mardi 24 février 2009

mercredi 25 février - titi, florian, jacques, patrick et les autres...

- Alors… ce week-end à Toulouse, ça s’est bien passé ?
- Eh bien, en fait, disons que c’est plutôt contrasté ou, si tu veux, contradictoire…
- Raconte !
- Bon ! Je vais essayer de m’en tenir à la chronologie, car il s’est passé beaucoup de choses, plein d’impressions souvent intenses ; mais, d’abord, les faits. Si possible dans l’ordre ; je reviendrai plus tard sur chaque moment en détail et en images.
- En images… donc sur ton blog dans les jours à venir.
- Exactement ! Vendredi soir donc, après avoir rendu visite à ma mère puis à mon père – ça c’est la couleur crève-cœur du week-end. 88 et 89 ans. Sans commentaires – nous sommes allés faire un tour à la Fnac de Pau. Je n’attends plus rien de la Fnac en ce qui concerne la distribution de cds, mais vu l’état de mon moral, ce projet avait l’avantage de me changer les idées. Les rayons de disques sont sinistrés, les vendeurs semblent avoir affaire à des ordinateurs fort peu coopératifs pour passer commande et les appareils d’écoute affichent avec constance : « cd indisponible». Tout porte à croire qu’il s’agit d’une stratégie d’entreprise. Dans ces conditions, il faut être d’un optimisme sans failles pour imaginer que l’on va malgré tout trouver un disque digne d’attention et d’intérêt. Au bout d’un temps assez long donc, classé parmi des disques de flamenco, mes yeux incrédules voient :

« Titi Robin / Anita ! », 2006 Naïve, 2006 Madoro Music. Dix titres enregistrés sur scène en septembre 2005 à la salle la Comète (Châlons en Champagne) en trio, quartet et quintet. A l’accordéon, Francis Varis. Comme souvent, je le trouve trop peu présent à mon goût, mais quand il intervient, c’est toujours un bonheur. Un toucher tout en netteté et en douceur. Une suavité faussement indolente. Je pense en l’écoutant à sa prestation sur un disque des Rumberos Catalans, « la Vida ! ».

- Samedi matin, Pau – Toulouse. Arrivée à l’heure du déjeuner. A peine à table, appel téléphonique du médecin appelé en urgence par mon père. Il est au bout de ses compétences. Il prescrit des calmants, que des voisins iront chercher à la pharmacie la plus proche. Nous pouvons rester à Toulouse. L’après-midi est consacré à l’achat de fringues pour Charlotte et Camille aux « Nouvelles Galeries ». Un étage entier de fringues d’enfants et d’adolescents. Les deux filles parcourent les rayons en tous sens et choisissent elles-mêmes suivant leur goût. Le soir, concert au Mandala : Fanfare P4. Les affiches annoncent 21 heures. Nous mangeons chez Capelou, un bar à tapas, bar à vins, juste en face du Mandala. Charlotte est avec nous, curieuse de voir et d’entendre cette fanfare dont nous lui avons dit monts et merveilles. A 20 heures, nous voilà devant la salle de concert. Personne ! En regardant de plus près l’affiche, je lis bien 21 heures, mais au-dessus, un papier collé précise « les jours de concert, ouverture des portes à 21 heures ». Bref, je résume : une heure d’attente jusqu’à 21 heures, pendant laquelle les gens arrivent peu à peu, puis attente jusqu’à 21h45, début du concert. On pourrait croire que c’est long, mais non, car on a ainsi le temps de discuter, de faire connaissance et de siroter un verre de blanc doux. En nous installant dans la salle, j’ai pris sur moi de tirer une table et trois chaises juste au bord de la scène… On était super bien placé !
- T’es gonflé tout de même !
- C’est exactement ce que m’a dit Chacha. Je lui ai dit : « Tu as honte de ton Papou ? ». Elle m’a dit : « Non, mais t’es gonflé quand même ». Je lui ai dit : « Chacha, tu vois, ça, c’est le privilège de l’âge. J’ai toujours rêvé de devenir un petit vieux indigne. Je m’entraîne ». Le concert a donc démarré à 22 heures. Première partie, pause, deuxième partie, pause : il est 23h30… Nous avons dû partir à ce moment-là, car Chacha tombait de sommeil. « Je ne m’entends même plus parler, dit-elle ». « Tu es fatiguée ? ». « Oui ! ». A la première pause, nous avons échangé quelques mots avec Florian Demonsant, l’un des deux accordéonistes, qui a fait la bise à Chacha. Emotion ! A la deuxième, re-bise. Florian nous offre le cd quatre titres de la fanfare, que je voulais acheter. J’en offre un à Charlotte. Florian lui remet en main propre. Emotion. « Alors, Chacha, ça t’a plu ? ». « Oui… [un instant]. Il est beau Florian ! ». J’abrège, car si elle ne l’a pas répété cent fois… En tout cas, Françoise et moi, sans compter Chacha subjuguée, nous avons une affection particulière pour cette fanfare.
- Mais, c’est quoi cette fanfare ?
- Imagine un commando de mercenaires de la dérision programmée qui se seraient équipés dans un surplus de l’armée de Ceaucescu. Tu vois le cuirassé Potemkine ? Eh bien, ils ressemblent comme des proches cousins aux marins de ce navire mythique. Leur musique a sa source d’inspiration quelque part sur les bords de la Méditerranée : Grèce, Turquie, Macédoine… mais tout cela digéré, assimilé, longuement ruminé et servi à grands coups de dérision imperturbable. Ils ont tous la même tenue, mais chaque costume a sa fantaisie particulière. Décalages imperceptibles. A tour de rôle, chaque instrumentiste devient en quelque sorte le maître de cérémonie, donnant, si j’ose dire, le la à l’ensemble de la troupe. Ce soir de samedi, ils étaient dix : neuf instrumentistes, plusieurs étant multi-instrumentistes, et une danseuse. On se demande comment elle peut évoluer avec tant de vivacité et d’expressivité dans l’espace si exigu de la scène. Charlotte, qui suit des leçons de danse depuis trois ans, n’en revient pas et elle se voit déjà virevoltant au milieu de la fanfare, comme le cœur palpitant de celle-ci. Elle n’en revient pas non plus de voir les neuf instrumentistes évoluer suivant des chorégraphies compliquées dans un espace à peine suffisant pour un trio. Il est vrai qu’exceptionnellement le piano a été descendu de la scène. Pour un peu, deux d’entre eux auraient pu jouer et danser sur le piano. C’est l’esprit de Buster Keaton qui anime cette troupe. Avec parfois, quelque chose de marxiste, version Groucho Marx. Tu vois ce que je veux dire ?
- Très bien… mais, pour affiner ma représentation, tu me feras écouter les quatre titres.
- Oui, mais c’est pas tout. Dimanche, fuite d’eau : un joint a lâché prise. Pas d’eau, pas de chauffage. On se ravitaille au robinet du jardin et l’on fait chauffer l’eau sur la gazinière. Et puis, toutes les deux heures, appel téléphonique de mon père pour nous confirmer que la nuit dernière il n’a pas dormi. Ah, j’oubliais de te dire que j’ai téléphoné à ma mère sur le coup de deux heures. La copie fidèle de son coup de téléphone d’hier et de demain. Le crève-cœur, je te dis. Bon… j’avance. Finalement, nous sommes restés à Toulouse dimanche soir pour amener les filles à l’école ce lundi, sinon elles auraient dû aller à la garderie dès 7h30. Tu vois la rentrée, si elles avaient dû se lever à 6h30. A mi-route, vers 10h30, lundi, alors que nous arrivons à l’aire du Comminges, coup de téléphone du toubib, appelé en urgence par mon père. Dès notre arrivée à Pau, il ne me reste donc plus qu’à repartir pour Baliros, à aller chercher les médicaments prescrits et à contacter une infirmière pour une prise de sang et des piqures…
- Ton histoire me fait penser à un tissage en noir et blanc : un fil blanc, un fil noir, un fil blanc, un fil noir…
- Il y a de ça, en effet. Et justement, dans la boite à lettres, à notre arrivée, un fil blanc, comme tu dis : le dernier opus de Jacques Pellarin :

« Jacques Pellarin Trio / Sound of Philadelphia ». 2008. Tout chaud ! Jacques Pellarin, bayan, Diego Fano, saxophones, Yann Pajean, percussions. En parcourant les quelques lignes « Special Thanks », j’ai la surprise de lire mon nom. Je suis très touché par cette marque d’amitié, qui s’est forgée au fil du temps et des échanges de courriels.
- C’est sûr, c’est vraiment un geste très sympathique.
- Oui, et, je le répète, qui me touche beaucoup. Dans son texte de présentation, Jacques Pellarin parle d’accordéon caméléon et de style éclectique. C’est tout à fait vrai. J’y vois d’ailleurs le signe non d’une grande virtuosité – elle est là, mais ce n’est pas pour moi l’essentiel -, mais surtout d’une culture ouverte profondément assimilée. C’est ainsi que je perçois l’ensemble des titres, non comme une collection, mais comme un dépassement (au sens dialectique) de leur variété et de l’éclectisme qui les traverse. J’ai réécouté plusieurs autres morceaux de disques précédents et j’ai le sentiment que ce disque marque une sorte d’aboutissement. Si j’osais, je parlerais de disque de maturité. Sentiment largement fondé, j’en suis conscient, sur "la présence" de l’accordéon et par le son spécifique du trio. A écouter sans modération.
- On voit que tu es content !
- Tu parles… Mais ce n’est pas tout. Le week-end s’est prolongé jusqu’à ce mardi. Je ne parle pas de mes parents. Je te laisse imaginer… Non, je veux te parler d’une énorme surprise, un vrai bonheur. Alors que Françoise est allée à Hossegor rencontrer l’élagueur pour évaluer avec lui le travail à faire pour effacer les dégâts de la tempête et remettre le jardin en ordre, vers 13h30, je découvre dans la boite à lettres un courrier que j’identifie tout de suite comme envoyé par Patrick E. Pour une surprise, c’est une surprise ! Il y a quelques mois, nous avions échangé nos impressions au sujet de « Solo in Finland » de Richard Galliano. L’ayant découvert et écouté sur Deezer, j’avais fait part de mes sentiments à Patrick et incidemment j’avais regretté de ne pas pouvoir me le procurer. Patrick, qui est grand amateur de jazz, m’avait dit alors qu’il avait presque par hasard pu acquérir ce disque il y a quelques années et qu’il prenait note de mon intérêt au cas où, dans ses recherches, il « tomberait » sur un exemplaire encore en circulation. Nous en étions restés là. Eh bien, il faut croire aux miracles. Il y a peu de temps, il est en effet « tombé » sur cet « exemplaire » en faisant jouer son réseau de relations dans le monde des amateurs de jazz :

« Richard Galliano / Solo in Finland », 1992, Siesta Records. Enregistrement live en Finlande, le 1er août 1989. Quinze morceaux, qui sont des classiques de Galliano. Le son du cd n’a rien de comparable à celui de Deezer : il est incomparablement plus beau. Galliano y joue d’évidence et c’est un plaisir rare de l’entendre jouer ainsi à l’occasion d’un séminaire de professionnels. Justement, je ne sais si cela a un rapport avec cette présence de professionnels, mais j’ai noté à la fin de chaque morceau la qualité de l’instant de silence qui précède les applaudissements. Instant quasi impossible à identifier, impossible en tout cas à mesurer et à quantifier, instant infime entre la dernière note et le premier battement de mains, instant impalpable entre d’une part, le passé immédiat et son souvenir, d’autre part, le futur immédiat et le désir de libérer la tension éprouvée, et pourtant instant essentiel qui contribue à donner sa couleur à ce concert.
- Eh bien, dis donc, on peut dire que tu as des amis fidèles.
- Tu peux le dire. Franchement, j’ai vraiment beaucoup de reconnaissance amicale à l’égard de Patrick E.
- Florian, Jacques, Patrick… et quelques autres, je pense à Bruno ou à Philippe… l’accordéon est décidément un monde bien convivial si j’en juge d’après ton récit. Je compte sur toi pour publier quelques photographies de ces disques et du concert de la fanfare P4.
- Tu peux y compter.

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