dimanche 15 février 2009

dimanche 15 février - astor piazzolla y su quinteto

Samedi. Après avoir rendu visite à ma mère, à Nay, toujours dans sa maison de retraite, j’avais comme une petite fringale. Je me suis donc arrêté sur le chemin du retour chez le turc. C’est ainsi que j’appelle un petit restaurant, ouvert à toute heure, où l’on peut manger vite fait un kebab accompagné de son coca.

Dès mon arrivée à la maison, alors que je m’apprête à lui raconter mon détour culinaire, Françoise m’accueille en me proposant d’aller manger au chinois. A la vérité, je n’ai pas faim, mais je ne veux pas la décevoir. Je me dis in petto que je me contenterai d’une soupe et de bouchées de porc à la vapeur. En route…

Sur le chemin, comme il est à peine 19 heures, nous faisons un détour par l’espace culturel de l’hypermarché, histoire de voir s’il n’y aurait pas sur les rayons quelque cd qui jusqu’ici aurait échappé à notre vigilance. Pas de nouveautés. Pourtant, mal classé, parmi des disques de musique du monde, un cd retient notre attention :

- « Astor Piazzolla y su quinteto / Live at the Montreal Jazz Festival, 4 juillet 1984 », 1984, Spectra International Distribution, 2000 Piazzolla Music, 2008 Editions Milan Music. Je note cette indication :”Remasterisé en septembre 2007 avec l’amicale collaboration de Richard Galliano”. Le quintet est composé de la manière suivante : Piazzolla, bandonéon, Pablo Ziegler, piano, Fernando Suarez Paz, violon, Oscar Lopez Ruiz, guitare électrique, Hector Console, contrebasse.

Après le repas chez le chinois, je dis à Françoise : « J’ai hésité tout à l’heure à te le dire, mais, comme j’avais mangé un kebab avant de rentrer, je n’avais vraiment pas faim… Mais finalement, ça m’a fait plaisir ». Elle se met à rire : « Figure-toi que j’avais goûté copieusement en t’attendant et que je n’avais vraiment plus faim… Mais je me suis dit, qu’à ton retour de Nay, tu aurais plaisir à te mettre les pieds sous la table… chez le chinois ». Finalement, nous nous rendons compte que chacun dans cette affaire a voulu faire plaisir à l’autre, moi-même en ne refusant pas l’invitation de Françoise, elle-même en me proposant d’aller au restaurant alors qu’elle n’en avait aucune envie. Ce qui nous amuse dans cette histoire, c’est que nous sommes le samedi 14 février et que c’est notre façon à nous de fêter la saint Valentin.

Depuis samedi soir, cela fait maintenant plusieurs fois que le disque tourne sur la platine. Plus exactement, il a tourné intégralement à deux reprises :

- « Lunfardo »
- « Muerte del Angel »
- « Resurreccion del Angel »
- « Tristeza de un Doble A »
- « Adios nonino »
- « Chin Chin »
- « Otono Porteno »

Après ces deux premières écoutes successives, j’avoue que je ne peux plus écouter autre chose que le titre 4. « Tristeza de un Doble A ». Seize minutes vingt, plus quinze secondes d’applaudissements, non un tonnerre, mais une éruption d’applaudissements. On sent, comme rarement sur un enregistrement live, à quel point les spectateurs libèrent en applaudissant une tension difficilement soutenable. Ces seize minutes sont une des interprétations les plus dramatiques que je connaisse. J’entends dramatique au sens où l’on parle de tension ou de progression dramatique. On se dit sans cesse, si je puis m’exprimer ainsi, « ça va casser ; ça va se disloquer »… et puis, non, la tristesse, qui est d’abord comme un tâtonnement déchirant, finit par s’apaiser. On pourrait presque parler de douceur, d’apaisement, sauf que l’on ne peut oublier les errances précédentes.

J’imagine que ceux qui ont eu le bonheur d’assister à un tel moment ne pourront pas l’oublier, ne pourront pas oublier cette sorte de cri primal qui les a libérés à la fin du morceau, du voyage. Une expérience indélébile.

1 commentaires:

Blogger loumorel a dit...

Bonjour,
Je ne suis pas familier de ce genre de blog, et je n'ai pas trouvé d'autre moyen pour vous contacter.
Je m'appelle Stéphane Morel, je suis réparateur-accordeur d'accordéons, installé depuis peu à Lormont (33),
et accessoirement Piazzollaïnomane.
Mon site pro: morel-accordeons.com
Merci de prendre contact, j'aimerais connaitre vos activités et me faire
connaître des accordéonistes Aquitains.
Cordialement,
Stéphane Morel
PS: Bravo pour votre blog,il est passionnant... et chronophage.

21 février 2009 à 15:00  

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