effet - souvenir que je croyais enfoui dans ma mémoire de collègien explorant un énorme Bailly - que le Lèthè, dans la mythologie de la Grèce antique, était le nom du fleuve de l'Oubli. Et par extension, fleuve des âmes passées de l'autre côté, fleuve des morts. Lèthè, nom propre devenu nom commun désignant oubli et perte de mémoire. Lèthè, léthargie.
Cette nuit justement, quand j'ai émergé de mon sommeil, des mots tournaient dans ma tête, parfaitement lisibles : "thés dansants". Immédiatement, je les ai associés à la guinguette "La Potinière", dont j'avais tiré quelques images pendant les fêtes de Dax. Cette guinguette, son accordéon et les seniors, qui s'étourdissent consciencieusement au son de la musique de leurs trente ou quarante ans, m'inspirent des sentiments contradictoires : attirance et répulsion. C'est un monde coupé du monde. Le regard des danseurs et des spectateurs se perd dans le vide sans fond du farniente. Un temps qui passe ; un temps où il ne se passe rien, sinon, jour après jour, les mêmes morceaux. Temps cyclique. Temps de la répétition.
Le son du Cavagnolo vient lui-même d'un autre monde. La musique qu'il débite n'est pas de la musique composée, née d'un travail de création. C'est de la musique, comme la musique militaire, faite pour mettre les gens en mouvement, pour leur mettre des fourmis dans les jambes. Musique produite par une procédure de production et non une musique créée par un processus de création. Ma petite entreprise ne connait pas la crise. Parfois, je me demande si l'accordéoniste joue vraiment ou si son art relève du mime.
Mais, tout à coup, je me rends compte que les mots qui valsaient dans ma tête à mon réveil ont changé. Je lis maintenant :"l'été dansant". Et je me dis :"Eté indien, l'été en automne, à l'aube de l'hiver". Eté indien qui ressurgit en octobre. Illusion d'un été sans fin. Ou encore "Eté de la saint-Martin, beaux jours de l'arrière saison, qui culminent le 11 novembre"... Juste avant la froidure.
Guinguette interminable. L'accordéon marathon. Accordéon au kilomètre, comme certains soirs dans les pizzerias, la pizza au mètre, à volonté... Jusqu'à satiété ou indigestion.
Mais, par un insensible glissement ourdi par mon inconscient (sinon qui ?), cet été dansant se transforme en "Lèthè dansant". Je me rappelle en effet - souvenir que je croyais enfoui dans ma mémoire de collègien explorant un énorme Bailly - que le Lèthè, dans la mythologie de la Grèce antique, était le nom du fleuve de l'Oubli. Et par extension, fleuve des âmes passées de l'autre côté, fleuve des morts. Lèthè, nom propre devenu nom commun désignant oubli et perte de mémoire. Lèthè, léthargie.
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